3/5) François Hollande se veut normal, l’écologie n’existe pas

Bientôt les primaires socialistes, le 9 octobre. Oublions que François Hollande a suivi un régime amaigrissant pour paraître présidentiable, c’est anodin. En panne d’argument probant, François se disait donc un candidat « normal », c’est-à-dire qu’il déclarait « avoir des qualités exceptionnelles » ! Mais son attitude, son incapacité à faire travailler le PS pendant 10 ans dévoilent beaucoup de sa personnalité. En tant que premier secrétaire du PS, François a toujours recherché le compromis mou et les synthèses bancales. Il a même refusé de sanctionner Fabius et Mélenchon après leur NON au traité européen alors que le référendum interne au PS avait dit OUI. Gouverner « normalement », ce serait selon François rechercher l’équilibre, faire preuve de modération et rompre avec l’image présidentielle donnée par Sarkozy. Mais dans un contexte écologique aux multiples menaces, il ne s’agit pas de préparer une gouvernance « normale », mais une candidature de rupture avec la société thermo-industrielle. François ne paraît pas capable d’une action de cette envergure.

Nous avons échangé avec François Hollande sur la perspective d’une descente énergétique. Il disait partager nos inquiétudes face au déclin de la production pétrolière et savoir la nécessité d’un nouveau mode de développement face à la crise écologique, énergétique et climatique. Il pensait qu’un « plan de transition énergétique » était indispensable pour financer le développement des sources d’énergie renouvelable. Ce plan sur 10 ans viserait à modifier le mix énergétique de notre pays, il serait réalisé par un investissement à la fois de l’Etat et des collectivités locales complété par des fonds structurels européens. Cet élan, ajoutait-il, contribuerait à positionner la France sur les marchés des technologies propres, porteuses de croissance à long terme (énergies renouvelables, stockage de l’énergie, éolien, photovoltaïque, véhicules propres, voitures électriques). Il s’agirait donc autant, avait-il conclu, d’écologie que d’économie.

François Hollande se polarise sur l’idée de « croissance à long terme » alors que l’idée de croissance infinie dans un monde finie devrait être politiquement invalidée depuis 1972 et le rapport du Club de Rome sur les limites de la croissance. Il succombe au mirage facile de la croissance économique qui éliminerait tous les problèmes, la déplétion pétrolière, l’endettement public, et même le chômage… Au Congrès de Reims (14 au 16 novembre 2008), il proposait déjà : « Comment être plus fort dans la mondialisation ? Notre objectif doit être de faire un point de croissance de plus que la moyenne européenne comme cela a été le cas entre 1997 et 2002. » François n’a pas encore réalisé que « nouveau modèle de développement » ne veut pas dire, dans une perspective d’après-pétrole, croissance quantitative, mais au contraire décroissance conviviale et sélective. François se situe dans une perspective de production d’énergie (« mix énergétique ») ; il n’a pas encore compris que la première des priorités doit aller aux économies d’énergie, c’est-à-dire agir sur la demande et non sur l’offre d’énergie. Enfin François croit aux « technologies propres », aux « véhicules propres »… Or personne n’a réussi à démontrer la « propreté » des technologies actuelles (voiture électrique) ou imaginées (géo-ingénierie, ITER, Astrid…). Même le photovoltaïque, théoriquement renouvelable, pose problème.

Dans son mini-programme, « la France en avant », François Hollande parle bien de « progrès écologique ». Mais sa position sur le nucléaire reste en retrait, non seulement sur les objectifs chiffrés (passer de 75 % d’électricité d’origine nucléaire à 50 % à l’horizon 2025), mais aussi par sa propension à se cacher derrière les autres : « Nous mènerons un grand débat sur la production d’électricité issue de l’énergie nucléaire… Il faudra en discuter ». En réalité François reste pro-nucléaire. Il estime qu’abandonner une industrie nucléaire « où on est sans doute les meilleurs » ne serait « ni économiquement sérieux, ni écologiquement protecteur, ni socialement rassurant »… « Autant je suis favorable à l’exigence de sécurité et de transparence, autant sur la sortie du nucléaire, ce n’est pas aujourd’hui la réponse. » Quant au pétrole, sa raréfaction ne semble pas lui poser problème puisque l’Etat agira : « Pour absorber les chocs d’offres des énergies actuelles, je veux que l’Etat ne gagne pas le moindre centime sur la hausse du prix du pétrole. Chaque recette supplémentaire perçue devra être recyclée pour baisser le prix à la pompe. Et que nous bloquions les prix, dans les moments de hausse importante, pendant un certain temps. Pour que nos concitoyens mutent vers la société des énergies renouvelables, il faut que l’Etat les protège et leur donne confiance. L’économie doit continuer de fonctionner. » Pourquoi les pétrol-addicts que nous sommes devenus feraient-ils des efforts, François produira le pétrole à la place de la nature. D’ailleurs la taxe carbone généralisée n’est plus une mesure envisagée, elle reposera uniquement « sur les industries émettant beaucoup de gaz à effet de serre ».

Que fera François Hollande s’il était président face à un nouveau choc pétrolier, lui qui ignore le pic pétrolier et laisse la planification écologique à Mélenchon ! Il nous faudrait un candidat qui fasse un peu rêver autrement, du type l’écologie ou la mort… comme René Dumont en 1974 ! Mais une présidentielle peut-elle mettre en œuvre l’utopie ?

3 réflexions sur “3/5) François Hollande se veut normal, l’écologie n’existe pas”

  1. François Hollande n’est pas un écologiste, pas plus que les autres socialistes d’ailleurs, par contre il me semble que pour négocier il est plus apte au compromis que les autres candidats des primaires. De toute manière soit nous sommes capables de faire comprendre démocratiquement l’urgence écologique, soit on se prépare aux futurs débats interne à la majorité élargie. La question principale n’est donc pas le discours de chaque candidat sur l’écologie, mais comment ils négocieront avec leurs alliés cette question. Le récent épisode du sénat, avec la menace de Vincent Placé de se présenter à la présidence, donne une idée de ce qui peut advenir pour la suite de l’histoire (Bel est un soutien de Hollande…)

  2. oups, mon com est parti trop vite……voici le fin:

    et oui………vive l’utopie, vous avez raison, mais la seule qui nous amène vers ce chemin, bien sûr, c’est Eva Joly!
    Pour moi, c’est Eva, elle me fait rêver à nouveau à des lendemains qui chantent, ce qui n’est déjà pas si mal en ces temps horribles!

  3. nous n’avons pas besoin d’un président « normal », nous avons besoin d’une personne combative qui défende les intérêts du peuple face à toutes les attaques et crises, et fassent des choix démocratiques avec ce peuple.
    Et nous avons un besoin urgent de sortir du nucléaire, or, avec Hollande, on n’en sortira jamais, voilà pourquoi je pense que cet homme n’a pas du tout les compétences nécessaires pour faire reprendre confiance aux français en la politique, ni pour faire des choix judicieux pour la France, surtout au niveau écologique (voir aéroport de Notre Dame des landes). Il continuera dans la ligne Sarkozy en plus mou……ce n’est pas ce dont nous avons besoin!

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