Près de 150 000 manifestants se sont mobilisés en France et en Belgique les 26 et 27 janvier pour dénoncer l’inaction des gouvernements face à l’urgence climatique : « Changeons le système, pas le climat »*. Des jeunes belges sèchent les cours, ce qu’ils voient de la politique est effrayant ; faute d’un accord entre les quatre ministres de l’environnement, la Belgique s’est rangé aux côtés de la République tchèque pour tenter de rejeter les objectifs européens en matière d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables. Dans tous les rassemblements, chacun avait en tête la prochaine étape : l’appel à une grève scolaire mondiale, le 15 mars, lancé par l’adolescente suédoise Greta Thunberg. Très bien, mais la mobilisation du peuple écolo ne fait que commencer alors que la date du pic pétrolier est dépassée, que les émissions de gaz à effet de serre progressent et que différents gouvernements, y compris en France, mènent une politique explicitement anti-écolo. Sur lemonde.fr, les commentaires montrent l’acharnement de certains pour retarder la prise de conscience générale. Notre société ultra-médiatisée ne recherche pas le consensus, mais l’affrontement :
MD : 80000 personnes dans les rues (selon les organisateurs et avec les enfants!), c’est une « petite révolution »? Vraiment toute petite alors, minuscule même. On voit que les élections européennes arrivent, les verts vont faire un score « historique » (10%) avant de retomber à 3% aux prochaines, comme d’habitude. Arrêtez de monter la mayonnaise, s’il vous plaît.
???? @ MD : En même temps comme on nous explique que 80 000 gilets jaunes dans la rue c’est une révolution…
JEAN-PIERRE BOURGEOIS : L’urgence climatique est actuellement déportée par les poujadistes gilets jaunes. Vivement qu’ils rejoignent la véritable démocratie.
CLAUDE HUTIN : Comme un grand troupeau bêlant, les écolos et les mini-écolos lancent des incantations pour que le gouvernement change le monde. On cherche en vain dans leurs mugissements une proposition, une manière de financer la transition ou même un peu de clairvoyance. Il n’y a qu’aveuglement, déni et dogmatisme destructeur. Savent-ils seulement qu’ils font le lit des populismes ?
MICHEL SOURROUILLE : le populisme résulte de la faiblesse de gouvernements recherchant des boucs émissaires au lieu d’affronter de face la dure réalité. Ne pas se soucier de l’urgence climatique, c’est donc favoriser la montée de l’extrême droite qui met aux commandes des anti-colos comme Trump ou Bolsonaro avec l’aide de Claude Hutin !
Claude Hutin @ MS : C’est évident, les gens qui ont voté Trump l’ont fait parce qu’ils trouvaient que l’environnement n’était pas assez pris en compte. Non mais franchement, vous trouvez ça drôle ?
emc : Claude Hutin, pardonnez moi mais je ne trouve pas beaucoup de propositions dans votre texte non plus (notez que je préfère éviter le terme de beuglement ou mugissement, qui n’est pas très respectueux). Que suggérez vous pour résoudre les problèmes d’environnement?
Claude Hutin @emc : De quel problème d’environnement parlez-vous ? Sur la pollution atmosphérique, par exemple, c’est pas bien compliqué, il faut durcir -progressivement- les normes automobiles et s’attaquer aux autres causes (chaussée, métros,…). L’enrichissement du pays amène au renouvellement du parc automobile et à l’amélioration des autres processus. Tout le reste n’est qu’agitation contre-productive.
Victor M : L’écologie est une des préoccupations principale des français, avec la reconnaissance du travail et l’équité fiscale. La promotion des mobilités douces (marche vélo …) avec la construction d’infrastructures adaptées plutôt que les 27 Milliards investis principalement dans les infrastructures routières. De nombreuses solutions existent, mais c’est aussi beaucoup une question de volonté politique !
Nawak : Si ces gens sont écolos à ce point, qu’ils arrêtent toute consommation polluante pour montrer l’exemple. Mais quand les autres verront à quel point ils ont une vie monacale, ils changeront d’avis et feront comme les 9/10ème du reste du monde : On s’en fout, on en veut plus.
Obéron : Aucune intention de nous sacrifier sans limites pour Nawak. Ou l’humanité réfléchira et agira de façon intelligente au lieu de faire l’autruche, ou nous coulerons tous ensemble, vos enfants et les nôtres !
le sceptique : La pétition climat aurait été crédible si elle posait les termes réels du débat démocratique : quelles lois contraignantes pour les ménages et les entreprises, quels coûts payés par quelles taxes, quels moyens d’évaluer l’efficacité des mesures prises, etc. Faut arrêter de se cacher derrière son petit doigt et de refuser la vérité aux Français, qui se mettent désormais en colère jaune quand on les enfume.
jeavie : On manifeste ! Dans quel monde vit-on où l’action pour le climat consiste à battre le pavé des capitales européennes? On a son smartphone made in China dans la poche, on part en vacances en avion, on achète des tee shirts fabriqué Dieu sait où et qui ont fait 10 000km. Pendant ce temps là en Chine, en Inde, en Pologne, aux États Unis, on lâche des gros ballots de CO2 dans l’indifférence générale…
* LE MONDE du 29 janvier 2019, Urgence climatique : comment les citoyens maintiennent la pression sur les gouvernements
Mona Ozouf : « Il y a une différence fondamentale entre 1789 et l’actuel mouvement des « Gilets jaunes » : ces derniers ne rêvent pas d’avenir, ils sont dans l’immédiateté. Les femes et les hommes qui entraient en révolution en 1789 héritaient des Lumières et avaient de grandes idées sur ce que pouvait être une société parfaite. »
Ils ont décidé de sauver leur futur, celui qui « se dérobe sous leurs yeux ». Vendredi 8 février 2019, une clameur émane d’un amphithéâtre plein à craquer sur le campus de Jussieu à Paris. Plus de 300 jeunes, en majorité des étudiants de la capitale, viennent de voter, en assemblée générale, le lancement d’un mouvement de « grèves scolaires » pour l’environnement en France. Un « vendredi vert » avant un « samedi jaune », lors duquel ils soutiendront les gilets du même nom dans leurs manifestations.
(LE MONDE du 10-11 février 2019, les jeunes Français lancent des grèves pour l’environnement)
» CLIMAT, manifestez il en restera toujours quelque chose. » Cela me fait penser à l’enthousiasme de Dominique Bourg qui pense que 2018 aura sonné le début de quelque chose de fort. 2018 ayant été marquée par les appels, les marches, les pétitions. Bien sûr sans oublier la COP.
De mon côté je suis plutôt de l’avis de Pierre-Henri Castel, qui lui répondait ainsi : « En quoi le nombre de manifestants change quoi que ce soit ? […] la question n’est pas du tout du nombre de manifestants […] c’est en particulier la question, je vais être très cru … du degré de pression, voire de violence, qui est exercé sur le pouvoir politique et qui l’amènerait effectivement à changer quoi que ce soit quant à la réorganisation de l’économie […] Des manifestations ? Mais c’est futile, Dominque Bourg. »
Le 26 janvier dernier, sur « Action directe, en stage… et en application scolaire », j’ai parlé de ce débat qui s’est tenu le 12 janvier à la Sorbonne. Le thème « Sommes-nous prêts pour la fin du monde ? » Je renouvelle donc mon invitation à écouter ce débat très intéressant .
Post-cast : http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10467-18.01.2019-ITEMA_21955085-0.mp3?track=false
Quant aux commentaires sur cet article du Monde, celui de jeavie résume bien la situation. Entre ceux qui se foutent de tout, ceux qui croient encore qu’il n’y a pas de limites, ceux qui croient aux miracles, au Père Noël, à la « force » des pétitions et des manifestations pacifiques, ceux qui ne peuvent pas comprendre que l’on ne pourra jamais se soucier de la fin du monde tant qu’on aura à penser aux fins de mois, ceux qui ne jurent que par Saint Malthus, et Jean Passe… en effet nous sommes en droit de nous poser la question : Dans quel monde vit-on ?
100 % d’accord avec vous Marcel, évidemment.
Hypothèse de base : s’ il y a un réel changement climatique et que ses causes sont humaines , alors on peut appliquer la méthode malthusienne de décroissance démographique pour enrayer le désastre : merci à tous les Al Carbone d’ aller dans notre sens .
D’ ailleurs , il semble bien qu’ un grand nombre de scientifiques (15000) aillent dans ce sens .
Sacré Malthus , il finira par triompher mais avec retard !