La Biosphère n’a aucune admiration pour la mondialisation marchande.
Je vais t’expliquer le terme « local » en comparant deux villages : ils se situent en Crète, mais ils pourraient se trouver n’importe où. L’un des villages est perché dans les montagnes, on ne peut y accéder que par une route non bitumée, jonchée de nids de poule, sur laquelle les bus ne se risquent pas. Le seul contact avec le monde extérieur que j’ai pu relever tenait en la personne d’un homme qui, à bord d’un camion très robuste, bravait les nids-de-poule une fois par semaine et rapportait au village des chargements de poisson en provenance du petit port de pêche côtier. Les moutons du village servaient de monnaie pour payer ce poisson. A l’exception de ce troc, la communauté de cette montagne était autosuffisante. Il y avait assez de petites parcelles en terrasse pour y cultiver du blé, des vignes et des oliviers. Il y avait un moulin à huile pour presser les olives. Il y avait beaucoup de noyers et de citronniers, de figuiers et bien d’autres arbres fruitiers. Il y avait des ruches, et les moutons fournissaient de la viande en abondance. Les maisons du village étaient simples et confortables pour ce type d’environnement. Les femmes fabriquaient des vêtements. Il y avait un tisserand dans un village voisin, un bottier dans un autre, un coutelier dans un troisième. Avaient-ils une culture, me demanderez-vous ? Eh bien, on chantait, on dansait et on jouait de la musique. Il y avait peu de livres, mais si les villageois avaient souhaité lire, ils en auraient trouvé. Les villageois ne payaient pas d’impôts et il n’y avait qu’un policier. Ils connaissaient leurs propres lois et les respectaient.
L’autre village crétois que je voudrais décrire se trouvait un peu plus bas dans la montagne et disposait d’une route praticable. Elle permettait de se rendre à la ville et bien sûr reliait également la ville à la compagne. L’argent de la ville est arrivé et a permis l’achat d’une bonne partie des terres ; on a déraciné les vieux arbres et les vignes et on a planté des oliviers à croissance rapide pour créer une oliveraie à des fins commerciales. Ainsi les villageois ont du payer leur huile d’olive et ont été rapidement entraînés dans l’économie monétaire. Toutes sortes de marchands arrivaient au village et un petit super marché s’ouvrit. Soudain, les villageois découvrirent qu’ils avaient « besoin » d’un tas de choses dont ils ne se servaient pas auparavant. La télévision arriva de même et apporta avec elle des images alléchantes. Les jeunes du village ne dansaient plus et ne chantaient plus ; ils voulaient écouter de la musique pop occidentale et boire du Coco-Cola. Même si leur jolie route avait tout d’une route vers la liberté, ce fut en réalité celle de la tristesse, de l’esclavage salarial et du mécontentement, et qui n’offrit aucun retour à tous les jeunes qui l’empruntèrent.
Extraits de « John Seymour, Revivre à la campagne, première édition 1976, édition 2007 De Borée, Reproduction en couleur par Colourscan (Singapour), Imprimé et relié en Chine par Toppan » : ohhhhhhahhhhhhhh, la Biosphère s’étouffe !!!!!!!!!!!!!
NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,
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les camions bennes roulent au pétrole. Mais il n’y a que pour quarante ans environ de pétrole. Cela sera plus facile de s’en passer pour les sociétés qui vivent sans pétrole que pour celles qui en dépendent aux dépens du reste de la Biosphère ! La délocalisation sera remplacée par la relocalisation, au Limousin ou ailleurs.
Il y a donc progrès et progrès, on ne peut en la matière agiter de grands mots. Les voies ferrées qui permettaient un transport collectif même dans les villages du Limousins étaient un certain progrès, maintenant les TGV enterrent les petites lignes locales. Où est le progrès ?
Bon daccord c’était mieux avant, mais au Népal quand il faut marcher cinq jour pour aller acheter un antibiotique où se coltiner des kilos de pommes ou de viande de yack à dos d’homme et de femme, on comprend qu’ils veuillent construire des pistes carrossables. là bas, même les camions bennes sont remplis d’hommes de femmes et d’enfants qui peuvent raccourcir leur temps de trajet et économiser leurs forces. Plus près de nous, malgré toutes les nuisances qu’une autoroute produit, on s’aperçoit que la présence d’une autoroute accompagne un développement économique en désenclavant les PME. Voir la ville de Brives en Corrèze, aujourd’hui à la croisée de deux autoroutes et qui se construit un aéroport tout neuf à destination des nombreuses communautés anglo-saxonnes et germanophones, européennes quoi, qui vivent dans le limousin.
On arrête pas le progrès, et le réseau TGV français est envié.