7/27. France, une baisse de natalité trop tardive

Chaque jour nous publions un des 27 chapitres du livre de Michel SOURROUILLE

SURPOPULATION Afghanistan, France, Royaume Uni…

aucun pays n’est à l’abri

https://librairie.edilivre.com/essai/33438-surpopulation-9782414634231.html

Au 1er janvier 2024, la France métropolitaine compte 66,1millions d’habitants. Selon l’Ined, la France conserve toujours l’indicateur de fécondité le plus élevé de l’Union européenne. Le scénario 2023 conduit à une hausse ininterrompue de la population jusqu’en 20701. Mais en 2070, il n’y aura plus de pétrole accessible à bas prix, le chômage explosera, nous connaîtrons le stress hydrique et les vagues de chaleur et tout cela pourtant on peut déjà le prévoir. En 2023 la France était entrée en situation de dette écologique dès le 5 mai ; en d’autres termes, il faudrait 2,9 Terres pour subvenir à nos besoins si l’humanité vivait comme la population française. Mais certains redoutent aujourd’hui le vieillissement de la population et la difficulté de financer les retraites. Alors, surpopulation ou manque de naissances ?

Pour que la population française demeure stationnaire, il fallait sous Louis XIV que chaque femme ait huit ou neuf enfants, dont deux atteignaient l’âge adulte. Progrès de l’hygiène et de la médecine, le même résultat peut être obtenu aujourd’hui avec 2,1 grossesses par femme. Mais rien ne dit qu’un niveau de population à un niveau donné est le signe d’un équilibre ou d’un trop plein. La France de Louis XIV comptait 20 millions d’habitants, on prévoit plus de 72 millions de personnes en 2070. Né à Bordeaux en 1947, habitant le centre-ville, j’ai connu dans mon enfance une nature assez proche, sans autoroutes périphériques ni banlieues envahissantes. Au moment de la révolution française, Bordeaux n’avait que 100 000 habitants. La conurbation bordelaise atteint aujourd’hui 1 000 000 d’habitants. Chaque fois que je retourne dans cette ville je ressens viscéralement une impression de surpeuplement. Pourtant d’autres personnes pensent que la France est sous-peuplée !

Le haut-commissaire au plan, François Bayrou, réclamait en mai 2021 un « pacte national pour la démographie » passant par la relance d’une politique nataliste en France. Dans son programme présidentiel de 2022, Marine Le Pen écrivait : « Choisir l’immigration, ce serait considérer que les êtres humains sont interchangeables, réductibles à des statistiques économiques. A l’inverse, faire le choix de la natalité, c’est s’engager à assurer la continuité de la nation, et la perpétuation de notre civilisation. » Lors de sa conférence de presse le 16 janvier 2024, Emmanuel Macron a promis un « réarmement démographique » en évoquant notamment la création d’un « congé de naissance » proposé aux deux parents, qui serait plus court, mais mieux rémunéré que le congé parental actuel, ainsi qu’un plan de lutte contre l’infertilité. Dans toutes ces interventions politiques, il s’agit toujours d’inciter à une politique nataliste, une constante historique de nos gouvernements quelles que soient les étiquettes politiques.

Il est vrai que depuis 2011, le nombre de naissances a reculé chaque année en France, à l’exception de 2021, qui a connu un léger rebond après les confinements liés au Covid-19. Avec 726 000 bébés nés en 2022, la France a enregistré le nombre de naissances le plus faible qu’elle ait connu depuis la fin de la seconde guerre mondiale. En 2023, le taux de fécondité est tombé à 1,68 enfant par femme en âge de procréer, s’éloignant encore un peu plus du seuil de renouvellement des générations, soit 2,1 enfants par femme dans un pays développé. Est-ce un drame ? Les médias, particulièrement pour le cas français, s’intéressent à cet indicateur. Mais une population stationnaire n’indique en rien que ce niveau soit supportable économiquement, socialement et écologiquement. Des pays comme le Japon ou l’Allemagne ont fait le bon choix de réduire leur population dans un contexte où des expertises scientifiques indiquent que nous courrons à la catastrophe dans beaucoup de domaine, climatique, énergétique, agricole, etc. Se polariser sur l’explosion démographique en Afrique nous empêche de regarder notre propre situation. La France reste selon l’INSEE le deuxième pays le plus peuplé de l’Union européenne, derrière l’Allemagne (83 millions). C’est douze millions d’habitants de plus qu’en 1981, et vingt deux millions de plus qu’en 1958. Oui, la France est surpeuplée.

Avec une densité de 100 habitants au kilomètre carré, chaque habitant n’aurait à sa disposition qu’un carré de 100 mètres de côté, soit un hectare, à partir duquel il devrait satisfaire tous ses besoins d’habitat, de routes, d’alimentation, de loisirs, etc. C’est fort peu, c’est insuffisant, d’autant plus qu’il faudrait laisser de l’espace à la vie sauvage et à la biodiversité. Or la France métropolitaine avait déjà une densité de 116 hab./km² en 2011, 120 hab./km² en 2020. Et nos capacités d’autonomie énergétique et industrielle sont quasi-inexistantes alors que nos besoins sont démesurés. La France vit de ses importations de pétrole, de gaz, de charbon, de minerais, toutes nos mines ou presque ont fermé. Pourra-t-on encore longtemps dépendre du pillage du reste du monde pour sauvegarder notre niveau de vie ? Que se passera-t-il lorsqu’on ne pourra plus drainer des ressources d’autres régions de la planète ?

Il faudrait parler de densité subventionnée. Un écosystème donné est surpeuplé lorsqu’il n’arrive pas à satisfaire les besoins de sa population. On peut donc atteindre un état de surpopulation sans qu’il y ait nécessairement croissance démographique. Dans les systèmes subventionnés, ce sont les ressources énergétiques qui sont déplacées. Les villes sont par exemple de tous temps subventionnées par les campagnes, ce qui leur permet d’atteindre une densité de population beaucoup plus élevée. Avec l’ère industrielle, ce subventionnement ville-campagne s’est étendu à un subventionnement des pays industrialisés par les pays du tiers-monde. Au niveau énergétique et pas seulement, c’est le Nord qui parasite le Sud. Si ce subventionnement Sud-Nord cessait, ne seraient pas surpeuplés les pays qu’on pense.

Les contempteurs de la décroissance démographique dans un pays s’attardent principalement sur le vieillissement de la population, donc le manque de main d’œuvre et le problème des retraites. Or la France connaît un fort taux de chômage depuis le premier choc pétrolier en 1973, il est devenu structurel. En 1990, le taux de chômage avait presque atteint 10 %; le nombre des emplois aidés s’est élevé 900 000 en 1991. Dans une France surpeuplée, il faut maquiller les statistiques du non emploi. Toute crise pétrolière ou financière accroît rapidement la crise de l’emploi. Avec la crise financière des subprimes en 2008, le taux de chômage est passé de 7,5 % de la population active en France métropolitaine à presque 10 % en 2010. On décompte statistiquement les chômeurs par l’inscription à France Travail (anciennement Pôle emploi). En moyenne au quatrième trimestre 2023, en France métropolitaine 2 824 400 personnes sont sans emploi (catégorie A) . Fin janvier 2024, il y avait 5 413 000 demandeurs d’emploi inscrits en catégories A, B, C. Donc plusieurs millions de surnuméraires, nul besoin normalement de faire appel à l’immigration. Ajoutons que les phénomènes migratoires sont aussi un bon indicateur de surpopulation dans les pays d’origine et qu’un mauvais accueil de ces migrants en France est le signe d’un sentiment de saturation du territoire d’appartenance.

Car le surnombre s’accompagne d’un malaise social, coincés que nous sommes dans les embouteillages, dans les cités dortoirs, dans le métro ou sur les plages. Qui dit hausse de la population dit aussi hausse de la pression foncière, ce qui fait augmenter le coût du logement pour les particuliers. Se loger devient très cher dans les centres ville, et habiter en banlieue rend nécessaire la voiture alors qu’il faudrait limiter les émissions de gaz à effet de serre. C’est Charybde ou Scylla. Une société surpeuplée offre alors comme compensation illusoire des loisirs de masse. Le Groupama Stadium à Lyon offre près de 60 000 places, le Parc des principes presque 49 000 et nos jeunes oublient les réalités devant leurs écrans.

Dans les premiers temps de la crise mondiale en train d’émerger, la concurrence internationale va s’intensifier. Or la compétitivité de la France est minime. Ses coûts de production sont prohibitifs, le pays de dispose plus sur son sol de ressources en matières premières indispensables, les dépenses publiques n’ont plus de marge de manœuvre, contraintes par un endettement qui dépasse 3000 milliards d’euros en 2023. Quant au vieillissement de la population, la pire des solutions serait d’encourager la natalité. C’est ce qu’on peut appeler mettre en place une pyramide de Ponzi démographique. Les enfants que l’on fait naître en plus grand nombre auront la charge d’entretenir des effectifs de retraités encore plus pléthoriques, et cela dans un monde aux ressources raréfiées et à l’environnement saccagé. Ce système de retraite par répartition ne peut alors que s’effondrer.

Pour conclure, il faut considérer que toute croissance démographique en France doit être considérée comme défavorable et toute décroissance un bienfait. Chaque année arriveraient sur le marché du travail des classes d’âges moins nombreuses, ce qui fait baisser le taux de chômage. De plus moins de chômage veut dire moins de prestations sociales à verser. Qui dit baisse de la population dit aussi baisse de la pression foncière, ce qui fait baisser le coût du logement pour les particuliers. Nous ne pouvons pas être de plus en plus nombreux en France si nous souhaitons mettre en place une société économiquement durable, écologiquement équilibrée et conviviale dans les interrelations sociales. Il faut quelque chose de plus qu’un couple pour faire des enfants, il faut aussi un territoire viable et vivable.

1 https://www.ined.fr/fr/publications/editions/population-et-societes/la-france-toujours-une-exception-demographique-en-europe/

10 réflexions sur “7/27. France, une baisse de natalité trop tardive”

  1. « 7/27. France, une baisse de natalité trop tardive »

    Le titre me fait bien marrer ! Les gauchistes qui nous expliquent que la France aurait entrepris une baisse de natalité trop tardive soit disant parce qu’on serait trop nombreux dans notre pays, mais les mêmes gauchistes qui nous expliquent qu’il faut importer des millions de migrants soit disant parce qu’il y aurait assez de place et de richesses (dont en logements, nourriture et eau mais pas que) en France pour les accueillir ! Cherchez l’erreur ?
    A noter que les gauchistes importent plus de migrants chaque année que nous n’avons de naissances en France dans la même période !

  2. D. V. (Morbihan)

    Je souhaite réagir au « Point de vue » de Dominique Seux titré « Les vertiges de la démographie » (Ouest-France du lundi 4 août 2025). On entend trop souvent les économistes se plaindre de la baisse des naissances en France et ailleurs. Or, si nous avons tant de problèmes de climat et de perte de biodiversité, c’est bien du fait de la surpopulation mondiale et je trouve regrettable que l’on fasse une telle pression sur les jeunes générations pour un « réarmement démographique ».

  3. bonne nouvelle !!

    – Pour la première fois depuis 1945, le nombre de décès dépasse celui des naissances en France
    ( 20minutes.fr le 24/07/2025 à 10h46 )

    Il semblerait que ce point de bascule arrive en avance (sic)…
    Du coup les malthusiens peuvent retrouver le sourire. Et se dire qu’elle n’est pas si tardive que ça. 🙂

  4. methode duterte

    Il serait aussi opportun de connaître le taux de fertilité des immigrés afromuzz nés sur sol français ou non car la vraie menace réside là pour la population française : invasion démographique par les ventres des africaines .
    Si cette menace n’ existait pas , on pourrait dire que cette « dénatalité » est une excellent chose .
    Ggaeons que la gauche cachera à la population les chiffres car elle a trop peur qu’ on la prive de son électo-rat .

    1. misère misère !

      Vous n’avez qu’à chercher et vous trouverez, ce ne sont pas les sources qui manquent pour combler vos lacunes. Maintenant si les chiffres que vous trouvez ne correspondent pas à vos attentes, eh ben tant pis pour vous.
      Pour vous con soler vous pourrez toujours vous faire croire que c’est un complot des gôchistes.

  5. Il est intéressant de lire ce jour sur son moteur de recherche interne comment LE MONDE répond à l’item « France population » :

    2 juillet 2025. Logement des étudiants : la Cour des comptes reproche à l’Etat de naviguer à vue
    18 mai 2025. Pourquoi les services publics se dégradent, alors que les dépenses publiques augmentent ?
    11 mai 2005. Le chacal doré, un nouveau venu en France qui pourrait s’établir durablement
    26 mars 2025. Démographie : la population française devrait être quasi stable jusqu’en 2070, malgré une natalité en berne
    28 juin 2023. Population : « En France, le poids des très grandes villes est plus fort qu’on ne l’avait mesuré jusqu’ici »
    10 février 2023. Un quart des poissons pêchés en France sont toujours issus d’une population surexploitée

    Comme quoi le traitement de la démographie française est vue de façon très subjective par un journal complètement « neutre »…

  6. Esprit critique

    – « Des pays comme le Japon ou l’Allemagne ont fait le bon choix de réduire leur population dans un contexte où des expertises scientifiques indiquent que nous courrons à la catastrophe dans beaucoup de domaine, climatique, énergétique, agricole, etc. »

    Ces deux pays ont-ils réellement fait ce choix ? La Chine oui, elle a fait ce choix, à une certaine époque. Et on a vu ce que ça a donné. Parler de choix pour un pays c’est parler de politique. Actuellement en France nos dirigeants ont choisi le Réarmement. Il faut juste comprendre que la droite et l’extrême droite ne rêvent que de ça. Seulement les rêves ne se concrétisent pas forcément.
    Ce ne sont pas les pays ni leur dirigeants qui choisissent d’augmenter ou de réduire leur population, ce sont les gens qui choisissent de faire ou de ne pas faire d’enfants. Et là encore pas toujours.
    Quoi qu’il en soit ON le sait, même si ON ne veut pas le croire, il est vain de vouloir agir sur la démographie. Pour moi c’est aussi fou que de vouloir agir sur le climat.

    1. esprit critique

      – « Pour remédier à la baisse de la natalité, Emmanuel Macron veut lutter contre l’infertilité. Mais il serait peut-être aussi temps de se préoccuper de l’impact négatif des discours expliquant que la natalité a une incidence négative sur le climat. »
      ( Baisse de la démographie : n’oublions pas la responsabilité des éco-activistes !
      actionecologie.org/2024/01/17 )

      Lutter contre l’infertilité est une chose. Une bonne chose. Comme lutter contre la mortalité infantile, les cancers, le mal de vivre (éco-anxiété), les guerres, la criminalité etc. etc.
      Seulement ce genre de luttes ne doit pas avoir la démographie comme objectif.
      Sinon, comment certains pourraient-ils ne pas souhaiter, voire prôner, qu’ON laisse crever les vieux, les malades, les pas assez rentables etc. etc. au prétexte qu’ON est trop nombreux ?

  7. Tiens elle est bonne celle là, je ne la connaissais pas. Ou alors je l’avais oubliée.
    Tardive…. Mais non pas comme les vendanges, décidément vous ne pensez qu’à ça, bande d’attardés va, une baisse de natalité… trop tardive !
    Décidément il y a toujours quelque chose qui ne va pas, avec ça. C’est comme avec la Croissance, en berne, trop molle quoi. Et qui se fait trop attendre. Alors ça vient oui ?
    En fait non, pas tout à fait, vu qu’ici ON parle plutôt de décroissance. Plus exactement de dénatalité, de baisse de natalité si vous préférez. Et là encore c’est comme pour tout, et n’importe quoi, un peu ça va mais quand c’est trop c’est trop !
    Trop dure, trop rapide et trop brutale c’est pas mieux. La juste mesure bordel !
    Bref, entre une trop tardive et une trop hâtive mon cœur balance. 🙂 🙂 🙂

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