Selon un sondage IFOP, le nucléaire est perçu par les Français comme moins risqué que le changement climatique (LeMonde du 20-21.07.2008). En effet 53 % des plus de 18 ans juge que les risques liées au changement climatique sont les plus préoccupants de nos jours, contre 27 % quant au nucléaire. Mais c’est en totale contradiction par rapport à 2002 avec 20 % seulement de risque pour le réchauffement de la planète et 33 % pour le risque nucléaire. Ainsi va l’opinion publique, ballottée d’un bord à l’autre par la tempête médiatique. On ne peut faire confiance à un sondage à un moment donné, l’époque de Tchernobyl n’est plus notre vulgate actuelle où le nucléaire est présenté comme solution aux émissions de CO2, comme « énergie propre » !
De toute façon cette enquête réalisée pour Le Monde me parait biaisée. On demande à nos concitoyens « Avec quelle opinion êtes vous le plus en accord ? ». Deux réponses possibles :
1) Il faut maintenir la part du nucléaire, car c’est elle qui assure l’indépendance énergétique de la France (67% d’accord)
2) Il faut réduire la part du nucléaire car c’est dangereux (33 %)
Pourquoi la question de l’augmentation de la part du nucléaire n’est pas posée alors que c’est l’optique politique actuellement choisie ? Est-ce que les Français savent que cette part est de pratiquement 80 % dans la production d’électricité mais seulement de 18 % dans l’énergie totale utilisée ! Pourquoi occulter qu’il ne peut y avoir d’indépendance énergétique puisque la France importe l’uranium des pays étrangers (et le pétrole) ?
Pourquoi ignorer la complexité de la dangerosité du nucléaire qui repose aussi bien sur la gestion des centrales en France que dans des pays moins stables, sur les questions de dissémination, sur les problèmes toujours non résolus de gestion des déchets ? Pourquoi cacher que nous n’avons plus que pour 60 années de réserves d’uranium vu la consommation mondiale actuelle, ce qui n’est absolument rien par rapport à la succession de nos générations ?
La démocratie ne peut pas passer par un sondage d’opinion, elle passe plutôt par l’organisation de conférences de consensus. Qu’attend le journal Le Monde pour financer une telle aventure ? Il serait plus crédible…