L’Union européenne accueille le plus grand nombre d’immigrés au monde, soit un peu plus de 71 millions. Quel pourrait être un consensus européen sur les flux migratoires à venir ?
Le journaliste Jean-Pierre Stroobants récite la vulgate commune* : « Un accroissement naturel européen qui devient négatif… Une population vieillissante qui a besoin de migrants pour s’occuper d’elle… Un apport nécessaire des allochtones à la population active nationale… Un soutien de l’économie européenne sur la scène de la mondialisation… Les migrations issues des zones de conflits ou découlant des effets du dérèglement climatique se multiplieront… L’Europe devra rester fidèle à ses valeurs de solidarité… » Ce discours à sens unique repose comme d’habitude sur le tout-économique : la croissance a besoin de bras, les gens ne sont que des assistés potentiels… les problèmes du multiculturalisme et les tensions sociales ne sont pas envisagés. Jean-Pierre Stroobants nie la réalité présente et à venir : les lois contre les étrangers se durcissent un peu partout, dans les pays riches comme dans les pays pauvres, aucun espace géographique n’est à l’abri de la construction d’un mur à ses frontières. Des conflits d’espace vital et de ressources découleront encore plus, dans les décennies à venir, la non-acceptation des migrants. La limitation des migrations ne touchera pas seulement les migrants économiques, mais aussi toutes les autres catégories. Le plus difficile sera le statut à donner aux éco-réfugiés, nombre qui sera fortement accru par les effets du réchauffement climatique. Cela posera sans doute un problème peut-être insoluble à l’idée de solidarité humaine. Telle que fonctionne la société actuelle, nous n’anticipons pas politiquement les problèmes, nous les subissons. Là est le vrai scandale.
Les arguments comparant démographie et écologie sont d’ordre scientifiques, ils reposent sur la formule mathématique, I = PAT : l’Impact de l’espèce humaine sur un territoire est déterminé, à Technique donnée, par sa Population et par ses Affluences (Activités, niveau de vie). Pour réduire les impacts I, il est donc nécessaire d’agir sur l’efficacité technique T, l’Affluence (réduire le nombre d’unités de production ou de consommation par personne) et la population P (réduire le taux de natalité… ou l’immigration). La décroissance matérielle devrait, sur un territoire dont on a dépassé la capacité de charge comme l’Europe, s’accompagner d’une politique démographique qui agit tant sur la fécondité que sur les flux migratoires.
* LE MONDE du 14 mai 2014, Immigration : la funeste myopie européenne
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