La plupart des dysfonctionnements de la Biosphère résultent d’une multitude d’actes individuels apparemment anodins et infimes, mais qui sont répétés des millions de fois à l’échelle de la planète. Ainsi chaque fois qu’on fait démarrer sa voiture ou qu’on mange un steak, on est responsable de la détérioration climatique. Ce n’est donc pas une discussion globale comme le protocole de Kyoto qui pourra régler ce problème. Il s’agissait pourtant de la première décision de décroissance dans l’histoire des sociétés industrielles, mais ce protocole donne lieu à des stratégies de déni ou d’évitement qui reportent les décisions véritables aux calendes grecques. Ainsi, un an après le précédent sommet à Gleneagles au cours duquel le changement climatique avait été l’une des dominantes du sommet annuel des huit grandes puissances, le thème phare du sommet du G8 (15-17 juillet 2006) est devenu par la grâce du président russe Vladimir Poutine qui le présidait pour la première fois un vague salmigondis sur la sécurité énergétique. Le lien entre sécurité énergétique et lutte contre le réchauffement planétaire est en effet largement absent du projet de déclaration sur la « Sécurité énergétique mondiale » (Global energy security).
La planète, coincée entre la protection des avantages acquis par les pays développés et les besoins des pays émergents, reste au service de l’appétit inextinguible de croissance économique et donc de dilapidation des ressources fossiles. La butée climatique, combinée avec l’amenuisement des ressources énergétiques, devrait déterminer au cours de ce siècle une civilisation de la sobriété consentie des milliards de fois, ou des destructions de vie humaine par millions. La Biosphère se fera l’arbitre impassible des suffisances et insuffisances humaines.