Non seulement les socialistes éjectent leur ministre (socialiste) à l’écologie qui commençait un peu trop à faire de l’écologie, mais ils veulent museler toute libre expression de l’écologie politique au parlement. Alain Vidalies a déclaré le 20 juin dans le cadre de « Questions d’info » que le groupe Europe Ecologie-Les Verts (EELV) devrait fermer sa gueule : « On attend quoi d’un groupe Vert aujourd’hui ? La solidarité, le respect des engagements qui ont été les engagements communs, et évidemment la possibilité pour eux d’exprimer des différences »… « Mais la distinction majeure, c’est la liberté d’expression, pas la liberté de vote !
Le député-maire de Bègles, Noël Mamère, rétorque qu’Alain Vidalies doit confondre la majorité actuelle avec l’UMP : « Le parlement n’est pas une caserne et nous n’avons pas besoin de petits caporaux pour nous donner des ordres. » Le successeur de Cécile Duflot à la tête d’EELV, Pascal Durand : « Pour moi, cette déclaration de Vidalies est déplacée… Nous ne serons pas les godillots d’une majorité uniforme. » François de Rugy, coprésident du groupe EELV au Parlement : « Il faut ce que soit très clair, la liberté de parole, d’expression des députés écologistes à l’Assemblée nationale pourra déboucher sur des votes différents si nous n’avons pas réussi à nous mettre d’accord ».
Examinons de plus près la liberté de vote au parlement. Y a-t-il un prix à payer par EELV pour avoir obtenu des socialistes un groupe parlementaire ? Les écolos de service sont-ils condamnés à surjouer l’opposition seulement sur des sujets annexes ? En fait il ne faut pas confondre, comme le font trop allègrement les apparatchiks, le phénomène de discipline de vote des partis, avec la liberté de vote des élus. Le mandat des parlementaires a une nature représentative : ils votent en fonction des intérêts du peuple français qui doivent prévaloir sur le jeu partisan. Plus particulièrement pour des députés EELV, c’est l’urgence écologique, c’est-à-dire la durabilité des conditions d’existence sur notre planète, qui doivent l’emporter sur les intérêts partisans.
Pour les écologistes, la liberté de vote doit rester une valeur essentielle contre un parti socialiste clairement anti-écolo. Comme l’exprime l’édito du MONDE* lui-même à propos de l’éviction de Mme Bricq : « La vision industrialiste porte par le président de la République et Jean-Marc Ayrault, son premier ministre, l’a emporté. Le gouvernement assume clairement ses objectifs : développement du tissu productif français et lutte contre le chômage, le tout au détriment de l’environnement. »
LE MONDE du 24-25 juin 2012, la défaite de l’écologie face au lobby industriel
Courrier des Présidents des Groupes écologistes du Sénat et de l’Assemblée Nationale à M. Vidalies
Monsieur le Ministre,
Comme nous avons déjà eu l’occasion de vous le dire de vive voix, nous avons pris connaissance avec étonnement de vos déclarations à la presse concernant la liberté de vote des député-e-s écologistes au sein de la majorité. Nous vous avons dit le caractère incongru de ces propos, qui semblent nier le principe de séparation des pouvoirs comme l’esprit qui a prévalu à l’accord législatif conclu entre socialistes et écologistes.
Notre présence parlementaire dans la majorité présidentielle s’inscrit dans une double logique de responsabilité et d’exigence. En cohérence avec notre participation au gouvernement, notre responsabilité s’incarnera dans le vote des projets de lois de finances et de financement de la sécurité sociale, dès lors qu’ils répondront aux orientations adoptées majoritairement par les Françaises et les Français.
En usant pleinement de notre droit d’amendement et d’initiative législative, nous participerons activement à l’élaboration des mesures annoncées dans le contrat de législature. Nous voterons la confiance au gouvernement lors de la prochaine déclaration de politique générale du gouvernement. Pour le reste, nous jugerons les textes qui nous serons soumis à l’aune de leur conformité avec le contrat passé avec les Françaises et les Français et de nos convictions écologistes.
Car le sens des responsabilités qui nous anime dans cette majorité s’accompagne d’une exigence : l’exigence de l’écologie. Nous veillerons notamment à placer les questions posées, et les solutions avancées par l’écologie politique au cœur du travail parlementaire. Nous exploiterons toutes les occasions de mise à l’agenda politique de nos préoccupations – par l’initiative parlementaire des lois, la création de commissions d’enquête et de missions d’information. Nous exercerons pleinement nos pouvoirs d’amendement et d’amélioration des textes qui nous seront soumis dans une perspective de transformation écologique de la société. Nous userons en toute autonomie du pouvoir d’interpellation et du contrôle du gouvernement qui est celui de tout parlementaire.
Pour les écologistes, la liberté de vote est une valeur essentielle : elle est d’ailleurs inscrite dans les déclarations politiques de nos groupes respectifs, dès lors qu’elle s’inscrit dans le respect du contrat majoritaire.
Pour résumer, nous entendons être pour le gouvernement au sein duquel nous sommes représentés et pour la majorité à laquelle nous adhérons des partenaires fiables et consciencieux mais également exigeants et attachés au respect scrupuleux des prérogatives et de la liberté du Parlement et des groupes qui le composent.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de notre considération,
Barbara POMPILI, François DE RUGY et Jean-Vincent PLACÉ
Biosphere : le sens trop prononcé de la nuance dans ce courrier au ministre augure mal de l’indépendance d’esprit des écolos de service.
Courrier des Présidents des Groupes écologistes du Sénat et de l’Assemblée Nationale à M. Vidalies
Monsieur le Ministre,
Comme nous avons déjà eu l’occasion de vous le dire de vive voix, nous avons pris connaissance avec étonnement de vos déclarations à la presse concernant la liberté de vote des député-e-s écologistes au sein de la majorité. Nous vous avons dit le caractère incongru de ces propos, qui semblent nier le principe de séparation des pouvoirs comme l’esprit qui a prévalu à l’accord législatif conclu entre socialistes et écologistes.
Notre présence parlementaire dans la majorité présidentielle s’inscrit dans une double logique de responsabilité et d’exigence. En cohérence avec notre participation au gouvernement, notre responsabilité s’incarnera dans le vote des projets de lois de finances et de financement de la sécurité sociale, dès lors qu’ils répondront aux orientations adoptées majoritairement par les Françaises et les Français.
En usant pleinement de notre droit d’amendement et d’initiative législative, nous participerons activement à l’élaboration des mesures annoncées dans le contrat de législature. Nous voterons la confiance au gouvernement lors de la prochaine déclaration de politique générale du gouvernement. Pour le reste, nous jugerons les textes qui nous serons soumis à l’aune de leur conformité avec le contrat passé avec les Françaises et les Français et de nos convictions écologistes.
Car le sens des responsabilités qui nous anime dans cette majorité s’accompagne d’une exigence : l’exigence de l’écologie. Nous veillerons notamment à placer les questions posées, et les solutions avancées par l’écologie politique au cœur du travail parlementaire. Nous exploiterons toutes les occasions de mise à l’agenda politique de nos préoccupations – par l’initiative parlementaire des lois, la création de commissions d’enquête et de missions d’information. Nous exercerons pleinement nos pouvoirs d’amendement et d’amélioration des textes qui nous seront soumis dans une perspective de transformation écologique de la société. Nous userons en toute autonomie du pouvoir d’interpellation et du contrôle du gouvernement qui est celui de tout parlementaire.
Pour les écologistes, la liberté de vote est une valeur essentielle : elle est d’ailleurs inscrite dans les déclarations politiques de nos groupes respectifs, dès lors qu’elle s’inscrit dans le respect du contrat majoritaire.
Pour résumer, nous entendons être pour le gouvernement au sein duquel nous sommes représentés et pour la majorité à laquelle nous adhérons des partenaires fiables et consciencieux mais également exigeants et attachés au respect scrupuleux des prérogatives et de la liberté du Parlement et des groupes qui le composent.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de notre considération,
Barbara POMPILI, François DE RUGY et Jean-Vincent PLACÉ
Biosphere : le sens trop prononcé de la nuance dans ce courrier au ministre augure mal de l’indépendance d’esprit des écolos de service.