La France ne fait qu’esquisser ses premières pistes pour une fiscalité écologique : Aligner les taxes du diesel sur celles de l’essence. Introduire une fiscalité du carbone. Instaurer un seuil minimal de densité dans certaines zones pour lutter contre l’étalement urbain… (propositions du Comité pour la fiscalité écologique, CFE)
Aussitôt sur lemonde.fr les anti-écolos se déchaînent :
– L’écologie a bon dos ! Sous prétexte de « verdissement de la fiscalité », ce qui va arriver c’est un nouveau train de taxes et impôts en tous genre, la voracité de l’État étant insatiable.
– Effrayant projet, aggravant la situation économique de la plupart des Français, confié à des personnes comme Batho (Bac » L » pour tout diplôme).
– Dans le gouvernement de crise resserré imposé par la troïka, Batho pointera à Pôle Emploi.
– Avant de penser fiscalité écolo, la première des SIMPLIFICATIONS serait la suppression de toutes les associations écolo qui sont la véritable plaie de l’économie française avec tous les recours contre les décisions prises dans l’immobilier, les travaux publics, les nanotechnologies…
La réaction des anti-écolos est disproportionnée par rapport à un projet bien mou, totalement en deçà de ce que l’urgence écologique exige. Le CFE n’appelle pas explicitement au retour d’une taxe carbone, il faut d’abord évaluer son incidence sur la compétitivité des entreprises, l’emploi et le pouvoir d’achat des ménages… ce qui veut dire en clair qu’on ne va rien faire. S’agissant de la fiscalité du diesel, le dossier est surveillé de si près par les constructeurs automobiles français qu’il ne faut pas en attendre de mesures significatives ; le projet parle seulement de réduire « progressivement » l’écart de taxation entre le gazole et l’essence. Le comité avance prudemment, il s’agit de « réaliser un diagnostic partagé par toutes les composantes, aux sensibilités très différentes, et déboucher sur des propositions consensuelles. » La crise est toujours là, proclame le Medef, il s’agit de ne pas nuire aux entreprises. Comme les syndicats de travailleurs marchent la main dans la main avec le syndicat des patrons, il ne faut rien attendre d’un CFE qui rassemble les uns et les autres.
Patrons, travailleurs sont des anti-écolos qui ne se rendent pas encore compte que la crise économique n’est rien par rapport à la crise énergétique qui nous menace tous. Nous voulons échapper à la taxe carbone, c’est la carte carbone qui nous attend, c’est-à-dire le rationnement.
* LE MONDE du 3 avril 2013, La France esquisse ses premières pistes pour une fiscalité écologique
« la crise économique n’est rien par rapport à la crise énergétique qui nous menace tous. Nous voulons échapper à la taxe carbone, c’est la carte carbone qui nous attend, c’est-à-dire le rationnement »
Voilà, en effet tout est dit. On pourrait aussi l’exprimer autrement en rappelant que sur le plan économique comme sur le plan démographique, l’humanité n’a pas le choix entre croissance et décroissance mais seulement entre décroissance subie et décroissance peu ou prou organisée. N’en déplaise au monde politique, nous en sommes là.