Aujourd’hui 43 % des écosystèmes terrestres sont anthropisés, utilisés pour subvenir aux besoins de 7 milliards d’humains. Une simple règle de 3 suggère qu’il faudra faire grimper ce taux à quelques 55 % pour 9 milliards d’envahisseurs en 2050*. Comme l’activité humaine a besoin pour perdurer de s’accompagner de biodiversité, autant dire que nous sommes à la veille d’une « bascule abrupte et irréversible » comme le note la revue Nature. Une étude d’Anthony Barnosky, cosignée par une vingtaine de chercheurs, pointe l’imminence, d’ici à « quelques générations », d’une transition brutale vers un état de la biosphère terrestre inconnu d’Homo dit sapiens depuis l’émergence de l’espèce, voici quelque 200 000 ans. Alors il faut voir la réalité, pas dans les discours politiques, à la télé !
Mardi 5 juin, Arte diffusait « Survivre au progrès », un documentaire de Roy et Crooks inspiré de Brève histoire du progrès, de Ronald Wright. Notre espèce mérite de s’éteindre, elle y travaille durement. La course à la croissance, la doctrine du progrès bienfaisant, la société de surconsommation conduisent-ils inéluctablement l’humanité à sa perte. Notre cerveau n’a que très peu évolué depuis 50 000 ans, et il réagit encore à des stimuli primaires. Les mécanismes primitifs de notre matière grise seraient parfaits pour résoudre les problèmes immédiats ; moins pour les prises de décision à long terme. Aucune raison de se croire supérieurement intelligent alors que nous détruisons jour après jour notre habitat**. Comme l’écrivait Ronald Wright, « Si la Biosphère ne peut plus assurer notre subsistance parce que nous l’aurons dégradée, la Nature haussera simplement les épaules en concluant que laisser des singes diriger un laboratoire était amusant un instant, mais que, en fin de compte, c’était une mauvaise idée ».
Soyons clairs, la démocratie est menacée. Si les individus doivent choisir entre la sécurité et la liberté, ils choisissent l’autorité. L’extrémisme sera une solution de court terme aux problèmes du long terme. Donc ce ne sera pas une solution. Pourtant, dans deux semaines, nous constaterons que la conférence internationale Rio + 20 débouchera sur du vide.
* LE MONDE, 8 juin 2012 La biosphère mondiale à la veille d’une crise irréversible
** LE MONDE, 7 juin 2012 Le piège du progrès