3. Manifeste écolo pour le quinquennat 2027

Extraits du livre de Michel SOURROUILLE, « L’écologie à l’épreuve du pouvoir », publié en 2016. L’écologie présentée par les présidentiables en 2022 est à des années lumières de ce qu’il faudrait faire… Jadot et consorts auraient du lire ce texte de 2012 :

Le programme idéal d’un candidat

à la présidence de la République française

Le questionnaire paru dans Le Monde (« De quel présidentiable suis-je le plus proche ?», supplément Présidentielles 2012, 19 avril 2012, p. VIII) qui sert de trame à cet article ignore complètement la dimension internationale des problèmes, comme le font d’ailleurs tous les présidentiables franco-français ! De plus, Le Monde n’accorde aucune importance à des questions aussi brûlantes que le réchauffement climatique, la descente énergétique ou la chute de la biodiversité. Aux 15 questions ci-dessous, voici néanmoins les réponses qu’un écolo attendrait d’un candidat aux présidentielles :

1. Comment améliorer le niveau de santé des Français ?

L’amélioration infinie du niveau de santé n’est pas possible alors que nous sommes entrés à une époque où règnent à la fois l’acharnement thérapeutique et le mal de vivre ; la perception de notre santé est inséparable de notre rapport à la mort et à la technique. Par exemple le droit de mourir dans la dignité doit être valorisé et l’accouchement ne doit plus être considéré comme une maladie à médicaliser. Il faut renforcer la territorialisation avec des maisons de santé de proximité.

2. Comment faut-il faire évoluer le système scolaire ?

Le blocage énergétique qui découle du pic pétrolier nous oblige à multiplier les perspectives d’emplois, donc de formation, dans l’agriculture, l’artisanat et les techniques douces. L’apprentissage et les filières professionnelles doivent être privilégiés au détriment des études longues et abstraites.

3. À quel âge et dans quelles conditions doit-on pouvoir prendre sa retraite ?

L’âge de la retraite est un choix individuel avant d’être une obligation sociale. Les difficultés croissantes de financement de la retraite par redistribution nous obligent à réfléchir sur une prise en charge plus grande du vieillissement de la population par les familles plutôt que par des institutions.

4. Comment combattre le  chômage ?

Il est vain d’obliger ou même d’inciter les entreprises à garder leurs salariés quand les carnets de commandes se vident. Contre le chômage, il faut une politique structurelle de relocalisation des activités, ce qui veut dire valoriser l’achat de proximité, les monnaies locales, la petite industrie. L’emploi ne se crée pas par le haut, mais par le bas.

5. Comment augmenter le pouvoir d’achat des Français ?

Le pouvoir d’achat actuel des Français est déjà au-dessus des capacités de la planète. Cette question est donc absurde. Car un journaliste bien informé devrait savoir que le pouvoir d’achat va diminuer étant donné l’épuisement des ressources naturelles et la reprise probable de l’inflation. Il faut donc s’interroger sur le partage équitable de la pénurie, ce qui implique une réduction drastique des inégalités de revenus.

6. Comment renforcer la compétitivité des entreprises françaises ?

Dans un système commercialement ouvert comme le nôtre, aucun pays ne peut garder un avantage compétitif durable. Il faut donc remplacer l’esprit de compétition par l’esprit de coopération au niveau national, européen et international. Cela implique aussi un degré croissant de protectionnisme quand on veut relocaliser l’emploi.

7. Comment réorganiser la fonction publique ?

Le poids de l’État en période de récession (probable) devient un fardeau insupportable. Il faut surtout recentrer les priorités de l’État sur ses fondamentaux et faire mieux avec moins. Par exemple, on peut sans difficulté majeure diminuer la durée moyenne des études et supprimer la force de frappe. L’armée nationale peut devenir un simple appoint des casques bleus.

8. Comment faire évoluer l’éducation nationale ?

Un seul enseignant peut avoir une classe de dix élèves, ou de quarante, ou de 150 : tout dépend du niveau d’attention et de confiance des élèves. Il ne faut plus avoir une optique quantitative, ce sont les programmes qui doivent évoluer et les matières enseignées. Une culture de type holistique doit succéder à un enseignement fragmenté.

9. Comment rendre notre système judiciaire plus efficace ?

Le passage en justice est le signe d’un échec social. Si chacun s’efforce de vivre en harmonie avec son prochain, il n’y a plus besoin de recours en justice. Le système d’éducation parentale est donc l’indispensable préparation à une justice efficace. Une école des parents semble incontournable, avec comme résultat que certains adultes ne devraient pas être considérés comme aptes à devenir parents.

10. Quelle est la réforme indispensable de notre système fiscal ?

Au-dessus d’un salaire de trois fois le SMIC, le fisc prend tout. Les bénéfices d’une entreprise et les revenus patrimoniaux doivent profiter directement à la collectivité et non à l’usage personnel. Une entreprise doit se comporter comme une association à but non lucratif, une personne doit mettre son argent au service de l’intérêt public.

11. Quelle est la mesure prioritaire pour améliorer la qualité de notre environnement ?

Contre le gaspillage des énergies fossiles, il faut établir d’urgence une taxe carbone et même envisager une carte carbone, c’est-à-dire un rationnement. Cela implique une formation généralisée à l’écocitoyenneté, un apprentissage du sens des limites.

12. Quelle doit être la politique de la France sur l’énergie nucléaire ?

La polarisation sur le nucléaire est un grave défaut des politiques actuelles. Le nucléaire est, comme les énergies fossiles, une énergie non renouvelable dont on doit, par définition, sortir. Comme les énergies non renouvelables ne peuvent nous permettre d’utiliser autant d’esclaves énergétiques qu’à l’heure actuelle, il faut donc établir un vaste plan d’économies d’énergie à appliquer au niveau des individus et de la collectivité

13. Comment améliorer l’organisation territoriale du pays ?

Il faut respecter le principe de subsidiarité. Il ne s’agit pas seulement de déléguer plus de pouvoirs aux régions et aux départements, mais surtout aux communautés de résilience ou territoires en transition vers une plus grande autonomie alimentaire et énergétique.

14. Comment la France doit-elle agir sur son immigration ?

Tous les pays vont être confrontés à des difficultés croissantes. Sur une planète close et saturée d’humains, les frontières se ferment, l’ère du monde fini a commencé. L’émigration ne pourra plus être un recours possible au déséquilibre d’une population avec son propre écosystème. La maîtrise de la fécondité et de la sécurité alimentaire devient alors incontournable quand l’émigration n’est plus possible. Se posera cependant un problème croissant sur lequel il faudra faire preuve de solidarité internationale, l’accueil des réfugiés climatiques.

15. Quelle mesure est la plus efficace pour relancer l’économie européenne ?

Cette formulation n’est pas réaliste, la relance de l’économie n’est pas possible quand on a déjà dépassé les limites de la planète. Le keynésianisme global est devenu une méthode obsolète. Il faut reconstruire les structures de résilience, famille, paysannerie, artisanat, solidarités de proximité… que le libéralisme économique s’était employé à démolir.

NB : Cet texte est un article que j’ai publié le 20 avril 2012 sur mon blog, en réponse au questionnaire du Monde  :

https://biosphere.ouvaton.org/blog/de-quel-presidentiable-suis-le-plus-proche/

Michel SOURROUILLE

10 réflexions sur “3. Manifeste écolo pour le quinquennat 2027”

  1. Bonsoir.

    Les études longues que péjorativement vous qualifiez d’abstraite sont importantes. Pour ‘agriculture, il faut des ingénieurs, il faut les maths et il faut d’autres connaissances.

    1. Le “candidat“ Sourrouille ne dit pas que les maths et les ingénieurs ne servent à rien, il dit que L’apprentissage et les filières professionnelles doivent être privilégiés au détriment des études longues et abstraites. (sic Pt.2 de son Programme). Parmi les études d’ingénieur, de philosophie, d’histoire, de journalisme, d’économie, d’écologie, d’économétrie… il reste juste à voir lesquelles sont le plus abstraites.
      Quoi qu’il en soit c’est là un élément du discours de ces bien-pensants, candidats à leurs heures, qui nous expliquent qu’il y a trop d’étudiants et pas assez d’apprentis, que les facs sont surpeuplées et patati et patata.

      1. Parti d'en rire

        En attendant, ceux là me font bien rigoler quand ils encensent les petites gens, le travail manuel et l’apprentissage, alors qu’ils en privent leur propres gosses.
        Les leurs sont comme eux, prédestinés aux études longues et abstraites, en vue d’une misérable carrière, aussi longue qu’abstraite et juteuse.
        Mais que voulez-vous, le monde est injuste, c’est dans l’Ordre des Choses. Tout le monde n’a pas la chance d’être né du bon côté, celui des gueux, des serfs, de ceux qui se lèvent tôt, travailleuses-travailleurs !!! Et du laboureur et ses enfants.
        – «Travaillez, prenez de la peine, c’est le fonds qui manque le moins. [et blablabla].
        Mais le père fut sage, de leur montrer avant sa mort, que le travail est un trésor. »
        Merci qui ? Merci Jean ! La bonne Blague !!!

  2. Notre blog biosphere présentera pendant quelques jours des textes préparatoires à la présidentielle 2027. En effet les résultats de l’épisode 2022 montrent que cinquante ans après la publication du rapport Meadows sur les limites à la croissance, l’écologie politique stagne électoralement. Depuis cinquante ans, la simple idée qu’il puisse exister des limites écologiques à la croissance économique est restée minoritaire dans l’opinion publique, et carrément hérétique parmi les décideurs. L’idée de décroissance y est au mieux ignorée, au pire utilisée comme une invective facile pour disqualifier l’ensemble des écologistes Or le dernier rapport du GIEC est plus alarmant que jamais, une guerre en Ukraine fait craindre pour la sûreté des centrales nucléaires, la hausse des prix de l’énergie préfigure un choc pétrolier et gazier, etc.
    Il est donc plus que temps de préparer sérieusement 2027. Un quinquennat se prépare à l’avance !

    1. Et la décroissance de migrants en France et en Europe, qu’en est il ? La logique veut que si en France on a de moins en moins de ressources naturelles, alors on peut accueillir que de moins en moins de migrants !

      1. – « Se posera cependant un problème croissant sur lequel il faudra faire preuve de solidarité internationale, l’accueil des réfugiés climatiques. » (Michel Sourrouille)

        Oui mais, c’est quoi exactement un réfugié climatique ? Est-ce seulement celui qui est obligé de fuir parce que sa maison se retrouve sous le niveau de la mer, et/ou ce paysan d’un pays du sud où plus rien ne pousse ?
        Les migrants ne sont pas des touristes. N’allons pas faire des différences entre les migrants, ce sont des gens qui souffrent. Ce n’est généralement pas par plaisir que des êtres humains quittent leur pays ou leur région, quelles que soient les raisons qui les poussent à fuir.
        D’autre part en France nous avons des régions qui se meurent, très peu peuplées. Nous avons donc encore de la place.

  3. Michel Sourrouile pense que les Jadot et consorts auraient du lire son texte de 2012, il souhaite que ses écrits de 2016 puissent servir de programme pour préparer la présidentielle de 2027, et en attendant, il est encore plus désespéré qu’il ne l’était il y a cinq ans. C’est en tous cas ce qu’il nous dit, voilà donc son message, qui n’est rien d’autre qu’un cri du cœur, un cri de douleur.

    Si j’ai un conseil à donner à ce cher Michel, qu’il prenne d’abord un peu de hauteur. Pour ça la montagne et le parapente c’est bien. De la hauteur ou du recul s’il préfère, ne serait-ce déjà que pour se protéger. Michel est comme moi, il n’est plus tout jeune, lui encore moins que moi, à son âge le cœur ou je ne sais quoi peut lâcher à tout moment. (à suivre)

    1. Et puis surtout pour éviter le désespoir. Même s’il n’y pas grand chose à espérer, gardons-nous du désespoir. Le désespoir est notre pire ennemi, il altère notre réflexion, limite notre imagination, il est le pire des poisons, en plus il agit comme une drogue, bref le désespoir est la pire des choses. Qu’on soit malheureux, qu’on ait mal en voyant toute cette merde, cette misère misère, c’est normal. Seuls les grands malades peuvent se réjouir, s’esbaudir comme dit l’autre, prendre du plaisir devant tout ça et jouir comme des porcs à l’idée de la suite.
      Des misérables de ce genre, hélas nous n’en avons que trop. Alors pour préparer 2027, voilà ce que je nous propose. Puisque nous sommes trop nombreux, et pas assez écolos, puisque nous sommes trop cons, trop tout ce que vous voudrez, faisons en sorte qu’en 2027 il y ait beaucoup moins de ceux là. Et logiquement ça devrait aller mieux.

      1. Vous allez alors me demander, oui mais COMMENT, c’est quoi le YAKA ?
        Déjà sur ce blog, appliquons la devise : Moins nombreux, plus heureux !
        Pour cela, arrêtons de faire comme si toutes les opinions (points de vue) se valent, tout le monde sait que ce n’est pas vrai. Quitte à passer pour d’affreux ayatollahs n’ayons pas peur de dire Merde à cette hypocrite «liberté» d’expression. Ne laissons pas la Haine s’exprimer, démasquons et neutralisons les imposteurs, encourageons l’esprit critique, etc. etc.

Les commentaires sont fermés.