2022, l’obsession morbide du pouvoir d’achat

Notre post du 10 décembre 2018 : Les syndicats (ex-)rouges sont pour le pouvoir d’achat. Les syndicats jaunes itou. La droite et l’extrême droite, idem. Point commun avec la gauche et l’extrême-gauche. Et Mr Leclerc, Mme Carrefour, etc. « Le pouvoir d’achat doit croître ! » Une touchante convergence historique. Pour une société écologique, vous repasserez ! Y a-t-il une institution, une organisation aujourd’hui qui soit opposée au pouvoir d’achat ? Si je ne compte pas les derniers moines et bonnes sœurs prudemment retirés du monde, à ma connaissance aucun.

Lire, 2022, le piège du pouvoir d’achat

L’article d’Elsa Conesa le 16 février 2022 : 52 % des Français citent le pouvoir d’achat comme leur principale préoccupation.« Dans les “convois de la liberté”, il y a des gens qui souffrent énormément de l’augmentation spectaculaire des coûts du carburant, du fioul, de l’électricité et du gaz », a tweeté la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen. Valérie Pécresse promet « un choc de pouvoir d’achat », avec promesses d’augmentation des salaires. Eric Zemmour a fait du pouvoir d’achat « une urgence absolue », proposant de créer une prime « zéro charge ». A gauche, c’est autour de la revalorisation du Smic que se concentrent les propositions de l’« insoumis » Jean-Luc Mélenchon, de l’écologiste Yannick Jadot, et de la socialiste Anne Hidalgo. Mélenchon promet même de bloquer les prix des produits de première nécessité. Il s’agit de répondre à un mécanisme d’aversion à la perte. En réalité le pouvoir d’achat a augmenté de façon quasi continue depuis les années 1960, il a quasiment doublé à chaque génération.

Le refus de la sobriété nécessaire en période d’urgence écologique ne fait pas encore recette. Pourtant l’aversion à la perte pourrait bien un jour se transformer en dégoût de la société de consommation. Ainsi ces contributions sur lemonde.fr :

Michel SOURROUILLE : Du point des vue des écologistes, le pouvoir d’achat ne peut plus être une priorité dans un monde contraint par la déplétion des ressources naturelles. En 1972, le remède à la crise écologique était clairement posé par le rapport au club de Rome sur les limites de la croissance : « Dès qu’une société reconnaît qu’elle ne peut pas tout donner à tout le monde, elle doit commencer à procéder à des choix. Doit-il y avoir davantage de sites préservés ou davantage d’automobiles, davantage de nourriture pour les pauvres ou encore plus de services pour les riches, davantage de naissances ou un revenu individuel plus élevé ? L’essence même de la politique consiste à ordonner les réponses à ces questions et à traduire ces réponses en un certain nombre d’orientations. »

HKD : Une photo de l’article d’Elsa Conesa illustre sans doute involontairement le concept on ne peut plus flou de « pouvoir d’achat »: on y voit une magnifique moto Harley Davidson. Au delà des besoins vitaux, c’est quoi au juste le « pouvoir d’achat »: le droit « fondamental » et irréfragable de s’offrir une Harley ? Une croisière aux Caraïbes en hiver et au Cap Nord en été ? Ne serait-ce pas juste une maladie psychologique de pays « riches »?

Polo93 : En France, un pouvoir d’achat décent serait l’assurance de pouvoir partir au moins 2 fois par an en vacances, et d’aller au minimum 1 fois par mois au resto et 1 fois par mois a une activité culturelle (concert, théâtre, ..)

D.D.78 : Je n’aime pas ce terme de « pouvoir d’achat ». Pour l’immense majorité des Français on devrait l’appeler « choix d’achat ». Si on résume, en 2021, pour une famille française dont les revenus ont augmenté de façon schématique de 100 €, voici dans quoi cet argent a été dépensé (source les Echos) : 1 Amazon : 16€… 2 Uber Eats : 12€… 3 Deliveroo : 9€… Vous me suivez là. Dans le même temps les dépenses en fruits et légumes bio baissent de 3%, bref on claque son blé façon cigale, puis on réclame.

Frog : Quand je vois l’environnement proposé par la société du pouvoir d’achat, ronds points tristes, bretelles d’autoroutes, zones aménagées et lotissements infinis d’où il n’est plus possible de rencontrer qui que ce soit, d’aller dans la nature à pied ou juste cultiver un petit potager dans un environnement sympa…. je me demande si le pouvoir d’achat n’est pas plutôt un esclavage ?

Untel : Aucun candidat à la présidentielle ne peut dire aux Français que la hausse du prix du gaz n’est pas grave puisqu’on trouve des pulls pas chers.

Lire, Delphine Batho, un programme de décroissance

12 réflexions sur “2022, l’obsession morbide du pouvoir d’achat”

  1. Tous les présidentiables 2022 estiment qu’il faut augmenter le SMIC réel (inflation déduite). Ils n’ont donc pas conscience du devenir dans lequel on est rentré : une crise économique structurelle par manque de combustibles fossiles. Le maître-mot pour cette année 2022 devrait être « sobriété » et certainement pas « pouvoir d’achat ».
    La loi d’Engel, définie en 1857 par le statisticien allemand Ernst Engel, énonce qu’au fur et à mesure que le revenu augmente, la part des dépenses alimentaires dans le budget total des ménages diminue. Au sortir de la révolution industrielle il va y avoir inversion : la part des dépenses de première nécessité, c’est-à- dire principalement, alimentaire, va s’accroître. Cela veut dire aussi qu’il va falloir sabrer dans les dépenses superflues, moins de déplacement en voiture, moins de loisirs, moins de télécommunications, moins de tenues vestimentaires, etc.

  2. et bien dansez maintenant

    Les études sur le pouvoir d’achat sont biaisées nous faisant croire que celui-ci à augmenté.
    Or, il n’est pas pris en compte dans son calcul le coût du logement…
    Ce n’est une découverte pour personne que années après années, la part du logement dans son budget a explosé.
    Tous propriétaires = tous travailleurs acharnés (sauf rentiers) = tous dépendants d’une économie que l’on souhaite décroissante, enfin juste après avoir remboursé son crédit, pas avant!!!

  3. L’écologisme et la décroissance des profits des capitalistes sont très légitimes ! Et il est ignoble que la très bonne chose qu’est l’écologisme servent de prétexte au fait de maintenir volontairement dans la précarité les travailleurs !

    Augmenter massivement le SMIC par rapport aux prix (et sans baisser les cotisations sociales ; ces dernières sont du salaire différé) est hautement légitime et nécessaire ! Il faut que par rapport aux prix actuels en France, le SMIC mensuel net soit d’au moins deux mille euros !

    Et il faut que sur l’inflation la hausse du SMIC et la hausse des autres salaires soient indexés !

    1. Le SMIC c’est un peu comme le Pouvoir d’Achat, ça ne veut finalement pas dire grand chose. Vous pouvez avoir des smicards qui s’en sortent très bien, et d’autres qui n’y arrivent pas. Tout ça dépend de tellement de paramètres, déjà si le smicard vit seul ou pas, s’il habite en ville ou à la campagne, la distance de son boulot, son état de santé, ses besoins et ses charges, etc. En tous cas ce qui est sûr, c’est que si le pouvoir d’achat d’une famille se résume à 1 SMIC et que cette famille doit tout acheter (nourriture, énergie etc. etc.), là c’est difficile. Et vous avez raison, il est ignoble d’instrumentaliser l’écologie pour légitimer la précarité et la pauvreté. Tant qu’il existera un tel niveau d’inégalités et d’injustices, une telle démesure, un tel gaspillage, une telle pression pour nous faire consommer toujours plus… le discours de Michel Sourrouille restera décalé… inaudible, voire indécent.

  4. Toujours le même problème initial, tant que les milliardaires et millionnaires ne montrent pas l’exemple en baissant leur pouvoir d’achat, alors il n’y a pas de raison pour que le reste du troupeau de smicards et rmistes n’accepte de suivre….

  5. Michel SOURROUILLE

    Il n’y a pas de « pouvoir d’achat » possible quand les ressources naturelles viennent à manquer. Un billet de banque ne se mange pas, et encore moins quand il s’agit d’une carte de crédit. Les bien-pensants qui font des pensées devant leur ordinateur ne peuvent rien changer aux réalités matérielles qui s’imposent au humains. En d’autres termes on ne peut faire du social que si le système économique fonctionne bien, et l’économie est en pleine santé uniquement quand les ressources fossiles et autres sources d’énergie sont abondantes. Cette période de prospérité se termine. Après les Trente Glorieuses (1945-1974), les Trente piteuses auxquelles succède progressivement un effondrement socio-économique prévu par toutes les analyses bio-physiques actuelles. Qui dit différemment, c’est là un point de vue qui ignore totalement les réalités.
    Soyons aussi conscient que le Smicard gagne beaucoup plus qu’un travailleur du Tiers-monde.

    1. Le pouvoir d’achat est un concept qui devrait être sans cesse défini et éclairci. Même chose de l’économie, du social, de la justice, la liberté, le travail etc. Sans quoi on leur fait dire n’importe quoi. Et on ne fait qu’en rajouter à la Confusion et donc au Désastre.
      Un billet de banque ne se mange évidemment pas, à la rigueur il peut servir à allumer le feu ou à se torcher dans la cabane au fond du jardin. La monnaie existe depuis des lustres, elle a une histoire, qui n’est certainement pas encore finie. Le Pognon peut très bien n’être que du vent, nous en avons la preuve aujourd’hui. En effet, pour vivre l’homme n’a pas absolument besoin d’acheter, ni de travailler… il a juste besoin de manger, boire, s’abriter etc. L’ordinateur, la Harley et la Rolex ça vient bien après.

      1. En attendant, nous ne vivons plus à la préhistoire mais au 21ème siècle. Nous n’avons pas choisi. Pour bouffer il faut du Pognon. C’est peut-être con mais c’est comme ça. Là encore c’est comme pour tout le Reste (la fin de ceci et de cela etc.), que ça nous plaise ou non nous devons faire avec.
        En attendant, la fin des ressources naturelles, la fin du pétrole et la fin du monde… les problème de fins de mois sont une réalité pour beaucoup de Français et autres. Une réalité c’est une réalité. Les injustices sociales, les prix qui augmentent, pas seulement ceux des bagnoles et des Harley, les grosses fortunes qui explosent pendant que des milliards se serrent la ceinture, le «quoi qu’il en coûte» qui arrose ceux qui n’ont pas besoin de battre le pavé pour se faire entendre, le gaspillage et l’indécence du côté de ceux-là, les J.O, le Business as usual, l’enfumage et pas seulement au CO2 etc. etc. tout ça aussi c’est la Réalité.

      2. et bien dansez maintenant

        BIP!!!!
        Faux. Pour manger ou boire, se chauffer, on n’a pas forcément besoin de pognon comme le dit Michel C mais nécessairement besoin de travailler, pour faire son potager, son verger, récupérer et filtrer son eau, faire son bois…
        Les puristes » diront quand même que pour faire tout ça, on a dépensé du pognon dans l’achat d’une pelle, d’une citerne, d’une tronçonneuse…
        On peut choisir entre être consommateur ou producteur!

      3. BIP BIP !!! Faut juste s’entendre sur ce qu’on entend par le TRAVAIL.
        Pour béqueter nos ancêtres n’avaient pas besoin de travailler, leur suffisait de cueillir et de chasser. Aujourd’hui la chasse et la pêche sont des loisirs, faut payer pour ça, le permis, le fusil, la canne etc. Même pour cueillir des champignons, qui pourtant poussent tout seuls, à certains endroits faut payer une carte. Allez donc comprendre. Faudra pas s’étonner si demain il nous faut payer pour respirer. Mais comme je disais, en attendant nous ne sommes plus à la préhistoire.
        Pour moi le travail c’est d’abord le tripalium (instrument de torture, étymologie). Ce n’est pas pour rien qu’autrefois on disait aller au chagrin pour dire aller au travail. S’il y en a qui aiment ça, pour moi ça n’a jamais été une partie de plaisir. Je préfère de loin travailler les gammes et les barrés, à la guitare. Tout autant que faire le con. 🙂 Après tout à chacun sa came.

  6. Esprit critique-Michel C

    – « Du point des vue des écologistes, le pouvoir d’achat ne peut plus être une priorité dans un monde contraint par la déplétion des ressources naturelles. »

    Déjà je regrette, mais ça ce n’est déjà que le point de vue Michel SOURROUILLE. À la rigueur c’est celui de certains écologistes qui ne connaissent pas les problèmes de fin de mois.
    Énoncé de la sorte ce point de vue semble totalement ignorer la réalité. C’est quoi un écologiste ? Un vrai bien sûr. Et qui peut se faire le porte-parole DES écologistes ? Et le pouvoir d’achat c’est quoi, de quoi parle-t-on ? De celui du smicard ou de celui de Bill Gates ?
    ( Lire mes commentaires des 29 et 30 OCT 2021 : “2022, le piège du pouvoir d’achat“ )

    1. Le Pouvoir d’Achat est un trompe couillons ! Les couillons sont partout, pas seulement du côté des (ex-)rouges, des (gilets)jaunes des bruns et j’en passe. Mais aussi du côté de ces verts (indécents) qui ne veulent pas entendre que l’écologie ne peut passer que par le social. Et donc par notre fameux pouvoir d’achat. Pas de celui qui te permet de t’offrir une Harley parce que tu le veau bien… bien évidemment !

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