Nous avons lu cet éloge de l’écologie : qui l’a écrit ?

Seule force originale du demi-siècle écoulé, l’écologie, c’est son mérite, a remis en cause les finalités du progrès, posé la question des limites. Elle a réveillé notre sensibilité à la nature, souligné les effets du dérèglement climatique, constaté l’épuisement des ressources fossiles. Elle est devenue l’humeur dominante de ce début de siècle. L’écologie est devenue une idéologie globale qui couvre l’intégralité de l’existence, les modes de production autant que les manières de vivre. En effet notre vie quotidienne provoque chaque jour d’effroyables dégâts. Se soucier de son confort égoïste peut tuer autant qu’un meurtre prémédité. Manger, se loger, voyager fait de nous des assassins en puissance dont les actes les plus anodins ont des répercussions incalculables. L’appétit du superflu est à la fois diabolique et médiocre ; outre qu’il engendre une abondance factice, il suscite l’envie du plus grand nombre qui s’efforce de rattraper en vain l’aisance des plus prospères. Des millions d’individus sont saisis par le démon de la rapacité. Quant à la viande, elle entraîne dans sa production intensive déforestation, ruine des sols, maintien de centaines de millions de têtes de bétail dont les gaz intestinaux contribuent à l’effet de serre.

Forêts tronçonnées, montagnes éventrées, animaux décimés, océans pollués, mégapoles invivables, notre époque est en pleine faillite, son naufrage ne laisse aucune place au doute. Au-delà d’un certain seuil critique, les systèmes les plus performants basculent dans des configurations hautement indésirables et se retournent contre leurs utilisateurs. Des conquêtes irréfutables, l’éradication d’un certain nombre de maladies, sont remises en cause par le retour d’anciens virus ou bacilles plus agressifs sans compter l’apparition de nouvelles souches ultra-résistantes face auxquelles les antibiotiques n’agissent plus. D’où le  caractère potentiellement tragique de toute innovation. En voulant se libérer des contraintes naturelles, l’homme s’est soumis au joug d’un nouveau maître, les machines. Une domination technique inouïe va de pair avec l’impossibilité d’endiguer cette même puissance. L’homme est un démiurge pathétique. Nous nous conduisons en parasites qui détruisent leur hôte en l’envahissant. L’éclipse du meilleur et la persistance du pire : voilà ce que nous vivons. Les hommes se retrouvent dans l’enfer du développement dont ils doivent sortir sous peine de désintégrer leur planète.

3 réflexions sur “Nous avons lu cet éloge de l’écologie : qui l’a écrit ?”

  1. Oui la pensée humaine est compliquée et l’on est parfois surpris des écrits de tel ou tel au regard de certains de leurs autres propos, Pascal Brukner n’est pas le seul.

    1. Bravo JPB
      Ce sont bien en effet les phrases étonnantes de Pascal Bruckner. Bruckner a même écrit dans son pamphlet « les fanatiques de l’apocalypse » cette phrase que nous trouvons admirable : « Pendant des siècles nous avons fait la guerre à la planète en voulant la dominer, il faut maintenant faire la guerre à la guerre, signer un armistice avec l’eau, l’arbre, l’océan. »

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