1) « Nous soussignés, membres de la communauté scientifique et intellectuelle internationale, partageons les objectifs du Sommet de la Terre (de 1992) qui se tiendra à Rio et exprimons la volonté de contribuer pleinement à la préservation de notre héritage commun, la Terre. Toutefois, nous nous inquiétons d’assister, à l’aube du XXIème siècle, à l’émergence d’une idéologie irrationnelle qui s’oppose au progrès scientifique et industriel et nuit au développement économique et social. »
Biosphere : parler « d’idéologie irrationnelle » sans définir de quoi on parle n’est pas très scientifique. C’est d’autant plus suspect que les signataires de cet appel ne relèvent pas en général de l’écologie scientifique, et acceptent à leurs côtés des « intellectuels » non scientifiques.
2) « Nous affirmons que l’état de nature, parfois idéalisé par des mouvements qui ont tendance à se référer au passé, n’existe pas et n’a probablement jamais existé depuis l’apparition de l’homme dans la biosphère, dans la mesure où l’humanité a toujours progressé en mettant la nature à son service, et non l’inverse. »
Biosphere : l’état de nature existe, il suffit de voir arriver le bébé qui respire pour la première fois. Maintenant croire que ce bébé naît dans une société qui a « progressé » est osé. Il n’y a pas de sens à l’histoire, il n’y a pas d’aboutissement à une civilisation supérieure. Il est vrai que la civilisation thermo-industrielle, d’apparition récente, a mis la nature au service de l’humanité. Mais c’est au prix de la dilapidation du capital naturel (extinction des espèces, épuisement des ressources minières, réchauffement climatique, etc.). Il n’y a pas progrès, mais régression des possibilités des générations futures.
3) « Nous adhérons totalement aux objectifs d’une écologie scientifique axée sur la prise en compte, le contrôle et la préservation des ressources naturelles. Toutefois, nous demandons formellement par le présent appel que cette prise en compte, ce contrôle et cette préservation soient fondés sur des critères scientifiques et non sur des préjugés irrationnels. »
Biosphere : l’écologie scientifique a pour objet de comprendre le fonctionnement de la biosphère, certainement pas de la « contrôler ». Il y a assimilation entre science et techniques, entre recherche et application, qui montre parfaitement qu’on se situe du côté des entreprises et non à la recherche du savoir. D’ailleurs il s’agir de « préserver les ressources naturelles », non de protéger la biosphère ; c’est un but utilitaire. Mais que font tous ces signataires pour nous empêcher de brûler toutes nos ressources fossiles comme nous sommes ne train de le faire ? Où est la « préservation » et l’avenir des générations futures ? Il est trop facile de prétendre à l’irrationalité des uns quand on se montre aussi irrationnels.
4) « Nous soulignons que nombre d’activités humaines essentielles nécessitent la manipulation de substances dangereuses ou s’exercent à proximité de ces substances, et que le progrès et le développement reposent depuis toujours sur une maîtrise grandissante de ces éléments hostiles, pour le bien de l’humanité. Nous considérons par conséquent que l’écologie scientifique n’est rien d’autre que le prolongement de ce progrès constant vers les conditions de vie meilleures pour les générations futures. »
Biosphere : Nous percevons les prémices de l’hostilité au principe de précaution qui secouera la communauté scientifique française dix ans plus tard (au moment de la Charte de l’environnement) : il faut accepter le danger et les risques « pour le bien de l’humanité ». Nous ne voyons pas du tout de quelle « écologie scientifique » relèverait la « nécessité de manipuler des substances dangereuses ». Notons aussi les redites sur le « progrès constant », idéologie qui reflète une méconnaissance totale de l’histoire humaine qui a vu plusieurs civilisations s’effondrer. Enfin nous percevons clairement en 2012 que les générations futures vont souffrir de notre inconséquence environnementale si bien propagée par les signataires d’Heidelberg.
5) « Notre intention est d’affirmer la responsabilité et les devoirs de la science envers la société dans son ensemble. Cependant, nous mettons en garde les autorités responsables du destin de notre planète contre toute décision qui s’appuierait sur des arguments pseudo-scientifiques ou des données fausses ou inappropriées. »
Biosphere : si on comprend bien cette phrase, les autorités responsables ont toute raison de se méfier des signataires d’Heidelberg qui reprennent des arguments pseudo-scientifiques.
6) « Nous attirons l’attention de tous sur l’absolue nécessité d’aider les pays pauvres à atteindre un niveau de développement durable et en harmonie avec celui du reste de la planète, de les protéger contre les nuisances provenant des nations développées, et d’éviter de les enfermer dans un réseau d’obligations irréalistes qui compromettrait à la fois leur indépendance et leur dignité. »
Biosphere : Après la caution recherchée des « générations futures », voici l’argument de la pauvreté dans le monde. Quand on sait (en 2012) que l’imitation du niveau de développement occidental exigerait plusieurs planètes s’il était généralisé, nous voyons clairement l’inconséquence de cet appel d’Heidelberg.
7) « Les plus grands maux qui menacent notre planète sont l’ignorance et l’oppression, et non pas la science, la technologie et l’industrie, dont les instruments, dans la mesure où ils sont gérés de façon adéquate, sont des outils indispensables qui permettront à l’humanité de venir à bout par elle-même et pour elle-même, de fléaux tels que la surpopulation, la faim et les pandémies. »
Biosphere : le rapprochement fait entre science, technologie et industrie montre parfaitement les présupposés de cet appel signé à l’initiative d’une officine au service des intérêts commerciaux. Rappelons que le rapprochement de la science, de la technique et de l’industrie ont détérioré complètement les écosystèmes au point d’handicaper gravement l’avenir. Un scientifique ou un intellectuel qui signerait en 2012 cet appel d’Heidelberg pourrait être assimilé à un véritable ignorant des réalités contemporaines.