Alerte surpopulation ! Bof, on s’en fout…

Étrange malédiction des lanceurs d’alerte contemporains au niveau écologique. Leur histoire est une série de vaines mises en garde, leurs prédictions n’ont pas empêché quoi que ce soit. Ils décrivent le danger tel qu’ils le pressentent et tel qu’il va arriver, mais, éternels Cassandre, ils sont incapables de le conjurer. La faute à l’inertie de cette période croissanciste où tout ce qui dérange est ignoré, ou nié, si ce n’est combattu. Pourtant ils avancent des solutions, et il est tentant envisager l’espoir flou qu’à leur image, la folie humaine soit, un jour, soluble dans l’intelligence collective. Difficile !

Un événement chasse l’autre, la pandémie un jour, l’invasion de l’Ukraine un autre jour, l’inflation maintenant, hier la COP27 sur le climat, aussitôt la COP15 sur la biodiversité et le mondial de foot qui chasse toutes les autres informations… Rien ne change si ce n’est en pire. Mais il faut se rappeler que dans les années 1970, le mot surpopulation était sur toutes les lèvres. En 1968 « La Bombe P » de Paul Ehlich, l’explosion démographique et le risque de famine, avait fait un tabac en librairie (surtout aux USA). En 1972 le rapport au Club de Rome sur les limites de la croissance montrait parfaitement les interrelations entre croissance démographique exponentielle et les 4 autres variables. En 1974 le malthusien René Dumont était le premier présidentiable écolo à parler de surpopulation. La première conférence mondiale sur la population a eu lieu à Bucarest en 1974. Aucun de ces apports conceptuels n’a vieilli, ils ne demandaient qu’à rester au premier plan , ils ont été remisés dans un coin, ils ont été oubliés.

Avec l’avènement de la démocratie, dont la bonne marche dépend de l’engagement de chacun, le lanceur d’alerte est confronté au problème redoutable de l’indifférence citoyenne.

Une chose est de pourfendre l’inertie politique et crier haro sur le capitalisme, tout autre est de secouer l’individu qui, uniquement soucieux de lui-même, néglige de participer à la vie commune et abandonne sa liberté à ceux qui ambitionnent le pouvoir. Dans un monde où la victoire revient aux plus manipulateurs, rien n’est plus dangereux que le désintérêt du grand nombre. Comment secouer la matière molle de celui/celle qui ne veut pas d’ennuis, mais s’en prépare davantage en se cachant dans son for intérieur. Au nom de l’égalité et du pouvoir d’achat, ils vivront leur faiblesse comme une vertu et leurs droits comme des privilèges.

Tocqueville parlait de tyrannie de la majorité, La Boétie de servitude volontaire ; même en démocratie l’exercice de la liberté éclairée n’est jamais acquise. Que faire quand des hordes entraînées par des populistes paranoïaques veulent mettre l’Ukraine à genoux et 1,4 milliards de Chinois à leur botte ? On a les Poutines et les Xi Jinpin qu’on mérite, certes. Mais dans un monde de 8 milliards d’êtres humains entassés, opprimés, exploités et parfois affamés, comment faire entendre la voix de la raison. Même si dans certains espaces privilégiés chacun peut dire ce qu’il veut, ce n’est pas un univers où les idées augmentent, mais un capharnaüm où les pensées s’agglutinent.

La démocratie est la principale victime de l’explosion démographique. Plus la densité de population augmente, plus fréquentes sont ses interactions, et ainsi se développe nécessairement des lois plus restrictives pour réguler ces interactions. Plus généralement, face à la pression du nombre, les États sont tentés de réagir par la force et, plus l’habitude se prend de restreindre les libertés face à un problème, plus la démocratie est mise à mal avec l’acceptation plus ou moins passive des populations.

Lire, Pression démographique, démocratie en berne

La revue « Franc Tireur » dans un numéro spécial fait le tour du combat des lanceurs d’alerte, mais à leur panorama il n’y a qu’une écolo, Greta Thunberg. Et une militante, Erin Brokovich en lutte contre une multinationale. Retenons cependant le chapitre sur Camus qui s’épouvantait qu’une bombe « de la taille d’un ballon de football » puisse désormais raser une ville entière (Hiroshima). L’adversaire qu’il rencontre n’est pas le sens commun, mais l’allégresse : la guerre était finie, peu importe le prix. La meilleure manière d’inviter l’horreur à frapper deux fois est encore de l’enrober d’un déguisement présentable, un mécanisme qui ne cesse de se vérifier encore et toujours. Greenwashing et écoblanchiment. C’est pourquoi la civilisation du « progrès » technique est parvenue à son dernier degré de sauvagerie, réchauffement climatique, extinction des espèces. Thunberg, Camus, deux lanceurs d’alerte toujours incompris aujoru’hui, mais le succès judiciaire de Brokovitch montre que l’action peut parfois avoir des résultats.

avec Greta Thunberg, le bien affronte le mal

Aujourd’hui le mot « surpopulation » est un tabou politico-médiatique… C’est pourtant un avantage pour l’association « Démographie Responsable ». En effet quand on est précurseur, seule association sur le créneau de la sobriété démographique, et si Malthus revient parmi nous, le moment pourrait advenir où le poids du surnombre deviendra une évidence. DR et Malhus dans tous les médias… s’il n’est pas déjà trop tard pour l’intelligence collective !

Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere

Lanceurs d’alerte, allons à leur défense (2021)

Pour dire la vérité vraie, il faut avoir un cancer (2017)

Loi Macron, secret des affaires et lanceurs d’alerte (2015)

Manning, Assange, Snowden, oui à la transparence totale (2013)

le Heartland Institute et les lanceurs d’alerte (2012)

Pour agir avec l’association Démographie responsable

https://www.demographie-responsable.org/

Pour en savoir plus

un livre de Michel Sourrouille

Alerte surpopulation – Le combat de Démographie Responsable

à acheter auprès de son libraire de proximité,

ou à commander à la FNAC

https://livre.fnac.com/a17437174/Michel-Sourrouille-Alerte-surpopulation

4 réflexions sur “Alerte surpopulation ! Bof, on s’en fout…”

  1. – Les lanceurs d’alerte ? Le pourquoi, le rôle, l’intérêt, la fonction etc. des lanceurs d’alerte ?
    Leur job consiste à klaxonner en cas de danger. Klaxonner ou carillonner, aboyer etc.
    J’ai dit que c’était là ni plus ni moins qu’un des devoirs du Citoyen.
    Et qu’il ne fallait pas confondre le Citoyen avec Cassandre.
    – Les Cassandres ? Ils sont au minimum de deux types.
    Je peux en remplir des pages …

  2. Storytelling : Je connais des chiens qui n’aboient pas. De ce côté là les voleurs son tranquilles. Oui mais, comme pour tout, il y a chien ET chien. Le mien est formidable.
    Quand quelqu’un vient chez moi, Monsieur aboie : « OUA ! OUA-OUA !! »
    Ce qui veut dire qu’un inconnu entre sur notre territoire.
    Personne ne lui appris ça, à alerter son maîmaitre d’un danger. Ça doit être dans se gènes. Pour m’alerter il aboie même quand c’est Madame qui arrive, on ne sait jamais.
    C’est sûr, mon chien est formidable !

    Modération à Michel C
    Nous constatons que vous ne faites aucune analyse de la question des lanceurs d’alerte,
    ne vous étonnez pas que certains de vos écrits aboutissent par la suite à la poubelle…

    1. – « Alerte surpopulation ! Bof, on s’en fout… »
      Pas du tout ! Ce n’est pas qu’on s’en foute… c’est qu’on le sait !
      Et comme l’écologie ne se résume pas à la «surpopulation», et qu’il n’y a pas non plus que l’écologie dans la vie, que les malthusiens et autres apparentés arrêtent de chouiner en disant qu’ils sont maltraités, vilipendés et patati et patata.
      Si ça peut les rassurer, qu’il se disent qu’ils ne sont pas les seuls. Les malthusiens sont une minorité. En attendant, ils peuvent toujours le déplorer mais c’est comme ça. D’ailleurs on pourrait même les qualifier de ce mot fourre-tout à la mode, «queer». Qui veut dire bizarre, peu commun etc. Et comme on sait, de «queer» à «woke» (éveillé) il n’y a qu’un pas dans le Grand N’importe Quoi. Mieux vaut donc éviter tout ça.

    2. Alors deux mots sur les lanceurs d’alertes. Leur job (mission, sacerdoce, apostolat, dada etc.) ne se limite pas signaler des menaces pour l’environnement, mais plus généralement des menaces qui pèsent sur la société. C’est-à-dire sur le bien commun et l’intérêt général. Pour moi, alerter sur les risques de dérives de telle ou telle pratique, ou idée, doit également faire partie du job du lanceur d’alerte.
      Je dirais plutôt du Citoyen. Qui évidemment se doit d’être libre, responsable, soucieux des biens communs etc. etc. bref éveillé.
      Et enfin et surtout, mieux vaut accepter le fait que les prophètes de malheur et autres prêcheurs d’apocalypse on toujours agacé ou fait rire leur monde. C’est comme ça. On peut toujours essayer d’en comprendre les raisons, certains parleront de malédiction… en attendant moi je n’y crois pas.
      Bref, personnellement je préfère en rire. Désolé mais c’est comme ça. 🙂

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