66 années de gaz de ville devant nous, tout baigne

Le journal LE MONDE titre en 2006 : « Gaz, la nouvelle ruée vers l’or bleu ». L’article sur deux pages est dithyrambique. Braves gens, pourquoi vous inquiéter, le gaz est bien plus abondant que l’or noir, des experts affirment même que les réserves prouvées (au rythme actuel de production) peuvent satisfaire nos besoins pendant 66 années encore (contre 40 pour le pétrole). Le gaz est donc promis à un bel avenir, sa consommation devrait progresser à un rythme annuel de 2,3 % d’ici à 2030 pour atteindre 4900 milliards de m3 (contre 2800 milliards en 2002). Cette source d’énergie, idéale pour le chauffage des particuliers et pour la fabrication de l’électricité, va aussi satisfaire l’appétit croissant des pays émergents. Bien sûr il y aura d’inextricables conflits d’appropriation, mais, entre 1980 et 2005, il n’y a pourtant jamais eu d’interruption d’approvisionnement entre la Russie et l’Europe. La confiance règne à moitié ! Le journaliste peut alors terminer par cette phrase sublime : « Si la calotte glaciaire fond sous l’effet du réchauffement climatique, de nouvelles zones d’exploration d’hydrocarbures et de nouvelles routes pour le transport maritime s’ouvriront ». Comme chacun se doute, avec 66 années devant nous, tout baigne, pas besoin de s’inquiéter pour aujourd’hui et les générations futures n’auront qu’à se démerder avec ce qui n’existera plus.

Mais si on demandait aux générations futures leur point de vue, c’est immédiatement qu’il faudrait se passer de pétrole ; c’est eux qui souffriront du réchauffement climatique et sans aucune réserves de ressources fossiles à disposition pour s’adapter. Tout journaliste qui ne parle pas dans son article d’économies d’énergie doit être immédiatement accusé de crime contre la Biosphère…
(écrit le 8.05.2006 par Michel Sourrouille)