A partir du 24 juillet 2025, la Terre vivait à crédit

Selon le Global Footprint Network, le jeudi 24 juillet 2025 était le « jour du dépassement » écologique, A partir de cette date, c’est-à-dire en moins de sept mois, l’humanité a consommé plus de ressources naturelles et émis plus de gaz à effet de serre que la Terre n’est en capacité d’en produire ou d’en absorber au cours d’une année. A ce rythme, il faudrait 1,8 planète pour subvenir aux besoins des humains. Or nous n’en avons qu’une seule à disposition !

Un appel à l’action intitulé #movethedate (« repousse la date ») propose des solutions pour réduire l’empreinte écologique : instaurer une taxe carbone de 100 dollars la tonne serait la mesure la plus efficace : elle ferait gagner 63 jours avant le « dépassement ». La maîtrise de la fécondité déplacerait la date de 49 jours et le développement des énergies renouvelables 26 jours.

Anne-Aêl Durand : Pour mesurer la pression de l’activité humaine sur un territoire, il suffit de comparer deux notions : L’empreinte écologique de la population, soit l’ensemble des ressources naturelles dont l’humanité a besoin pour se nourrir, se loger, se déplacer et compenser les déchets qu’elle génère. Cette notion est ensuite ramenée à une surface : un pâturage pour le bétail, une forêt pour le bois, un océan pour les poissons… mais aussi la surface nécessaire pour absorber le CO2 produit par les activités humaines. La biocapacité ou capacité biologique d’un territoire, c’est-à-dire la surface nécessaire pour produire des ressources naturelles et services écologiques renouvelables. La biocapacité de la Terre était estimée à 12 milliards d’hectares globaux, alors que les humains utilisent l’équivalent de 20 milliards d’hectares par an, soit 1,7 fois plus. Au-delà du nombre d’habitants sur terre, l’épuisement des ressources est surtout lié à leur mode de vie : un habitant du Qatar aura consommé l’équivalent d’une année de ressources dès le 6 février et un Français le 19 avril. En revanche, l’Uruguay est quasiment à l’équilibre, avec un « dépassement » seulement à la fin décembre.

Mais la méthodologie est affinée chaque année, ce qui fait fluctuer la date fatidique et fragilise les comparaisons. Lorsque LE MONDE a publié un article à ce sujet en 2015, le dépassement survenait le 13 août. Or les dernières données publiées en 2025 fixent désormais le dépassement au 4 août 2015. D’autres indicateurs écologiques ne sont pas pris en compte : l’épuisement des ressources non renouvelables (charbon, pétrole, uranium), l’érosion de la biodiversité, la pollution de l’eau, de l’air ou du sol… ce qui pourrait gonfler encore davantage l’empreinte humaine.

Le point de vue des écologistes effondrés

L’impact des humains sur l’environnement est le produit de 3 facteurs selon l’équation IPAT (Proposée dans les années 1970 par Paul Ehrlich et John Holdren) : I=PxAxT

• I = Impact environnemental global
• P = Population (nombre de personnes). Plus il y a d’humains, plus la pression globale peut augmenter.
• A = Affluence = niveau de consommation ou de revenu par personne.Plus chaque personne consomme (ex. : énergie, biens, nourriture), plus l’impact augmente.
• T = Technologie. Selon le niveau d’efficacité ou de propreté de la technologie, l’impact est plus ou moins élevé.
L’équation montre que réduire l’impact peut se faire en réduisant la population (P), consommant moins (A), ou utilisant des technologies T plus propres. Or on refuse d’agir sur la démographie, on refuse toute atteinte à son niveau de vie et les technologies sont de plus en plus gourmandes en ressources et destructrices de l’environnement !

Claude Levi-Strauss : « J’imagine que l’humanité n’est pas entièrement différente des vers de farine qui se multiplient à l’intérieur d’un sac et qui commencent à s’empoisonner par leur propres toxines bien avant que la nourriture ou même l’espace physique ne leur manque. Nous sommes habitués par toutes nos traditions intellectuelles à une échelle de rapports entre l’humanité et la planète qui est en train de se transformer de manière radicale et je ne suis pas du tout persuadé que nous soyons moralement, psychologiquement, peut-être même physiquement équipés pour y résister. »

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

2 août 2023, le jour du dépassement

« Jour du dépassement » ce 28 juillet 2022

29 juillet 2021, « le jour du dépassement »

22 août 2020, Jour du dépassement

29 juillet 2019, jour du dépassement

Le Jour du dépassement, aujourd’hui 1er août 2018

13 août 2015, le jour du dépassement des limites

Le jour du dépassement, 19 août 2014 : tous aux abris !

Aujourd’hui 22 août 2012, le jour du dépassement

le jour du dépassement, 27 septembre 2011

le jour du dépassement, 21 août 2010

références bibliographiques

Notre empreinte écologique de Mathis WACKERNAGEL et William REES (1996)

L’empreinte écologique d’Aurélien Boutaud et Natacha Gondran (2009

2 réflexions sur “A partir du 24 juillet 2025, la Terre vivait à crédit”

  1. – « Cet article, initialement publié en 2018, a été remis à jour le 24 juillet 2025 avec les dernières données disponibles. »

    C’est ce qu’ON lit au bas de cet article de Anne-Aêl Durand (Le MONDE 24 juillet 2025).
    J’ai relu vite fait quelques commentaires de ces articles que Biosphère se doit, lui aussi, de nous pondre tous les ans pendant les Grandes Vacances.
    – « Un marronnier est, en journalisme, un article de presse ou un reportage d’information de faible importance, qui sert à meubler une période d’actualité creuse. » (Wikipédia)
    Le « jour du dépassement », ça fait maintenant des ânées que j’en rigole. Et pas que de ça.
    Ne m’en veuillez pas, c’est une façon comme une autre de gérer. 🙂
    Comme je sais que Biosphère sait faire… je lui propose donc de ne plus s’emmerder avec ça.
    Et de nous pondre, lui aussi, un simple copier-coller d’un précèdent.
    Même pas besoin de changer les chiffres, de toute façon tout le monde s’en fout.

  2. Parti d’en rire

    Le 25 juillet 2025… alors que la Terre vivait à crédit … nous ON déconnait ! Pour pas changer.
    Pendant que certains terminaient le Tour de France, nous ON était partis pour le tour du monde.
    Le 25 juillet, Biosphère était à Haïti. Et en même temps en Italie.
    Eh oh, ON va quand même pas se priver de vacances pour ces histoires de Dette et de Crédit !

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