biosphere

LE MONDE & Vous : soyez écorésistants !?

Nous avons déjà parlé de Laure Belot, une journaliste du MONDE qui peut aussi bien parler de Facebook et du smartphone que des Recycling Party. Autant dire que sa fibre écolo est très superficielle. Mais là, elle exagère : toute une page* sur les écorésistants en relayant les fabricants de doute « Quand on constate les erreurs commises par le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) »…  ou ceux qui pratiquent l’amalgame : «  Certains me demandent de faire des efforts alors qu’ils ont deux voitures… complots industriels pour consommer des produits verts ». Mais nous comprenons mieux l’article de Laure Belot quand on sait qu’il illustre les nombreuses réponses obtenues à l’appel « Réfractaires au développement durable, témoignez », lancé fin mars sur lemonde.fr. Notons que l’article-papier est moins virulent que le listing des témoignages sur lemonde.fr, ce n’est donc pas Laure Belot qui est coupable de désinformation, c’est vraiment LE MONDE lui-même qui cherche à couler le mouvement écologique.

Un journalisme qui recherche l’avis des ignorants sans vouloir dénoncer leurs contre-vérités pose problème. D’autant plus que LE MONDE papier a publié récemment** une tribune de Dominique Simonnet qui insulte l’écologie politique et EELV avec des expressions diffamatoires comme  « pires pratiques manœuvrières… dans le seul but de sucer le sang du parti socialiste… soupe idéologique… vacuité de la pensée… petits commissaires verts … l’écologie, appellation fourre-tout… intégrisme vert. » On croirait entendre un type de droite antiécolo, pas du tout : Dominique Simonnet est comme par hasard un des fondateurs de Génération Ecologie, créé à l’instigation de François Mitterrand pour concurrencer Les Verts avant les élections régionales de 1992 ! On ne nous dit pas tout sur LE MONDE, on nous trompe.

* LE MONDE du 4 avril 2012, Le nombre d’écorésistants progresse en France + les produits verts toujours inaccessibles

** LE MONDE du 3 avril 2012, L’écologie n’est pas morte, c’est l’écologie politique qui n’existe plus

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A quoi servent les économistes ? A rien !

C’est la reine d’Angleterre qui s’étonnait « Pourquoi personne n’avait-il prévu (cette) crise ? ». Pourtant les médias accordent une importance démesurée à l’avis des experts es économie, c’est-à-dire à une vision théorique, éthérée, des réalités. LE MONDE s’interroge enfin, après leur avoir donné beaucoup la parole, sur la validité de ces analystes : « Le procès d’une profession chahutée par la crise. »*

Ce n’est pas tellement les liens des économistes avec les intérêts financiers qui est à mettre en cause, contrairement à ce qui se passe pour les scientifiques stipendiés directement par les entreprises pour fabriquer le doute à propos des menaces écologiques. Le problème avec l’économie, c’est qu’il ne s’agit pas de sciences économiques, mais plutôt comme on le disait autrefois d’économie politique. L’économie organise la circulation des richesses dans une société selon des modalités propres à chaque culture, économies non monétaires ou financiarisées, économies planifiées ou décentralisées, économies réglementées ou dérégulées, etc. C’est une politique, un choix non contraint imposé par une oligarchie ou géré plus ou moins démocratiquement. C’est affaire de représentation sociologique sur « ce qui doit être ». Hier on était keynésien et interventionniste, depuis le tournant des années 1980 le libéralisme prime, c’est-à-dire la croyance aux vertus du marché libre et concurrentiel. Mais à chaque fois on forge une pensée unique, « orthodoxe », on fabrique un conformisme de caste : actuellement les revues spécialisées n’acceptent plus d’articles de philosophie économique, il faut glorifier la croissance dans un monde fini : économiste, médias et politiques tiennent le même discours. C’est ce qu’Epstein qualifie de biais cognitif, un schéma de pensée erroné mais validé car l’erreur est partagée par ses pairs. Ce qui fait que les experts orthodoxes pensent vraiment ce qu’ils disent !

Que nous dit l’histoire ? Depuis l’analyse de Keynes en 1936, on ne jurait que par la relance économique et le déficit budgétaire. Mais la recette pour sortir de la crise de 1929 a été appliquée de façon si constante que nous avons abouti dans les années 1970 à une inflation à deux chiffres conjuguée à un chômage structurel (stagflation). Alors les libéraux ont profité de l’échec keynésien pour dévaloriser le rôle de l’Etat. Le problème, c’est que nous revenions ainsi aux  recettes appliquées avant 1929 et qui avaient abouti à des crises à répétition. Nous ne nous sommes pas aperçus de cette erreur renouvelée car la croissance à crédit restait en réalité keynésienne et empêchait la récession… jusqu’à la crise financière qui a surpris tous les « experts » ! Alors Roger Guesnerie s’interroge : « On peut espérer disposer un jour d’une théorie renouvelée ». Même l’orthodoxe Guesnerie doute ! Il ne sait pas que cette nouvelle  conception de l’économie adaptée à la situation présente existe déjà, c’est la bio-économie, ou économie biophysique, c’est-à-dire l’écologie. Il faut prendre en compte le fait que la circulation des richesses fabriquées dans une société n’soit que la sous-partie des richesses globales que nous offre la biosphère. Yves Cochet précise : « Depuis deux siècles, l’abondance et le faible prix de l’énergie nous ont permis d’ignorer la nature. Cette profusion énergétique seule a été capable d’engendrer d’énormes richesses au XXe siècle pour une part dérisoire de nos salaires et de notre temps. » Même le libéral Guesnerie a évoqué un jour l’idée de distribuer un quota d’émissions de gaz à effet de serre entre les pays en proportion de leur population.

Nous savons ce que les économistes doivent penser, mais eux commencent juste à se poser des questions.

* LE MONDE économie du 3 avril 2012, Dogmatisme, conflits d’intérêts, la science économique suspectée

 

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LE MONDE soutient les écolosceptiques

LEMONDE.FR* fait de la publicité pour les écolosceptiques, c’est-à-dire les menteurs qui pratiquent la désinformation, l’amalgame et qui n’arrivent même plus à discerner où sont les véritable ennemis du peuple. Voici le texte en résumé et notre commentaire des différents témoignages.

– Les Français n’ont malheureusement plus les moyens de traduire en actes leurs convictions profondes. Les actes écolo-citoyens, peuvent-ils passer avant la nécessité de se déplacer pour aller travailler (de plus en plus loin), de se chauffer ?

biosphere : La France d’aujourd’hui est au plus haut sommet historique de sa richesse. Presque chaque foyer a au moins une voiture. C’est l’inégale répartition des richesses qu’il faut condamner, pas les actes écolo-citoyens.

A trop vouloir, sans répit, « bourrer » la tête des gens avec l’écologie, c’est l’inverse qui se produit : un rejet ! Entre les fanatiques de l’écologie et les profiteurs qui vous font payer au prix fort de soi-disant produits bio, les consommateurs font leurs comptes : trop cher, surtout en temps de crise !

biosphere : Les termes « fanatiques » et « profiteurs du bio » montre une tentative de dénigrement sans preuve. Pourquoi ne pas dire que c’est la publicité omniprésente qui bourre la tête des gens et que le profit est le moteur du système capitaliste libéral, alors que l’esprit coopératif est celui de l’écologie…

– Je crois le « changement climatique » nettement moins prononcé et anthropique qu’on nous le dit. Ce qui fait que l’urgence clamée à tous vents me paraît dangereuse. « L’écologie » d’aujourd’hui est un phénomène de bobos citadins qui ignorent bien souvent ce qu’est « la nature » !

biosphere : Le terme « je crois » est significatif d’une méconnaissance du travail des climatologues qui ne doutent plus du réchauffement climatique depuis des années déjà. L’écologie n’est pas le domaine réservé des bobos puisque tout le monde est concerné par les perturbations climatiques ou par notre éloignement programmée de la nature par l’urbanisation.

– L’empressement des gouvernants à multiplier les taxes « dites écologiques » est particulièrement suspect. Ces taxes seraient-elles plus « politiquement correctes » que d’autres ? Faudrait-il que les Occidentaux s’ajoutent encore des handicaps pour produire (comme la fameuse et unilatérale « taxe carbone ») alors que les Chinois auraient un permis illimité de polluer ?

biosphere : Pourquoi dire le contraire de la réalité ? les gouvernants français se refusent aux taxes écologiques, l’idée de taxe carbone a été abandonné par Sarko, et on aurait bien du mal à discerner une autre taxe écolo qui pénalise le peuple. Quant aux distorsions du commerce international, la solution serait des taxes aux frontières, ce que ne veut pas notre interlocuteur !

– Je ne crois pas au développement durable. Je ne crois pas à l’influence de l’homme sur son environnement. Il est hors de question pour moi de ne pas vivre comme je l’entends, avec les progrès technologiques que nous connaissons. Moi j’ai une autre option : gardons le même rythme de vie, mais diminuons le nombre de personnes sur la planète ! Après tout, le résultat sera le même, et nous vivrons tous sans nous restreindre !

biosphere : Ce témoignage, comme d’autres, mélange le domaine écologique et l’oxymore « développement durable », ce qui empêche la clarté de l’analyse. Passons sur l’égoïsme qui transparaît dans ce texte, analysons la solution malthusienne de maîtrise de la fécondité. Bien sûr que cette maîtrise est nécessaire, mais elle n’empêche nullement d’agir sur le niveau de vie des catégories favorisées qui dépensent plus que ce que la planète peut nous donner.

– Dans les 50 prochaines années, moi, je ne serai plus là. Le développement durable, c’est l’enjeu des plus jeunes qui vont devoir se débrouiller avec la situation qu’on leur laisse et je leur souhaite bonne chance. On verra si leurs portables et leurs Facebook les sauvent du cataclysme annoncé, ils feraient mieux de se mettre au travail !

biosphere : il est vrai que les générations futures n’ont pas la parole aujourd’hui. Mais si elles l’avaient, il est sût qu’elles briseraient leur portable sur la tête de cet interlocuteur. Car la situation qu’on va laisser à nos successeurs, plus de pétrole mais le réchauffement climatique, plus de poissons mais la surpopulation… est signe de méchanceté absolue envers nos descendants.

– Si le développement durable n’a plus le vent en poupe, c’est parce que les Français ont compris que les seules choses que veulent développer les écologistes, ce sont l’étatisme et la pression fiscale.

biosphere : les « écologistes » sont multiples, mais l’idée générale n’est pas celle de Mélenchon d’une planification écologique par l’Etat, mais au contraire une valorisation des communautés locales, cherchant par elles-mêmes la voie de leur salut.

– Je suis écolosceptique et contre le développement durable dans la mesure ou l’on privilégie l’approche individuelle et l’aspect « greenwashing » de la chose. Le coût du tri des ordure ménagères devrait être pris en charge à 100 % par les entreprises, comme dans d’autres pays, ce qui est loin d’être le cas en France.

biosphere : la situation en gestation est si dramatique (choc pétrolier, perte de biodiversité, stress hydriques…) que nous ne pouvons actuellement opposer action individuelle, action des entreprises et action de l’Etat. Tout doit être fait simultanément. Si les citoyens ne deviennent pas écolo-compatibles, ni les entreprises ni l’Etat ne bougeront et réciproquement.

* http://lemonde.fr/vous/article/2012/04/03/je-ne-crois-pas-au-developpement-durable_1679774_3238.html

remarque : La dixième Semaine du développement durable se tient du 1er au 7 avril alors que s’est installé en France un véritable « écolo-scepticisme ». Le phénomène est en progression. 45 % des 4 500 Français sondés en juin 2011 par l’Ipsos trouvent « qu’on en fait trop sur le réchauffement climatique ». Cette proportion d’ » écolo-sceptiques « , estime Ipsos, n’était que d’un tiers en 2008.

Cette statistique est vraiment inquiétante, elle prouve que les médias, y compris LE MONDE , n’ont pas fait leur travail de formation des citoyens.

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Demain c’est le foutoir, même l’OCDE le dit

L’OCDE ou Club des pays riches s’inquiète : « La dégradation du capital naturel de la planète risque de mettre en péril les acquis de deux siècles d’amélioration des niveaux de vie… Au-delà de certains seuils, les transformations subies par le climat ou la biodiversité ou encore la dégradation des sols deviennent irréversibles. » Il faut, dit le rapport, « trouver de nouvelles voies », mais le commentaire du MONDE* insiste toujours sur la croissance qui, même « verte », entraîne la dégradation du capital naturel :

« Les ministres mettent en avant leurs difficultés à garantir la croissance… Le représentant de l’Organisation mondiale du commerce ou celui des pays émergents ont insisté pour que le développement durable ne soit pas un « alibi » pour des mesures protectionnistes qui brideraient la croissance… Le porte-parole du Brésil précise « Pour être efficace, la croissance verte doit contribuer à développer l’emploi »… Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE résume : « La croissance verte n’est pas une manière parmi d’autres d’avancer, c’est la seule croissance possible ». » Le journaliste Rémi Barroux a une façon très croissanciste de faire un article !

Pourtant le « scénario de référence pour 2050 »** de l’OCDE ouvrait beaucoup de pistes, pas très révolutionnaires, mais au moins non centrées sur la croissance économique : prix mondial du carbone, écotaxes et systèmes d’échange de permis d’émission, tarification de l’eau, réglementations et normes efficaces, innovation verte. Nous trouvons surtout  essentiel la demande de suppression des subventions préjudiciables à l’environnement alors que dans les pays de l’OCDE la production et l’utilisation de combustibles fossiles ont bénéficié ces dernières années de 45 à 75 milliards USD par an de subventions. Même les économies émergentes ont accordé en 2010 plus de 400 milliards USD de subventions à la consommation de combustibles fossiles. Bientôt nous allons manquer de pétrole et de gaz, mais les gouvernants poussent à consommer encore plus ! Qu’en disent les présidentiables français ! Rien, si ce n’est demander encore plus de croissance… qui entraîne la dégradation du capital naturel

* LE MONDE du 1-2 avril 2012, Pour l’OCDE, il est urgent de « verdir » l’économie

** http://www.oecd.org/dataoecd/54/8/49884240.pdf

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comparatif écolo des présidentiables 2012

Il ne faut pas attacher à des élections une importance démesurée. Notre vie quotidienne est surtout constituée de nos engagements personnels, travail, consommation, interrelations… et la démocratie représentative n’a que peu d’influence sur cela. Voici cependant quelques textes sur les présidentiables français du 22 avril 2012. Cette analyse des candidatures se centre sur les rapports des candidats à l’écologisme, c’est-à-dire l’essentiel. Si tu veux t’abonner (gratuitement) au bimestriel issu de ce blog, biosphere@ouvaton.org

Eva Joly

L’urgence écologique appelle une femme nouvelle, une femme qui refuse la pensée unique, une femme qui n’est pas issue du sérail politique, une femme qui n’était pas née écolo mais qui les représente. Cette femme s’appelle Eva Joly. Pourtant cette femme subit vacheries après vacheries, sur son accent, sur ses lunettes, sur son origine (LIRE la SUITE…)

Jean-Luc Mélenchon

Un des neufs points du programme de Jean-Luc Mélenchon pour 2012 porte sur la planification écologique. Il portait déjà cette idée dans sa contribution générale au Congrès de Reims de novembre 2008 (chapitre intitulé « Proposons la planification écologique »). Il était alors au PS ! Jean-Luc exprimait alors le fait que le programme socialiste devrait être (LIRE la SUITE)

François Bayrou

Des présidentiables se sont exprimés le 28 janvier 2012 à Montreuil devant les 2300 représentants de 3000 associations environnementalistes (fédérées dans FNE). Le plus infatué de lui-même François Bayrou : « Moi, j’ai des ruches… Moi, je vais sauver les abeilles… Mais je ne sais pas si on dit décarbonisation ou décarbonation…  Mais moi je conserve le nucléaire comme énergie de transition… »  Christophe Magdelaine lui donne la note de 4,5/10

François Hollande

Il est tout à fait plausible que les générations futures nous maudissent pour les dégâts irréparables que nous aurons causés à la planète. Sans aucun doute, diront-ils, c’était là un peuple de barbares. C’est pourquoi nous ne pouvons pas être d’accord avec la transition énergétique de François Hollande (LIRE la SUITE…)

Nicolas Sarkozy

« L’environnement, ça commence à bien faire! » : cette saillie balancée, le 6 mars 2010, au Salon de l’agriculture, résume parfaitement l’approche de Nicolas Sarkozy en ce domaine. Le Grenelle, initié le 21 mai 2007, sous sa houlette et celle de Jean-Louis Borloo, avait affiché un projet plutôt ambitieux, contrastant, (LIRE la SUITE…)

Marine Le Pen

Interrogée par terraeco, Marine Le Pen montre la superficialité de son engagement écolo :

Une fiscalité écologique ? Non, il faut arrêter la fiscalité à tout prix. Les gens n’en peuvent plus.

Pas de taxe carbone non plus ? Rien. Je pense que la seule façon de baisser les émissions de gaz (LIRE la SUITE…)

Nathalie Arthaud

Dans les années 1960, l’extrême gauche française s’était révélée totalement hermétique aux préoccupations écologistes. Lors de la candidature de René Dumont, la revue Lutte ouvrière du 23 juillet 1974 titrait : « L’écologie politique : un apolitisme réactionnaire ». La situation a-t-elle évoluée ? Nathalie Arthaud, porte-parole du parti trotskiste Lutte Ouvrière pour les présidentielles 2012 a été noté  0/10 par Christophe Magdelaine

Jacques Cheminade

Jacques Cheminade se lance à nouveau dans les présidentielles. Que représente-t-il en matière d’écologie ? Rien ! Ou plutôt l’inverse : Cheminade est adepte de l’écologie superficielle, croissanciste, technolâtre et pronucléaire. Avec ce programme, accompagné par un fatras contre l’oligarchie financière (LIRE la SUITE)

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L’aluminium des vaccins, la médecine et la science

Quand l’Académie de médecine et l’Académie des Sciences disent la même chose, nous devrions avoir confiance : Il serait « particulièrement dangereux » de recommander un moratoire (comme le demande un rapport parlementaire) sur l’aluminium dans les adjuvants vaccinaux*. Bizarre cependant qu’un pédiatre de 73 ans, Pierre Bégué, juge « particulièrement dangereux » un moratoire qui s’apparente à un principe de précaution. En fait les deux Académies ne sont qu’un lobby, certainement pas des comités scientifiques. Démontrons :

– En 2003, Bernard Cassen avait dévoilé les mentalités et les liens avec l’argent qui sous-tendaient les jugements « scientifiques » de l’Académie des sciences à propos des OGM … En résumé, elle se comporte comme la courroie de transmission de l’industrie. On peut le déceler pour au moins trois raisons : la non-prise en compte des travaux d’autres institutions ou personnalités scientifiques sur le même sujet ; l’incursion dans un domaine qui n’est absolument pas du ressort de l’Académie, celui de la politique commerciale ; enfin, et ceci explique sans doute cela, les liens entre certains de leurs membres et les grands groupes industriels du secteur. Le groupe de travail qui a préparé le rapport de l’Académie des sciences est presque entièrement composé de personnalités connues depuis longtemps pour leur enthousiasme pro-OGM. Ses conclusions sont aussi peu inattendues que celles d’un comité devant se prononcer sur les risques du tabagisme et qui comprendrait des représentants des producteurs de tabac et des « scientifiques » liés à eux par des contrats de recherche.

– en 2004, le rapport de l’Académie des sciences sur les nanotechnologies : « Ce monde est porteur d’une évolution industrielle majeure, celle des nanotechnologies, qui permet d’organiser la matière à l’échelle de l’atome. Les implications sont considérables dans tous les secteurs. Quelques réalisations existent déjà, d’autres restent encore aujourd’hui du domaine du rêve, mais qui se matérialisera bien vite. Ce rapport présente les applications actuelles, il présente également des recommandations visant à faire en sorte que la recherche française défende son rang au plan international. » Cette Académie dite des sciences s’intéresse aux applications de la science, pas à la science elle-même.

– En 2005, avant même les débats parlementaires, les Académies des sciences et de médecine craignaient que l’inscription du principe de précaution dans la Constitution n’ait des conséquences « désastreuses ». Comment comprendre la guerre déclarée par l’Académie des sciences au principe de précaution qui exige la recherche scientifique de réponses aux questions posées par les avancées technologiques ? Les rapports sont préparés par un petit nombre de membres dont certains entretiennent des rapports étroits avec l’industrie. En fait les Académies ne s’intéressent pas à la science mais à la politique (économique).

– En 2009, rapport très controversé de l’Académie de médecine sur les ondes. Cette Académie jugeait dangereuse une baisse des normes d’exposition aux ondes, alors que cette baisse ne pouvait, en toute hypothèse, qu’être favorable à la santé humaine. Parmi les rapporteurs, on comptait plusieurs membres en copinage avec les opérateurs, particulièrement Bouygues Telecom, ainsi que deux personnes extérieures au sujet. Ce type de comité est-il de nature à  délivrer l’avis des sommités médicales sur un sujet de santé publique ?

– En 2010, l’Académie des sciences était mandatée pour déterminer si Allègre était un imposteur ou un affabulateur. Cette Académie « des sciences » a simplement déclaré (bien après toutes les autres instances scientifiques internationales) que le réchauffement climatique était une réalité. Une Académie qui a discuté à huis clos et fonctionné avec un « comité secret ». Une Académie dont beaucoup de membres ont révélé leur méconnaissance des mécanismes climatiques dans des documents qui sont restés confidentiels. Une Académie qui ne sait pas ce que scientifique veut dire.

CONCLUSION de Biosphere : Rappelons qu’il ne suffit pas de s’appeler Académie des sciences pour faire de la science. Rappelons que le lobbying n’appartient pas au domaine scientifique. En fait Pierre Bégué craint qu’une polémique sur l’adjuvant aluminium ne détourne les familles de la vaccination : « C’est dangereux de déclencher des paniques sur quelque chose d’aussi important ». Mais c’est parfois encore plus dangereux de ne pas déclencher l’alerte !

* LE MONDE du 31 mars 2012, L’aluminium à nouveau sur la sellette

 

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Climatosceptiques, des marchands de doute

LE MONDE* consacre un article à la dénonciation des climatosceptiques. En complément, voici un résumé de l’épilogue du livre de Naomi Oreskes et Erik Conway, Les marchands de doute :

« Depuis cent cinquante ans, la civilisation industrielle s’est repue de l’énergie emmagasinée dans les combustibles  fossiles et aujourd’hui on nous présente l’addition. Et pourtant, nous prétendons que cette note n’est pas la nôtre. Il n’est pas surprenant que beaucoup d’entre nous soient dans le déni, il n’est pas étonnant que les marchands de doute aient du succès : ils nous ont fourni le prétexte pour ignorer la facture. Il est vrai que faire quelque chose implique des coûts, et si l’on n’est pas sûr que ces coûts soient compensés par des bénéfices futurs, la meilleure option est de ne rien faire ; tel est le résultat d’une analyse rationnelle. Il est vrai aussi que ceux qui ont le plus à gagner à laisser les choses en l’état mettent en avant la nécessité de douter. Toute preuve peut être contestée car on ne peut jamais prouver quelque chose à propos du futur. Mais cette conception relève d’une vision erronée de la science.

La science ne produit pas des certitudes, elle ne fournit qu’un consensus d’experts, fondé sur l’examen minutieux des faits. La plupart des gens ne comprennent pas cela. Si nous lisons un article de journal préservant deux points de vue opposés, nous pensons qu’ils ont chacun une certaine validité, et qu’il serait injuste de taire l’un des deux. Or souvent, l’un des points de vue est ultra-minoritaire. Cela nous conduit à dire que la science moderne est une entreprise collective. Dès les premiers jours, la science a été associée à des institutions – l’Accademia dei Lincei fondée en 1609, la Royal Society en Grande-Bretagne en 1660, l’Académie des sciences en France en 1666. On avait compris que pour créer des connaissances nouvelles, il fallait un moyen de confronter les apports des uns et des autres. Tant qu’une opinion n’est pas passée au filtre du jury composé par les pairs d’une discipline, ce n’est pas plus qu’une opinion. En science, on n’est pas censé s’accrocher à un sujet jusqu’à épuisement des opposants. Le schéma journalistique « il ou elle dit » ignore cette réalité. Exposer son opinion auprès du grand public plutôt que dans les cercles scientifiques s’écarte des protocoles institutionnels qui, pendant 400 ans, ont garanti la véracité des énoncés scientifiques.

Habituellement, nous nous efforçons de prendre des décisions à partir de la meilleure information que nous pouvons réunir. Nous devons faire confiance aux experts scientifiques sur les sujets de science parce qu’il n’y a pas d’autre alternative crédible. Si la communauté scientifique a été mandatée pour examiner le dossier de l’évolution du climat comme le GIEC, alors nous pouvons effectivement prendre au sérieux le résultat de ses investigations. Notons que tout travail expérimental est susceptible d’être contredit ou modifié par l’avancement des connaissances. Cela ne doit pas pour autant inciter à ignorer ce que nous savons déjà, et à remettre à plus tard une action à laquelle nos connaissances nous incitent à un moment donné. Le fondement d’une prise de décision, c’est tout simplement ce qui paraît raisonnable dans les circonstances du moment. »

CONCLUSION de ce blog : Il est trop facile pour les climatosceptiques de réduire la science au doute systématique et d’oublier qu’en science le doute doit être raisonnable au regard des faits. En matière de climat, les faits sont sans appel : ça chauffe. Et matière d’explication, le doute raisonnable conduit à une cause majeure (pas unique) : l’activité industrielle humaine. S’il reste un doute, de toute façon il faut savoir prendre les mesures qui s’imposent quand les conséquences de l’inaction peuvent être dramatiques.

* LE MONDE du 30 mars 2012, « Des chercheurs touchent beaucoup d’argent pour attaquer la science »

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le présidentiable anti-écolo, Jacques Cheminade

Jacques Cheminade, 70 ans, se lance à nouveau dans les présidentielles. Que représente-t-il en matière d’écologie ? Rien ! Ou plutôt l’inverse : Cheminade est adepte de l’écologie superficielle, croissanciste, technolâtre et pronucléaire. Avec ce programme, accompagné par un fatras contre l’oligarchie financière et pour « l’alliance des peuples », ce n’est pas étonnant qu’il ait obtenu ses 500 signatures : il correspond à une bonne partie de nos élus locaux…

Cheminade est croissanciste et antiécolo : « La décroissance et la croissance verte sont des illusions destructrices (…) L’investissement dans des technologies douces ou vertes, n’est que l’organisation d’un dépérissement anti-égalitaire et antidémocratique destructeur de l’homme. » Il est aussi antimalthusien :  « Il faudrait passer d’une écologie malthusienne à une écologie humaine (…) L’homme n’est pas un fléau destructeur de ressources, mais un créateur capable de changer volontairement son environnement pour le rendre plus apte à être peuplé. » Pour lui, la capacité de charge biophysique de la Terre n’est pas limitée car « les lois intangibles  ne sont que des contraintes momentanées, qui peuvent être dépassées par des découvertes de principes physiques nouveaux, appliqués sous forme de technologies plus denses. » Cheminade affirme que la géothermie, les éoliennes, le solaire ou les marées ne peuvent être une solution pour assurer un futur à une espèce humaine en développement. Où se procure-t-il donc l’énergie nécessaire :  « Le nucléaire en développement continu, passant aussi rapidement que possible au nucléaire de quatrième génération et à la fusion thermonucléaire contrôlée. » Cheminade rêve aussi à un remplacement des « carburants fossiles pour les transports par une économie de l’hydrogène ». Car il a une foi sans limite dans « la capacité créatrice de l’être humain », y compris en reprenant ce qui a été un échec retentissant :  « aérotrain de l’ingénieur Bertin… voiture à hydrogène ». Il croit même que notre avenir est inscrit dans l’espace ; son objectif le plus fou, le peuplement humain de l’ensemble du système solaire ! Le problème de l’énergie n’est pas son problème.

Mais son programme ne présente aucun engagement concernant la préservation de la biodiversité, la lutte contre les émissions excessives de gaz à effet de serre, la prévention des risques naturels, le soutien aux énergies renouvelables, l’élimination des produits chimiques dangereux, la diminution des déchets, l’augmentation de la réutilisation et du recyclage, l’amélioration du bien-être animal. Le problème fondamental, c’est que le (non) programme de Cheminade n’est pas très loin de celui des autres candidats à la présidentielle…

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le désastreux bilan écologique du sarkozysme

Une analyse d’un de nos correspondants, René Hamm :

« L’environnement, ça commence à bien faire! » : cette saillie balancée, le 6 mars 2010, au Salon de l’agriculture, résume parfaitement l’approche de Nicolas Sarkozy en ce domaine. Le Grenelle, initié le 21 mai 2007, sous sa houlette et celle de Jean-Louis Borloo, avait affiché un projet plutôt ambitieux, contrastant, en théorie, avec le surplace de l’époque où des ministres verts siégeaient au cabinet (1). Lors de la restitution officielle des dossiers préparatoires, en date du 25 octobre 2007, le chef de l’État avait conféré à cet événement le statut de «New deal», de «révolution copernicienne dans nos façons de penser, de décider, dans nos comportements, nos objectifs et critères» (rien que ça !).

Kermesse lamentable

Des rencontres et consultations diverses émanèrent deux cent soixante-huit engagements que trente-quatre comités mettraient en œuvre. La loi du 3 août 2009 vise la division par quatre des émissions de gaz à effet de serre, le transfert du fret routier (94%) vers d’autres modes, confirme la création d’un carnet de santé du salarié retraçant les expositions aux matières dangereuses, le renforcement du contrôle des éco-organismes… Celle du 12 juillet 2010 comprenant deux cent quarante-huit articles porte sur l’application des dispositions dans l’ensemble des secteurs couverts par les six groupes de travail. Parmi les préconisations: la construction de bâtiments plus sobres énergétiquement, la rénovation thermique du parc ancien (2), la priorité aux transports collectifs tout en recommandant le recours à des véhicules électriques ou hybrides rechargeables, l’expérimentation, puis l’élargissement de l’étiquetage environnemental sur les marchandises, la maîtrise des substances phytopharmaceutiques dans l’agriculture et l’encouragement au bio, l’instauration d’une nouvelle gouvernance écologique en désignant des associations représentatives conviées à participer au dialogue institutionnel, la lutte contre toutes sortes de nuisances, la prise en compte de risques émergents (ondes électromagnétiques, nanotechnologies…). Si le rapport «indépendant» ( !?!) de 170 pages que la société Ernst & Young (3) avait remis le 2 novembre 2010 à ses commanditaires a dressé un tableau évidemment flatteur, douze jours auparavant, le Réseau Action Climat (4) avait émis des critiques très sévères sur ce que Fabrice Nicolino a qualifié de «pièce bouffonne» (5) ou Jean-Christophe Mathias de «bal des impostures», de «guignolade», de «kermesse lamentable» (6). Stephen Kerkhove, délégué général d’Agir pour l’environnement, parle d’un «processus hors-sol» destiné à «saturer l’agenda médiatique et verdir une politique éco-prédatrice» (7).

Dans son «bilan climat-énergie» coordonné par Olivier Louchard, le RAC pointe les insuffisances criantes et les tares rédhibitoires. Ainsi, l’enterrement de la taxe carbone et le report de celle sur les camions, l’inscription des maïs transgéniques au catalogue des semences ou l’homologation d’insecticides tueurs d’abeilles dénotent non seulement l’hypocrisie du pouvoir, mais aussi sa soumission aux lobbies concernés. Parallèlement à de très rares avancées comme une meilleure isolation des logements neufs qui limiterait à un maximum de cinquante kilowatts/heure la consommation par mètre carré à l’année, le gouvernement relança de 8% (mille kilomètres supplémentaires) la construction d’autoroutes (A 63 dans les Landes, A 65 Langon-Pau, A 150 de Rouen au Havre, contournement ouest de Strasbourg), autorisa la circulation de poids lourds de quarante-quatre tonnes, préserva le transport aérien par le maintien de l’exonération de taxe pour le kérosène et l’aval octroyé à l’aéroport de Notre-Dame des Landes (8), à une vingtaine de bornes au nord-ouest de Nantes, situé de surcroît dans une zone humide. Le subventionnement et les aides fiscales aux agrocarburants ne témoignent pas une réflexion poussée sur cette aberration qui s’apparente aux yeux de Jean Ziegler à un «crime contre l’humanité» (9).
Billevesées

Au niveau du rail, nos dirigeants s’enthousiasment essentiellement pour les lignes à grande vitesse (sept en prévision). Esbroufe également pour les énergies renouvelables que l’on prétendait promouvoir (23% d’ici 2020). Face au succès de la demande, le 30 septembre 2010, le gouvernement avait réduit, en vue de l’exercice 2011, de 50 à 25% le crédit d’impôt pour l’acquisition de panneaux photovoltaïques. Un revers de plus pour la branche déjà touchée par la baisse de 12% des tarifs d’achat du jus solaire, le 1er septembre 2010. L’intégration, annoncée solennellement par le pote de Vincent Bolloré, pour chaque opération d’envergure, des incidences sur le climat et la biodiversité, n’a pas été traduite dans la législation. Des thèmes aussi peu anodins que le nucléaire, l’eau et la sauvegarde des espèces menacées d’extinction ne figuraient même pas au programme. Neuf ONG avaient bénéficié d’une accréditation. Le Réseau Sortir du nucléaire, Agir pour l’environnement le RAC avaient été exclus. En désaccord total avec la chancelière Angela Merkel, laquelle, choquée par la catastrophe de Fukushima, avait nettement revu à la baisse la proportion du nucléaire dans le mix global (10), Nicolas Sarkozy, multipliant approximations, mensonges et contre-vérités, reste un farouche propagandiste de l’industrie atomique. Le 25 novembre 2011, à l’usine d’enrichissement de l’uranium à Pierrelatte (Drôme), une des entités du site du Tricastin, devant les employé(-e)s d’Areva et d’EDF ravi(-e)s, il avait décliné son credo sur «l’intérêt supérieur du pays», «la souveraineté nationale», menacés par la moindre velléité d’écorner ce fleuron hérité du gaullisme, n’omettant pas de saluer pour le coup François Mitterrand (11), qui assuma sans ciller l’héritage de ses prédécesseurs.

Ne bouleverser que d’un chouias cette donne qui reposerait sur «un consensus vieux de plus de soixante-cinq ans » équivaudrait à dilapider «inéluctablement des trésors d’intelligence et de recherches accumulés depuis sept décennies», à «revenir au Moyen-Âge», «au temps de la bougie» (sic). Ce genre de billevesées passe dans une salle acquise par avance à l’orateur. Se trémousser en lançant «Devons-nous être le seul pays à tourner le dos au progrès ?» ne l’a évidemment exposé à aucune objection. Peu importe que sa copine de Berlin ait emprunté une autre voie, que les 12 et 13 juin 2011, 94,7% des citoyen(-ne)s transalpin(-e)s aient rejeté l’implantation voulue par Silvio Berlusconi, de quatre nouveaux réacteurs d’ici 2020, en coopération avec AREVA et EDF, que le peuple autrichien ait refusé, lors d’un référendum organisé le 5 novembre 1978, à 50,47%, la mise en service de l’unique centrale de Zwetendorf (692 mégawatts nets), à cinquante kilomètres à l’ouest de Vienne (12)!… La pratique de la manipulation, de la langue de bois et de la dissimulation ne date pas d’hier. De mars 1987 à mai 1988, Nicolas Sarkozy officia comme chargé de mission au ministère de l’Intérieur pour la lutte contre les risques chimiques et radiologiques, sous l’autorité de Charles Pasqua, un cador ès-bidouillages. L’idée qu’il eût contribué à la désinformation sur le nuage de Tchernobyl m’effleure avec insistance…

(1) Dominique Voynet, du 4 juin 1997 au 9 juillet 2001, puis Yves Cochet, du 10 juillet 2001 au 5 mai 2002.

(2) Dans le droit fil du «diagnostic de performance énergétique» applicable depuis le 1er novembre 2006 à la vente de maisons et d’appartements ainsi qu’à partir du 1er juillet 2007 pour les habitations louées tout comme pour la cession de bâtiments neufs? Cette expertise, qui n’a toujours qu’un caractère informatif, n’impose aucune obligation de travaux.

(3) Les «experts»: Alain Grimfeld, président du Comité national d’éthique, le climatologue Jean Jouzel, Nicole Notat, ex-patronne de la CFDT et Présidente-directrice générale de l’agence de notation Vigeo, ou encore l’avocat Philippe Pelletier. Pas davantage que pour l’étude du Boston Consulting Group, publiée le 16 juin 2009, nous n’en apprendrons le prix.

(4) Il fédère dix-huit mouvements nationaux (Agir pour l’Environnement, Les Amis de la terre, Greenpeace, le World Wide Fund for nature, la Ligue de protection des oiseaux, Le Réseau Sortir du nucléaire…) et onze associations locales.

(5) «Qui a tué l’écologie?», Éditions Les liens qui libèrent, Paris, mars 2011, 303 pages, 20,50 euros. Le collaborateur au magazine Terre Sauvage réserve essentiellement ses piques implacables à quatre des principales associations environnementalistes, coupables, selon lui, d’arrangements, voire de franches complicités, avec les saccageurs des écosystèmes. Il pointe les compromission de la Fondation Hulot, du World Wide Fund for Nature, de France Nature Environnement et de Greenpeace France à l’occasion du Grenelle de l’Environnement.

(6) Cf. son essai d’excellente facture, à haute teneur philosophique et poétique «Politique de Cassandre. Manifeste républicain pour une écologie radicale», Éditions Sang de la Terre, 1er trimestre 2009, 256 pages, 18,90 euros. Le chercheur, artiste et paysan charentais consacre notamment quelques pages au «concept schizophrénique» de «développement durable», une de ces coquecigrues conçues pour consolider, sous une terminologie light, les schèmes du productivisme effréné.

(7) «Grenelle de l’environnement: l’histoire d’un échec», Éditions Yves Michel, octobre 2010, 128 pages, 10 euros.

(8) Le 24 mars, une manifestation a réuni environ dix mille opposant(-e)s dans les rues de Nantes dont le maire, Jean-Marc Ayrault (PS) est favorable au projet.

(9) Dans «Destruction massive. Géopolitique de la faim», Le Seuil, octobre 2011, 352 pages, 20 €.

(10) 22% avant la tragédie au Japon. Le 30 juin 2011, le Bundestag avait approuvé à une très large majorité la décision de la coalition CDU/CSU/FDP d’arrêter les sept complexes les plus anciens, plus celui de Krümmel (non loin de Hambourg), constamment perclus de pannes. Les neuf unités restantes seront déconnectées au plus tard en 2022.

(11) Notre pays avait loupé à l’été 1981 le coche de l’indispensable mutation, parce que l’alliance socialo-communiste avait jeté à bas toutes les promesses de moratoire, de vaste consultation, de diversification des sources, de lutte contre les gaspillages. Je vous renvoie à mes nombreux articles afférents aux «atomes très crochus», lisibles sur divers sites web, mon papier au sommaire d’À contre-courant syndical et politique d’août 2011, mon long courrier inséré dans Politis du 22 décembre 2011 et celui, un peu plus concis, paru dans le mensuel Alternatives économiques de ce mois-ci.

(12) Le 13 août 1999, entra en vigueur la loi constitutionnelle pour une Autriche sans atome, interdisant la fabrication, le stockage, les tests, le transport d’armes nucléaires de même que l’édification de centrales.

http://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2012/03/28/le-desastreux-bilan-ecologique-du-sarkozysme/

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fin programmée de l’exploitation du sous-sol

Le président panaméen Ricardo Martinelli a promulgué une loi qui interdit l’exploitation minière sur les territoires indigènes (©AFP / 26 mars 2012). Selon cette loi, l’attribution de concessions pour l’exploration, l’exploitation et l’extraction minières est interdite dans la région de Ngöbe Buglé.

Si une telle mesure était prise par les pays de l’OPEP pour le pétrole, ce serait l’effondrement de la civilisation thermo-industrielle. Mais de cela les Américains n’ont qu’une très vague idée. La réalité du chiffre « 4 dollars le gallon » semble incompréhensible à l’automobiliste. Ce prix qui lui semble exorbitant découlerait  de considérations conjoncturelles : incurie du gouvernement, avidité des compagnies pétrolières, spéculation, problème iranien… jamais de l’épuisement des nappes de pétrole. De leur côté les candidats républicains ont une recette bien à eux, « Drill baby drill » (forons, forons). Il suffirait d’investir suffisamment et le pétrole va à nouveau couler d’abondance. Erreur ! Les économistes s’imaginent que l’augmentation du prix du pétrole se traduit par une proportionnelle des réserves : ont-ils seulement réalisé que les augmentations de prix seront incapables de créer le moindre gisement de pétrole dans le sous-sol ? Pourtant les géologues pétroliers ont donné l’alerte dès la fin des années 1980, quand il est apparu de façon indiscutable que les quantités de pétrole nouvellement découvertes déclinaient sans cesse et étaient devenues, en année moyenne, durablement inférieures aux quantités consommées. La prochaine bulle spéculative, après celle de l’immobilier américain, sera celle du pétrole, et les effets en seront bien plus graves ! Cette situation va entraîner une compétition croissante pour l’approvisionnement en énergie.*

De tout cela, la journaliste du MONDE, Claire Gatinois**, n’a semble-t-il aucune connaissance. Claire pense que nous prêtons une attention disproportionnée au prix de l’essence qui ne serait au fond pour les ménages qu’un prix parmi d’autres. Elle ne connaît pas l’analyse de Jean-Marc Jancovici : « Si demain nous n’avions plus de pétrole, ni gaz, ni charbon, ce n’est pas 4 % du PIB que nous perdrions (la place de l’énergie dans le PIB), mais près de 99 %. »  Claire pense que les Etats-Unis pourraient même supporter un baril à 140 dollars sans trop souffrir*. Elle n’a aucune conscience de l’avenir prévisible, un baril à 200 dollars, 300 dollars, 400 dollars… la rareté croissante du pétrole faisant exploser les prix.

* La crise pétrolière de Bernard Durand

** LE MONDE du 28 mars 2012, Pétrole : un prix pas comme les autres

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Made in France ou relocalisation de proximité ?

La campagne présidentielle célèbre le made in France. Mais LE MONDE* s’interroge : peut-on vraiment consommer 100 % français ? Les journalistes pointent la difficulté d’acheter local quand la France a perdu plus d’un quart de ses emplois industriels depuis 1991 : « Vous ne pouvez être sûr d’acheter français que pour des fromages ou du vin AOC. » Le label « origine France garantie » est accordé aux produits fabriqués en France et dont la moitié de la valeur ajoutée est tricolore : à moitié français donc. Comble du paradoxe, ce n’est pas parce qu’un produit est assemblé à l’étranger qu’il n’est pas français par ses composantes ! Croire actuellement au protectionnisme et à la démondialisation serait donc un leurre. Mais la délocalisation a entraîné le chômage. C’est pourquoi LE MONDE économie** ménage la chèvre et le chou : « Passer du free trade au fair trade est à explorer, plutôt qu’une guerre commerciale généralisée ou un effondrement économique et social. »

Avant le XIXe siècle, les échanges internationaux étaient limités par le coût et la difficulté des transports. Le véritable début du libre-échange moderne remonte à 1846 en Angleterre : l’abolition des corn laws (lois sur le blé) qui protégeaient le marché interne de l’importation des céréales. L’ouverture des échanges grâce aux nouvelles technique de déplacement est une victoire, préparée par la théorie de Ricardo, des milieux industriels sur les intérêts agricoles. Fini la souveraineté alimentaire, place au productivisme. Cette approche dogmatique du libre-échange a conduit à considérer l’intégration dans l’économie mondiale comme une fin en soi et non plus comme un moyen d’ouverture intellectuelle. Historiquement, l’idéologie libre-échangiste provient des sociétés dominées par une aristocratie : l’Angleterre victorienne, le sud esclavagiste des USA, la Prusse et la Russie de l’époque du servage. Toutes ces sociétés étaient centrées sur l’exportation plutôt que sur la consommation. Dans l’expression libre-échange, l’adjectif « libre » est bien sympathique, mais d’autant plus trompeur ! Le développement du libre-échange est argumenté en termes d’intérêt général, alors qu’il ne sert en définitive que les intérêts des plus forts, centrés sur le profit. Demain le coût et la difficulté des transports pousseront à la démondialisation. Le journaliste Adrien de Tricornot parle d’« effondrement »  et n’en dit pas plus, complétons. Effondrement parce que notre extrême dépendance aux productions lointaines témoigne de la fragilité incommensurable de notre niveau de vie. Effondrement parce que c’est l’énergie fossile qui a autorisé l’expansion du libre-échange et que la descente énergétique va pousser au chacun pour soi. Que faire ?

Si nous le voulons, une certaine forme du passé sera notre avenir : vivre à la fois au Moyen Age et dans le monde moderne. Au Moyen Age, 90 % des biens que consomme un paysan sont produits dans un cercle de cinq kilomètres autour de son habitation ; dans des sociétés de résilience, il  en serait presque de même, l’électricité en plus. Si nous limitons nos besoins à l’essentiel, les forces de production locales et la coopération mondiale suffiraient à couvrir tous les besoins matériels de l’humanité. On pourrait avoir en même temps une auto-production poussée et des échanges mondiaux spécifiques, une monnaie transnationale et des monnaies locales, l’universalité de l’espéranto et des patois locaux, une pensée globalisée et un enracinement culturel de proximité. Mais ce n’est pas ce que disent les présidentiables en France aujourd’hui !

* LE MONDE du 27 mars 2012, Le parcours du combattant pour acheter local

** LE MONDE économie du 27 mars 2012, Du libre-échange au commerce loyal

 

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Jean-Luc Mélenchon entre productivisme et décroissance

Y’avait pas pire productiviste que Jean-Luc Mélenchon ! Alors qu’il était encore au parti socialiste, il avait commis une contribution générale, « Réinventer la gauche pour le Congrès de Reims (novembre 2008). Il s’intéressait uniquement au fait d’empêcher la mutation du PS en parti démocrate, à refuser l’Europe américaine et le Traité de Lisbonne, à nouer des alliances à gauche seulement et « sans exclusive ». Rien sur l’écologie. Ah, si ! Y’avait un chapitre sur la planification écologique : « Seules les politiques qui oseront remettre en question le dogme anti-Etat permettront de lutter efficacement contre la destruction de notre environnement ». Rien de précis comme contenu, il suffirait sans doute de confier son porte-monnaie à l’Etat pour que la planète soit propre. Mais le vent de l’opinion publique tourne, et les politiques suivent, comme les girouettes. Le tout récent « parti de gauche » représenté par l’ex-PS Mélenchon se confiait en 2009 au mensuel La Décroissance* sous le titre « Une écologie républicaine » :

« Dès ses premiers pas, le Parti de gauche a affirmé sa volonté de rompre avec le productivisme… Le Parti de gauche est partie prenante de l’écologie politique… On ne peut changer la société sans penser l’humanité dans son écosystème…Je suis favorable à une décontamination publicitaire de l’espace public… Les mouvements antipub, injustement criminalisés, contribuent à défendre l’intérêt général… Je crois que l’idée même de publicité doit être interrogée. Comment ne pas voir sa place centrale dans la production méthodique des frustrations qui sont la base de l’extension du  productivisme ?… Nous sommes pour un écart maximum de 1 à 20 entre les plus hauts et les plus bas salaires dans chaque entreprise… La relocalisation de la production au plus près des besoins sociaux sera un levier de long terme pour limiter le routier au strict nécessaire… Notre parti est favorable à une sortie maîtrisée du nucléaire… Concernant les OGM, le Parti de gauche défend un moratoire sur leur mise en culture, leur commercialisation et donc aussi leur importation. »

Qu’il est jouissif de contempler un ancien productiviste en train de manger son chapeau !!!

* La Décroissance (journal de la joie de vivre) n° 58, avril 2009

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la planification écologique selon Jean-Luc Mélenchon

Un des neufs points du programme* de Jean-Luc Mélenchon pour 2012 porte sur la planification écologique. Il portait déjà cette idée dans sa contribution générale au Congrès de Reims de novembre 2008 (chapitre intitulé « Proposons la planification écologique »). Il était alors au PS ! Jean-Luc exprimait alors le fait que le programme socialiste devrait être celui d’un « Etat organisateur du temps long ». C’est là une évidence que François Hollande semble avoir oublié. Jean-Luc constatait : « Chacun sent bien que la catastrophe écologique s’avance ». C’est là une évidence que François Hollande semble avoir oublié. Jean-Luc concluait que la planification écologique réintroduira la logique de l’intérêt général. Mais voyons ce que ces généralités deviennent maintenant que Jean-Luc représente le Front de gauche aux présidentielles 2012.

Jean-Luc Mélenchon n’a pas changé, il mobilise les mêmes thèmes : « Nous le savons désormais, la catastrophe écologique remet potentiellement en cause les conditions même de la vie sur Terre… Nous proposons de redéfinir nos modèles de production, de consommation et d’échange en fonction de l’intérêt général de l’humanité. » Mais il est bien obligé de rentrer dans les détails. Jean-Luc se situe alors toujours du côté de l’offre d’énergie, faisant confiance à une main mise de l’Etat sur le secteur de l’énergie : un pôle 100 % public comprenant EDF, GDF, Areva et Total renationalisé. Or, public ou privé, les ressources de pétrole ou de gaz ne vont pas augmenter pour autant. Dans le domaine du nucléaire civil, il reste dans le flou en promettant un référendum. On retrouvait la même désinvolture dans la proposition 38 de Mitterrand en 1981, en plus précis : « Le programme nucléaire sera limité aux centrales en cours de construction, en attendant que le pays, réellement informé, puisse se prononcer par référendum. » Depuis les socialistes n’ont jamais donné la parole au peuple sur la question nucléaire… Mélenchon a été et reste un bon Mitterrandien ! Du côté de la demande d’énergie, Jean-Luc saupoudre son texte de « sobriété énergétique », mais sous réserves : « La nécessaire réduction des consommations ne peut conduire à réduire le niveau de vie des classes populaires ». L’écran plat et le dernier iPad sont-ils des consommations nécessaires ? On voudrait savoir ! Si le programme prévoit beaucoup pour réactiver le rail, rien n’est dit contre la voiture individuelle. Or c’est la voiture qui fait la faiblesse du rail.

On trouve encore quelques mesurettes comme l’interdiction des OGM en plein champ ou la limitation de la publicité dans l’espace public, mais c’est toujours le grand flou pour la mise en oeuvre. Quant à la lutte contre les gaz à effet de serre, on se garde bien d’évoquer la taxe carbone pour simplement instaurer une taxe kilométrique « de manière à réduire les transports de marchandises évitables » !? La planification écologique se termine par la constitution d’un grand service de l’eau. On nous fait donc croire que quand l’énergie et l’eau seront gérés par l’Etat, tous les problèmes de raréfaction de la ressource seront résolus. Autant dire qu’on croit encore aux vertus de la planification impérative de feu l’Union soviétique ! En 2008 comme pour 2012, selon Mélenchon, « seules les politiques qui oseront remettre en question le dogme anti-Etat permettront de lutter efficacement contre la destruction de notre environnement ». Ce n’est pas un programme politique, c’est dans le registre de l’incantation.

En fait ce programme de gauche traditionaliste, basée sur le rôle renforcé de l’Etat central, hésite à se prononcer sur la croissance économique dont on sait pourtant qu’elle est la cause de la dégradation de notre environnement. On trouve l’expression « croissance réelle » (p.35), « développement humain durable » (p.36), ou « un nouveau type de croissance » (p.49), mais c’est toujours pour y voir une création d’emplois et un facteur d’égalité sociale, jamais pour envisager le déséquilibre des écosystèmes. « L’ humain d’abord » est d’ailleurs le sous-titre de ce programme ; cette expression est significative d’un oubli flagrant de ce qui fait nos véritables richesses, l’existence de ressources naturelles dont Mélenchon ne perçoit nullement l’épuisement (pic pétrolier, stress  hydrique, etc.).

Un point est à remarquer dans ce programme qui se veut écologique sans y parvenir, l’IPH ou Indicateur synthétique de progrès humain. Là, on fait tellement fort qu’on en oublie totalement le rôle de l’économie et du PIB. Il s’agit de prendre en compte quatre critères, l’épanouissement personnel et l’émancipation, la sociabilité et la cohésion sociale, l’égalité et la justice sociale, le respect de l’environnement. Rien sur les rapports conflictuels entre économie, écologie et progrès social !

* NB : le programme du Front de gauche (L’humain d’abord) pour 2012 est en vente en librairie pour 2 euros…

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Mélenchon, la règle d’or et la règle verte !

Le présidentiable Mélenchon récuse l’or et opte pour le vert ! La règle d’or serait l’inscription dans la Constitution du retour à l’équilibre des recettes publiques, la règle verte* aurait pour ambition de « rembourser la dette écologique ». Or Mélenchon est contre l’austérité, donc pour la pratique keynésienne d’une relance de l’économie par le déficit budgétaire. Mélenchon nous cache que cette méthode pernicieuse a abouti dans les années 1974-79 à la stagflation, mélange de stagnation économique (donc de chômage croissant) et  d’inflation à deux chiffres.  Mélenchon invente la règle verte, mais c’est toujours au rouge qu’il pense. Paul Ariès**, qui soutient Mélenchon, montre les contradictions du discours rouge/vert : « Il ne s’agira surtout pas d’appeler les gens à se serrer la ceinture » alors qu’Ariès reconnaît dans le même temps qu’il « nous faut réduire d’environ 60 %  notre empreinte écologique ».

Tout le monde est normalement écologiste puisque directement concerné par les mésaventures de la biosphère. Mais il y a l’écologie superficielle, celle de Mélenchon qui cultive le consensus à gauche de la gauche, celle qui permet de haranguer les foules à un meeting. Et il y a l’écologie profonde, celle qui sait que la dette écologique s’est déjà concrétisé par une dilapidation du capital naturel, donc non remboursable. Pour réagir et s’en sortir collectivement, une seule issue : il faut prôner l’austérité, autrement dit la sobriété énergétique et la fin du pouvoir d’acheter n’importe quoi.

Si Mélenchon était un vrai chef d’Etat garant d’un avenir moins sombre, il n’aurait qu’un seul mot à la bouche, austérité, austérité. C’est ce qui se passe actuellement au Japon***. Dorénavant les parents japonais pensent qu’il faut apprendre à leurs enfants à vivre de manière plus austère. La dette publique a explosé, il y a eu Fukushima, le chômage est structurel et le Japon n’a pas de pétrole. L’argent ne tombe pas du ciel et pourtant les enfants, nés dans la société d’abondance, ne savent pas d’où vient l’argent, si ce n’est « de la banque ». « Que faites-vous quand vous n’avez plus d’argent ? » « On va à la banque », est la réponse des nouvelles générations. Il faut donc une « alphabétisation financière » à l’école pour préparer les enfants à une vie plus austère. Mélenchon devrait suivre de tels cours et arrêter de rêver à un avenir en rouge… La « révolution » s’est toujours accompagnée du rouge sang.

* LE MONDE du 25-26 mars 2011, chronique écologie d’Hervé Kempf, « Nouveau : la règle verte »

** Place au peuple selon Paul Ariès

*** LE MONDE du 24 mars 2012, Les petits Japonais à l’école de l’austérité

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opération de communication contre l’écologie

C’est une chronique sur ceux qui s’obstinent à ne pas y croire. Il est tellement plus facile, pour beaucoup d’Américains et de Français, de se persuader qu’ils ne sont responsables de rien, individuellement et collectivement. Des politiques de tous bords ont longtemps considéré les dégâts environnementaux comme négligeables. Les médias manifestaient au mieux une indulgence amusée et sceptique pour les « protecteurs des petits oiseaux », mais le plus souvent un mépris affiché sans vergogne. Les protecteurs de la nature doivent désormais faire face à une authentique opération de communication : les éléments de langage sont minutieusement élaborés. Les rôles des idéologues, des pseudo-scientifiques, des polémistes, des économistes libéraux et des bouffons du progrès sans limites sont parfaitement répartis. Il y a connivence entre tous les prophètes du tout va bien, dormez tranquilles braves gens, n’ayez pas peur. Les « marchands de peur » ne sont pas ceux que l’on désigne comme tel, mais les sceptiques qui entretiennent les craintes envers le changement. Les glapissements criminels des objecteurs de précaution incitent les politiques à retarder le moment d’agir sérieusement contre l’émission de gaz à effet de serre. Ces « négationnistes » (oui, je sais, il ne faut plus trop employer ce mot à terrible connotation) organisent, avec une délectation morose mais jubilatoire, le risque de faire notre malheur et celui d’autres peuples, s’ils parviennent à convaincre un maximum de politiques que les écologistes ont inventé les craintes que beaucoup de scientifiques justifient pourtant depuis des années. Mais les forçats de la croissance mettent soigneusement de côté l’interrogation lancinante que les écologistes renvoient aux sceptiques professionnels : et demain, la Terre ?

Et s’il nous fallait inéluctablement changer de vie et de modes de consommation ! Trop de politiques cultivent le consensus le plus mou, celui qui permet de dire bonjour à tout le monde sur le marché du dimanche matin. Le temps politique ne coïncide pas, ou plus, avec le temps électoral. La bataille entre les écologistes et la secte des écolosceptiques se trouve plus que jamais au cœur des prochains affrontements électoraux.

(extraits du livre L’écologie sinon rien  de Claude-Marie Vadrot (delachaux et niestlé, 2012)

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Twitter encore et toujours, il n’en restera rien !

La nouvelle interface « LIVE » du monde.fr est à l’image du gouffre dans lequel est tombé ce média « de référence ». LIVE a basculé dans la Twitter attitude… On croit qu’on participe à l’événement, nous sommes réduits à l’extrême de la passivité, simples voyeurs du faits divers qui passe. On babille, on gazouille, c’est la traduction de twitter, on passe bientôt, très vite, à l’évènement suivant. Nous sommes aujourd’hui dans une société qui ne prend plus le temps de réfléchir, qui accélère pour aller dans le mur, et plus personne ne peut (s’)en rendre compte.

LE MONDE papier* donne ¾ de page au phénomène Twitter, instrument parfait de l’immédiateté, du raccourci et de l’inutilité. Les microblogs ont décollé avec l’affaire DSK, événement marginal dont il n’y avait rien à dire médiatiquement. A quoi ça sert de pouvoir communiquer avec le monde entier en quelques minutes ? A conforter le pouvoir des élites médiatiquement autoproclamées. Le compte Twitter qui a le plus grand nombre de followers (abonnés) est comme par hasard celui de Lady Gaga qui, comme son nom l’indique, n’a rien à dire de sensé. Ce sont les people que se sont accaparés de ce mini-réseau social. Mini parce qu’en 140 signes maximum, on ne peut vraiment rien expliquer. Et comme d’habitude les marques sont à l’affût du nouveau client à appâter grâce aux autres clients. L’effet boule de neige aurait acquis ses lettres de noblesse lors du printemps arabe. En fait les mouvements de masse tweetés ont débouché sur une arrivée de l’islamisme au pouvoir. Preuve de plus s’il en est que tweeter n’est pas gage de réflexion. Un commentaire de lecteur du MONDE est limité à 500 caractères, mais une chronique d’abonnées peut aller jusqu’à 5000 caractères : l’optimum pour faire un discours bien construit. Ce billet se contente de 1801 caractères !

* LE MONDE du 22 mars 2012, Twitter fête ses 6 ans + Les microblogs ont décollé avec l’affaire DSK

notre billet précédent à propos de Twitter, connecté… à quoi ?

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Schmallenberg : sécurité alimentaire contre libre-échange

Les journalistes donnent des faits et se gardent bien de juger. Ainsi Laurence Girard* : « Depuis le mardi 20 mars, plus aucun bétail vivant d’origine européenne ne doit franchir les frontières de la Russie… Cette interdiction a provoqué, le même jour, une vive réaction de la Commission européenne, qui a jugé cette décision « disproportionnée » et « injustifiée »…. Moscou a motivé sa décision en invoquant la propagation du virus de Schmallenberg en Europe…. Les éleveurs sont confrontés au même triste spectacle : la naissance d’animaux mort-nés ou déformés… La contamination des bêtes se ferait par piqûre de moucherons ou de moustiques. »

Le lecteur est obligé de se poser ses propres questions, Pourquoi exporter du bétail vivant ? Le lecteur est obligé d’essayer d’y répondre : Il vaudrait mieux relocaliser complètement l’élevage, ne pas transporter bêtes et viandes d’un bout à l’autre de la planète et diminuer son alimentation carnée pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Par conséquent le ministère de l’agriculture français qui a tenu à mettre en garde « ses partenaires commerciaux à l’export que les barrières aux échanges restent injustifiées » n’a pas raison. De même la Russie, qui s’apprête à faire son entrée cet été dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est dans son tort. Le libre-échange au niveau alimentaire est une aberration qui empêche la souveraineté et la sécurité alimentaire sur notre planète dévastée par le libéralisme économique. Les journalistes devraient en tenir compte et aménager leurs articles en ce sens. Sinon, cette « neutralité » journalistique empêche l’évolution des mentalités, c’est toujours l’idéologie des plus forts qui continue de régner.

Les journalistes du MONDE, sauf exception comme Hervé Kempf, font preuve d’une ignorance dommageable de l’urgence écologique. Nous conseillons à Laurence Girard de lire Le retour des paysans de Silvia Pérez-Vitoria :  « En 1986, l’agriculture entre dans les accords du GATT avec l’Uruguay Round. La suprématie de la marchandise sur l’aliment est actée dans des textes internationaux. Le seul intérêt est le développement du commerce et les profits des transactionnaires (firmes agro-exportatrices, sociétés de transports, assurances, banques). Cela ne favorise ni l’alimentation de la population, ni l’activité du paysan local, ni les économies d’énergie. Le protectionnisme est une condition incontournable de l’autonomie. Via Campesina demande le retrait de l’agriculture de l’OMC (organisation mondiale du commerce), ou plutôt le retrait de l’OMC de l’agriculture. Pour Via Campesina, mouvement mondial de petits paysans fondé officiellement en 1993 à Mons en Belgique, la souveraineté alimentaire est définie comme « le droit de chaque nation de maintenir et d’élaborer sa propre capacité à produire son alimentation de base dans le respect de la diversité culturelle et productive ». »

* LE MONDE | 21.03.2012, La progression du virus de Schmallenberg se confirme en Europe

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Mobiliser la société face au défi pétrolier

La prépondérance de l’événementiel fait oublier l’essentiel.  Huit pages autour de Mohamed Merah dans LE MONDE papier du 23 mars, mais   une tribune* formidable, exceptionnelle, cosignée par les rares qui réfléchissent encore en France, n’a pas été retenue pour une publication dans la version papier du MONDE ; elle n’a pas été considérée comme étant au « coeur » de l’actualité.  A vous de juger de son contenu à l’heure où le prix du carburant décolle :

« Après plus d’un siècle d’augmentation importante de la production et de la consommation de pétrole, la Terre s’essouffle et la notion de « pic de production », autrefois ignorée, s’impose comme une réalité inéluctable. Cette tension se manifeste d’ores et déjà à travers le déploiement de techniques d’extraction demandant toujours plus d’investissements, d’énergie et de matériaux. En effet, lorsque des réserves sont limitées, le rythme de leur exploitation suit une courbe croissante, puis elle plafonne à son maximum en formant un plateau, avant de décroître. C’est le cas du pétrole facilement accessible et bon marché dont la plupart des experts, y compris, désormais, l’Agence internationale de l’énergie, admettent qu’il a atteint son pic de production mondial il y a quelques années.

Malgré les découvertes de gisements récemment médiatisées, le monde continue de consommeer beaucoup plus de pétrole qu’il n’en trouve par l’exploration. L’extraction du pétrole difficile, appelé non-conventionnel (sables asphaltiques, pétrole de roche-mère, grands fonds marins…) sera beaucoup plus coûteuse et surtout beaucoup plus lente. Elle ne permettra donc pas d’éviter la baisse de la production mondiale après un plateau qui ne devrait durer que jusqu’en 2015-2020. Les énergies alternatives, même si elles sont développées à un rythme soutenu, ne pourront pas compenser le déclin de la production de pétrole, que ce soit en quantité ou en coût de production. Aucune solution de substitution aux carburants liquides n’est disponible à l’échelle de la demande, actuelle ou future.

A l’avenir, nous disposerons fatalement de moins d’énergie et de ressources alors que nous sommes de plus en plus nombreux sur Terre et que les pays émergents sont en phase d’industrialisation rapide. Par ailleurs, les pays exportateurs consomment une part toujours plus importante de leur production pour alimenter leur développement.

Or force est de constater que le fonctionnement de notre société dépend aujourd’hui d’une croissance économique soutenue qui va de pair avec une consommation toujours plus importante d’énergie et de ressources. L’urgence apparaît donc d’anticiper une inexorable descente énergétique. Les limites physiques devraient déclencher une réelle transition de la société vers une diminution majeure de notre dépendance aux ressources non renouvelables, par un changement profond des comportements, de l’organisation du territoire et de notre économie. Si cette transition n’est pas anticipée, elle sera subie de manière chaotique et provoquera des conséquences économiques désastreuses, à l’image de la crise des subprimes. Les fondements de la démocratie et la paix pourraient donc être menacés.

Dans ce contexte, il est indispensable que les responsables politiques, mais aussi l’ensemble des acteurs sociaux et économiques ainsi que les citoyens français, prennent conscience de cet enjeu et fassent preuve d’anticipation, car nous sommes face à un péril réel pour la cohésion sociale et le fonctionnement de l’ensemble des secteurs vitaux de notre collectivité. Les signataires de cet appel invitent tous les candidats à l’élection présidentielle à tenir compte de cette situation urgente. Ils leur demandent de prendre position sur cette question, dans le cadre de débats et de propositions politiques concrètes. Celles-ci devront être compatibles avec la réalité physique de l’extraction des ressources et permettre de faire face à la décrue énergétique de notre société. »

* Le Monde.fr | 22.03.2012 – Mobiliser la société face au pic pétrolier

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l’agriculture regagne du terrrain en ville

Aujourd’hui bétonnage et goudronnage sont les deux mamelles de la modernité inconsciente. Les terres disponibles pour l’agriculture vivrière diminuent de manière dramatique. Heureusement les signes de reconnaissance de ce fourvoiement se multiplient. Il ne tient qu’aux urbains, désormais majoritaires sur Terre, de renforcer les liens vitaux qui les attachent à l’agriculture, en commençant dans et autour des villes. Voici un résumé d’un article du dossier « L’agriculture regagne du terrain dans et autour des villes » de LaRevueDurable n° 43 (août-septembre-octobre 2011) : Les potagers se fraient une place en ville.

« La petite maison familiale avec jardin potager semblait la forme idoine de l’urbanisme résidentiel à la fin du XIXe siècle. De cette utopie naquit le cauchemar écologique de l’urbanisme pavillonnaire, peu dense et énergivore. Il y a une tendance à privilégier les pelouses et les équipements de sport. Mais il faudrait mettre à profit certains de ces espaces pour y intégrer une activité productrice en ville. La prolifération des bacs à fleurs et des plate-bandes décoratives, ce n’est pas ça qui va améliorer la qualité de la vie en ville. Pas plus que les alignements de thuyas. En revanche, un lieu où l’on peut admirer et suivre l’évolution d’une plante depuis le semis jusqu’à sa récolte aurait une indéniable valeur esthétique, agricole et sociale.  Lausanne a décidé d’entretenir certaines pelouses avec des moutons et convertit d’autres pelouses en potagers urbains. 70 % des Lausannois jugent que ces « plantages » – des potagers collectifs aménagés au pied des immeubles d’habitation – augmentent la qualité de la vie en ville. On peut imaginer planter des haies d’arbres fruitiers, diffuser des toitures végétales productrices, etc. Le saucissonnage, une zone pour l’habitat, une zone pour le sport, une zone pour l’emploi, une zone éloignée pour l’agriculture est dépassé. Il faut des espaces multifonctionnels. Partager, mutualiser et beaucoup d’imagination, voilà les maîtres mots d’un urbanisme dense qui accueille l’agriculture.

Il semble que l’ouverture et l’accessibilité des espaces agri-urbains sont les premiers critères à remplir pour que l’agriculture urbaine soit vectrice de qualité urbaine. En France, les jardins partagés font un tabac. A Genève, les différentes opérations de potagers urbains connaissent un franc succès. A Zurich, la liste d’attente pour accéder à une parcelle dans un jardin ouvrier est telle qu’il faut plusieurs années avant de l’obtenir. »

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entre individu et Etat, corps intermédiaires et communautés locales

Le président sortant Sarkozy est un libéral doctrinaire : entre lui et le peuple, il n’existe rien d’autre. Sarkozy rejoint ainsi Margaret Thatcher qui affirmait en 1987 que « la société n’existe pas. Il y a seulement des hommes, des femmes et des familles ». Exit les « corps intermédiaires » aux mains des syndicats et associations qui, selon Sarkozy, « confisquent la parole des Français ». Place au dialogue direct du bien-aimé leader avec le peuple par le biais du référendum. Populisme ou démocratie ?

Comme la démocratie directe par référendum ne peut trancher toutes les décisions à prendre dans une société complexe, on est bien obligé de passer par des intermédiaires. Les associations sont de deux sortes, défendant un individualisme corporatiste ou des valeurs universelles. Les « représentants d’intérêts accrédités » appartiennent le plus souvent au premier groupe. Par exemple les syndicats endossent le plus souvent l’habit du corporatisme : défense de ceux qui ont un emploi contre défense des chômeurs, défense des travailleurs de telle catégorie contre défense de l’ensemble des métiers… Il y a les lobbies qui défendent plus particulièrement les intérêts de tel groupe d’entreprises ou telle procédure de production, faussant ainsi la démocratie par le pouvoir de l’argent et la manipulation.

Heureusement, il y a aussi les corps intermédiaires qui se font l’expression de l’intérêt général. On peut alors parler d’« institutions de l’interaction » dont la majeure partie des membres sont bénévoles, sans avantages acquis à défendre. Par exemple les associations de protection de la nature sont un extraordinaire réservoir d’expertise et le lieu d’un contre-pouvoir. L’Etat ne peut tout faire, et il fait souvent mal ; les associations « loi 1901 » sont là pour réagir. Elles traduisent ainsi les aspirations et les capacités d’auto-organisation de la société. Clotilde Druelle-Korn, Maître de conférences en histoire contemporaine économique et sociale, défend les corps intermédiaires « précieux rouages de la démocratie »*. Mais elle ne considère que l’existant, les corps intermédiaires à but économique et social. Elle oublie comme la plupart des analystes l’urgence écologique.

Notons enfin qu’entre l’individu et l’Etat, il y a les collectivités locales, une autre sorte de corps intermédiaires. Plus particulièrement il y a en gestation des communautés de résilience, dite aussi de transition, qui ont la vocation de nous préparer aux chocs des hydrocarbures. La profusion des termes (Communautés intentionnelles ou Ecovillages ou Agenda 21 local ou Towns transition ou Plan climat ou Cités jardins ou communautés de résilience…) montre la richesse de cette alternative à l’ère des combustibles fossiles. Nous vous indiquons la plate-forme d’une communauté de résilience pour réflexion.

*LE MONDE du 20 mars 2012, Diktat des  » corps intermédiaires  » ?

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