Ingénieur et écologiste, c’est incompatible

Être ingénieur et écologiste est une nécessité, une nouvelle génération de jeunes s’engage dans les grandes écoles. Mais que peut-elle faire ?

Benoît, 22 ans, aux Mines de Paris et à Polytechnique : « A raison de dix à vingt heures par semaine, avec l’équipe du Manifeste pour une transition écologique, je m’engage à faire pression sur les dirigeants d’entreprise avec l’objectif de révolutionner leur modèle économique.  Loin d’être antinomique, je suis convaincu qu’être ingénieur et écologiste est devenu une nécessité.»
Hugo, 22 ans, étudiant à l’école d’ingénieurs de Mines ParisTech: « Ce qui a déclenché mon sursaut écologique, c’est un cours sur l’énergie de Jean-Marc Jancovici ; il nous a enseigné que l’économie est très dépendante des énergies fossiles et qu’on ne peut pas les substituer en ayant la même énergétique. Il faut donc faire preuve de sobriété. J’ai donc rejoint le collectif Pour un réveil écologique, qui a pour but d’encourager les écoles et les universités à intégrer les enjeux environnementaux dans les programmes scolaires, mais aussi de mettre au défi les entreprises en analysant leurs politiques environnementales. »
Alexandrine, 20 ans, étudiante à CentraleSupélec : « J’ai adhéré à une association étudiante Forum Ingénieurs responsables. Le Forum aura lieu le 18 février 2021, réunira des entreprises engagées dans la transition écologique qui proposeront des stages ou des emplois aux étudiants. Pour moi, être ingénieure et engagée dans la cause écologique, c’est l’avenir. Ce que j’aimerais faire plus tard : utiliser ma technique pour contribuer à résoudre des problèmes mondiaux. »
Caroline, 23 ans, ingénierie du développement durable à l’INP de Toulouse : « Mes recherches étaient axées sur le côté environnemental pur, l’étude des phytosanitaires, les problèmes de nappes phréatiques… mais il n’y a personne qui me donne la possibilité d’agir efficacement face aux enjeux environnementaux. Dans notre cursus, on nous répète que 90 % des emplois qu’on occupera n’existent pas encore, que c’est à nous d’agir. En réalité, ce n’est pas nous, avec nos petits bras, qui allons tout changer. »

Commentaire de biosphere : Ce ne sont pas 4 clairvoyants qui peuvent s’opposer à leurs condisciples qui préfèrent le commerce et la finance. Mais les temps changent. Autrefois leurs aînés ayant fait les mêmes cursus montraient une même foi à réformer la société et à guider le peuple vers le bonheur, sauf que cette foi était techno-productiviste alors que la leur est écologiste. On ne connaissait pas à l’époque le mot sobriété et l’écologisme était considéré comme obscène. Le problème, c’est que la presque totalité des emplois offerts aux ingénieurs sont issus de cet ancien temps croissanciste, ils sont plutôt nocifs pour la planète et/ou la vie humaine. L’idéal, c’est que le tout nouveau diplômé ingénieur retourne à la terre ou à l’artisanat local. Certains super-diplômés font déjà cette démarche.. .Pour compléter cette analyse, lire sur notre blog biosphere :
22 avril 2019, Les ingénieurs doivent démissionner (suite)

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21 avril 2019, Les ingénieurs doivent-ils renoncer à leur métier ?

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9 novembre 2017, Les Écoles d’ingénieurs au service des entreprises

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18 octobre 2018, Appel à démissionner de tous les métiers inutiles