Sous le titre « Reste l’inexplicable mystère », Stéphanie Le Bars commente ainsi le dernier livre de Christopher Hitchens Dieu n’est pas grand : « Aussi argumenté soit-il, son ouvrage laisse inexpliqué le mystère qui porte des millions de personnes à croire ». Stéphanie a mal lu.
– La raison fondamentale de l’esprit religieux selon Hitchens, c’est la bêtise humaine : « Il n’y a rien de dédaigneux à souligner que les gens manifestent leur crédulité, leur instinct grégaire et leur besoin d’être dupés. C’est un problème vieux comme le monde. La crédulité peut être une forme d’innocence, inoffensive en soi, mais elle invite les méchants et les malins à exploiter leurs semblables. Elle est donc l’une des grandes faiblesses de l’humanité. Aucune description de l’expansion et de la persistance de la religion n’est possible sans tenir compter de cette réalité. »
– Ensuite vient notre capacité à bâtir des mondes imaginaires : « Il semble possible, en se plaçant sur un plan psychologique, qu’il soit préférable pour certains de croire en quelque chose plutôt qu’en rien, si erroné que ce quelque chose puisse être. »
– Nous pouvons ajouter la récupération de ce besoin par quelques-uns : « Les religions n’auraient jamais pu naître, et encore moins prospérer, sans l’influence d’hommes aussi fanatiques que Moïse, Mahomet ou Joseph Kony » (…) « Dieu n’a pas créé l’homme à sa propre image. C’est bien sûr l’inverse » (…) Une preuve que la religion est anthropomorphique, c’est qu’elle est généralement élaborée par l’homme, au sens masculin du mot »
– Mais l’explication principale de la résistance de la croyance aux Lumières, c’est le syndrome de la soumission volontaire : « La posture lors d’une prière évoque généralement le serf suppliant un monarque acariâtre. C’est un message de soumission » (…) « Presque toutes les religions, du bouddhisme à l’islam, présentent un prophète ou un prince qui s’identifie aux pauvres, mais qu’est-ce sinon du populisme ? Les religions choisissent de s’adresser d’abord à la majorité, qui se compose de pauvres, d’angoissés et d’incultes » (…)
– Cette soumission n’a lieu que parce les religions nient le libre-arbitre : « Toutes les religions prennent soin de réduire au silence ou d’exécuter ceux qui les remettent en question » (…) « Le totalitarisme laïque nous fournit le summum du mal humain. Mais on constate presque invariablement que ces dictateurs étaient considérés comme des dieux, ou des chefs d’église. On ne leur devait pas que l’obéissance : toute critique à leur encontre était sacrilège par définition, leur moindre parole constituait une loi sacrée »
En définitive, nous serions plus proche de la Biosphère si nous étions athée : « Nous avons toutes les raisons de penser que les choses terrestres sont tout ce que nous avons et aurons jamais. »
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