Hugo Clément, un « écolo sectaire » ? A une époque, ce journaliste-écrivain était le « gars relou qui se moque de ses potes végétariens ». Il adorait la viande et n’aimait pas les bêtes. Mais son frère lui fait lire le livre choc de Jonathan Safran Foer, ses amis « l’éduquent ». Comme Nicolas Hulot en son temps, il comprend au gré de ses reportages journalistiques que la défense de l’environnement est la mère de toutes les batailles. « Quel que soit le sujet que j’étais amené à traiter, dans n’importe quel pays du monde, il y avait un enjeu environnemental sous-jacent, explique-t-il. Il y a toujours des ressources naturelles au cœur des conflits » Il se consacre alors à une émission, « Sur le front », centrée autour de personnages qui luttent sur le terrain et auxquels le téléspectateur pourra s’attacher. Pour ses interlocuteurs, il offre une caisse de résonance inespérée à leurs combats. « L’écueil, quand on traite les sujets environnementaux, c’est que c’est souvent plombant. Tu fous la tête des gens sous l’eau et tu ne les laisses pas respirer en leur proposant de faire un truc. Nous, on veut qu’à la fin des émissions on ne se dise pas “c’est horrible, on va crever”, mais plutôt “il y a des gens qui font des choses et nous aussi on peut agir” », plaide Hugo. Sur les réseaux, le journaliste est presque devenu un média à lui tout seul : un million d’abonnés sur Instagram, 800 000 sur Facebook, 650 000 sur Twitter, 140 000 sur TikTok
Fatalement, Hugo Clément suscite des critiques. Et notamment celle de brouiller la frontière entre journalisme et militantisme, de faire de la dénonciation permanente, tel un chevalier vert. Une large partie du monde agricole et de la chasse s’irrite des « leçons » assénées par le reporter. Sur les réseaux sociaux, il est fréquemment pris pour cible, parfois avec violence, ainsi ce tweet appelant à « monter un commando et faire couiner ce con ». Hugo Clément assume tout, de « montrer sa gueule », de se mettre à dos le million de chasseurs : « L’objectivité, c’est un truc que les journalistes mettent en avant pour se donner bonne conscience, mais personne n’est objectif. » En effet ! Grâce à un cerveau surdimensionné, nous sommes la mesure de toutes choses, mais notre objectivité n’est que la somme de nos subjectivités humaines. Nos esprits et nos comportements ne sont que le reflet de l’idéologie dominante, l’imaginaire collectif du moment. Comme s’y retrouver ?
A l’intérieur de la démocratie d’abondance, on peut entendre tous les points de vue, celui de la vaccination obligatoire et cel ui des anti-passe, les pro et les antinucléaires, les pro et les anti-éoliens, tout peut servir de pugilat. Il est vrai que dans les médias, l’opinion stupide est traitée avec le même respect que l’opinion intelligente, celui qui est mal informé peut parler aussi longtemps que celui qui est bien informé et la propagande y est mise dans le même sac que l’éducation. Cette tolérance du sens et du non-sens à la fois est justifiée par l’argument démocratique selon lequel personne, aucun groupe ni aucun individu, n’est en possession de la vérité et capable de définir ce qui est juste et ce qui est faux, ce qui est bon et ce qui est mauvais. Toutes les opinions contestataires doivent être soumises au « peuple » pour qu’il puisse délibérer et choisir. Le caractère non discriminant de la tolérance libérale était, du moins en théorie, basé sur la proposition selon laquelle les homme étaient (en puissance) des individus qui pouvaient apprendre à écouter, voir et sentir par eux-mêmes et ainsi comprendre quels étaient leurs véritables intérêts. L’argument démocratique implique une condition nécessaire, à savoir que les gens doivent avoir accès à l’information authentique et que leurs délibérations doit être le résultat d’une pensé autonome se fondant sur cette information authentique.
« Mais la tolérance universelle devient problématique lorsqu’elle est appliquée à des individus manipulés et endoctrinés qui répètent comme des perroquets, comme si cela venait d’eux, l’opinion de leurs maîtres pour lesquels l’hétéronomie est devenue autonomie. Avec la concentration des pouvoirs économique et politique et avec l’intégration d’opinions opposées dans une société qui utilise la technologie comme un instrument de domination, la contestation réelle reste bloquée. Dans une démocratie organisée sur un mode totalitaire, l’objectivité entretient une attitude mentale tendant à oblitérer la différence entre ce qui est juste et ce qui est erroné. En fait le choix entre des opinions opposées a été fait avant que ne commence la discussion. Il n’a pas été fait par une conspiration, mais juste par « le cours normal des événement », qui n’est que le cours des évènements administrés. Comment briser la tyrannie de l’opinion publique et de ceux qui la construisent dans une société close ? Pour rendre les individus capables de devenir autonomes, de trouver par eux-mêmes ce qui est vrai, il faudrait les libérer de l’endoctrinement dominant qu’ils ne reconnaissent même plus comme endoctrinement. La vérité, « toute la vérité », requiert la rupture avec l’apparence des faits. Une partie essentielle de la vérité est de reconnaître dans quelle effrayante mesure l’histoire a été faite par et pour les vainqueurs, c’est-à-dire de reconnaître dans quelle mesure elle est le développement de l’oppression. » (Marcuse en 1964, in La tolérance répressive)
En d’autres termes, il faut savoir trier entre les bons journalistes et les autres, entre les médias de merde et ceux qui ont un certain respect de la vérité, entre les voix qui comptent et les éructations des populistes de tous bords…
Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :
14 juin 2021, Que signifie « penser vrai » ? Relativiser !
8 juillet 2020, Brouhaha médiatique et démocratie réelle
– « En d’autres termes, il faut savoir trier entre les bons journalistes et les autres, entre les médias de merde et ceux qui ont un certain respect de la vérité, entre les voix qui comptent et les éructations des populistes de tous bords… » (Biosphère)
Sérieusement… comment fait ON pour bien trier, les torchons et les serviettes ?
Mieux… pour « trier vrai » entre les torchons et les serpillères.
En d’autres termes, Hugo Clément … un bon journaliste ou bien un journaleux de merde ?
Faut quand même dire que tout ça n’est pas très clair. Merdique quoi. 🙂
Bien évidemment qu’elle compte ! La bonne blague !
Généralement, quand un titre est sous forme de question, ça veut dire que c’est oui.
Tiens, la « preuve » :
– Faut-il poser une question dans un titre d’article ? (ecrirepourleweb.com)
Et vu que ça ne sert à rien d’émettre un point de vue contraire, qui ne peut qu’aller à l’encontre de l’ICF (l’intelligence collective en formation), si ON est comme moi un fervent défenseur de la Cause, ON évitera déjà de penser de travers.
En s’appliquant donc à « penser vrai ».
Que signifie « penser vrai » ? (Biosphère 14 juin 2021 )
Là encore une question. Or, cette fois la réponse n’est ni oui ni non.
Elle est donc ni-ni. Nous voilà donc bien avancés.
Néanmoins… Biosphère s’est appliqué à nous l’expliquer. ( à suivre )
Nez en moins, de mon point de vue… Flaubert nous l’explique joliment mieux à la fin de son dernier roman inachevé, Bouvard et Pécuchet :
– « Pas de réflexion ! copions ! Il faut que la page s’emplisse, que « le monument » se complète. – égalité de tout, du bien et du mal, du beau et du laid, de l’insignifiant et du caractéristique.»
Hugo Clément, une voix écolo qui compte ?
Bien évidemment qu’elle compte ! Tout autant que la mienne. En admettant toutefois que je puisse me revendiquer écolo. Ce qui est loin d’être évident. Quoi qu’il en soit, j’ai déjà fait part de ce que je pensais de cet Ego Clément (son surnom chez Bangum).
Si ça peut vous intéresser, ON ne sait jamais, lire :
– Hugo Clément ne mange pas de lapins (10 MAI 2023 À 19:48 )
– Aurelio Peccei et la revue « La Décroissance » (20 janvier 2021 )