Manuel Valls en tremble, il a peur pour son pays, il a peur qu’il se fracasse contre le Front National : « Puis-je vous parler de mon angoisse ? Puis-je parler de ma crainte pour le pays ? »* Manuel Valls envisage un FN à 30 % au premier tour des élections départementales prochaines, et même Marine le Pen présidente de la République en 2017. Mais pourquoi avoir peur d’une telle situation. Marine le Pen au pouvoir fera dans ses grandes lignes la même politique que Manuel Valls.
De l’extrême gauche à l’extrême droite, un gouvernement n’est là que pour perpétuer un système donné. Manuel et Marine ne peuvent que donner des gages de bonne conduite au libéralisme économique, c’est-à-dire aux entreprises et ses spécialistes du lobbying. Tous deux veulent aussi privilégier la préférence nationale et la fermeture des frontières. Ils sont pour la société de consommation et le tout-voiture. Ils s’accommodent très bien de la société du spectacle et de la télé poubelle. Il n’y a pas un cheveu de différence dans leur adulation du progrès technique qui va faire des miracles… dans un futur improbable. Manuel et Marine poussent des cocoricos devant le formidable élan de la fécondité française, ils ne pensent pas que la France est surpeuplée, ils espèrent sans doute une nation de 100 millions d’habitants.
De toute façon les contraintes socio-économiques qui pèsent sur un gouvernement quel qu’il soit obligerait Marine le Pen « présidente » de modérer ses ardeurs national-populistes. On ne peut pas sortir de l’Union européenne avec l’aide du Saint Esprit, nous avons trop d’intérêts en commun, beaucoup de traités et de solides interconnexions. Le parti Syriza au pouvoir en Grèce s’en est d’ailleurs aperçu ! De même la mondialisation culturelle et marchande pousse toujours à l’élimination des particularismes nationaux, quoi qu’en pensera Marine dans son for intérieur. D’ailleurs la dépendance extrême de la France par rapport aux importations de ressources fossiles, de métaux et des produits chinois fait en sorte que le gouvernement n’a presque aucune marge de liberté. Et Marine ne fera pas mieux que Mitterrand, Chirac, Sarkozy ou Hollande face à un chômage structurel que personne n’a été en mesure d’endiguer. Bien plus, le poids de la dette rend une politique d’austérité incontournable, que ce soit pour l’extrême droite ou l’extrême gauche. Là aussi Syriza nous le montre déjà.
Mais pour nous l’essentiel est de s’apercevoir que Manuel et Marine restent tous deux croissancistes et productivistes, allergiques aux limites de la planète et à la perspective écologique. Nous avons déjà amplement montré sur ce blog l’incapacité de ce gouvernement socialiste à faire preuve de la moindre initiative en ce domaine. De même nous avons démonté les prétendues velléités écologistes du Front national. Pour nous, c’est à la fois du PS actuel et du FN familial dont il faut avoir peur : ils mènent la France et la planète au désastre.
* LE MONDE du 10 mars 2015, Manuel Valls : « J’ai peur pour mon pays. J’ai peur qu’il se fracasse contre le Front National »
PS : Manuel Valls revendique aussi « la stigmatisation de Marine le Pen« . Stigmatiser une personne n’a jamais fait avancer sa réflexion.