Antoine Waechter, écolo depuis ses douze ans

Antoine Waechter est un des co-fondateurs des Verts en 1984. Mais son militantisme était en germe depuis ses 12 ans, en 1961. Il découle d’un cheminement qui n’est pas intellectuel, mais sensible. Quand il était enfant, la vie foisonnait autour de son village. Il a vu disparaître son paradis, tracteurs et bulldozer ont effacé les paysages d’antan dans la moitié nord de la France. Bien avant que l’écologie ne devienne politique, il a créé à 16 ans une association, les « Jeunes amis des animaux et de la nature de Mulhouse ». Mais empêcher une autoroute ou lutter contre l’urbanisation était une action vouée à l’échec pendant cette période qu’on a appelé de façon présomptueuse « les Trente Glorieuses ». Antoine ne s’est pas avoué vaincu, il a depuis lors toujours milité, d’abord au niveau associatif, puis au niveau politique. Il garde de son enfance un sentiment très fort, toujours vivace. Il y a pour lui deux sortes d’écologie. La sienne est sensible à la beauté de la nature, consciente de la finitude du monde, une perception encore très présente en milieu rural. Mais cette conception entre en conflit avec une vision minérale de l’existence, celle des milieux urbains où se recrutent dorénavant les militants des Verts et leurs électeurs. La planète entière risque de devenir une surface sans nature sauvage où les humains resteront avec les seules espèces qui leur sont utiles. Cette vision est insupportable pour Antoine qui garde pour référence le film de Richard Fleischer, « Soleil Vert », sorti en 1973.

Antoine Waechter devient l’un des porte-parole des Verts en 1986, puis le candidat de ce parti à la présidence de la République à l’élection de 1988. Il fera une campagne sans moyens, circulant en train avec une simple valise. Mais il rassemblera pourtant 1,2 millions d’électeurs. A l’assemblée générale de son parti en 1993, la motion qu’il soutient est mise en minorité et c’est la ligne politique de Dominique Voynet qui l’emporte. Antoine voulait s’opposer aux alliances électorales qui arrime l’écologie au parti socialiste et lui faisait perdre son âme. Il quitte alors les Verts en 1994 pour fonder le Mouvement écologiste indépendant (MEI). Depuis, toutes les différentes tentatives de rapprochement entre les deux sensibilités ont échoué. Les Verts prennent de l’importance grâce au soutien des socialistes alors que le MEI perd de l’influence. Ce parti en faveur d’une écologie de rupture va être marginalisé, et souvent grâce à des procédures déloyales. Le PS se verdit grâce aux Verts, il s’acharne à détruire toute volonté d’indépendance des écologistes. EELV, qui succède aux Verts en 2011, persiste encore aujourd’hui dans cette logique d’une « union de la gauche » à visée électoraliste. Ses dirigeants croient qu’ils vont devenir le leader d’une social-écologie en devenir, gardant l’étiquette de gauche pour combattre la droite. Mais pour Antoine, l’écologie n’est pas à marier, son projet de société va bien au-delà de l’opposition libéralisme/socialisme, il s’attaque au productivisme. Le MEI se situe dans une vision non linéaire de l’histoire, il n’y a jamais progrès ininterrompue. Tout est cyclique, c’est inéluctable. Et l’humain esclave de l’outil, oublieux de la nature, ce n’est pas une fatalité.

Contrairement aux autres partis (toutes étiquettes confondues), le MEI porte aussi une attention soutenue à la question démographique. Antoine Waechter s’explique. Le poids de l’humanité sur la planète est le produit du nombre d’humains par la consommation du Terrien moyen. 5 milliards de personnes vivant aujourd’hui dans les pays en développement souhaitent pouvoir consommer comme nous, ce qui n’est pas illégitime. Comment un gouvernement démocratique peut-il porter le message d’une consommation frugale ? Pourtant, la situation se tend. Les Pays-Bas, par exemple, n’ont plus assez d’espace pour produire leur alimentation de façon autonome, ni même pour construire des résidences secondaires. Le MEI porte le message d’une maîtrise volontaire de la fécondité humaine. Antoine Waechter avec Didier Barthès ont d’ailleurs co-écrit un livre qui sera bientôt publié, « Le défi du nombre ».

NB : portrait antérieurement publié sur le site des JNE,

https://jne-asso.org/2021/09/06/antoine-waechter-ecolo-depuis-ses-douze-ans/

 

14 réflexions sur “Antoine Waechter, écolo depuis ses douze ans”

  1. Antoine Waechter, ex-candidat des Verts à la présidentielle de 1988, a annoncé à l’AFP mercredi 15 septembre sa candidature pour celle de 2022, sous la bannière du Mouvement écologiste indépendant (MEI).
    Constatant « le caractère utopique de rassembler les écologistes », il souhaite « affirmer beaucoup plus fortement ce qui fait l’identité de la pensée écologiste elle-même, au-delà de la droite et de la gauche ».
    Pour en savoir plus sur cette personnalité engagée depuis plus de 60 dans dans la lutte écologique,
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Waechter

    1. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour se montrer, pour ne pas se faire oublier.
      Il ne manquait plus que lui, avec ça nous voilà bien avancés. Manquerait plus que Vincent Cheynet, Pierre Rabhi et Compagnie se déclarent aussi. D’un côté on cherche à rassembler, de l’autre à diviser. Faut pas chercher à comprendre. Misère misère.

  2. En complément, et notamment à l’attention de Didier (Barthès ?), j’invite à lire cet article de Stéphane François paru dans une tribune du Monde le 29 août 2019.
    ( On peut le lire aussi sur le site tempspresents )
    – « L’écologie est devenue un enjeu de l’extrême droite occidentale depuis les années 2000 »
    On y parle entre autres d’Antoine Waechter, de Laurent Ozon et de cette Nouvelle droite.

    1. Bonjour Esprit Critique,

      J’ai eu le plaisir de participer à de nombreuses réunions avec Antoine Waechter, pas une fois je ne l’ai entendu tenir des propos ou défendre des idées qui avaient quoi que ce soit à voir avec celles de l’extrême droite.
      Jamais sous sa plume, je n’ai lu la moindre chose allant dans ce sens.
      J’ignore pourquoi certains pensent cela. Vous avez lu l’article de Biosphère qui relate l’interview avec lui, y a t il quoi que ce soit d’extrême droite là-dedans ?

      1. Esprit critique-MC

        Bonjour mon cher Didier.
        Croyez bien que je vous crois. Quand on fait l’éloge de quelqu’un, quand on fait de la publicité pour quelque chose, quand on cherche à séduire etc. on ne va évidemment pas étaler le côté sombre. C’est bien pour ça que je n’accorde aucune confiance à tout ça. Non seulement à la pub, mais aux «chartes éthiques» etc.
        Si Waechter est écologiste depuis 1961 (ses 12 ans), il fait de la politique depuis 1973. D’abord à un niveau régional (avec Solange Fernex et Henri Jenn), puis très vite ses ambitions dépassent le local. Et c’est ainsi qu’aujourd’hui il est d’abord connu comme un homme politique. C’est logique et c’est normal, reste à voir plus loin.
        Cette alliance avec Gilles Platret (LR) aux dernières régionales est déjà une indication, quant à son bord politique.

      2. (suite) Et puis en 1995 son «oui» à la Constitution européenne, son soutien à Bayrou en 1997, etc. Comme je l’ai dit (Michel C de 9:28 à 10:59), je ne crois pas au(x) centre(s). Ni aux «indépendants», ni au ni-ni et en même temps, ni à l’au-delà etc. De ce côté là je reste binaire. Par contre, que ce grand n’importe quoi soit un excellent terrain de jeu pour certains, coucous et autres rapaces politiques, ça oui je veux le croire. Je pense que les faussaires (09:38) surfent sur le fait que pour beaucoup de monde des tas de mots ne veulent plus dire grand chose (écologie… droite, gauche etc.) Toutefois je ne pense pas que vous en soyez là, mon cher Didier. Si vous avez lu cette tribune de Stéphane François ainsi que l’article de Gabriel Amard, alors vous aurez compris que cette question est légitime.
        Ceci dit, au stade où nous en sommes, et notamment où j’en suis (misère misère !) croyez bien que tout ça reste le cadet de mes soucis. 🙂

        1. Mais l’accord que vous citez Michel C s’est fait avec un membre des LR que personne ne considère comme un mouvement d’extrême droite. D’autre part encore une fois, jamais dans ses déclarations il n’y a eu la moindre allusion à un accord avec l’extrême droite, vous le savez bien, même si vous êtes en désaccord avec telle ou telle de ses positions.

        2. Nous sommes finalement d’accord, mon cher Didier. Je l’ai dit hier à 10h59, pour moi Wacheter reste un homme politique de droite, or…etc. Et puis aucune allusion, bien sûr.

  3. Nul besoin de jouer aux échecs pour comprendre l’échiquier politique. Les histoires de centre chez moi il y a longtemps que ça ne prend plus. Celles de «ni-ni et en même temps» n’en parlons pas, on a vu le résultat. L’histoire du centrisme en France nous permet déjà de situer les Giscard, Bayrou, Borloo etc. Les ayant vu à l’œuvre ça devrait être clair pour tout le monde. Seulement on patauge dans la grande confusion. Par dessus le marché on essaie de nous vendre le «au-dessus», dit aussi «par-delà». Avec ça nous voilà bien avancés. Centre-droit et centre-gauche c’était déjà n’importe quoi, le transcendant n’en parlons pas, laissons ça aux religions.
    Droite et gauche suffisent pour situer tout ce joli monde. Encore faut-il ne pas être déboussolé.

    1. Ne serait-ce parce qu’il existe des extrêmes, le monde politique n’est pas binaire pour autant. Toujours pareil, encore faut-il pouvoir les situer, voir les limites. Certains disent que les extrêmes se rejoignent, mais ça c’est une fable, de droite. Comme toujours ce qui fausse le jeu ce sont les faussaires, les agents doubles, les imposteurs etc. Par exemple, le socialisme est historiquement à gauche, sauf que le «socialisme» de certains est à droite.
      Pour l’écologisme, entendons l’«écologie politique», c’est exactement pareil.

      1. Waechter est un bon exemple, mais on peut en trouver d’autres.
        Écologiste sans aucun doute, sauf que ça ne veut plus rien dire. Alors depuis ses 12 ans, la belle affaire. Comme chantait Georges, l’âge ne fait rien à l’affaire.
        Le coeur certainement pas à gauche, il ne peut pas voir le rose et le rouge en peinture. D’extrême gauche n’en parlons pas, il en voit partout chez les Verts, c’est son problème. Et puis il suffit de voir ses alliances aux dernières régionales, sans équivoque.
        Reste à voir si Waechter ne serait pas d’extrême droite, par hasard …

        1. Je pense Michel C que vous ne connaissez absolument pas Antoine Waechter pour dire ce genre de choses, ni son parcours, ni l’homme.
          Extrême-droite ? Absolument pas, mais il est connu que dès lors que l’on dénonce l’extrême-gauche on est classé d’extrême-droite. Antoine Waechter défend tout simplement l’indépendance de l’écologie, il y tient et il a tout à fait raison. L’approche partisane des Verts a tout simplement coupé la moitié de la population de l’écologie.
          Pourquoi écologiste ne veut-il plus rien dire ? Antoine Waechter connait bien l’écologie, il est docteur en la matière, c’est sa formation mais je suis témoin qu’il connait parfaitement le fonctionnement de la nature, la vie des plantes et des animaux, les rapports proies- prédateurs, les conditions de l’équilibre. Bien peu des autres figures de l’écologie politique en France peuvent en dire autant.

        2. Je pense, Didier, que ma pensée vous est étrangère. Je vous invite alors à lire mes (nombreux) commentaires dans lesquels j’explique (entre autre) pourquoi «écologiste» ne veut plus rien dire.
          Je ne remets pas en question les compétences de Waechter dans le domaine de l’écologie (écologie=science), vaste science. Seulement je ne parlais pas là du scientifique, mais de l’homme politique (écologie politique=écologisme).
          Son positionnement sur l’échiquier politique doit alors être clair, pour tout le monde. Du moins quand on compte sur l’écologie politique pour changer les choses.
          « Antoine Waechter est-il d’extrême droite ? » J’évoquais donc cette question. Il vous suffit de la poser à Google, vous trouverez la suite. En attendant, pour moi Waechter est un homme politique de droite. Or je pars du principe que l’écologi(sm)e ne peut pas être de droite. Là encore je me base sur l’histoire.

        3. Vous dites Michel C qu’Antoine Waechter est de droite, c’est votre droit de le penser, mais moi je suis persuadé au contraire qu’il refuse cette classification entre droite et gauche et que cette image provient simplement du fait qu’il ne s’affiche pas à gauche. Vous parlez d’un accord avec la droite cette fois, il y a eu aussi des accord locaux ou dans le passé avec la gauche et vous les négligez.
          Ah voilà ce que je vous propose : cessez de moquer tout ce que font les autres et tout ce pourquoi ils se battent. Croyez-moi, c’est difficile au quotidien, ça prend toute l’énergie.
          Venez nous rencontrez, souvent Antoine Waechter est sur des salons en conférence, parfois avec nous (Démographie Responsable,) parfois au nom du MEI dont je suis membre aussi, venez discutez avec lui, lui présentez vos points de vue et écoutez sa réponse.
          Découvrez-vous !

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