Antispéciste d’Aymeric Caron, la politique autrement

Aymeric Caron : «L’antispécisme est l’un des champs d’application de l’écologie essentielle, laquelle vise à repenser complètement la communauté qui compose la société. Cette écologie souhaite l’établissement d’une biodémocratie, c’est-à-dire une démocratie étendue à l’ensemble du peuple du vivant, auquel sont conférés de réels moyens d’expression. D’où le souhait de Michel Serres, «Donnons la parole à des hommes de long terme. La biodémocratie peut s’appuyer sur plusieurs propositions qui ont émergé ces dernières années afin d’imaginer de nouvelles instances à même d’exprimer une vision du long terme et de tenir compte des intérêts du vivant : le Parlement des choses de Bruno Latour (qui représenterait les non-humains), l’Académie du Futur de Pierre Rosanvallon, l’Assemblée du Long Terme de Dominique Bourg ou l’Assemblée de la nature et des vivants de Corine Pelluchon. Mais la proposition la plus novatrice qui émerge de la réflexion collective est celle d’une nouvelle chambre du Parlement. Elle représenterait les enjeux environnementaux étendus aux intérêts de animaux non humains. L’idée de ce collège chargé d’éclairer les décisions politiques et d’informer les citoyens, je choisirais de l’appeler Comité du Vivant.

Même si je ne considère pas, comme certains penseurs, que les animaux doivent obtenir le statut de citoyens, il convient néanmoins qu’en tant qu’individus leurs voix soient relayées. Comment ? Tout simplement par le biais d’humains qui auront pour tâche de représenter les intérêts de ces animaux non humains. Les membres du Comité du Vivant ne seraient pas élus. Une partie serait constituée de hauts fonctionnaires formés par l’Ecole de la Nature et des Animaux (ENA). L’autre partie serait composée d’experts et de représentants d’ONG qui défendent la nature et les animaux

Cette proposition* d’Aymeric Caron va dans le bon sens. Mais Aymeric ignore qu’il s’agit là de représenter les acteurs absents, ou, dans le vocabulaire anglo-saxon, les «affectés». Il n’a rien inventé. D’autre part son livre privilégie les animaux alors que les végétaux sont aussi nos cousins, issus de la même lignée biologique. Or nous détruisons les forêts et les sols avec le même entrain que nous abattons en masse les animaux. Le biocentrisme ne peut que s’accompagner de l’écocentrisme. Aymeric  n’avait pas lu notre blog, il lui manquait quelque chose…

* Antispéciste d’Aymeric Caron (éditions Don Quichotte 2016, 488 pages pour 20,90 euros)

1 réflexion sur “Antispéciste d’Aymeric Caron, la politique autrement”

  1. Défendre les animaux, c’est de facto défendre les végétaux, car pour une calorie de bouffe animale industrielle, le bétail est nourri d’une vingtaine de calories de céréales récoltées au moyen de fortes déforestations.

    Si on cessait de faire naître artificiellement autant d’animaux d’élevage, les mises à mort de végétaux pourraient être réduites.

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