pour un NON biosphèrique à l’intervention en Syrie

D’un côté il y a François Hollande dont les connaissances géopolitiques se résumaient jusqu’il y a peu à son bureau de secrétaire national du PS rue Solferino. Dans un entretien au MONDE* , le président de la République française veut sanctionner le régime de Bassar Al-Assad : « Des armes chimiques ont été utilisées, c’est un acte effroyable… un crime contre l’humanité.. une violation monstrueuse des droits de l’homme… une étape dans l’horreur… un massacre chimique… un danger pour l’humanité… » La boursouflure du langage voudrait cacher la superficialité des propos.

De l’autre il y a Stephen M. Walt, professeur en relations internationales à Harvard : « L’utilisation d’armes chimiques par le gouvernement syrien ne fait pas pencher la balance en faveur d’une intervention militaire américaine… Les forces armées du régime syrien ont d’ores et déjà tué des milliers de personnes par des moyens conventionnels. Au fond, quelle différence cela fait-il qu’Assad tue ses opposants à l’aide de bombes de 250 kg, d’obus de mortier, de bombes à fragmentation, de mitrailleuses, de pic à glace ou de gaz sarin ? Un mort est un mort, quel que soit le moyen utilisé… Les armes chimiques sont généralement moins létales que les armes autorisées comme les munitions à forte puissance explosive… Paradoxalement, nous défendrions donc un principe (l’utilisation de gaz innervants est illégale au regard du droit international) s’appliquant à des armes moins dévastatrices que les bombes que nous utiliserions en cas d’intervention… De toute façon, une intervention est une mauvaise idée. Assad aurait une raison supplémentaire pour utiliser plus largement ses armes non conventionnelles…. La chute d’Assad entraînerait l’effondrement de l’Etat syrien et déclencherait une lutte sans merci entre les différentes factions rebelles… les groupes rebelles les plus puissants sont les extrémistes djihadistes, les dernières personnes que nous voudrions voir au pouvoir à Damas… »**

Notre point de vue d’écologiste est que l’histoire a amplement démontré que l’utilisation d’armes de combat n’a jamais résolu aucun conflit mais a contribué largement à la détérioration de la planète. Les embrassades récentes du président français et allemand sur les lieux du massacre d’Oradour sur Glane montrent que nos guerres mondiales ont été inutilement fratricides. L’espèce humaine n’a aucun intérêt à s’entre-tuer. Ces deux citations devraient être intériorisés par tous : « La guerre, c’est un massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui ne se massacrent pas » ; «  La guerre, c’est tuer les uns avec ce qui pourrait faire vivre les autres ». Que François Hollande essaye de pallier son manque d’envergure présidentielle par une attitude belliciste (au Mali, puis en Syrie) ne fait qu’accroître son manque d’envergure.

* LE MONDE du 31 août 2013, « Le massacre de Damas ne doit pas rester impuni »

** LE MONDE du 30 août 2013, Washington ne doit pas intervenir ! (les armes chimiques ne changent rien)

9 réflexions sur “pour un NON biosphèrique à l’intervention en Syrie”

  1. On a reçu cela, le pacifisme est écolo :
    « Que ce soit sur la guerre ou sur la paix, mon point de départ personnel est toujours l’écologie. D’abord la diversité culturelle est complémentaire de la biodiversité ; si certains pays veulent le règne des « coupeurs de main », ça les regarde. De plus l’aide immédiate qu’un pays anciennement colonisateur peut apporter ne vaut rien par rapport à la perception écologique qui est celle du long terme : historiquement aucune intervention militaire n’a vraiment résolu aucun problème au fond. La nature est toujours perdante. Quant aux souffrances des peuples, elles ont malheureusement toujours existé chez l’espèce humaine qui n’a pas encore compris qu’il vaut mieux désirer la paix que la guerre (si tu veux la paix, prépare la paix et non la guerre). Les Allemands font amis-amis aujourd’hui avec les Français, nous avons pourtant fait deux guerres mondiales l’un contre l’autre. Il y a dénaturation de l’espèce humaine.
    Ensuite, être pacifiste, c’est vouloir la diplomatie en toute circonstances et les armes de la non-violence si les temps deviennent difficiles. Une telle position demande la non-précipitation dans l’instantané car elle a besoin du temps long. Cette histoire d’intervention en Syrie aboutit d’ailleurs aujourd’hui à la demande d’un contrôle international des armes chimiques de Bachar. François Hollande et EELV auraient du commencer par cette proposition sans attendre l’avis de la Russie !
    Michel,
    objecteur de conscience, opposé en toutes circonstances à l’usage collectif des armes, surtout quand elles sont télécommandées avec des Mirage ou des drones pour des interventions « ponctuelles » (Ah, le piège de la solution « technique »…). »

  2. Effectivement mélanger la moral individuel avec la nature des relations entre états, c’est faire de la bouillie intellectuelle avec des principes qu’on ne comprend pas bien. Quant à la charge contre le « permis de procréer » et aux écologistes contre les libertés individuelles, elle donne une idée de la purée intellectuelle qui vous sert de penser : aller chercher un rapport même lointain entre le bombardement de la Syrie et les propositions théoriques de quelques hurluberlus !

  3. que cela n’implique que moi ou non, la n’est pas le probleme. Fumer est mauvais pour la sante, et que je sois l’incarnation de la morale ou bien le pire des hypocrites n‘y change rien. Si je dis que fumer est mauvais et que les enfants ne devraient pas le faire, on ne m’opposera ma morale qu’au prix d’un argument specieux- et qui en s’appelle, dans ce cas – un « tu quoque » (ca fait bien en societe de le savoir).

    Effectivement ma position morale sur le tabagisme est faible, mais ca n’est pas le probleme. La position des US peut vous paraitre faible, mais, que vous ayez sur ce point tort ou raison, ca n’est pas le probleme – le fait est qu’un crime a ete commis en Syrie.

    Les arguments moraux sont facilement reversibles, vous savez. Les decroissansistes par exemple sont tres clairement opposes a bien des libertes individuelles. Cela rend-t-il leur opposition a l’intervention en Syrie, ou toute autre prose de position, moralement faible pour autant? On aurait bien aime vous entendre lorsque Biospehre voulait instaurer un « permis de procreer ».

  4. C’est votre argument qui est spécieux, car fumer n’implique directement que vous – en dépit de toute la chaîne logistique nécessaire derrière l’acte. Je pense qu’a fortiori le principe de réciprocité s’applique de plein droit dans l’équilibre des pouvoirs, qui rappelons fonde la théorie des équilibres militaires actuels entre grandes puissances – fondée donc sur ce fameux équilibre de la terreur, qui n’est qu’un principe de destruction réciproque.

    D’un point de vue individuel, vous direz ce qu’il vous plaît à vos enfants. Mais il est certain que votre posture morale est faible et basé sur une contradiction logique, la posture morale se fonde bien sur l’observation des principes qu’elle entend défendre. On aurait bien aimé vous entendre lorsque les états-unis utilisaient des armes à uranium appauvri en Irak ou en Afghanistan.

  5. Communiqué faux-cul d’EELV : Syrie, l’urgence d’agir !
    …Depuis le début du soulèvement populaire contre la dictature de Bachar El Assad, en mars 2011, la Syrie vit une tragédie : 100 000 morts, 2 millions de réfugiés et plusieurs millions de déplacés…
    L’utilisation des armes chimiques si redoutée n’a pu être empêchée. C’est un pas de plus dans l’horreur… C’était une menace dont il avait été proclamé qu’elle serait la ligne rouge à ne pas dépasser… Trop d’atermoiements ont favorisé la montée supposée de l’islamisme, l’intrusion de djihadistes, puis du Hezbollah et de Al Qaïda. Que l’on a trop rapidement dit majoritaires. Cette affirmation, absolument pas vérifiée (ces groupes sont les plus résolus, les mieux armés (!) donc plus visibles) a détourné les populations d’une solidarité active et a permis aux gouvernements de tergiverser…
    Sous prétexte de complexité nous ne pouvons abandonner un peuple aux massacres. Il ne s’agit pas de « punir », ni de seulement sanctionner, mais d’arrêter cette guerre inégale… Pour cela, nous devons réfléchir à toutes les possibilités : à l’aune de nos principes de non-violence, mais avec la conscience de ce qui se trame en Syrie et de l’acte terrifiant qui vient de se commettre…
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    Françoise Alamartine, Secrétaire nationale adjointe, en charge de l’International

  6. Spherehic, votre argument est un « tu quoque », un argument fallacieux. Ca n’est pas parceque je suis moi-meme fumeur que je ne devrais pas dire a mes enfants que fumer est mauvais pour la sante et qu’ils ne doivent pas le faire. En revanche je reconnais que ca n’est pas ce que fait Biosphere. L’argument de Biosphere, en substance: « une intervention militaire ne regle pas les problemes mais les exacerbe », est a mon avis faux, mais il n’est pas fallacieux.

    Puisque vous elargissez cette question au plan moral, on pourrait effctivement imvoquer le principe, moral, de « la paille et la poutre »: on n’a pas de justification morale a interdire aux autres ce que l’on fait soi-meme. En l’occurence je ne pense pas que cet argument soit applicable ici, mais de toutes facons je pense que l’argument « paille/poutre » s’applique a des individus, pas a des collectifs. C’est une invitation personnelle a agir. Je pense que Biosphere et moi seront d’accord sur ca: l’action du collectif doit proceder des individus, pas le contraire.

  7. Les Etats-Unis ont violé les premiers ce protocole pendant la guerre au Vietnam. Le Pentagone menait entre 1961 et 1971 une guerre chimique d’envergure contre le Vietnam en dispersant « Agent Orange » sur d’immenses territoires. D’après les statistiques très incomplètes, plus de 4 millions de personnes ont été tombées victimes des armes chimiques.

    4 millions. Alors que l’on ne vienne pas nous servir des leçons de morale !

  8. Le plus grand utilisateur d’armes chimiques de l’histoire sont les Etats-Unis d’Amérique (agent orange, ddt sur les populations du Vietnam (des femmes et des enfants !), napalm …). L’hôpital qui se fout de la charité.

    Ce qu’il y a de formidable avec les légalistes (qui vous diront que ces armes chimiques ont été utilisées avant la ratification du traité contre ce type d’armes par les Etats-Unis), c’est qu’ils vous expliquent sans rire que c’est l’interdiction juridique qui fonde la posture morale ! Qu’en gros, tant que ce n’était pas interdit, c’était justifiable.

    Washington ferait bien de s’intéresser aux armes chimiques qu’ils font ingérer à leurs concitoyens et arrêter de vendre des armes chimiques. Arrêter tout court.

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