Apiculture, l’hypocrisie des agro-industriels

tribune du MONDE : « Les cultures et les aménagements mellifères (jachères, haies) des champs agricoles permettent à l’apiculteur de garantir à ses abeilles une alimentation variée toute l’année.L’agriculteur est lui dépendant de la bonne pollinisation de ses cultures pour assurer sa production, tant en quantité qu’en qualité, de colza, d’arbres fruitiers, de melon, de semences… Pour qu’elle soit fructueuse, cette complémentarité doit reposer sur une cohabitation en bonne intelligence… Rappelons que la France importe actuellement près de la moitié du miel consommé par les citoyens chaque année en France. Ne perdons pas de vue l’objectif de développement de la production de miel sur notre territoire. En nous focalisant sur l’interdiction de certains produits de traitement, que nos voisins européens continueront à utiliser, nous n’en prenons pas le chemin. » (Christiane Lambert, présidente de la FNSEA et Eric Lelong président de l’interprofession apicole Interapi)

Ce qu’il faut en penser du point de vue des écologistes ? Il suffit de lire les commentateurs sur lemonde.fr :

Michel SOURROUILLE : Il y a confit d’intérêt flagrant dans cette tribune. Interapi, a été promu comme interlocuteur privilégié de l’Etat, mais à sa tête il y avait le représentant du leader européen du miel, la famille Michaud. Les petits producteurs locaux passeront après la vente de miel par les grossistes importateurs. Notons que président d’Interapi n’est plus Vincent Michaud (passé vice président quand même), mais Eric LELONG, apiculteur pro-FNSEA. Notons que la FNSEA (Christiane Lambert) est le bras armé de l’agriculture industrielle friande de pesticides et autres joyeusetés. Notons que Christiane Lambert rassemble plus de 1000 truies dans sa porcherie, elle est bien entendu en faveur des porcheries industrielles. Terminer une tribune en demandant qu’il n’y ait pas d’interdiction de produits de traitement est significatif, « Macron, faites-nous confiance ! ». Hulot, ministre de écologie, s’était déjà heurté frontalement au ministre de l’agriculture de l’époque, un émissaire de la FNSEA…

Dance Fly :Tribune bien pauvre, écrite par des agriculteurs pour des agriculteurs. La vérité c’est que le plan pollinisateur, piloté par le ministère de l’écologie, annonce un nouveau bras de fer avec le ministère de l’agriculture. Beaucoup, comme certains députés (qui « représentent » la profession agricole) et les lobbies (dont les deux auteurs de cette tribune), s’excitent depuis des semaines en exerçant des pressions auprès de M. Denormandie (qui de toute façon ne sera pas difficile à convaincre) pour éviter à tout prix toute remise en cause de l’agrobusiness, principal responsable de la diminution de la diversité des pollinisateurs. Ecrire une tribune sur le thème « pollinisateurs et agriculture » sans faire mention des pesticides et des pollinisateurs sauvages montrent à quel point les auteurs se soucient avant tout de leur business et très peu de biodiversité.

Réaliste. : À la FNSEA, les discussions entre apiculteurs et agriculteurs relèvent de la lutte du pot de terre contre le pot de fer. Cette organisation contrôle 99 % des chambres d’agriculture, des caisses locales de la banque ou de la mutuelle des agriculteurs et l’écrasante majorité des coopératives. Pour elle, l’essentiel est de pouvoir continuer à polluer pour ne pas désorganiser les filières de vente de ces produits qui lui permettent de mieux contrôler la masse des paysans.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

28 février 2019, L’exaspération des apiculteurs et apicultrices

5 réflexions sur “Apiculture, l’hypocrisie des agro-industriels”

  1. Merci de mettre en avant le miel .
    Ce beau produit issue du génie humain est dévoyé par des marchands peu scrupuleux.
    Il devient difficile de se procurer du vrai miel sans sucre ajouté.
    Par contre, merci de ne pas faire d’amalgames.
    Les abeilles ont un rôle infiniment mineur dans la pollinisation et sont d’une aide que pour certaines cultures comme les melons ou les dattes. En fait , les guêpes ou bourdons sont plus pollinisateurs que les abeilles à miel.
    Les semences de graminées , blé , orge, etc se sont jamais pollinisées par les insectes. Le vent ou la gravité sont les principaux pollinisateurs.
    Les idées reçues ont la tête dure mais moi aussi.
    Ne nous laissons pas envahir par les croyances, soyons critiques et ouverts.

  2. un couple d'apiculteurs

    La France importe du miel parce qu’il est moins cher ailleurs, ce qui permet aux acheteurs de nous proposer des prix d’achat en gros en dessous de notre prix de revient. Nous sommes en train de vendre notre miel de tournesol à Michaux à un prix honteux mais nous gardons notre miel d’été (qu’ils qualifient de tournesol pour nous l’acheter à un prix plus bas). Cela ne servirait à rien de produire si on doit vendre à perte !
    C’est pourquoi nous avons réduit le nombre de ruches car il ne sert à rien de travailler dans ces conditions.

  3. Toujours le même discours de la FNSEA et de l’agrobusiness. Tout va très bien, circulez il n’y a rien à voir… Pendant ce temps là, les cancers se multiplient et la biodiversité s’effondre.
    Le pire est que seuls les agriculteurs les plus fortunés sont réellement soutenus. Les autres se suicident…

  4. Le discours de la FNSEA, qui jouit structurellement d’une oreille (très) bienveillante au ministère de l’agribusin… pardon, de l’agriculture, serait beaucoup plus crédible si les engagements déjà pris par les agriculteurs sur la limitation des intrants chimiques avaient par le passé été (un peu) respectés.
    Dire qu’on ne peut pas “faire confiance”, ni miser sur l' »auto régulation », ce n’est malheureusement pas un procès d’intention, c’est un retour d’expérience bien étayé depuis des années. Il est donc temps de passer à une approche un peu plus contraignante : un mix d’interdictions de produits les plus dangereux, de taxation accrue de ceux qu’on tolère encore et de réorientation des aides européennes vers les plus vertueux devrait passer un signal aux derniers réfractaires, qui pèsent peu en nombre de paysans, mais beaucoup en hectares, qu’il est temps de changer.

  5. Esprit critique

    C’est sûr, fallait quand même oser. D’un côté on défend une agriculture productiviste, on vante les bienfaits de la chimie, et de l’autre on pleurniche parce qu’il n’y a plus assez d’abeilles. Et qui dit abeilles dit miel, et qui dit miel dit Pognon. Et qui dit abeilles dit pollinisation… fruitiers, colza, etc. Business as usual !

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