Ce n’est pas dans les gros articles qu’il faut chercher les prémisses de l’avenir, mais dans les brèves de mon quotidien préféré. Ainsi dans LeMonde du 2.08.2008, Borloo voudrait attirer les déçus de la gauche et les orphelins de l’UDF pour constituer un nouveau « pôle social et écologique au sein de la majorité » (de droite !). Dans le même temps il existe une contribution générale en vue de la préparation du congrès socialiste menée par le pôle écologique du Parti socialiste. N’y aurait-il plus aucune différence entre la droite et la gauche en matière social-écologique ?
Historiquement libéralisme et marxisme ont été tous deux au service d’une croissance économique destructrice de l’environnement. La prise de conscience de l’urgence environnementale est très récente : en 1972 nous avons mesuré les limites de la croissance (rapport du Club de Rome) et l’ONU a organisé le premier sommet mondial de la Terre. Mais comme d’habitude les politiques, englués dans leurs traditions et les querelles de personne, ne suivent qu’avec retard. Devant la réalité objective des limites de la planète, les discours changent : le président de droite Sarkozy a mis en place en juillet-août dernier un Grenelle de l’environnement, faisant pour la première fois participer au débat les associations environnementalistes. Borloo, inclassable il est vrai, en rajoute aujourd’hui. L’écologie n’aurait-elle donc plus de frontières idéologiques !
Il n’en est rien, le libéralisme économique reste l’antithèse du socialisme et de l’écologie. Le libéralisme économique est une doctrine qui repose sur le désengagement de l’Etat, la responsabilité des chefs d’entreprise, la loi du marché et les inégalités. L’enjeu écologique nécessite une vision du long terme qui est complètement absente des mécanismes de marché. L’enjeu écologique nécessite une forte intervention de l’Etat et sans doute une planification écologique. L’enjeu écologique nécessite la participation de tous aux efforts nécessaires après débat démocratique. L’enjeu écologique nécessite de casser la spirale néfaste imitation/ostentation qui découle de la différence des normes de consommation entre riches et pauvres.
Le fondement idéologique des socialistes, basé sur le rôle de l’Etat, la solidarité collective et un projet de société sans classes, nous prépare mieux que la droite à affronter les différentes crises écologiques et sociales qui émergent aujourd’hui. Contre le social-libéralisme, le social-écologisme pourrait nous ouvrir un avenir durable, plus égalitaire, plus sobre, plus convivial. Jean-Louis Borloo devrait quitter le giron de l’UMP et s’inscrire chez les Verts ou au Parti socialiste.