Rare les articles du MONDE sur les échecs, savourons l’instant présent.
Et sortons un peu de nos articles trop souvent trop sérieux.
Pierre Barthélémy : « En 1886, dans différentes villes des Etats-Unis, se déroula le premier championnat du monde d’échecs officiel qui vit le triomphe, par 10 victoires à 5, de l’Autrichien Wilhelm Steinitz face au Polonais Johannes Zukertort. Deux Européens. Depuis lors, chaque match pour le titre suprême a compris au moins un représentant issu du Vieux Continent. Cette « règle » va tomber sous peu après s’être appliquée pendant cent trente-huit ans. En effet, en cette année 2024, le championnat du monde opposera pour la première fois deux Asiatiques : le champion du monde en titre, le Chinois Ding Liren, 32 ans, et le jeune Indien Gukesh Dommaraju, âgé de seulement 18 ans. Au dernier classement de la Fédération internationale des échecs (FIDE), publié début novembre, on comptait cinq Indiens dans les vingt premières places. Au classement féminin établi par la FIDE, les quatre premières places sont occupées par des Chinoises… »
Mais pourquoi donc un classement féminin ?
le point de vue des écologistes antisexistes
Michel SOURROUILLE : Notons qu’il y a encore une catégorie mixte (hommes et femmes) et une catégorie féminine pour les tournois et les classements. Vice-président de la FFE au milieu des années 1990, j’avais essayé en vain de faire supprimer ce séparatisme pour les championnats de France de jeunes. En effet dans un tournoi au système suisse (forts, faibles), il n’y a pas d’éliminatoire et chacun joue rapidement à son niveau, quel que soit son sexe. D’autre part, pédagogiquement, il est important qu’un jeu uniquement cérébral (où normalement garçons et filles ont le même potentiel) de faire en sorte que les féminines ne fassent pas bande à part, se limitant ainsi à un présupposé de capacité inférieure. Le système structurel de tournois strictement féminin est un élément important de l’infériorisation de la femme.
Ducobumarcel : Une question me semble pertinente. Comment se situent les meilleurs joueuses par rapport aux meilleurs joueurs? Si la réponse, que je souhaite, est à près au même niveau très bien. Rien de plus à déclarer. Sinon quelle peut être la cause? D’un coté des éléments essentiellement voire exclusivement culturels… De l’autre des caractéristiques intrinsèques différences des cerveaux des hommes et des femmes. C’est une question, je ne connais pas la réponse.
Michel SOURROUILLE @ Ducobumarcel : Judit Polgár obtient le titre de grand maître international en décembre 1991 à 15 ans et presque cinq mois. Elle bat le record de précocité auparavant détenu par Bobby Fischer depuis 1958 (il fut grand maître à 15 ans et 6 mois en 1958). En février 1993, à Budapest, elle bat en match exhibition l’ancien champion du monde Boris Spassky 5,5-4,5. En 1998, elle remporte un match d’échecs rapides (trente minutes pour toute la partie) en huit parties contre le champion du monde Anatoli Karpov avec deux parties gagnées et six parties nulles. Elle pouvait même battre Kasparov (2002, à Moscou). Judith est entrée dans le top 10 mondial. Son meilleur classement par la fédération internationale a été huitième mondial avec 2 735 points aux classements de 2005. Elle a été initiée très tôt aux échecs par son père, qui a démontré avec ses filles que le génie pour les 64 cases n’est pas inné et que l’on peut atteindre l’excellence par l’entraînement. Judith : « Je dis toujours que les femmes devraient être suffisamment confiantes dans le fait qu’elles jouent aussi bien que les hommes, à la seule condition qu’elles soient prêtes à autant travailler et à prendre cela aussi sérieusement que les joueurs masculins »
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Le jeu d’échecs est un jeu utile et très écolo
extraits : L’écologie n’attache aucune importance à un championnat d’échecs, même s’il est mondial. Que le Norvégien Magnus Carlsen conserve son titre de champion du monde au tie-break le mercredi 30 novembre 2016 contre le Russe d’origine ukrainienne Sergueï Kariakine n’est qu’un épiphénomène. Le jeu d’échecs se joue à deux, mais n’importe quel spectateur peut rentrer dans la partie en observant la position. Quel coup jouer ? Qu’est-ce que j’aurai fait à la place du joueur ? Que va-t-il se passer ? C’est pour cela que médiatiquement ce sport devrait être roi, mais on préfère les jeux de balle sur nos écrans télé. Le jeu d’échecs est même un avantage du point de vue écologique. Il prend peu d’espace pour y jouer, on peut réunir des centaines de joueurs sur l’équivalent d’un terrain de foot. Il utilise peu de ressources naturelles, les pièces nécessitent très peu de bois et peuvent durer plus qu’une vie. Aucun déchet non recyclable pour une occupation qui peut nous motiver pendant des heures et des journées…
Féminisme, écologie et jeu d’échecs
extraits : A ce jour, aucune preuve d’une quelconque différence naturelle pouvant causer l’écart entre hommes et femmes n’a pu être avancée. Durant les années 1960, un psychologue hongrois nommé Laszlo Polgar dévora les biographies de centaines de grands intellectuels et en tira le trait commun : une spécialisation précoce et intensive. Il en conclut que le génie est acquis et non inné “geniuses are made, not born”. Il se mit au défi de le prouver en rendant géniaux ses futurs enfants. Plus pragmatique que romantique, il posta une petite annonce disant en substance “recherche femme pour avoir des enfants génies”. En 1969, naquit Susan. Quatre ans plus tard, alors que son père hésitait encore entre la spécialiser en mathématiques ou en physique, la gamine découvrit par hasard un jeu d’échecs et demanda qu’on lui en apprenne les règles. Ce fut une révélation… pour son père. A la fois une science, un art et un sport, le jeu d’échecs présente l’avantage de produire des résultats parfaitement mesurables, l’idéal donc pour retranscrire la progression de la progéniture….