La conception d’une science neutre, motivée par la saine curiosité intellectuelle et la passion de la découverte, a aujourd’hui cédé le pas au vrai visage de la science moderne, rattachée par des liens organiques à la société industrielle qu’elle alimente en progrès illusoires et néfastes tout à la fois. … Les applications industrielles de la recherche scientifique ont permis un développement considérable des forces productives, entraînant désastres écologiques et décomposition sociale. C’est pour cette raison que je condamne la recherche-développement pour toutes ces découvertes qui font dorénavant partie de notre vie quotidienne : centrales nucléaires et téléphones portables, industries agroalimentaires et pesticides, voitures et TGV, tourisme spatial, etc. De toute façon, comme l’exprime à juste titre Jean Colcombet, la décrue énergétique supprimera des pans entiers de la recherche académique. Déjà des gens ultra-diplômés en viennent à travailler la terre…
Jean Colcombet (INRAe, biologie végétale) : « En moins d’un siècle, la mécanisation a entraîné une diminution drastique du nombre d’agriculteurs, a décuplé la productivité au point de rendre les ouvriers quasi accessoires et a permis un accroissement explosif du secteur tertiaire, devenu nécessaire pour gérer des flux de plus en plus complexes… L’ironie veut que la recherche scientifique, fille de la modernité et des énergies fossiles, nous aide à analyser les grands enjeux de l’anthropocène : nous comprenons désormais que notre développement glouton nous fait dépasser les frontières planétaires et fragilise les écosystèmes… Si nous n’y prenons garde, la décrue énergétique inévitable et les perturbations environnementales déstabiliseront notre agriculture et la société dans son ensemble. Il est alors possible que notre histoire s’écrive à rebours de celle des siècles passés : moins d’énergie et de mécanisation induira un retour aux activités manuelles et à la terre, dans un contexte environnemental dégradé. Cette simplification sociétale, mal comprise et mal préparée, sera vécue à juste titre comme une perte, engendrant de fortes tensions sociales… Dans un monde en contraction, ne devons-nous pas considérer que, face à l’urgence écologique, certains domaines de recherche sont plus importants que d’autres ? »
Bref, chaque chercheur ne doit-il pas se demander quel sens donner à un possible chant du cygne de son activité ?
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