biosphere

le père Noël, invention des marchands d’illusion (1/6)

En Europe, les rituels liés à l’approche de l’hiver sont ancestraux. Fixer la naissance de Jésus près du jour le plus court de l’année, ce fut d’abord la tentative de l’Eglise catholique de nier un paganisme proche de la Nature.
La liturgie de la Messe de l’Aurore rappelle que la nuit est passée, le jour est avancé. L’invention du père Noël résulte d’un détournement historique complémentaire. L’Église catholique avait décidé de remplacer les figures païennes par des saints. Saint Nicolas de Lycie désignait le saint protecteur des tout-petits car, selon la légende, il aurait ressuscité trois enfants trucidés par un horrible boucher. Mais il était fêté le 6 décembre : un personnage, habillé comme on imaginait que saint Nicolas l’était (grande barbe, crosse d’évêque, grand vêtement à capuche), va alors de maison en maison pour offrir des cadeaux aux enfants sages.

C’est seulement en 1809 que l’Américain Washington Irving a créé le personnage du Père Noël. La mondialisation du Père Noël peut commencer, y compris avec sa couleur rouge, utilisée dès 1866. De nombreuses firmes avaient déjà utilisé cette symbolique dans des publicités, mais Coca-Cola a largement contribué à fixer l’image actuelle : à partir de 1930, une série de publicités pour la marque Coca-Cola utilise le costume rouge et blanc. En France les catholiques, qui depuis longtemps s’échangeaient des petits cadeaux à Noël le 25 décembre en l’honneur de la naissance du Christ, ont résisté un temps au « père Noël ». Mais entre le XIX et le XXe siècle, des chrétiens associent cette « fête des enfants » à celle de l’Enfant Jésus : Saint Nicolas fera désormais sa tournée la nuit du 24 décembre.

Le père Noël n’est qu’un hérétique dont la hotte va être garnie par les marchands du Temple. Aujourd’hui l’enfant Jésus est bien oublié, Noël est devenu la fête des marchands. Même des pays n’ayant pas de tradition chrétienne comme la Chine utilisent désormais le 25 décembre comme outil de vente. Rien n’est plus emblématique de l’esprit de notre temps que cette fête de Noël (censée représenter la naissance du fondateur d’une religion à l’origine ascétique) qui a dégénéré en un rite purement commercial et mène à son paroxysme la fièvre consumériste. Il nous faut supprimer le père Noël.

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biotechnologies et respect du vivant

Nous ne respectons pas le vivant. La transgression des codes ADN est une abomination. Nous dépouillons un organisme vivant de ses gènes pour parvenir à un génome minimal nécessaire pour perpétuer la vie. Nous avons construit une bactérie au patrimoine génétique synthétisé. . La cellule vivante devient un châssis pour lequel on construit des lignes d’assemblage. Des logiciels sont déjà en développement pour identifier les commandes d’ADN susceptibles de conduire à la création d’agents pathogènes. Certains veulent même créer un monde artificiel séparé de celui où nous vivons. Or les transformations biogénétiques sont imprévisibles, non testées et mal comprises. On se demande parfois jusqu’où ne pas aller trop loin !

Nous ne respectons pas le vivant. L’élevage en batterie est une abomination. Nous commençons à en prendre conscience. Les poules pondeuses auront bientôt droit à un perchoir, une litière et au moins 750 cm2. Les députés européens réclament la mise en œuvre de cette décision. Ils devraient aussi s’occuper des biotechnologies…

* LeMonde du 18 décembre 2010, Vers des  vies moins ordinaires.

** LeMonde du 18 décembre 2010, Poules pondeuses (page planète)

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Arnaud Montebourg, le Jaurès de l’écologie ?

Arnaud Montebourg sera-t-il le Jaurès de l’écologie ? Le candidat à la candidature Arnaud Montebourg suit attentivement l’évolution du mouvement écologiste. Sa contribution au Congrès socialiste du Mans en 2005 était remarquable : « La conjonction de l’explosion démographique et de l’épuisement prévisible des ressources de combustible fossile entraîne un choc énergétique qui met directement en cause le mode de développement industriel et son corollaire, la délocalisation systématique des facteurs de production. L’approvisionnement en pétrole de l’économie mondiale est menacé par deux phénomènes :

          à court terme une crise d’approvisionnement liée au sous investissement en capacité de production des années récentes et le risque d’une crise géopolitique ;

          à moyen terme, l’entrée de la production de pétrole en déclin continu. C’est le phénomène de « pic pétrolier ». Il est susceptible d’intervenir d’ici 2015 (la production journalière atteindre son maximum pour décroître ensuite). L’effet principal sera d’entretenir une pression constante sur les prix, et ce d’autant plus que les économies consommatrices sont fortement dépendantes. Suivra inéluctablement une baisse de la consommation du fait de la raréfaction de la ressource.

Nous avons le choix entre anticiper ce bouleversement de nos économies ou subir la crise annoncée et ses conséquences sur le plus grand nombre… »

Fin août 2010, Arnaud Montebourg était à Saint Ciers avec le pôle écologique. Son discours était percutant : « Une synthèse “rose-verte” est nécessaire à cause des enjeux qui pèsent sur l’avenir de notre société… le Parti Socialiste fait une analyse de classe et exonère des responsabilités individuelles un certain nombre de personnes qui sont dominées dans la société. L’écologie proclame au contraire la responsabilité de chaque individu quelle que soit sa place dans la société. C’est une des raisons pour lesquelles la question écologique dépasse les clivages gauche/droite. Si tout le monde est responsable de la situation qui est faite sur la nature, l’avenir, le futur, si même nos modes de vie les plus modestes engagent cette responsabilité, alors, cela dépasse en réalité la question politique… Le propre de la transition, de la mutation écologique de l’économie est finalement bien une forme de décroissance. La question politique porte sur le choix des secteurs… La politique va devoir revisiter la vie privée des gens, ce qui est explosif dans notre société individualiste. On aura peut-être besoin de redire aux gens comment mieux dépenser leur argent, de nous exprimer sur leurs achats d’écrans plats et d’Ipad fabriqués par des esclaves chinois, de mettre en place des péages urbains dans les grandes villes, même si aujourd’hui tout cela semble liberticide. »

Dans son dernier livre, Arnaud Montebourg parle même de démondialisation* de l’économie : « Le libre-échange est devenu l’ennemi de nombreux peuples. La démondialisation peut redonner aux peuples le droit de choisir leur mode de vie. » Pour l’équilibre de la biosphère, nous avons vraiment besoin d’un Jaurès de l’écologie. Arnaud Montebourg est bien parti pour le devenir !

* LeMonde du 16 décembre, la gauche va-t-elle succomber aux sirènes du protectionnisme ?

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moins de retraités et la biosphère respire !

Toujours plus de retraités, et c’est des réformes du système de retraite à répétition ! Heureusement que l’espérance de vie commence à reculer… Aux Etats-Unis, l’espérance de vie a régressé de plus d’un mois en 2008 alors qu’elle augmentait en moyenne de 2,6 mois par an depuis 1970. L’explication tient exclusivement à un accroissement de la mortalité chez les plus de 85 ans. Sylvain Cypel* y voit surtout un phénomène conjoncturel, les effets de la crise qui paupérisent la classe moyenne blanche qui se soigne encore moins. Hervé Kempf** y voit un tournant historique : « Cette inflexion de tendance n’est pas imputable à la mortalité infantile, qui a au contraire reculé pour atteindre un minimum historique : c’est bien une dégradation de l’état de santé général qui est ici en cause. Les trois premières causes de mort sont les maladies cardiaques, le cancer, et les maladies respiratoires. » Claude Aubert*** tranche : « Un enfant sur cinq est en surpoids ou obèse en Europe, ce qui devrait conduire à une surmortalité à l’âge adulte de 50 % à 80 %. »

Il est interdit d’interdire la publicité pour la junk food ? Tant mieux ! Continuons à sur-nourrir nos enfants avec des produits gras, sucrés et chimiques… Ainsi le poids des retraités sera moins important pour les actifs. Mais les personnes obèses et toutes celles qui ne savent plus marcher, même si elles ne vivent pas longtemps, auront une fin de vie très coûteuse pour la sécurité sociale… A moins ? A moins que la couverture sociale ne diminue pour les personnes à risque !?

Trêve d’humour noir. Nous sommes désespérés de voir un système social qui produit de la croissance économique (pour l’agroalimentaire et les fast-food) au détriment de la santé des individus tout en détériorant la biosphère. Car mal nourrir les gens, c’est faire une espérance de vie en mauvaise santé, et c’est un coût en ressources naturelles…

*   LeMonde du15 décembre 2010, Phénomène rarissime

** LeMonde du 15 décembre 2010, Un tournant historique

*** Claude Aubert, L’Espérance de vie, la fin des illusions (Terre vivante, 2006)

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Mères porteuses = dégradation de la planète

Le problème de la plasticité des modèles sociaux, c’est que les socialistes n’ont plus aucune position cohérente sur quelque sujet que ce soit. Même sur les mères porteuses ! Les uns veulent autoriser la gestation pour autrui (interdite en France depuis 1991), les autres ne veulent toujours pas d’une marchandisation du corps féminin. Nous proposons aux socialistes une grille de référence qui nous change du marxisme. Dorénavant le discours rationnel est celui qui met l’économie au service du social, et le social reconnu comme complètement dépendant de la bonne santé de la biosphère. Au XIXe siècle, le socialisme naissant a fait comme si les ressources naturelles étaient illimitées, seul comptait le combat des travailleurs contre le capital. En matière démographique par exemple, l’analyse de Malthus a été vigoureusement critiquée par Marx. Or nous avons actuellement dépassé les limites de la planète, les humains ne peuvent plus y vivre de façon conviviale. Malthus a gagné contre Marx.

D’un point de vue écologique, vouloir des enfants à tout prix sur une planète surpeuplé paraît alors absurde. La nature nous impose certaines lois, par exemple la stérilité. Nous pouvons contourner cette loi par l’adoption. Mais admettre comme règle sociale que tout est réalisable quand c’est techniquement possible, les mères porteuses, la fécondation in vitro, la manipulation des gènes… nous projette dans un monde où ce qui importe, ce n’est pas la stabilité sociale et l’intérêt des écosystèmes, mais le désir égoïste des catégories aisées. Cela nous fait oublier le sens des limites.

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les raisons de l’infécondité volontaire

Pourquoi ne pas faire d’enfants ?

          Il n’y a pas d’instinct maternel, avoir un enfant n’a pas de sens en soi.

          Les enfants sont trop précieux, c’est une responsabilité colossale.

          Je trouve le monde trop violent, trop incivil pour donner une vie.

          Ce n’est pas une nécessité d’avoir des enfants pour être heureux.

          Ne pas provoquer de nouveaux dégâts sur terre à travers une consommation liée à la natalité.

          Ne pas prendre la responsabilité de mettre au monde un enfant dans un environnement violent, surpeuplé, où les ressources de la planète sont menacées.

En résumé, « Un enfant si je veux, quand je veux* ». Dans ce slogan féministe porté par le Planning familial après Mai 68, il y avait donc « Si je veux » ! Mais il manque la mention « Si je peux ». Car des populationnistes fervents, qui veulent un enfant à n’importe quel prix, militent pour avoir un enfant malgré une stérilité. Plusieurs personnalités proches du PS viennent de signer une tribune** demandant la fin de l’interdiction de la gestation pour autrui. Quelle sont les raisons tacites de ce souhait ?

          Il y a un instinct maternel, c’est l’enfant qui donne du sens à une femme.

          Les enfants, ils s’éduquent eux-mêmes ou ils vont à l’école.

          Plus d’enfants, c’est assurer une société dynamique et pacifiée.

          Quel bonheur d’avoir un bébé dans les bras !

          Consommer des couches et des biberons fait travailler le commerce.

          Les générations futures feront avec les ressources qu’on leur laissera… Ce sera leur liberté!

*  LeMonde du 12-13 décembre 2010, les enfants, ce n’est pas obligatoire

** Gestation pour autrui : un cadre contre les dérives (lemonde.fr du 13.12.2010)

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le juste prix du pétrole

Aucun expert ne sait déterminer le juste prix du baril. L’explication par le coût à la production n’est que partielle. Les déterminants physiques de l’offre à un moment donné se confrontent en effet à une demande. Quand le tsunami financier de 2008 a entraîné une contraction économique et réduit la demande, le prix du baril a baissé. Par contre, la demande des pays émergents pousse toujours à la hausse. Comme le marché pétrolier est hautement volatil, il n’y a aucune explication logique qui soit déterminante. En août 2005, le baril avait atteint 71 dollars à New York à cause du  cyclone Katrina, demain le simple vol d’un papillon pourra déclencher un affolement du marché pétrolier qui n’a jamais vu plus loin que le petit bout de son nez.

Remarquons en effet que le prix du marché (le jeu de l’offre et de la demande) n’est qu’un indicateur de court terme qui n’indique rien sur l’avenir d’une ressource fossile qui n’existera plus dans quarante années environ vu la consommation actuelle. Or nous sommes en train de franchir le pic pétrolier, le moment où les quantités de pétrole produites baissent inexorablement étant donné l’épuisement des ressources. L’institution financière Ixis CIB notait en 2005, que si le prix du pétrole avait augmenté depuis 1974 au rythme optimal d’une ressource épuisable, il vaudrait déjà 122 dollars en 2005 (alors qu’il ne cotait que 66,6 dollars au 22 septembre). Le même organisme évoquait la possibilité d’un cours du baril à 360 dollars en 2015.

En fait le baril n’est pas payé à qui l’a fabriqué. Le pétrole est un cadeau unique de la géologie, qui nous a permis d’utiliser l’énergie accumulée par des millions d’années d’insolation. Pour obtenir un litre d’essence, il aura fallu que 23 tonnes de matières organiques soient transformées sur une période d’au moins un million d’années. Mais les humains utilisent gratuitement les services que leur rendent la Nature, et la Nature subit des préjudices (par exemple le réchauffement climatique) sans demander réparation ni physique ni monétaire. Comme il faut des millions d’années pour « produire » du pétrole, à combien la Nature nous offrirait-elle le litre de super  si elle était une marchande capitaliste ? Le pétrole n’a pas de juste prix. Lorsque nous aurons achevé de le brûler, il aura disparu à jamais ; des millions d’années de travail géologique gaspillées. En 1892 Mendeleïev, l’inventeur de la classification périodique des éléments, écrivait d’ailleurs au tsar : « Le pétrole est trop précieux pour être brûlé. Il faut l’utiliser comme matière première de la synthèse chimique ». C’était un avis éclairé que la société thermo-industrielle n’a pas écouté. Les générations futures devront d’abord compter sur leur force physique !

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mediator, symptôme d’une société malade

Au risque de passer pour un dangereux extrémiste, je pense que la médecine occidentale n’est pas capable de produire autre chose que des scandales : cette médecine ne veut pas prendre en compte la dimension écologique. Le Mediator nous révèle une situation qui semble étonner les médias, pourtant d’autres médicaments avaient déjà manifesté leurs effets délétères : le Vioxx, le Distilbène, le Roaccutane, etc.

Il n’est pas possible de soigner durablement un malade si on ne comprend pas le désordre responsable de son affection comme une perturbation systémique. Dans un système, il est impossible d’agir à un niveau de la chaîne sans la perturber plus ou moins sérieusement en amont ou en aval. Plus les actions seront fortes et plus ces perturbations seront graves et dommageables. On a constaté que les médicaments pouvaient nous tuer et on espère que de tels objets puissent régler durablement des troubles qui ont mis quelquefois plusieurs mois ou années à se mettre en place. On sait, en écologie, que pour résorber un déséquilibre, il faut agir subtilement et que le rétablissement à un état d’origine ne se fait que lentement. Il faut agir bien en amont, non par des dépistages précoces qui font plus de mal que de bien, mais par des anticipations qui nous permettent d’éviter les ennuis sérieux. Malheureusement, la pensée initiale de notre médecine mais aussi de notre culture est de traiter les questions de façon technique et brutale sans comprendre en quoi nos comportements construisent les pathologies qui nous affectent.

Différents toxiques sont présents dans notre environnement, l’air et l’eau et donc nos aliments. Ce sont tous les produits de combustion, les rejets industriels, les éléments de contact comme les emballages et les contenants et surtout les pesticides et les engrais agricoles. Il faut rappeler que pesticides et médicaments relèvent de la même démarche scientifique, utilisent les mêmes laboratoires, les mêmes technologies, les mêmes financements et sont produits par les mêmes entreprises. Ce sont des produits qui s’opposent à la vie, qu’ils soient antibiotiques ou insecticides, que les hormones soient utilisées pour corriger le cycle normal de la vie ou raccourcir les tiges des blés. Les médicaments ont même rejoint les autres toxiques dans le cortège des polluants aquatiques. Jusqu’à une période récente, on a pu l’ignorer mais ce sont maintenant des tonnes de médicaments qui sont charriées dans l’eau de nos rivières, ce que de nombreuses études récentes est venu confirmer.

C’est pourquoi finalement, cette affaire du Mediator n’a aucun intérêt si ce n’est pour avoir enfin une réflexion élargie sur notre façon de nous soigner… (Christian Portal)

http://www.medecine-ecologique.info/?Le-Mediator-R-une-affaire

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Cancun devant le tribunal de la Nature

Cancun ne pouvait aboutir qu’à une impasse dans un contexte d’indifférence des citoyens, de polarisation des médias sur les faits-divers et de langue de bois des politiques. Sept policiers condamnés à de la prison ferme, 184 commentaires sur lemonde.fr ! L’accord international à Cancun, 2 commentaires (dont un climatosceptique). Le Monde (LeMonde) est plus occupé par les révélations de WikiLeaks ou le Mediator que par le réchauffement climatique ; les annotations conjoncturelles étouffent les préoccupations écologiques.

Cancun se termine donc politiquement ce samedi 11 décembre sur du greenwashing. Les pays développés promettent de l’argent, un « Fonds vert » qui permettrait aux pays en développement de s’adapter au changement climatique ; nous savons que les promesses d’argent des Etats n’engagent que ceux qui y croient. Pour Eva Joly, députée européenne : « Les 420 millions d’euros que la France devait verser (après Copenhague) ont été prélevés sur l’aide au développement, pour laquelle l’objectif d’atteindre 0,51% du PIB n’est même pas atteint. »

Cancun maintient le statu quo sur le protocole de Kyoto, c’est-à-dire un objectif de réduction des gaz à effet de serre que tout le monde a oublié. Les problématiques environnementales (changement climatique, pic pétrolier, perte de biodiversité…) disqualifient les frontières politiques. Mais les représentants aux conférences internationales représentent d’abord leur propre pays. Al Gore, ancien vice-président américain et prix Nobel de la paix, est complètement déprimé : « Le problème ne s’éloigne pas, il a plutôt tendance à s’aggraver. »

Alors la question se pose de savoir comment prendre des décisions et organiser la régulation à l’échelle où les questions se posent. Faut-il remettre les décisions sur l’avenir de la planète dans les mains de l’axe américano-chinois? du G8 ? du G20 ? de l’OMC ? Doit-on confier le destin de la planète au grand capital ? aux médias ? aux citoyens ? Il n’y a que deux solutions, expliquait à Cancun le président de la Bolivie : « Soit le capitalisme meurt, soit la Terre-Mère trépasse. » Le passage du parlement des hommes au parlement du futur (le parlement de la Nature) va se faire dans la douleur : 2°C de plus ? 4 ? 6 ? Rappelons le principe-responsabilité formulé par H. Jonas : « Agir de façon à ce que les effets de son action ne soient pas destructeurs pour la possibilité d’une vie future sur terre. »

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caca nerveux à l’EELV

Eh oui ! Jean-Paul Besset mesure la bêtise humaine. Il avait fait le rêve que les Assises écolos de Lyon, le 13 novembre, seraient « une date constituante, consacrant l’aboutissement d’une démarche de dépassement collectif pour construire une force alternative, responsable et désirable ». Jean-Paul Besset, qui oeuvrait depuis trois ans au mariage des Verts, des amis de Cohn-Bendit ou des écologistes associatifs, claque la porte : «  L’après Lyon, à l’image du nom retenu (Europe Ecologie-Les Verts), reproduit le scénario des crispations et des jeux claniques, la comédie du pouvoir, le monopoly des territoires. Règlements de compte, délices du déchirement, obsessions purificatrices et procès en sorcellerie saturent à nouveau l’espace, au point de rendre l’air interne irrespirable et le travail politique secondaire. La fusion-dépassement n’a pas eu lieu. D’un côté, le parti où nombre de Verts verrouillent une reproduction à l’identique, avec les mêmes têtes, les mêmes statuts, les mêmes pratiques, les mêmes courants, la même communication pseudo radicale, la même orientation servile vis à vis de la gauche ; de l’autre côté, la Coopérative que certains veulent instrumentaliser en machine de guerre contre le parti. » Jean-Paul Besset refuse de s’épuiser à « construire des passerelles alors que l’essentiel des préoccupations consiste à entretenir les suspicions ou à rêver d’en découdre pour affaiblir tel courant, détruire tel individu ou conquérir tel pouvoir. »

                Les problèmes peuvent se résumer en un seul mot : électoralisme. L’électoralisme des écologistes a désarmé un mouvement qui était né en 1974 des mouvements associatifs  et de l’action directe. La lutte des ego a remplacé le combat contre le nucléaire, contre le productivisme, contre l’aliénation, pour la Biosphère… Ainsi Stéphane Gatignon a orchestré une vague d’adhésions massives (tamoules) pour avoir plus de poids. Ainsi Dany Cohn-Bendit a réuni une soixantaine de personnalités, y compris du centre, voire de la droite, en marge du parti. Ainsi Jean-Vincent Placé et Jean-Marc Brulé ont organisé une négociation secrète avec le PS pour préparer les sénatoriales de 2011… Le pouvoir à n’importe quel prix !

                Pour construire ensemble un avenir durable, nous conseillons aux écolos deux choses. D’abord de ne jamais démissionner, sauf pour rejoindre un mouvement qui soutient lui aussi l’écologie politique. Ensuite de proposer encore et encore aux instances officielles un système de tirage au sort entre tous les candidats à un poste électif. Seul le tirage au sort permet d’éviter les bagarres entre gens qui se disent œuvrer dans le même sens. Seul le travail et l’obstination permettent de lever les barrières de l’ostracisme humain.

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Bettencourt, les leçons d’une affaire imaginaire

Finalement LeMonde n’est pas assez sélectif. Il réalise un hors-série de 100 pages sur l’affaire Bettencourt alors  même que nous apprenons que l’affaire se termine en jus de boudin. Une page entière du quotidien* y est encore consacrée qu’on pourrait résumer ainsi : « Que de bruits pour une affaire imaginaire ». Combien cette blague aura-t-elle coûté à la collectivité en temps de juges et de greffiers ? Le problème essentiel, c’est que la place consacrée par LeMonde à trop de faits divers s’opère au détriment de l’essentiel.

                C’est la chronique d’Hervé Kempf, destruction durable, qui aurait du tenir plusieurs pages au lieu d’1/7ème de page : quand il s’agit de transformer la terre agricole en surface bétonnée, la bonne entente UMP/PS est de règle. Pourquoi se priver de construire un autre aéroport près de Nantes ? Pourquoi s’empêcher de privilégier le tourisme avec le bâtisseur Pierre&Vacances ? Pourquoi interdire à la grande distribution de construire des entrepôts géants ? Parce que le pétrole viendra à manquer et que les aéroports, le tourisme de masse et les grandes surfaces deviendront obsolètes. Parce que nous avons besoin dans le proche avenir de terres agricoles pour être résilients face à la démondialisation, la désurbanisation, la désindustrialisation.

                Historiquement les premiers journaux n’étaient que de simples instruments pour organiser le bavardage, et ils le sont plus ou moins restés. Même Le Monde…  Que les journalistes du Monde fassent enfin leur travail, trier et hiérarchiser les informations, au lieu de s’occuper longuement des faits divers qui ne peuvent intéresser un quotidien national de référence… notre avenir commun en dépend.

* LeMonde du 8 décembre 2010, Liliane Bettencourt et sa fille mettent fin à leur bataille judiciaire

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Miss France mise à nu

Les foires à bestiaux déterminent les plus gros cochons, Miss France désignent la plus belle truie. Car de toute façon, il s’agit dans les deux cas de faire défiler des morceaux de  viande fraîche. Les féministes réagissent. Entre vingt et trente personnes, c’est à dire 12, avaient décidé de se réunir à Caen pour protester contre l’élection de Miss France. Les non-féministes sont partout. LeMonde* consacre un page entière au gala. Endemol produit Miss France comme il produit la télé-réalité poubelle (Loft Story…). Geneviève de Fontenay, 78 ans, s’accroche à sa seule joie de vivre et finance Miss nationale. Les commentaires sur lemonde.fr restent au ras des pâquerettes : « Les Ivoiriens ont bien deux présidents, pourquoi pas deux Miss France… Ca nous fait vraiment une belle jambe… ou plutôt 4. » Les internautes veulent maintenant savoir si on peut trouver des photos dénudées de la lauréate, Laury Thillemann. Toujours plus !

Ce monde de midinettes qui fait défiler les nymphettes est le signe le plus évident de la confusion des sens. Car rien ne change. Les hommes sortent encore vainqueurs : ils ont les défilés de Miss pour le fun et les match de foot pour le mental. La société du spectacle joue son rôle dans tous les domaines, nous divertir, c’est-à-dire détourner notre attention des choses qui comptent. Car notre nature humaine n’est pas régie par les lois de la Nature. Les anthropologues ont renouvelé l’approche du rapport homme/femme en montrant l’importance, dans le processus même de l’hominisation, de la perte de l’œstrus. La relation entre les sexes est soumise chez les mammifères, y compris les grands singes, à une horloge biologique et hormonale qui détermine les périodes de rut ; pour les humains au contraire, l’absence de cette détermination naturelle met la sexualité sous le signe de la disponibilité permanente. Il est par exemple possible chez la femme de favoriser un orgasme par des stimulations psychologiques portant sur les zones érogènes secondaires.

Toute société doit donc déterminer une certaine image de la femme. Elle peut valoriser la soumission de la femme, militer pour l’égalité des sexes (féminisme), cultiver le sex-appeal ou l’androgynie. Cette liberté totale de détermination des rôles sociaux est la condition nécessaire de l’apparition des Miss France : exciter (un peu) la libido tout en multipliant les interdits (dont Mme Fontenay raffolait). Mais le vrai succès des Miss France remonte à 1986, première retransmission télé du concours, un soir de réveillon chez Guy Lux. L’audimat grimpe en flèche, notre société n’est pas réellement pour l’égalité des sexes… Les canons de la beauté ne remplacent pas les canons de la guerre mais continuent d’accompagner les guerres.

* du 5-6 décembre 2010, Sœur Geneviève (- de Fontenay, née  Mulmann)

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avec Cantona, se réapproprier l’argent

Pierre-Antoine Delhommais* a tort. Ce n’est pas parce que Cantona est un pur produit du système que ce qu’il prescrit n’a pas de sens ! Delhommais critique Eric Cantona pour ce discours : « Pour parler de la révolution, on va pas prendre les armes, on va pas aller tuer des gens. Il y a une chose très simple à faire. Le système tourne autour des banques, il est bâti sur le pouvoir des banques. Donc il peut être détruit par les banques. Au lieu d’aller dans les rues, tu vas à la banque de ton village, tu retires ton argent, le système s’écroule. Pas d’arme, pas de sang… » Agir brutalement n’est jamais bon, mais ne plus laisser son argent dans les banques affairistes est réaliste.

Notre argent n’est pas en sécurité dans les banques. Depuis la démonétisation de l’or, l’argent n’est qu’une valeur fiduciaire, c’est-à-dire que cet instrument de paiement repose sur la confiance que les gens lui donnent. Un billet de banque n’est qu’un bout de papier, un chèque ne correspond qu’à une ligne de compte, une carte bancaire n’est utile que si le réseau électrique ne tombe pas en panne. La dématérialisation progressive de la monnaie, son passage de l’or à la monnaie électronique est une vraie menace. Non seulement on ne perçoit plus à quoi correspond nos fonds, mais la pyramide de crédit que traficote nos banques peut s’écrouler du jour au lendemain (cf. crise des subprimes).

De plus les banques font « travailler » notre argent. C’est à dire qu’elles le placent dans des activités économiques ou financières dont nous ne sommes plus maître. Les banques financent des activités diverses qui sont plus ou moins émettrices de carbone. LeMonde** titrait il n’y a pas longtemps : « Diminuez l’empreinte carbone de votre épargne » ! Il est donc préférable de dépenser son argent immédiatement, soutenir une AMAP, financer un chauffe-eau solaire sur son toit, et donner son surplus financier à Greenpeace ou une autre association écolo. Les gens doivent se réapproprier leur argent.

« Se réapproprier l’argent » est le dixième point rajouté par Serge Latouche*** à son programme politique. Dans la transition vers une civilisation de l’après-pétrole, il convient d’encadrer l’activité des banques et de la finance, en finir avec la titrisation des crédits ou l’excès des effets de levier. Les flux monétaires devraient rester le plus possible là où ils ont été engendrés tandis que les décisions économiques devraient être prises à l’échelon local. Le développement des monnaies alternatives, locales ou biorégionales, selon des formules diverses, participe de cet objectif et constitue un puissant levier pour relocaliser. Le palmas brésilien, le chiemgauer allemand ou l’abeille française encouragent l’achat local et interdisent la spéculation****. Même le patron de Goldman Sachs aurait le droit (le devoir ?) de se lancer dans une croisade en faveur de banques relocalisées.

* LeMonde du 5 décembre 2010, d’Eric the King à Eric le Rouge

** LeMonde, supplément économie du 23 novembre 2010

*** Le pari de la décroissance, préface de juin 2010

**** LeMonde magazine, les frappés de la monnaie locale (4 décembre 2010)

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tout savoir sur le pic pétrolier

Les politiques s’intéressent marginalement au réchauffement climatique et pas du tout au pic pétrolier. Pourtant les quantités de pétrole commencent déjà à plafonner au niveau de la production mondiale. C’est le début de la fin, ce que nous pouvons appeler la Crise Ultime, la Pétrole-Apocalypse ou la Longue Catastrophe. Des livres nous avertissent, des blogs nous interpellent… personne ou presque ne réagit !

 

Bibliographie :

1979 Vivre sans pétrole de J.A.Grégoire

2003 Pétrole, la fête est finie (avenir des sociétés industrielles après le pic pétrolier) de Richard Heinberg

2005 la fin du pétrole (le vrai défi du XXIe siècle) de James Howard Kunstler

2005 Pétrole apocalypse d’Yves Cochet

2005 la vie après le pétrole de Jean-Luc Wingert

2006 le plein s’il vous plaît (la solution au problème de l’énergie) de Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean

2009 la crise pétrolière (analyse des mesures d’urgence) de Bernard Durand

 

sur ce blog biosphere :

Cancun en décembre 2010

le pic pétrolier s’est produit en 2006

après le pic pétrolier, le pic charbonnier

le pic pétrolier dans le quotidien Le Monde

les dates du pic pétrolier

bientôt le baril à 200 dollars

 

Blogosphère :

http://petrole.blog.lemonde.fr/

http://www.avenir-sans-petrole.org/

www.manicore.com

 

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Cancùn, Cancon, Canquand

Cancùn n’est qu’une conférence internationale de plus ; personne ne se sent concerné. D’ailleurs aucun des chefs d’État présents à Copenhague n’a fait le voyage. Le quidam peut donc conserver l’idée trompeuse qu’il peut en toute quiétude continuer sa petite vie hautement énergivoraces. Pour beaucoup d’Américains, qui n’ont jamais connu que le monde de l’énergie bon marché, il est tout simplement impossible d’imaginer la vie sans pétrole. La plupart des Chinois ne pensent qu’à une chose, rejoindre le niveau de vie américain. Les touristes de tous les pays prennent l’avion pour l’autre bout du monde. Personne n’est prêt à renoncer à sa voiture, SUV ou Tata Nano. Tout le monde émet des gaz à effet de serre.

                La déclaration de Cochabamba sera sans doute présentée à Cancùn. Il s’agit d’établir un tribunal de justice climatique. Il s’agit de réduire les émissions de gaz à effet de serre des nations les plus industrialisées de 50% (contre celle de 7 à 16 % proposée à Copenhague). Il s’agit de rejeter totalement le marché du carbone et les biocarburants. Il s’agit donc de mesures rationnelles à mettre en place immédiatement, mais qui fâchent. Il s’agit donc de mesures mort-nées.

                Alors, 1000 Cancun partout dans le monde ? En France, Attac, la Confédération paysanne, les Amis de la Terre et même le NPA ont pris l’initiative d’un rassemblement à Cancon dans le Lot et Garonne. Comme le constate Hervé Kempf*, « l’événement est cependant loin de l’attention publique ». Le quidam ne perçoit pas le réchauffement climatique dans sa vie courante, il ne se mobilisera pas pour les générations futures. Le seul événement qui fera bouger les foules, c’est la hausse du baril suite au pic pétrolier. C’est pour bientôt, mais paradoxalement personne ne sait qu’on a déjà franchi le pic pétrolier, à part quelques rapports confidentiels de la Bundeswehr ou du Pentagone !

Vivement le baril à 300 dollars…

LeMonde du 3 décembre : Cancon, un contre-sommet sur le climat

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se raser, c’est rasoir

Il ne faut pas se raser. Pour les garçons la transformation du duvet en barbe révèle la fin de l’adolescence et l’identité masculine, un véritable ancrage dans une spécificité corporelle. Le fait de se raser n’indique pas une convergence des sexes ou l’éloignement de l’homme  de son origine animale. Il s’agit uniquement d’une instrumentalisation des hommes, le poil est devenu le cœur d’une nouvelle cible à des fins mercantiles. On a inventé les rasoirs mécaniques ou électriques, les jetables et les super-performants à trois lames, bravo les ingénieurs au service du profit ! C’est la civilisation thermo-industrielle, son rasoir et ses lames jetables, qui a transformé le monde occidental en cohortes de mâles bien propres sur eux.

                Il ne faut pas se raser. Comme l’exprime Georgescu-Roegen* : « Il faut nous guérir du circumdrome du rasoir électrique, qui consiste à se raser plus vite afin d’avoir plus de temps pour travailler à un appareil qui rase plus vite encore, et ainsi de suite à l’infini… Il est important que les consommateurs se rééduquent eux-mêmes dans le mépris de la mode. » Les innovations représentent le plus souvent un gaspillage de base entropie. Autour de nous, toute chose  s’oxyde, se casse se disperse, etc. Il n’y a pas de structures matérielles immuables, parce que la matière tout comme l’énergie se dissipe continuellement et irrévocablement. Toujours plus de rasoirs et toujours plus de lames signifie forcément une pollution et un épuisement des ressources naturelles plus important.

Dans LeMonde**, c’est un tout autre discours. Il paraît que la mode est à la barbe, ou plutôt au rasage irrégulier… L’homme non rasé serait jugé séduisant puisque le regard de la femme aurait changé… La barbe témoignerait d’une sorte de paresse… Mais l’heure est à la reconquête, raser n’est plus une corvée c’est un plaisir, affirment les marques de rasoir… En France, 419 millions d’euros de rasoirs manuels et de lames en 2009, ce n’est pas rien. En définitive, on ressent fortement l’emprise des fabricants de rasoir sur les journalistes du Monde : « Le rasage est un véritable rituel… L’enjeu pour les ingénieurs est d’être capable de développer un produit qui réponde à des pratiques… Il faut tenter de persuader ce consommateur casanier de tester le produit dernier cri… » On ressort de cet article sans savoir combien de fois il faut se raser par semaine, 3,6 fois comme les Ibères ou 5 fois comme les Allemands. Mais les journalistes du Monde ne répondent pas la question de fond : Faut-il se raser ?

* La décroissance (entropie, écologie, économie) de Nicholas Georgescu-Roegen (Sang de la terre, 1995)

** LeMonde du 1er décembre, La barbe, nouvel attribut de séduction

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WikiLeaks, d’intérêt public

 Ce que dit Timothy Garton Ash * « On accède à une qualité spéciale de compréhension lorsqu’on dispose d’un large éventail de sources, mais l’historien doit patienter vingt ou trente ans avant de pouvoir accéder aux archives diplomatiques. Voici avec WikiLeaks, exposées à la vue de tous, les jugements francs et parfois brillants que portent les diplomates américains. C’est le rêve de l’historien. Et le cauchemar du diplomate (…) Il y a un intérêt public à savoir comment fonctionne le monde et ce que l’on y fait en notre nom. Il y a aussi un intérêt public à ce que la politique étrangère soit menée de façon confidentielle. Et ces deux intérêts sont contradictoires. »

Notre commentaire : Ce professeur d’histoire à l’université d’Oxford parle pour ne rien conclure. Car l’essentiel est de résoudre les contradictions ! Si les divers gouvernants agissaient en toute transparence puisqu’ils agissent en notre nom, il n’y aurait pas besoin de fuites et de lanceurs d’alerte. Comme dit Bruno PERRIN sur lemonde.fr :

«  Je viens d’écouter Védrine à la radio et j’ai beaucoup ri. Sur la dictature de la transparence, sur les dérives du monde numérique, etc. Il ne faut pas espionner l’Etat, pas divulguer les secrets d’Etat, etc. Et il prend comme exemple la vie privée. Mais WikiLeaks ne parle pas de notre vie privée. Par contre, les entreprises et les services publics ne se privent pas de collecter des données privées sur notre compte. Il me prend pour un débile, Mr Védrine ? Je dois tout donner et rien recevoir ?? »

* LeMonde du 2.12.2010, Les documents secrets révélés par WikiLeaks relèvent de l’intérêt général.

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ce que révèle WikiLeaks de notre démocratie

La superficialité des écrits des diplomates américains révélés par LeMonde  grâce au site WikiLeaks ne mérite pas quatre pages*.  Par contre l’existence de WikiLeaks revitalise notre démocratie vacillante. Car aujourd’hui il y a transparence des humbles et anonymat des puissants. Dans toute démocratie véritable, c’est l’inverse qui devrait être vrai. Analysons la plaidoirie pro domo de l’ambassadeur des Etats-Unis en France**. Selon Charles Rivkin, « La franchise du dialogue au sein des gouvernements et entre les gouvernements est au cœur des relations internationales. Les diplomates doivent être assurés que ces discussions garderont leur nature privée » ! Cette phrase montre bien la dissymétrie du pouvoir instauré de façon illégitime par nos gouvernants. En effet un gouvernement  n’est que l’émanation des citoyens, ce qui veut dire que les citoyens doivent être au courant de tout ce que disent et font les gouvernants en leur nom. C’est pourquoi les écrits des diplomates sont par nature  publics et non « privés ». Malheureusement il n’en est pas ainsi.

Les diplomates sont d’abord au service de « ces princes qui nous gouvernent*** » et non directement au service de l’intérêt général. La politique étrangère américaine obéit aux principes édictés par Machiavel. L’objectif de Machiavel était de servir le prince et la puissance de l’Etat, les conseillers des présidents aux USA ont le même. Pour nous tous, en tant que citoyens, l’expérience historique devrait nous pousser à rejeter Machiavel, à refuser la soumission, aux princes et aux présidents, et à étudier par nous-mêmes les fins sous-jacentes aux politiques nationales. Il a toujours existé des gens qui pensaient par eux-mêmes, contre l’idéologie dominante, et c’est lorsqu’ils étaient suffisamment nombreux que l’histoire a connu ses moments les plus glorieux****.

Que de documents en France sont classés secret défense alors qu’il ne s’agit que de protéger les intérêts des puissants ! Aujourd’hui Internet permet l’expression anonyme des lanceurs d’alerte et la veille citoyenne. Le site Internet WikiLeaks, créé en 2006, a publié des milliers de documents dénonçant des méfaits perpétrés par des politiciens, des fonctionnaires et des hommes d’affaires du monde entier. WikiLeaks est indispensable. Pas le fait de délayer dans des quotidiens de référence ce que nous savons déjà !

* LeMonde du 30 novembre, WikiLeaks décryptages (4 pages)

** LeMonde du 30 novembre, le Etats-Unis regrettent la divulgation de documents secrets par le site WikiLeaks

*** titre du pamphlet de Michel Debré en 1957. En résumé, les citoyens votent, et entre deux élections, ils ferment leur gueule.

**** lire Howard Zinn, Désobéissance civile et démocratie

 

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tactique Cohn-Bendit ou stratégie NKM ?

Nous ne croyons plus à l’autonomie de la question environnementale en politique, NKM* non plus. Plus précisément, l’évolution des menaces (pic pétrolier, réchauffement climatique, perte de biodiversité…) va dans le sens d’une prise en compte par tous les élus sans exception de cet enjeu. Bien sûr l’écologie comme problématique nouvelle était nécessairement minoritaire à ses débuts.  Bien peu avait lu ou compris le rapport du club de Rome en 1972. Le passage de certaines associations de protection de la nature à l’engagement politique s’est fait en France grâce à la candidature de René Dumont aux présidentielles de 1974 (1,3 % des suffrages exprimés), en corrélation avec le premier choc pétrolier et la question nucléaire. Mais depuis lors, l’idée écologique a fait son chemin tant dans les esprits qu’au niveau électoral. La sauvegarde des habitants de la planète rend désormais nécessaire le fait que les partis de gouvernement se saisissent de cet enjeu. Dès 2002, le mot d’ordre interne au Parti socialiste était de ne plus sous-traiter l’écologie. L’UMP au pouvoir a mis en place un Grenelle de l’environnement. L’écologie politique, de minorités externes aux deux partis de gouvernement, devient progressivement minorité interne. Comme l’exprime NKM, « La métamorphose doit venir de l’intérieur… Il m’importe plus de savoir si un parlementaire est motivé sur l’environnement que s’il vient du RPR ou du parti républicain. ».

Nous ne croyons pas qu’Europe-Ecologie ou les Verts, même regroupés, soient désormais d’une grande utilité, si ce n’est symbolique. Nous ne croyons pas que le Parti de Gauche de Mélenchon pourra porter très haut la question écologique. Nous ne croyons pas que Cap 21 de Corinne Lepage ait jamais pesé d’un grand poids. Nous ne croyons pas au Modem ou aux centristes. Nous pensons que si tous les écologistes sincères rejoignaient un parti de gouvernement, la cause écologique serait défendue beaucoup mieux qu’à l’heure actuelle. Nous laissons au flair de chacun de déterminer si les perspectives pour l’écologie politique sont meilleures à l’intérieur du PS ou de l’UMP !

* N.Kosciusko-Morizet, ministre de l’écologie : « J’ai sympathie et respect pour les personnes impliquées dans les partis écologistes, mais je ne crois pas à l’autonomie de la question environnementale en politique. Cela a été mon engagement à l’UMP. » (LeMonde du 28 novembre, L’image du Grenelle s’est brouillée)

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l’humaniste est-il écolo ?

Certaines méchantes langues traitent certains écologistes d’anti-humanistes. L’analyse ci-dessous montrent que c’est plutôt un humanisme étroit qui empêche d’être vraiment écologiste. L’humanisme qui consiste à tout ramener à l’homme – surtout occidental – instaure un anthropocentrisme aussi dévastateur pour le reste de la création qu’il est hégémonique. Quelques témoignages :

Claude Lévi-Strauss en 1955 : Tout abus commis aux dépens d’une espèce se traduit nécessairement, dans la philosophie indigène, par une diminution de l’espérance de vie des hommes eux-mêmes. Ce sont là des témoignages peut-être naïfs, mais combien efficaces d’un humanisme sagement conçu qui ne commence pas par soi-même mais fait à l’homme une place raisonnable dans la nature au lieu qu’il s’en institue le maître et la saccage sans même avoir égard aux besoins et aux intérêts les plus évidents de ceux qui viendront après lui (…) Un humanisme bien ordonné ne commence pas par soi-même, mais place le monde avant la vie, la vie avant l’homme, le respect des autres avant l’amour-propre  (Tristes tropiques)

Jean Baudrillard en 1973 : Pourquoi faut-il que la vocation de l’homme soit toujours de se distinguer de l’animal ? L’humanisme est une idée fixe qui nous vient, elle aussi, de l’économie politique – enfin, laissons cela -.  (Le miroir de la production)

Sale Kirkpatrick en 1995 : L’un des traits de l’industrialisme et de faire un usage intensif des trésors concentrés dans la nature et de ses organismes vivants, dénommés « ressources », sans égards pour la stabilité du monde qui les fournit. C’est un processus ratifié par des idéologies industrielles tels que l’humanisme, qui en donne le droit, le matérialisme, qui en donne l’explication, et le rationalisme, qui en donne la méthode. Ce que Carlyle voyait au XIXe siècle comme une économie « en guerre contre la nature » est devenu une guerre encore plus violente au XXe. (La révolte luddite, briseurs de machine à l’ère de l’industrialisation)

Catherine et Raphaël Larrère en 1997 : Une des caractéristiques du cadre conceptuel de la modernité fut de poser l’extériorité de l’homme à la nature. De ce grand partage, on a décliné les dimensions ontologiques (sujet # objet), scientifiques (sciences de la nature # sciences humaines) et morales (humanisme antinaturaliste) Or, c’est cette partition que les développements contemporains de la science remettent en question. La parenté de l’humanité avec toutes les autres espèces, que le darwinisme avance, permet de surmonter la scission entre le sujet et l’objet. La modernité n’est pas anthropocentrique (…) Remontant à la politique nazie de protection de la nature (la Naturschutz, antérieure à la venue des nazis au pouvoir, mais conservée par ceux-ci), Ferry assimilait dans un même  antihumanisme lourd de menaces fascistes la deep ecology, l’environnementalisme américain, Michel Serres et les thèses de Hans Jonas. Nous avons quelques raisons de penser que les écologistes ne représentent pas le véritable danger, alors que les menaces qu’ils dénoncent sont souvent réelles. La dénonciation de la deep ecology ou de l’écocentrisme demeure un rituel obligé qui ne nous paraît pas justifié. (Du bon usage de la nature, pour une philosophie de l’environnement)

Philippe Descola en 2005 : La subordination des non-humains aux décrets d’une humanité impériale est de plus en plus contestée par des théoriciens de la morale et du droit qui travaillent à l’avènement d’une éthique de l’environnement débarrassée des préjugés de l’humanisme kantien. Aux Etats-Unis, en Australie en Allemagne et dans les pays scandinaves a surgi une approche morale des devoirs de l’homme vis-à-vis de la collectivité du vivant et des droits que celle-ci pourrait posséder de façon intrinsèque (…) L’anthropologie est donc confrontée à un défi formidable : soit disparaître avec une forme épuisée d’humanisme, soit se métamorphoser en repensant son domaine de manière à inclure dans son objet bien plus que l’anthropos, toute cette collectivité d’existants liée à lui et reléguée dans une fonction d’entourage. (Par-delà nature et culture)

Robert Barbault en 2006 : Ce dont il s’agit n’est rien de moins que l’avènement d’un humanisme planétaire, lequel suppose une sorte de réconciliation entre l’homme et la nature. Oui, nous sommes entrés dans une nouvelle ère et l’appeler anthropocène doit nous inviter à prendre conscience des responsabilités que cela nous donne vis-à-vis des générations futures et des autres habitants de la Terre. (Un éléphant dans un jeu de quilles)

Baptiste Lanaspeze en 2007 : Le fait d’accorder une valeur en soi au monde naturel ou, en d’autres termes, de quitter l’ancien point de vue anthropocentrique pour adopter un point de vue « écocentrique », c’est ce qui caractérise pour le philosophe norvégien Arne Naess le passage à l’écologie profonde. Que l’on n’ait cessé de dénoncer une « rupture avec l’humanisme » là où il s’agit d’approfondissement des valeurs, voilà qui peut sembler étrange. Car ce dont il s’agit précisément pour Naess, c’est de réformer l’éthique et la métaphysique, pour permettre à l’homme de vivre une vie meilleure au sein de ce qui l’entoure (…) Assumer ce label de deep ecology, c’est rappeler à l’humanisme étroit qu’il a raison de ne pas aimer la deep ecology, car la deep ecology ne l’aime pas non plus. (L’écologie profonde n’est pas un « totalitarisme vert »)

Alain De Benoist en 2007 : Il ne serait cependant pas honnête de passer sous silence les impasses dans lesquelles l’écologie pourrait s’engager. Le biocentrisme égalitaire, où la vie d’un homme ne vaudrait finalement rien de plus que celle d’une vache ou d’un puceron reviendrait à passer d’un excès à l’autre. Il s’agit de rejeter d’un même mouvement l’humanisme héritier des Lumières, qui croit qu’on ne peut reconnaître à l’homme sa dignité qu’en l’arrachant au monde naturel, et l’idéologie de ceux qui oublient ce qui fonde en propre le phénomène humain. Reconnaître la spécificité humaine ne légitime pas plus la domination et la destruction de la Terre que la défense et la préservation de la nature n’impliquent la négation de ce qu’il y a d’unique dans l’espèce humaine. La conscience du rapport de co-appartenance interdit tout aussi bien de faire de la nature un objet intégralement dominé par l’homme que de faire de l’homme un objet intégralement agi par la biosphère. (Demain, la décroissance ! penser l’écologie jusqu’au bout)

Jacques Grinevald en 2007 : Eduqué dans mon enfance d’une manière très catholique, je me suis éloigné d’un certain humanisme soi-disant universel que je trouve à présent terriblement eurocentrique, et même excessivement anthropocentrique. Je me suis révolté intérieurement contre le fossé des deux cultures, l’humaniste et religieuse qu’on m’avait inculquée, et celle plus écologique et scientifique. Dans les années 1970, l’écologie (scientifique et politique) devenait une nouvelle perspective, aussi subversive que passionnante (…) L’arrogance de l’humanisme fait partie des racines culturelles et historiques de notre crise écologique. (La Biosphère de l’Anthropocène, repères transdisciplinaires)

Roger Ribotto en 2007 : L’anthropocentriste distingue si fort la nature de la culture que pour lui la spécificité de l’homme est d’être anti-nature. Anthropocentrisme égale humanisme….dans la mesure où humanisme égale anthropocentrisme. Tant que la nature n’aura pour nous d’autres raisons d’exister que son exploitation par l’homme, la crise  durera, s’amplifiera. Il faut donc rejeter l’anthropocentrisme pour une pensée plus moderne, mieux adaptée à notre temps : mettre l’homme à sa bonne place dans la nature. (L’écologie profonde)

Serge Latouche en 2007 : La décroissance, entendue comme philosophie fondatrice d’un projet de société autonomie, implique une rupture avec l’occidentalocentrisme. Ce n’est pas un hasard si la plupart des inspirateurs de la décroissance (Illich, Ellul, Claude Lévi-Strauss et bien d’autres), ont dénoncé l’humanisme occidental : toute tentative de formuler des postulats issus du code moral d’une seule culture réduit la possibilité d’appliquer à l’humanité dans son ensemble quelque déclaration des droits de l’homme que ce soit (…) C’est pourquoi le projet de la décroissance n’est pas un modèle clef-en-main, mais une source de diversité. Cela dit, ne nous méprenons pas. Cette conception n’est en aucun cas un antihumanisme. Peut-être pourrait-on parler d’un a-humanisme comme je parle d’a-croissance. (petit traité de la décroissance sereine)

Harald Welzer en 2009 : Les cultures occidentales tiennent très fort à l’Humanisme, à la Raison et au Droit, bien que ces trois régulations de l’action humaine aient historiquement succombé à chaque attaque, dès qu’elle fut un peu  rude. De fait la culture n’a de sens qu’en elle-même, en tant que technique pour accroître les chances de survie des groupes sociaux. La variante occidentale ne dure que depuis 250 ans seulement, et au cours de cette minuscule période il s’est trouvé plus de ressources détruites que pendant les 39 750 années précédentes. Or ces ressources ne sont pas perdues que pour le présent, mais aussi pour l’avenir. L’histoire de l’Occident libre, démocratique et éclairé écrit aussi sa  contre-histoire, faite de non-liberté, d’oppression et du contraire des Lumières. De cette dialectique, l’avenir des conséquences du climat montre que le rationalisme des Lumières ne pourra s’exempter. Il y connaîtra son échec. (Les guerres du climat)

Alain Papaux en 2010 : L’homme peut tout vouloir, les indisponibilités auxquelles il est confronté n’étant dues qu’à une limite passagère, à une connaissance-maîtrise momentanément insuffisante de la science. Le transhumanisme qui porte ce projet est bien un humanisme, un héritier de la vision moderne de l’homme et de la science. La nature humaine est devenue indistincte puisque commensurable aux artefacts, rendue disponible par la convergence NBIC (sciences dites nano-bio-informativo-cognitives). Même l’intériorité s’est technicisée. Toutefois la liberté des Modernes, libérée par disparition des limites, loin de nous accomplir, se prépare à nous engloutir. (l’illimité à l’indisponible in Crise écologique, crise des valeurs sous la direction de Dominique Bourg et Philippe Roch)

Anne Dalsuet en 2010 : Pour Arne Naess, une acception de l’humanisme, fort insuffisante, valorise l’homme en faisant de lui le seul sujet de droit. Selon le schéma kantien, il n’y a de valeur utilitaire, esthétique ou morale qu’en vertu de l’attribution d’un sujet, c’est pourquoi « sans les hommes, la création tout entière ne serait qu’un simple désert inutile et sans but final ». Seuls les hommes sont pour Kant sujets et dignes d’être considérés comme des valeurs ou des fins en soi.

Nous devons nous délivrer de cette conception dominatrice de l’homme ; les hommes ne construisent pas tout seuls leur monde. Il faut déconstruire l’idéologie parasite par laquelle les hommes légitiment leur comportement destructeur à l’encontre de la Terre. Rolston et Taylor ne limitent pas la sphère de la moralité à la stricte humanité. Dans la nature, il existe de nombreuses stratégies adaptatives : tous les êtres vivants animaux et végétaux, s’emploient à préserver leur existence et à se reproduire, en ayant recours à des stratagèmes qui sont autant de moyens mis au service de fins. (Philosophie et écologie)

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