biosphere

coût des catastrophes et responsabilité humaine

Depuis ce WE* se réunissent à Monte-Carlo les principaux réassureurs, assureurs et courtiers mondiaux pour négocier les conditions de renouvellement des traités de réassurance de l’année 2012. La profession reconnaît avoir de plus en plus de mal à prévoir les risques liés aux catastrophes naturelles. Le débat autour de l’évolution nécessaire ou non des modèles de simulation des catastrophes naturelles devrait donc être une des questions évoquées à Monte-Carlo.

Un autre article du MONDE** envisage cette modélisation. Une première publication , dans la revue Nature, avait permis de montrer que les inondations catastrophiques qu’a connues le pays de Galles à l’automne 2000 étaient principalement dues au changement climatique en cours. Une approche analogue, publiée en mars dans Geophysical Research Letters (GRL), suggère au contraire que l’ajout des gaz à effet de serre anthropiques ne modifiait pas substantiellement la probabilité de survenue de la vague de chaleur historique qui avait frappé la Russie à l’été 2010. Il est donc encore difficile de cerner la responsabilité humaine. Mais comme les émissions de gaz à effet de serre continuent et s’accumulent, il est étonnant que les réassureurs à Monte Carlo ne s’inquiètent pas davantage. C’est parce qu’ils sont aveugles, ils ne s’intéressent qu’à une prévison pour l’année 2012, nullement au siècle à venir pendant lequel la hausse moyenne des températures a une forte probabilité de nous faire basculer dans une biosphère que nous n’avons jamais connu : inondations, désertification, etc. Tant pis pour les générations futures, le taux d’actualisation choisi par nos financiers favorise le moment présent. Il est vrai aussi que les assureurs ne s’intéressent qu’à ceux qui peuvent payer des prrimes d’assurance, ils ne sentent donc pas concernés par les plus pauvres qui seront pourtant les plus touchés par le réchauffement climatique !

Il est vrai surtout que les questions qui intéressent le plus les médias et le grand public ne sont pas celles qui passionnent le plus les scientifiques prévisionnistes. Sur lemonde.fr, qu’Hollande se démarque d’Aubry sur l’éducation entraîne plus de 150 réactions, et même l’affaire Guérini plus de 30 commentaires ; les deux articles sur lesquels nous nous appuyons (voir ci-dessous) n’avaient aucun écho hier soir. A désespérer, d’autant plus que s’il y avait eu réaction, ce serait plutôt de la part des climato-sceptiques !

* LE MONDE du 10.09.11 Des catastrophes naturelles très coûteuses en 2011

** LE MONDE du 10.09.11, Trouver le responsable des calamités météorologiques

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LA DECROISSANCE est-elle écolo ?

Le mensuel LA DECROISSANCE est plus un outil d’attaque contre les écologistes qu’un organe anticapitaliste. Dommage ! Prenons le numéro de septembre 2011. Les « décroissants » s’attaquent comme d’habitude à Nicolas Hulot : «  La défaite de NH (aux primaires de l’écologie) est aussi notre victoire ». Le journal avoue que son pacte contre Hulot, avec ses 11 000 signatures depuis 2007, a été fatidique. Mais la candidate écolo aux présidentielles n’est pas plus épargnée : « Eva Joly, à 65 ans, après une carrière étrangère à l’écologie politique, découvre ce domaine dont elle n’a qu’une approche très superficielle. » Cécile Duflot, la secrétaire nationale d’EELV, gagne un traitement privilégié, sur une demi-page, traitée d’écotartuffe du mois : « Le discours de Cécile Duflot est typique de l’idéologie libertarienne… La rhétorique du terrorisme intellectuel est déployée… Cécile Duflot n’est que la représentante d’une formation dont la priorité est de se reproduiee comme classe (une petite bureaucratie d’apparatichiks plus ou moins verts)… Cécile Duflot, une cheftaine scoute qui ne parvient pas à se faire respecter. D’où l’impression désagréable d’être infantilisés par une personnalité immature… » Il est vrai que ce brulôt est écrit par Vincent Cheynet dont une seule personne échappe à son courroux, lui-même ! LA DECROISSANCE attaque même Yves Cochet, la personne la plus proche parmi nos grands élus à soutenir la thèse de la décroissance. Désespérant !

Nous subodorons que LA DECROISSANCE est un journal appuyé en sous-main par les écolo-sceptiques, pour ne pas dire les puissances du grand capital ! Ce n’est pas parce que l’éditorialiste Bruno Clémentin, encarté au PS, ponctue son discours de mots marxisants que notre analyse peut être invalidée. Prenons le décryptage à trois voix « Faut-il être contre le tourisme ? ». On nous assène à juste titre que « le tourisme dépend du capitalisme », que le tourisme est une production de divertissement qui dévaste, que le tourisme humanitaire est un faux projet… Mais sur presque deux pages, il n’y a qu’une seule observation de type écologique, non développée : « Friand de déplacements motorisés, le tourisme suppose une abondance énergétique et génère des pollutions. »

Nous avons recommandé plusieurs fois la lecture de ce mensuel, mais trop, c’est trop. Halte à l’anti-écologisme primaire. Nous laissons bien sûr à chacun le soin de savoir s’il faut ou non acheter cette imprécation permanente qui a pour nom LA DECROISSANCE, sachant que l’article le plus pertinent, celui de Michel Desmurget (Sauvez vos enfants, jetez la télé) peut être avantageusement remplacé par la lecture de son livre : TV lobotomie (Max Milo, 2011).

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boycottons Coca-Cola, buvons de l’eau, c’est plus écolo

Coca-Cola a décidé de suspendre un investissement de 17 millions d’euros dans son usine des Bouches-du-Rhône (203 employés), en réponse à la nouvelle taxe sur les boissons à sucres ajoutés du plan anti-déficit du gouvernement. La direction de l’entreprise l’a justifié en déclarant :  « Nous entendons ainsi protester symboliquement contre une taxe qui sanctionne notre entreprise et stigmatise nos produits ». Matignon a justifié l’instauration de cette taxe au nom d’une nécessaire lutte contre l’obésité, rappelant que le poids moyen des Français a augmenté de plus de 3 kilos entre 1997 et 2009. (LEMONDE.FR | 08.09.11 )

Quelques réactions judicieuses sur lemonde.fr :

–          Si on se place du point de vue de la lutte contre l’obésité, c’est plutôt une bonne nouvelle.

–          Quel chantage ridicule… La compagnie Coca Cola est vraiment une plaie ! Ca fait un moment que je boycotte tous ses produits. J’en profite pour rappeler les pratiques de Coca Cola : surexploitation des nappes phréatiques, pollution des sources d’eau, atteinte aux droits des travailleurs, travail des enfants…

–          Ce chantage à l’emploi donne la nausée. Ne plions pas devant l’ultimatum. Triplons la taxe !!! Si la politique de la France ne s’est pas faite hier à la corbeille, ce n’est pas pour la faire aujourd’hui au supermarché !

–          Enfin on voit la manière dont les grands groupes agissent dans leur lobbying avec les politiques : chantage à l’emploi permanent ! EDF, AREVA et autres Renault font exactement pareil. Les politiques devraient revoir TRÈS VITE leur attitude. Ils ont laissé aux acteurs économiques la politique… et on voit le résultat.

–          La protestation de cette entreprise est particulièrement mal placée et scandaleuse : après avoir inondé le marché de ses sodas générateurs entre autre, d’obésité donc de coût pour la collectivité, Coca tente la politique. Carton jaune, vif.

–          17 Mds € dans une usine automatisée qui ne produira pas d’emploi, on s’en fout !

–          Leur monstrueux chiffre d’affaire est directement tributaire de l’image de marque de la petite bouteille. S’ils mettent leurs menaces à exécution et si ça fait du bruit, combien de dizaines de millions de dollars de pub et de com devront-ils mettre sur la table pour « rattraper la sauce » ?

–          Coca-Cola, RedBull et les autres, c’est de l’eau sucrée gazéifiée, plus quelques trucs inoffensifs pour leur donner un goût spécial, c’est tout. Ils vendent de l’image, du rêve, du vent. S’attaquer à leur réputation, comme le fait le gouv en les taxant en tant que « boisson sucrée » est une menace grave pour eux. Normal qu’ils montrent les dents. Le problème, c’est que le gouv a tout à fait raison 1) de vouloir défendre la santé des jeunes, 2) de taxer des entreprises qui font de gros profits.

–          Boycottons Coca Cola et de ses marques présentes en France: Fanta, Sprite, Nestea, Minute Maid, Powerade, Burn Energy, etc. !

–          Moi aussi c’est décidé, je boycott la marque !

–          Seule issue: réaliser que les « consommateurs » ont, eux aussi, le pouvoir de faire peur aux toutes puissantes industries.

–          Je propose de boycotter Coca, c’est bon pour la santé, le portefeuille, et depuis aujourd’hui, pour la justice sociale.

–          De toute façon cette limonade noire est à gerber…

–          Il n’y a pas une bouteille ni de Coca qui soit jamais rentré dans la maison depuis 50 ans et même quand les enfants étaient jeunes… alors les taxes sur les boissons sucrées, pas d’autres commentaires !

–          Je ne bois ni Coca-cola ni autre soda. Difficile de boycotter. Mais pour ceux qui ne peuvent pas se passer de cola (9 morceaux de sucre dans une canette de 33cl), je vais vous indiquer un truc qui rend malade Coca-Cola : clamez haut et fort que vous ne boirez plus que de l’eau – il paraît même que cela a meilleur goût.

–          Il ne faut pas oublier que les consommateurs vont y gagner : ils vont se mettre à l’eau, qui est meilleure pour la santé, et moins chère !

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la démondialisation selon Aquilino Morelle

Le directeur de la campagne d’Arnaud Montebourg, Aquilino Morelle, conclut : « Soit nous conduisons une stratégie de protectionnisme raisonné, européen, social et écologique, soit les peuples céderont aux sirènes perverses des droites extrêmes. » A nous aussi, pour des raisons écologiques, il nous paraît nécessaire de relocaliser l’activité pour épargner les énergies fossiles (moins de déplacements) et favoriser l’emploi local (respect des ressources naturelles locales, paysans du cru, agriculteurs de proximité, monnaie locale, etc.). C’est pourquoi l’idée de démondialisation est nécessaire, mais elle doit être accompagnée de la réalisation de communautés de résilience ou territoires en transition. Il nous faut harmoniser la démondialisation selon Montebourg et les analyses d’Elinor Ostrom que nous avons analysé dans notre post précédent. Voici quelques extraits du texte d’Aquilino Morelle (LE MONDE du 8 septembre 2011) :

« Sacralisée à l’instar d’une loi de la nature, la mondialisation s’imposerait aux hommes. Proposer un autre modèle de développement déclenche aussitôt une classique entreprise de disqualification : la démondialisation serait une  » absurdité  » (Zaki Laïdi), une  » illusion démagogique « ,  » une fable  » (Pierre Lellouche), un  » concept réactionnaire  » (Pascal Lamy). Pour eux (MM. Camdessus, Delors et Lamy), en 1983, le choc de la  » contrainte extérieure  » (c’est ainsi que l’on désignait alors la mondialisation) a été un événement providentiel. Pénétrés de la supériorité du libre-échange, ces hommes se sont toujours considérés comme des progressistes. Ces  » socialistes  » français ont réussi à établir ce qu’il est convenu d’appeler le  » consensus de Paris « . Ils ont alors convaincu François Mitterrand de libéraliser la finance. L’année 1983 n’a pas été l’année de la capitulation de la gauche française devant la finance, mais celle de son ralliement à celle-ci ! C’est  » le triomphe de la cupidité  » dénoncé par le Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz. Un triomphe rendu possible non par la démission des hommes politiques de gauche, comme on le croit encore trop souvent, mais par leur consentement !

Mais les seules lois qui s’imposent à l’homme sont celles de sa raison et de sa volonté. Ce qui a été fait par des hommes peut être corrigé par d’autres hommes. Quel aveuglement idéologique que d’avoir accepté l’entrée de la Chine au sein de l’OMC en 2001 sans aucune contrepartie ! Produisons les marchandises chez nous chaque fois que c’est possible  » : ce sont cette raison et ce sens des réalités humaines soulignés par Keynes que les partisans de la mondialisation ont voulu nous faire perdre. C’est le retour à cette sagesse qui est au cœur du projet de démondialisation.

Soit nous conduisons une stratégie de protectionnisme raisonné, européen, social et écologique, soit les peuples céderont aux sirènes perverses des droites extrêmes. La démondialisation s’oppose ainsi autant au délire de l’ouverture infinie des marchés détruisant les protections sociales, les industries et les modes de vie, qu’au repli nationaliste et haineux de Marine Le Pen. »

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ni Etat ni marché, Elinor Ostrom

Dans son livre de 1990, Gouvernance des biens communs (pour une nouvelle approche des ressources naturelles), Elinor Ostrom ne croyait ni à l’Etat ni au marché pour gérer les ressources communes, elle analysait des collectif locaux :

« L’enjeu central de cette étude est d’identifier la manière dont un groupe d’appropriateur se trouvant dans une situation d’interdépendance peut s’organiser et se gouverner lui-même afin d’obtenir des bénéfices conjoints permanents (…) La supposition qu’un Léviathan externe est nécessaire pour éviter la tragédie des biens communs conduit à des recommandations prônant un contrôle de la plupart des systèmes de ressources naturelles par des gouvernements centraux (…) Les solutions présentées comme devant être imposées par « le » gouvernement sont basées sur des modèles de marchés idéalisés (…) Les institutions sont rarement soit privées, soit publiques, le marché ou l’Etat. De nombreuses institutions actives dans les ressources communes sont de riches mélanges alliant caractères privés et publics qui remettent en cause toute classification en vertu d’une dichotomie stérile. »

Interrogée en 2011 par LE MONDE*, Elinor Ostrom précise clairement son analyse :

–          L’Etat se situe très haut, alors que les ressources locales sont diverses. Mais l’Etat peut informer et aider à créer de petites unités de gestion.

–          Utiliser les seules incitations du marché pousse à surexploiter rapidement la ressource. La théorie du marché n’est bonne que pour les biens privés qui présentent peu d’externalités, c’est-à-dire d’impacts environnementaux non pris en compte dans le prix d’un bien.

–          Quand les gens se connaissent et communiquent, la gestion coopérative devient possible. Il faudrait voir ce qu’on peut faire sur le plan local, sans attendre une règle générale. Je suis optimiste sur la capacité d’agir à la base.

Le prix Nobel d’économie 2009, Elinor Ostrom, apporte ainsi son soutien implicite à ce qu’on appelle aujourd’hui les communautés de transition ou territoires de résilience. Concrètement, il vaut mieux réaliser des plans climat locaux plutôt que de se réunir au niveau international pour palabrer sur le réchauffement climatique sans que personne ne se sente vraiment concerné.

* LE MONDE du 6 septembre 2011, Il ne peut y avoir une règle unique pour des systèmes écologiques qui différent. La préservation des ressources mondiales passe par une bonne communication au niveau local.

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lâcheté environnementale d’Obama et Sarkozy

Quelle différence entre la présidence du démocrate Barack Obama et celle d’un républicain ? Aucune ! Le président américain vient de retirer un projet de réglementation prévoyant des normes de qualité de l’air plus strictes* : « Une telle mesure aurait pesé sur l’industrie dans une période de forte incertitude économique ». Pourtant l’EPA (Agence de protection de l’environnement) déclarait que cette réglementation aurait permis d’économiser jusqu’à 100 milliards de dollars sur les dépenses de santé. Un président qui plie devant les lobbies industriels au détriment de l’économie de la santé n’est pas un véritable président.

Comme les républicains, Obama veut alléger le poids des réglementations pesant sur l’activité des entreprises ; il devrait savoir que cette tendance idéologique a entraîné la crise des subprimes et toutes les perturbations environnementales que nous traversons. Comme les républicains, Obama dévoilera la semaine prochaine un plan de relance de la croissance devant le Congrès ; il devrait savoir que la croissance économique dans un monde dont on a déjà dépassé les limites est une aberration qui crée plus d’inégalités qu’elle ne procure d’emplois. Ce n’est pas en faisant preuve de faiblesse qu’Obama préservera ses chances de réélection en 2012.

Barack Obama avait été élu le 4 novembre 2008, la collecte de fonds de sa campagne électorale avait atteint un niveau record de 639 millions de dollars. Il n’était donc déjà qu’un pantin aux mains des puissances d’argent. Obama faisait répéter en boucle « Yes, we can », c’était pour dissimuler son impuissance réelle. Même pas encore entré officiellement en fonction, Obama envisageait déjà d’agir pour l’emploi avec une stratégie de relance privilégiant le secteur automobile. Obama avait la même conception que cette maman républicaine qui croyait à un avenir positif pour ses enfants, avec deux automobiles et deux garages, la grosse maison qui va avec et le chien. J’avais reconnu dans la grande liesse qui a accompagné l’investiture d’Obama le mardi 20 janvier 2009 la même allégresse qui avait scandé l’élection de Mitterrand aux présidentielles françaises de 1981. Je ressens toujours la même méfiance qui me tord les tripes quand je contemple ici et là ces foules immenses qui croient encore au Père Noël alors qu’il va falloir se serrer la ceinture.

Seule la décroissance est positive pour les pays d’obèses qui consomment trop et ne partagent rien. Cette rupture commence par une réglementation drastique anti-pollution qu’un président digne de ce nom se devrait de mettre en place. Et versons une larme sur la taxe carbone promise puis abandonnée par le président de la « rupture », Sarkozy…

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primaires socialistes : quelle écologie ?

Quelques suggestions aux candidats à la primaire socialiste… pour actualiser le corpus écologique du PS :

– Congrès de Grenoble (1973) : « Le système capitaliste est responsable de la dégradation de l’environnement »… Ne faudrait-il pas affirmer pour les présidentielles de 2012 que c’est la société thermo-industrielle qui est responsable de cette dégradation ?

– 110 propositions du candidat Mitterrand, (1981) : « Le programme nucléaire sera limité aux centrales en cours de construction en attendant que le pays, réellement informé, puisse se prononcer par référendum »… Alors que la droite a pris la décision de construire un réacteur EPR à Flamanville et que nous avons connu Fukushima, ne faudrait-il pas que les socialistes prennent la décision planifiée de sortir du nucléaire ?

– Congrès de Lille (1987) : « Nous ne voulons pas limiter la croissance économique parce qu’elle serait nuisible »… Ne faudrait-il pas expliquer aux électeurs que la croissance durable dans un monde fini n’est possible que si elle s’accompagne de diminution dans plusieurs domaines ?

– Congrès de l’Arche (1991) : « Il convient que les générations actuelles garantissent l’avenir de celles qui lui succéderont »… Ne faudrait-il pas réduire notre endettement et notre consommation d’hydrocarbures pour garantir l’avenir de nos générations futures ?

– Congrès de l’Arche (1991) : « Il faut résister aux idéologies qui encouragent la sur-multiplication, potentiellement destructrice, de l’espèce humaine »… Ne faudrait-il pas considérer que le libre-choix de fécondité des couples ne peut s’accompagner de mesures d’incitations à faire plus d’enfants comme les allocations familiales ?

– Congrès de Bordeaux (1992) : « Imposer des transferts de technologies moins polluantes en faveur des pays du Sud »… Ne faudrait-il reconnaître qu’il faut d’abord changer de mode de vie dans notre pays avant de penser en termes de solutions technologiques ?

– Le Congrès de Liévin (1994) envisage « Un ministère des ressources naturelles regroupant l’environnement, l’aménagement du territoire, l’agriculture et l’équipement »… Ne faudrait-il pas doter le ministère du développement durable de compétences transversales par rapport à tous les autres ministères (y compris l’agriculture, l’industrie, l’énergie…) ?

– Congrès du Mans (2005) : « La fin des énergies faciles est programmée »… Ne faudrait-il pas rationner de façon égalitaire en versant à chaque citoyen un quota annuel d’émission de gaz à effet de serre sur un compte individuel, une unité représentant 1 kilo de CO2 ?

– Convention nationale du projet (1er juillet 2006) : « Nous entendons faire de la lutte contre le changement climatique une priorité essentielle de notre action »… Ne faudrait-il pas faire enfin un plan climat efficace, arrêt de la construction des autoroutes, bridage des moteurs des véhicules… ?

– Convention nationale du projet (1er juillet 2006) : « Nous favoriserons la protection de la biodiversité »… Ne faudrait-il pas que notre candidat socialiste à la présidentielle présente des objectifs concrets en matière de protection de la biodiversité ?

– Convention nationale du projet (1er juillet 2006) : « Nous serons à l’initiative de la création d’une organisation mondiale de l’environnement en charge notamment de la mise en oeuvre du protocole de Kyoto et de la protection de la biodiversité »… Ne faudrait-il pas que la France mette en œuvre une initiative de l’Union européenne pour accélérer la création de cette « OME » déjà envisagée en septembre 2002 à Johannesburg par J.Chirac (transformation du PNUE en organisation mondiale de l’environnement) ?

– Déclaration de principes (juin 2008) : « Les finalités du socialisme démocratique portent pleinement la volonté de préserver notre planète aujourd’hui menacée particulièrement par les risques de changement climatique et la perte de la biodiversité, de protéger et de renouveler les ressources naturelles, de promouvoir la qualité de l’environnement. Conscients de l’étroite interaction des activités humaines et des écosystèmes, les socialistes inscrivent la prise en compte de la planète au même rang de leurs finalités fondamentales que la promotion du progrès et la satisfaction équitable des besoins. (article 3) »… Serait-il possible de distribuer aux candidats à la primaire socialiste un exemplaire de leur texte de référence ?

– Congrès de Reims (novembre 2008) : « Face à l’urgence écologique, pour un Parti socialiste résolument écologique (motion B) »… Ne faudrait-il pas envisager sérieusement que le PS devienne un parti social-écologiste après fusion avec les Verts ?

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Arctique et Antarctique, eldorado ou sanctuaire ?

A l’heure des terribles jumeaux hydrocarbures, pic pétrolier et réchauffement climatique, nous avons deux possibilités, la fuite en avant ou la sagesse. LE MONDE octroie sans aucun recul une demi-page à la fuite en avant : Rosneft va exploiter l’eldorado arctique avec  ExxonMobil*. Il est vrai que l’Actique recèle sans doute 22 % des ressources énergétiques non découvertes mais techniquement exploitables de la planète (LE MONDE  du 21 août 2008). Mais nous avons une autre possibilité, celle de transformer l’Arctique en sanctuaire comme l’a été l’Antarctique : « Persuadés qu’un traité réservant l’Antarctique aux seules activités pacifiques servira les principes de la Charte des Nations unies », treize Etats ratifient le traité de l’Antarctique le 1er décembre 1959. Cependant une question échappait au traité, l’exploitation des ressources minérales. En 1991, le protocole de Madrid « relatif à la protection l’environnement » interdit toutes les activités liées à une possible exploitation des ressources.

La disparition de la banquise arctique aiguise les appétits. Les pays riverains veulent exercer l’abusus des propriétaires, la Chine considère que l’Arctique appartient à tous au nom du droit international de la mer, Michel Rocard appelle à protéger l’Arctique comme on l’a fait pour l’Antarctique**. La sanctuarisation est la voie de la sagesse.

* LE MONDE du 1er septembre 2011, la major publique russe cherchait un nouvel allié pour accéder aux réserves de la mer de Kara.

** postface de Michel Rocard à Voyage dans l’anthropocène de Lorius et Carpentier (Actes sud)

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nature et sexualités : le débat sur le genre humain

Il y a les lois de la nature et il y a les lois humaines. Malheureusement les deux ne font pas souvent bon ménage à l’heure actuelle. Prenons la sexualité. Rien de plus simple pour la biologie, un homme, une femme, la reproduction. Mais le nouveau programme scolaire de sciences de la vie et de la Terre (SVT)* fait appel à la sociologie. Applicable à la rentrée de septembre 2011 dans les classes de première des séries L et ES, ce sera « l’occasion d’affirmer que si l’identité sexuelle et les rôles sexuels dans la société avec leurs stéréotypes appartiennent à la sphère publique, l’orientation sexuelle fait partie, elle, de la sphère privée ». Pas de quoi fouetter un chat ! Pourtant 80 députés de la majorité ont demandé mardi 30 août à Luc Chatel le retrait de nouveaux manuels scolaires élaborés dans la foulée des programmes**. Les parlementaires ciblent particulièrement un passage d’un manuel (Hachette) selon lequel « le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle mais ce n’est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin » , l’identité sexuelle étant « construite tout au long de notre vie, dans une interaction constante entre le biologique et le contexte socioculturel ». Les parlementaires ont tort, ils ne sont que d’affreux réac ignorant l’évolution de nos connaissances sur les interactions biologiques et sociales.

Les professeurs de sciences économiques et sociales (SES) enseignent les interactions dès la seconde. On apprend qu’on ne naît pas femme, on le devient (Simone de Beauvoir). On apprend que l’amour maternel n’est pas un instinct (Elisabeth Badinter). On apprend que dans le mariage, qui se ressemble s’assemble… Dans le nouveau programme***, il s’agit plus généralement d’expliquer comment nous devenons des acteurs sociaux et comment expliquer les différences de pratiques culturelles. Un extrait du livre de Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe (1949), peut même être lu avec profit par les parlementaires de droite  : « Aucun destin biologique, psychique, économique, ne définit la figure que revêt au sein de la société la femlle humaine ; c’est l’ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu’on qualifie de féminin. Seule la médiation d’autrui peut constituer un individu comme un Autre » (Hatier 2010 p.143)

Nos jeunes savent déjà qu’il y a des hétérosexuels, des homosexuels, des bisexuels, des transsexuels et même des travestis. Ils n’en font pas un drame. Les propos de Bernard Accoyer, le président UMP de l’Assemblée nationale, ne peuvent que les perturber : « Il faut rester sur les vérités scientifiques et se garder lorsqu’on est dans des livres de sciences de dériver sur des questions de société ». Oui, monsieur Accoyer, la sociologie est aussi une science, comme l’éthologie et l’ethnologie. Pour que nos enfants s’y retrouvent dans la vie, il ne faut plus séparer les sciences de la nature et les sciences de l’homme car tout est interdépendance. Les sciences de la Vie et de la Terre et les sciences économiques et sociales doivent marcher la main dans la main, comme un couple durable qui sait comment harmoniser le masculin et le féminin…

* texte publié au Journal officiel le 28 août 2010

** Le MONDE du 1er septembre 2011, Contre la « théorie du genre » au lycée, l’UMP se mobilise

*** BO du 29 avril 2010

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la chrysomèle, plus forte que Monsanto

En 1962, Rachel Carson écrivait : « Le tir de barrage chimique, arme aussi primitive que le gourdin de l’homme des cavernes, s’abat sur la trame de la vie, sur ce tissu si fragile et si délicat en un sens, mais aussi d’une élasticité et d’une résistance si admirables, capables même de renvoyer la balle de la manière la plus inattendue. »

Aujourd’hui la chrysomèle du maïs, Diabrotica virgifera, a donné raison à Rachel Carson. Les agriculteurs américains avaient vu l’efficacité des insecticides diminuer au fil des ans. Ils croyaient avoir trouvé la parade ultime avec un OGM capable de produire lui-même une toxine grâce à un gène transplanté d’une bactérie, Bacillus thuringiensis. Ce maïs Bt, mis en culture en 2003, a dû à son tour plier devant l’inventivité de Diabrotica : « La présence de chrysomèles capables de prospérer dans des champs transgéniques a été mise en évidence, pour la première fois, dans des parcelles de l’état de l’Iowa, en 2009. On a constaté que cette capacité à survivre était « non récessive » : il suffit d’une seule copie du gène de résistance, hérité d’un des parents (et non des deux), pour que ce caractère s’exprime. La nouvelle vient seulement d’être rendue publique, dans la revue PLoS One… »*.

Nous sommes en accord avec la conclusion de Rachel Carson : « Nous avons à résoudre un problème de coexistence avec les autres créatures peuplant notre planète. Nous avons affaire à la vie, à des populations de créatures animées, qui possèdent leur individualité, leurs réactions, leur expansion et leur déclin. Nous ne pouvons espérer trouver un modus vivendi raisonnable avec les hordes d’insectes que si nous prenons en considération toutes ces forces vitales, et cherchons à les guider prudemment dans les directions qui nous sont favorables. La mode actuelle, celle des poisons, néglige totalement ces considérations fondamentales. Ces extraordinaires possibilités de la substance vivante sont ignorées par les partisans de l’offensive chimique, qui abordent leur travail sans aucune largeur de vues, sans le respect dû aux forces puissantes avec lesquelles ils prétendent jouer.Vouloir « contrôler la nature » est une arrogante prétention, née des insuffisances d’une biologie et d’une philosophie qui en sont encore à l’âge de Neandertal ». (in Le printemps silencieux)

* LE MONDE du 1er septembre 2011, article d’Hervé Morin

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Aubry-Hollande face au dilemme croissance/environnement

Il y a une liaison fatale entre croissance économique et destruction environnementale ; le PS n’en a pas encore conscience. Au Congrès de Reims en 2008, la croissance était déjà dans toutes les têtes socialistes. La motion de Delanoë proposait la « Promotion d’un nouveau modèle de développement qui articule croissance, justice sociale et écologie ». La motion de Martine Aubry affirmait avec force que « la croissance économique et l’impératif écologique constituent un seul et même enjeu ». Aujourd’hui Aubry veut prendre le relais d’un Sarkozy qui cherchait la croissance avec ses dents : « Une offensive de civilisation est fondée sur un autre modèle de croissance… Sans croissance on ne peut rien… » (LE MONDE du 3 mars 2011, Le livre-programme du PS). Lors de leur université d’été les 27 et 28 août, même rengaine. Les mots «  crise écologique, après-pétrole, changement de civilisation » émaillent les discours. Mais les mots « croissance durable, croissance partagée, croissance verte » restent omniprésents ! Dans un discours devant ses fans, François Hollande était même radicalement croissanciste : « On ne peut pas transiger avec la croissance, je ne crois pas à la décroissance. Lorsque le PIB décroît, les conséquences sociales sont extrêmement négatives, chômage, déficit, dette. La décroissance, c’est un facteur de crise sociale. »

Or la croissance dans un monde fini est impossible et plus personne ne devrait croire à la hausse du PIB comme solution passe-partout. Comme le note Hervé Kempf, « raisonner avec un concept du passé ne permet pas de penser le monde de demain. Nombre de hiérarques du PS semblent continuer à rêver de l’âge d’or des « trente glorieuses » qui a pour première caractéristique d’être derrière nous… Se focaliser sur un objectif que l’on ne pourra pas atteindre, la croissance, prépare les pires déceptions »*.

Sur le fond, le PS est un vieux parti d’élus, aux problématiques strictement électoralistes. Son pôle écologique est aux abonnés absents, n’osant même pas présenter un questionnaire écolo aux candidats aux primaires. Comme l’exprime un commentateur d’Hervé Kempf sur lemonde.fr, « les électeurs du PS ne comprennent pas que leurs valeurs sont bien mieux représentées, sur le fond, par l’Ecologie, et en disant cela je ne plaide pas pour EELV, dont l’intelligence reste à prouver, mais pour l’Ecologie. La croissance est, par définition, une exponentielle. Impossible ».

* LE MONDE du 31 août 2011, Socialistes écologistes ?

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les risques de la techno-science selon Alex Türck

Le problème de nos sociétés est un problème fondamentalement technologique. D’un côté la techno-science augmente les possibilités des sportifs et des citoyens ordinaires, de l’autre la techno-science permet de les manipuler et les contrôler. Le livre d’Alex TÜRCK, – La vie privée en péril – Des citoyens sous contrôle (Odile Jacob, 2011) en est un témoignage.

Il aborde exclusivement l’impact des technologies dans les domaines de la biométrie, de la géolocalisation, de la vidéosurveillance, et du développement de l’Internet.

Alex TÜRCK parle à partir de son expérience de membre de la CNIL depuis 1992 et de président de celle-ci depuis 7 ans, et de son expérience comme président depuis 2008 du Groupe qui rassemble les 27 organisations qui exercent la même fonction que la CNIL dans les 27 pays de l’Union européenne – groupe dit G29 en référence à l’article 29 de la directive du 24 octobre 1995, relative à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données.

Alex TÜRCK fait un panorama très complet des problèmes posés par les TIC aux libertés individuelles. Et le panorama est inquiétant à l’égard de la protection de l’intimité des individus. Il souligne l’inconscience avec laquelle un certain nombre de dirigeants s’accommodent de cette violation massive des intimités, mais aussi l’inconscience avec laquelle la majorité des citoyens s’engagent dans cette voie. D’où des préconisations répétées de sa part pour une éducation dès le premier âge afin de sauvegarder cet acquis du droit à l’intimité, au secret, à l’oubli, droit qui semble tellement naturel et acquis que personne n’en parle et qui semble disparaître sans même qu’on s’en aperçoive – il fait sien l’apologue de la grenouille plongée dans un bain d’eau que l’on porte très progressivement à l’ébullition : on supporte jusqu’à en mourir !

Les enjeux ont été majorés depuis le 11 septembre 2001 et la sanctuarisation de la lutte contre le terrorisme. Alex TÜRCK montre comment un certain nombre de responsables français sont contaminés par cela – avec une mention spéciale pour le magistrat BRUGUIERE… Ils croissent à vitesse exponentielle avec la toute puissance commerciale de Facebook et de Google. Et ils bénéficient de l’amplification liée à la miniaturisation et aux nanotechnologies. Il fait apparaître l’extrême complexité des problèmes juridiques de la biométrie, l’ambigüité de la vidéosurveillance, la terreur que génère le Big Brother diffus du nuage d’information sur Internet (encore plus dangereux que le Big Brother d’Orwell que l’on identifiait et contre lequel on pouvait lutter), la toute-puissance économique et politique exercée par les patrons de Facebook et de Google, et l’inconscience d’une grande partie de la population jusqu’aux plus hauts lieux de la Commission européenne.

Les aspects technologiques sont souvent présentés de manière tellement synthétique que le texte en perd de la lisibilité, mais Alex TÜRCK témoigne d’une parole libre, ce qui est si rare dans le milieu des experts et des journalistes.

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artificialisation du sport et fin de la compétition

La pharmacopée dopante est prohibée et la combinaison de natation qui augmentait la vitesse des nageurs de 3 % est désormais interdite. Pourtant l’idéal du MONDE dans son dernier éditorial* est sans ambiguité : « Un jour historique pour Pistorius et pour le sport… L’intégration des sportifs dotés de prothèse est un défi enfin relevé. » Que cherche LE MONDE ? L’humain augmenté, artificialisé, transhumaniste ? Une humanité sans limites ?

Il est vrai que les sportifs de haut niveau ont atteint le niveau où il est presque physiquement impossible de progresser et de battre un nouveau record. Imaginons alors un athlète prometteur et ambitieux. Il se fait amputer au dessous des genoux comme Oscar Pistorius pour se faire poser une prothèse en lames de carbone : il y aura restitution de 30 % d ‘énergie en plus que le pied quand il était intact. Ajoutons un dosage non décelable de dopage bien adapté. Cet athlète monte alors à chaque fois sur la première marche des podiums. Bravo, il ne fait que concrétiser une humanité technologisée et hyper-performante ! Et tous les autres coureurs, pour pouvoir concourir et parader dans la société du spectacle, se font amputer les jambes au dessous des genoux, avec des laboratoires à leur service !

Comme l’exprime un commentateur perspicace sur lemonde.fr : « Encore une dérive du politiquement correct : on s’extasie sur un cas particulier (Oscar Pistorius) pour mieux ignorer les autres. La plupart des mutilés n’ont pas la chance d’avoir des prothèses aussi extraordinaires. J’aurais préféré que les progrès technologiques bénéficient à tous ceux qui en ont besoin et non à une seule personne qui monopolise l’attention. » Nous ajoutons que le sport de haut niveau a atteint non seulement ses limites physiques, mais aussi son utilité sociale. Nous avons dépassé les limites de la planète, nous devons retrouver le sens des limites et remplacer l’esprit de compétition par l’esprit de coopération. Cela nécessite entre autres de supprimer toutes les compétitions sportives «  de haut niveau » qui ne sont là que pour anesthésier les populations, promouvoir la marchandisation du monde et dénaturer les athlètes.

* LEMONDE du 28-29 août 2011

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Steve JOBS, le chouchou du MONDE

Je n’ai pas de Ipod ni de iPad ni de téléphone intelligent et j’aurais aimé que Steve Jobs n’ait jamais existé. Pourquoi un colosse financier de 350 milliards de dollars (Apple) a-t-il droit à une pub gratuite dans un quotidien de référence ? En effet, l’éditorial du MONDE* dresse un panégyrique d’une action seulement mercantile : « Un génie du marketing et du design quitte son poste de PDG… Steve Jobs symbolise l’excellence. » Alors que l’éditorial admet dans le même temps que « Apple est devenu un partenaire impitoyable en affaires, profitant au maximum de sa position de supériorité sur le marché ». En quoi ces « objets de consommation ludiques » sont-il « formidablement utiles » ? En quoi le fondateur d’Apple a-t-il « révolutionné la vie de dizaines de millions de gens à travers la planète ».

La réaction de Thomas Serre sur le monde.fr me paraît plus appropriée que la ligne éditoriale du MONDE : « Pour avoir fait de mes concitoyens des abrutis de consommateurs encore un peu plus accroché à leur maudit écran, je dis : bon débarras, Steve Jobs. » Comme ajoute Jerôme Gonsolin, « Le savoir faire d’Apple, c’est juste faire croire au plus grand nombre à un savoir-faire. Quelques idées, du secret, des prix élevés, la guerre aux concurrents, la pression sur les fournisseurs, tel est l’aboutissement d’une Amérique qui ne fabrique plus rien. Dire merci à ça ? »

Précisons que, contrairement aux dires de Robert Cyran dans la rubrique franglaise du MONDE « Breakingviews », Steve Jobs n’a pas « anticipé les goûts des consommateurs ». Comme devrait le savoir tous les étudiants en marketing, il y a filière inversée. Dans un système de publicité de masse, ce n’est pas le consommateur qui dicte ses choix aux entreprises, ce sont les entreprises qui incitent les gens à « aimer » leurs produits. Or qui dit gadget électronique dit consommation d’une énergie qui va se faire rare, consommation de terres rares, pollutions par les déchets, etc. L’action de Steve Jobs, d’un point de vue écologique, ne doit pas être louée, mais condamnée. N’achetez plus d’iPod, d’iPad, etc…

* LE MONDE du 27 août, Au revoir et merci, Steve Jobs

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les blogs « Planète » du monde.fr

Il y a peu de blogs qui parlent de notre planète sur lemonde.fr. Dans la catégorie reine des blogs « du MONDE » dédiée aux journalistes maison, on peut cependant remarquer le blog d’Audrey Garric, éco(lo), dont le dernier post est saignant : « Il y a des caps qu’il vaut mieux ne pas franchir, celui des 7 milliards d’êtres humains que la Terre devra supporter à la fin octobre ou tout récemment celui du milliard d’automobiles circulant dans le monde. »

Malheureusement Audrey ne développe pas sur les avantages du malthusianisme. Et si elle s’attarde sur les automobilistes chinois, c’est surtout pour regretter que la voiture « verte » reste au point mort et que les voitures « propres » soient boudées par les Chinois. La technolâtrie est toujours bien présente parmi les journalistes du MONDE. Bien sûr Audrey parle de l’air vicié des mégalopoles et des émissions prévisibles de gaz à effet de serre, mais elle veut ignorer les contraintes comme la raréfaction du pétrole et autres matières premières nécessaires au fonctionnement de la bagnole.

Pourtant lemonde.fr présente un blog spécialisé sur la question pétrolière et nourri par un journaliste indépendant, Matthieu Auzanneau. C’est d’ailleurs le seul site des « invités du MONDE» qu’on puisse trouver sous la rubrique Planète : http://petrole.blog.lemonde.fr/. Le dernier post, La crise risque de faire augmenter les prix du pétrole, insiste sur une autre utopie de notre temps ; il n’y aura pas de pénurie de pétrole, il suffit d’investir : « Depuis 2009, l’Agence internationale de l’énergie prévient que les multiples retards et annulations de projets d’investissement vont entraîner des retards dans le déploiement de nouvelles capacités de production. » Pourtant Matthieu nous avait déjà signalé que le pic pétrolier est dépassé depuis 2006. Jamais un effort financier, de quelque ampleur qu’il soit, ne pourra créer l’or noir qui mis des millions d’années pour parvenir jusqu’à nous… et qeu nous gaspillons allègrement.

Nous préférons insister sur la dernière phrase d’Oil Man : « Des prix du pétrole bas ne sont pas forcément une bonne nouvelle. Ils peuvent constituer un très mauvais signal, qui piège consommateurs et industriels dans des situations de forte dépendance. » Et si vous voulez en savoir plus, parcourez notre blog biosphere

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prôner la décroissance est criminel

Notre quotidien préféré condense en un seul texte toutes les contre-vérités de l’écoloscepticisme :

  • Les ressources terrestres sont énormes ;
  • L’agriculture et l’élevage intensif produisent en grand nombre des aliments d’une qualité vitale bien supérieure à ceux du passé ;
  • Les matières premières indispensables à notre confort ne manquent pas ;
  • Les minerais sont loin d’être épuisés et tous les métaux sont recyclables ;
  • Avec le nucléaire, notre potentiel énergétique est énorme ;
  • L’industrie nucléaire a généré effectivement très peu de morts et de handicapés ;
  • La bulle des énergies renouvelables, très coûteuses, ne tardera pas à se dégonfler ;
  • La décroissance économique, prônée par nos « Verts », est un crime contre l’humanité ;
  • Quand enfin la secte verte aura perdu toute son audience politique et le soutien des médias télévisuels, la croissance reprendra pour le plus grand bien de l’humanité.

Ce texte est sélectionné par le courriel des lecteurs du MONDE (25 août 2011) sous le titre extraordinaire « Prôner la décroissance est criminel » ! Les propos tenus par Albert Kuhlmann (Strasbourg) sont si exagérés qu’il ne faudrait y prêter aucune attention. Le problème, c’est que LE MONDE leur accorde ses faveurs, leur donnant ainsi un poids démesurable et donc néfaste, si ce n’est criminel…

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Martin Luther King n’était pas écolo

Le discours de Martin Luther King en 1963, Je fais un rêve (I had a dream), tranchait dans un contexte de racisme : « Je rêve que, un jour, notre pays vivra pleinement la réalité de son credo, tous les hommes sont créés égaux… Je rêve que, même en Alabama, les petits garçons et les petites filles noires, les petits garçons et les petites filles blancs, pourront tous se prendre par la main comme frères et sœurs. Je fais aujourd’hui un rêve. » Très bien, admirable ! Malheureusement Martin Luther King ajoutait : « Je rêve que, un jour, tout vallon sera relevé, toute montagne sera abaissée, tout éperon deviendra une plaine, tout mamelon une trouée, et la gloire du Seigneur sera révélée à tous les êtres faits de chair tout à la fois. »

D’abord Luther King n’a pas encore compris que les humains n’ont pas besoin de passer par l’intermédiaire d’un Seigneur Dieu pour s’aimer les uns les autres en toute fraternité. Ensuite Luther King reprend l’idée d’une humanité maître et possesseur de la planète, qui peut aplanir l’espace (avec ses autoroutes), creuser le sol (pour en retirer les richesses), modeler la terre (pour en faire un jardin à la française). Il passe d’un idéal de fraternité au sentiment de toute puissance de l’homme. Martin Luther King vivait les tourments du racisme ordinaire, l’écologie était alors secondaire. Mais à l’heure de la détérioration de nos écosystèmes, il est dorénavant urgent de remettre en question notre statut de dominant, de rechercher l’humilité. Le souci porté aux non-humains et à l’intégrité de la nature ne dilue pas les droits de l’homme, il les élargit au contraire en donnant un surcroît de responsabilité. Sans doute les chrétiens ont-ils besoin qu’un nouveau sermon sur la Montagne définisse de nouvelles contraintes, indispensables pour vivre en bonne entente avec la Terre, et énonce les règles pour y parvenir. Les nouveaux croyants assimileraient la Terre à la Création divine, et sa profanation les tourmenterait. Je souhaite comme James Lovelock que les humanistes admettent que les droits de l’homme et ses besoins ne sont pas tout.

En janvier 2003, le président J.Chirac avait lancé les premières assises de la charte de l’environnement en formulant clairement la synthèse : « Aux côtés des droits de l’homme de 1789 et des droits sociaux de 1946, et au même niveau, nous allons reconnaître les principes fondamentaux d’une écologie soucieuse du devenir de l’homme ».

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Vichnievsky et le corpus des écologistes

Nous trouvons les propos de Laurence Vichnievsky en phase complète avec le corpus des écologistes : la situation est grave, la récession est une réalité, tout le monde doit faire des efforts proportionnés, la  taxe carbone est une mesure raisonnable, etc. Extraits :

« La décroissance est la réalité des économies de l’Europe de l’Ouest dont le taux de croissance baisse régulièrement depuis cinquante ans (5,91% dans les années 60, 1,36% dans les années 2000). Rien ne garantit qu’il doit rester positif. »

« Le recours massif au crédit a permis de soutenir la demande durant la dernière période, mais la crise des subprimes en 2008 et celle des dettes souveraines depuis 2010 ont montré les limites d’une telle politique. »

« Peut-on continuer à creuser les déficits en augmentant la dépense publique par des «investissements d’avenir», comme le suggère l’opposition de gauche ? Ce ne serait pas raisonnable. »

« La réduction de la dette s’impose à nous comme un rappel au principe de réalité. Elle nous oblige à revoir notre projet, non dans ses principes, mais dans sa mise en œuvre : le retour à l’âge légal de la retraite à 60 ans est une lubie. »

« Les marges dont nous disposons résident dans le choix d’une fiscalité plus écologique et plus juste : plus écologique pour amorcer une transformation de nos modes de vie et de consommation, avec l’instauration d’une taxe carbone dissuasive. »

« Les inégalités de fortune doivent être limitées par un impôt frappant l’ensemble du patrimoine, sans exonération, lui aussi progressif. »

« Dans la crise que nous traversons, les efforts qui seront exigés pèseront plus lourdement sur les plus riches, mais ils n’épargneront personne. »

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la pensée unique du croissancisme

Daniel Cohn-Bendit reste dans la logique de la politique libérale keynésienne, une relance de l’économie*. Le discours est répétitif : « Nous avons besoin d’euro-obligations pour relancer l’économie »… « Davantage d’Europe fédéraliste, cela veut dire une « règle d’or » européenne, des investissements européens pour relancer l’économie »… « On pourrait aussi instaurer une taxe sur les communications intereuropéennes par GSM et sur Internet, pour abonder un fonds qui aiderait la relance européenne »… « Je suis pour la rigueur de la relance ». Ce faisant, il refuse explicitement toute idée de sobriété heureuse : « Si, à l’inverse, on applique une politique d’austérité, les économies ne repartiront pas »… « Comment réduire la dette ? Pas par une politique d’austérité qui touche les plus pauvres ».

Ces propos d’une platitude affligeante sont à peu de chose près les mêmes que ceux de Hollande et consorts socialos. D’ailleurs, dans le même numéro du MONDE**, le Premier secrétaire par intérim du PS ne dit pas autrement : « Désormais Sarkozy et Merkel sont le couple de la croissance zéro »… « Le duo Sarkozy-Merkel ne coordonne plus que l’austérité »… « L’austérité budgétaire ne fait pas un projet de relance économique »… « Le coup de frein budgétaire ne doit pas bloquer la reprise mondiale »… « Les socialistes européens proposent un pacte pour la croissance ».. « Le moteur franco-allemand ne doit pas être au service de l’austérité qui brise la croissance ». Pas étonnant qu’il y ait convergence  entre Cohn-Bendit et le PS, le quotidien LE MONDE a la même optique. Dans un éditorial récent***, ce journal estime que « le seul remède capable de réduire durablement l’endettement public, c’est une croissance économique plus vigoureuse ». Pas étonnant que Cohn-Bendit possède ses entrées privilégiées dans ses colonnes, qui se ressemble s’assemble. Mais nous voyons mal dans une relance la singularité de la pensée écologique en matière économique.

Pour son discours de clôture des journées d’été, Eva Joly montre qu’elle a désormais assimilé toutes les références la transformation écologique de l’économie avec la relocalisation et la reconversion des industries. Elle exige que le Parti socialiste rompe avec la « logique productiviste ». Nous espérons que l’écologie politique ira au bout de cette démarche. La rigueur sans austérité est un mensonge. L’austérité n’est pas un gros mot. Au contraire, elle pourrait être l’amorce d’une décroissance raisonnée, le premier pas vers une société économe. Il ne peut pas y avoir d’écologie sans décroissance. Rappelons à Harlem Désir que « croissance zéro » n’est pas une insulte, c’était en résumé la conclusion d’un rapport scientifique de 1972 sur les limites de la croissance.

Il est vraiment étonnant que ce soir le vice-président américain en visite à Pékin**** qui « joue la carte de la frugalité »… On ne sort de la pensée unique croissanciste que sous l’emprise de la nécessité !

* LE MONDE du 20 août 2011, La parole de nos gouvernants, c’est triple zéro.

** LE MONDE du 20 août 2011, Non au pacte d’austérité Sarkozy-Merkel.

*** LE MONDE du 18 août 2011, les limites du volontarisme.

**** LE MONDE du 20 août 2011, la dégradation de la note des Etats-Unis avait inquiété son principal créancier étranger.

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notre avenir, stagflation et âge de fer

Le quotidien LE MONDE  nous énerve. Son dossier* du jour ne parle que de relance de la croissance et d’impossibilité de l’inflation. Les « experts » ont déjà oublié que la période qui a suivi le premier choc pétrolier a été caractérisée par la stagflation, ce mélange de stagnation économique et d’inflation. La montée du prix de matières premières qui nous guette va aboutir inéluctablement au même phénomène. Car notre modèle de développement, qui repose sur la croissance économique et un accroissement continu du prélèvement des ressources, se heurte à la finitude de la planète. C’est ce que démontre Philippe Bihouix**, ingénieur centralien. En résumé :

« Quel avenir veut-on laisser aux générations futures, un retour à l’âge de fer ? Un monde où quelques dizaines de millions de ferrailleurs-cueilleurs, survivants de la grande panne ou de l’effondrement, exploiteront le stock de métaux dans les décharges, des bâtiments délabrés et des usines à l’arrêt est une possibilité.

En un siècle, nous avons multiplié par 7 la consommation d’énergie par personne, sachant que la population a été multipliée par 4. La limite physique s’appelle EROEI, pour energy return on energy invested : pour produire 100 barils de pétrole, il faut en investir 2 en Arabie Saoudite, mais 10 à 15 en offshore profond, et entre 25 à 35 pour l’extraire des sables asphaltiques de l’Alberta. Il est aisé de comprendre que les pétroles non conventionnels ne peuvent pas compenser la déplétion du pétrole bon marché. Passons aux métaux : on a d’abord exploité les minerais les plus concentrés, la tendance est donc à une baisse de la concentration moyenne. On commence à exploiter du nickel à 1 % là où 3 % ou plus était la norme il y a quelques décennies. Les mines d’or produisent à peine 5 grammes par tonne contre 20 il y a un siècle. Les métaux, toujours moins concentrés, requièrent plus d’énergie, tandis que la production d’énergie, toujours moins accessible, requiert plus de pétrole. Le peak oil sera donc vraisemblablement accompagné d’un peak everything (pic de tout). Qu’on se le dise, il n’y a pas assez de lithium ou de cobalt sur terre pour équiper plusieurs centaines de millions de véhicules électriques, ni de platine pour des moteurs à hydrogène.

Le recyclage a ses limites et l’économie parfaitement circulaire est impossible : c’est le second principe de la thermodynamique, on en dissipe toujours un peu. A chaque recyclage, on perd une partie des ressources et on génère des déchets. Mais surtout la complexité des produits nous empêche de séparer et de récupérer facilement les matières premières. Bref les technologies vertes ne feront qu’accélérer jusqu’à l’absurde le système, car elles sont généralement basées sur des métaux peu répandus. Que diront nos descendants d’une société qui extrait de l’argent des mines (nano-argent) pour l’utiliser comme technologie anti-odeurs ?

Conclusion. Pour lutter contre le changement climatique et gagner un peu de poids et quelques grammes  de CO2 par kilomètre, on utilise des alliages dans des voitures bourrées d’électronique. Il suffirait de brider les moteurs et de réduire la vitesse à 90 km/heure pour en gagner 30 ou 40 % ! Aujourd’hui le responsable marketing est socialement plus reconnu que le cordonnier ou l’éboueur. Pourtant, d’un point de vue utilitariste, seuls ces derniers produisent réellement une valeur pour la société. Une consommation plus locale, fondée sur des objets réparables, basée sur des circuits économiques courts, relancerait l’artisanat, le commerce de proximité… à condition de revaloriser les métiers manuels. »

* LE MONDE du 17 août 2011,  Comment sortir de la crise ? Débat d’experts

** mensuel La décroissance (juillet-août 2011)

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