Les tueurs d’abeilles vus au prisme de la démocratie

La Commission européenne a annoncé, lundi 29 avril, qu’elle devrait suspendre pour deux ans, à compter du 1er décembre, l’utilisation de trois insecticides néonicotinoïdes (imidaclopride, lthiaméthoxame, clothianidine) mis en cause pour leur rôle dans le déclin des abeilles et autres insectes pollinisateurs sur quatre grandes cultures (maïs, colza, tournesol et coton)*. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) montre les risques pour la santé des abeilles malgré d’intenses pressions de la part  de l’agrochimiste suisse Syngenta, puis il faut un vote du Comité permanent de la santé animale et de la chaîne alimentaire, puis un vote des Etats-membres qui n’aboutit pas (Quinze Etats membres pour, quatre abstentions, huit contre, pas de majorité qualifiée), puis une décision souveraine de la Commission de Bruxelles : méandres de la politique européenne !

Le Collectif Sauvons les fruits et légumes de France s’inquiète des conséquences de la suspension des néonicotinoïdes alors que les trois insecticides pourront être utilisés dans des centaines d’autres cultures : désinformation. Il est vrai que ce « collectif » dénonce le « lobbying démagogique et effréné d’associations environnementalistes ». Cet organisme ne sait vraiment pas faire la balance entre les pouvoirs immenses de lobbying des firmes agro-industrielles d’un côté et les quelques associatifs qui défendent le plus souvent bénévolement les abeilles de l’autre. Le porte-parole de Générations Futures se réjouit au contraire de cette suspension : « Plus de 350 000 signatures d’une pétition ont permis de convaincre la Commission de prendre la bonne décision ». Collectif de « citoyens » d’un côté, pétitions de l’autre, lobbying et pressions de tous côtés, où va la démocratie ?

Nous ne sommes plus en démocratie. Nos décisions finales ne sont plus le résultat de la raison, de la science et de l’éthique, elles résultent d’un rapport de force : lobbying des firmes agrochimiques contre mobilisation du secteur apicole. Comme si les intérêts des personnes engagées dans les firmes n’était pas les mêmes que ceux qui s’occupent des abeilles ! Comment voulez-vous que pollinisation se fasse ? Nature se meurt, et nous aussi par la même occasion j’en ai bien peur.

* LE MONDE du 2 mai 2013, Bruxelles va suspendre pour deux ans trois insecticides tueurs d’abeilles

3 réflexions sur “Les tueurs d’abeilles vus au prisme de la démocratie”

  1. Mais c’est un magnifique acte démocratique de supprimer les commentaires qui illustrent que vos données sont mensongères, ou tout du moins, erronnées. La DT 50 de la clothanidine n’a jamais été mesurée entre « 148 et 6900 jours ». Merci de corriger cela. Vous trouverez les données sur le site de l’EFSA.

    Modérateurs du blog biosphere à DT50 :
    Il n’y a pas eu censure, mais lemonde.fr exerce une modération avec ses propres critères,
    charge au gestionnaire d’un blog de récupérer ou non ce commentaire.
    Nous avons donc cherché votre commentaire dans la corbeille, il est lisible,
    si on peut dire…

  2. DT50 à revoir

    DT50f from soil dissipation studies:
    DT50f converted to 20°C, 8 locations in Germany, Great Britain, France, Spain, 6 bare soils and 2 cropped areas : 13.3-305.4 days, median = 156 days, geo. mean =120.1 days

    DT90f from soil dissipation studies:
    DT90f converted to 20°C, 8 locations in Germany, Great Britain, France, Spain, 6 bare soils and 2 cropped areas : 44.2-1017.9 days, median = 517 days
    Soil accumulation studies:
    4 field trials in Southern France, Germany and Great Britain, a.s. applied as seed dressing at 0.15 kg a.s./ha/year. Maximum concentrations in soil on a period of 1.5 –2.5 years (depending on the fields):
    Burscheid (GE), 34.8 μg a.s./kg soil at day 882, 10-20 cm depth
    St Etienne du Gres (FR), 40.8 μg a.s./kg soil at day 120, 0-10 cm depth
    Wellesbourne (UK), 37.0 μg a.s./kg soil at day 547, 0-10 cm depth
    MNG and TMG < 5 μg/kg soil

    On repassera pour la DT50 au champ comprise entre 148 et 6900 jours. Il serait bien de vérifier la véracité de vos informations et d'en citer les sources.

    Sources des infos ci-dessus: DG-SanCo – Commission Européenne.

  3. précisions
    Cette décision n’est pas définitive et peut être, à tout moment, partiellement ou totalement levée !
    De plus les trois néonicotinoïdes incriminés restent autorisés dans des centaines d’autres cultures : les céréales d’hiver (blé et orge), les betteraves, les légumes, les cultures sous serre ou encore les vergers après la floraison. Ces cultures constituent un risque pour les abeilles en raison de l’accumulation des pesticides dans le sol qu’elles entraînent : par exemple la demi-vie de la clothianidine dans le sol a été mesurée entre 148 et 6 900 jours, l’imidaclopride peut être absorbée par des cultures non traitées, jusqu’à deux ans après la première utilisation.
    Le Monde.fr | 30.04.2013, Interdiction de pesticides tueurs d’abeilles : les questions en suspens

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