Les anthropologues ont renouvelé l’approche de la sexualité en montrant l’importance de la perte de l’œstrus. La relation entre les sexes est soumise chez les mammifères, y compris les grands singes, à une horloge biologique et hormonale qui détermine les périodes de rut ; pour les humains au contraire, l’absence de cette détermination naturelle met la sexualité sous le signe de la disponibilité permanente. Cette liberté totale fut certainement une des conditions de l’apparition des normes et des interdits qui limitent, dans toutes les sociétés, les usages et les pratiques de la sexualité. Que dit Maurice Godelier :
« Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les sociétés humaines ignoraient le processus biologique réel de la conception d’un enfant. Face à ce mystère, elles ont inventé des mythes. Homo sapiens sapiens, qui a expérimenté des formes d’organisation sociale très différentes, a conclu, de manière universelle, qu’il fallait interdire la permissivité sexuelle : parce que la sexualité est source de conflits, d’exclusions et de rivalités, elle ne peut être entièrement laissée à la liberté de chaque individu.Si l’inceste est interdit dans toutes les sociétés humaines, c’est parce qu’il réunit des personnes que l’on considère comme « trop semblables ». Mais chaque culture détermine la composante commune qui fonde cette prohibition : les Egyptiens anciens pensaient qu’aucune catastrophe cosmique ou sociale n’était attachée à une union entre frère et sœur alors qu’elle figure, en Occident, parmi celles que nous considérons comme les plus gravement incestueuses. Pour les habitants des îles Trobriand [Papouasie-Nouvelle-Guinée], les relations sexuelles entre le père et sa fille ne sont pas considérées comme un inceste puisqu’il n’est pas à l’origine de sa procréation (filiation matrilinéaire). En transformant tous les alliés en quasi-consanguins, la mythologie chrétienne a étendu la prohibition de l’inceste, jjusqu’au septième degré du cousinage au XIIIe siècle − que l’Eglise catholique a réduit à quatre, puis à deux degrés de distance. En Occident, la famille est une famille « nucléaire », des rapports sexuels internes mettent en rivalité des membres de la famille. Le désir sexuel peut se tourner vers des personnes interdites : il n’est pas du tout impossible, par exemple, qu’un fils désire sa mère – la preuve, c’est qu’il faut l’interdire. En ce sens, la sexualité humaine est fondamentalement « a-sociale ». L’interdit de l’inceste est une invention de la pensée : toutes les sociétés transforment le corps sexué des hommes et des femmes en des sortes de ventriloques tenant un discours sur l’ordre moral et social qui doit régner dans la société. »
En fait l’éthique, l’art de distinguer ce qui est bien et ce qui est mal, ne sait plus très bien se situer face à la liberté sexuelle. Aujourd’hui on ne peut même plus en plaisanter, rappelons-nous l’éviction de Xavier Gorce. Parlons plutôt du viol de la Terre, l’inceste absolu. La question du symbole est indissociable de l’histoire de l’humanité. Dans le Croissant fertile du Moyen Orient propice au développement de l’agriculture, on a choisi de déchirer le ventre de la terre en la désacralisant ; pour ce faire, on a projeté dans le ciel les divinités et on leur a demandé l’autorisation de poursuivre le labeur. Et le ciel a répondu : « Fructifie, multiplie, emplie la terre, soumets-là… » A partir de là, fin de la Déesse mère et commencement de Dieu le père. Depuis le néolithique, cultiver signifie ouvrir le ventre de la terre. Homo sapiens demens se met à labourer la terre du soc de la charrue, un véritable inceste à l’égard de la Terre-mère dont on déchire la chair pour la féconder. C’est insupportable. Donc, ou vous arrêtez, ou vous transformez votre regard sur le monde. (propos résumés d’Eveline Grieder)
– « En fait l’éthique, l’art de distinguer ce qui est bien et ce qui est mal, ne sait plus très bien se situer {etc.]» (Biosphère)
En fait il n’y a rien d’étonnant à ça, puisqu’elle aussi est perdue.
Quel lien avec le bien et le mal l’éthique a t-elle encore aujourd’hui ? Qu’est devenue l’éthique ?
Dans une toute récente vidéo (sur YouTube), j’ai trouvé un point de vue très intéressant :
– « L’éthique d’ailleurs, ça veut dire l’adaptation aux moeurs. C’est pas la morale l’éthique, hein, c’est l’adaptation aux moeurs ! […] En tous cas l’éthique c’est d’être adapté aux moeurs de son pays. Voilà, on doit être adapté aux moeurs de son pays, on ne peut pas faire autrement d’ailleurs, puisque c’est les moeurs qui déterminent le droit [etc.]»
( Les Jeudis de l’IHU – Conflits d’intérêts – Pr. Didier Raoult ) écouter à 14:38
Le reste est tout aussi intéressant.
– « En fait l’éthique, l’art de distinguer ce qui est bien et ce qui est mal, ne sait plus très bien se situer face à la liberté sexuelle. Aujourd’hui on ne peut même plus en plaisanter » (Biosphère)
Mais si on peut. Et encore heureux, la preuve. Ce n’est pas en chantant «allo maman bobo» ou «noir c’est noir il n’y a plus d’espoir» qu’on s’en sortira. Pas plus d’ailleurs en chantant «je vais bien tout va bien». Faut-il déjà savoir ce que veux dire être ou aller bien.
Est-ce que je vois bien ? N’ai-je pas besoin, par hasard, de changer de lunettes ? Telles sont les questions que devrait pour commencer se poser l’ «artiste». Est-ce que j’ai bien compris, n’ai-je pas tendance à mal comprendre ce que je vois, ce que j’entends, etc. ? Les yeux et les oreilles donc, et puis le comprenoir.
En fait, l’ «art» de distinguer ce qui est bien et ce qui est mal n’a pas du mal à se situer qu’avec le Sexe. Le bien le mal, la gauche la droite, le vrai le faux, le laid le beau etc. qui se soucie de ça ? Pas un petit pois en tous cas. Comprenez par là que quand l’ «artiste» a un petit pois à la place du cerveau, il se fout de tout ça. Sa réflexion s‘arrête à Papa Maman, la bonne et moi. Surtout Moi. «Et Moi et Moi et Moi. Et tout le whisky que je m’envois ! »
Et si c’est une bite à la place du petit pois, je vous dis pas.
Ou plutôt si, et bien sûr en chantant :
– « Le laid le beau, le dur le mou, qu’a un grand cou, le gros touffu, le petit joufflu, le grand ridé et le mont pelé, tout tout tout tout, j’vous dirais tout sur le Zizi.»
Pour moi quand on voit le soc d’une charrue comme un braquemard qui pilonne la Mama, Pacha ou pas, c’est qu’on a un problème du côté du petit pois. Je me souviens encore de la réaction d’un vieux patriote à qui je disais que je pissais sur la France, sa si chère patrie. Aujourd’hui je déclare que tous les jours je pisse sur la Terre Mère, qu’en plus j’adore ça, me soulager dans la nature, pisser contre un arbre etc. Où est le problème ?