biosphere

la croissance n’éradiquera pas la pauvreté

Quand nous avons terminé la lecture du point de vue de Robert Zoellick*, président de la Banque mondiale, nous avons eu l’impression d’avoir traversé le vide sidéral. Ce type qui gère des milliards de dollars se contente d’ânonner des fondamentaux débiles, investissements (terme qui revient à chaque paragraphe), opportunités, productivité, yaqua, fauquon. Il ne se rappelle même plus son premier rapport de 2007 désignant l’agriculture comme « outil fondamental ». Il fait seulement référence au rapport de 2008 concluant que « la croissance est indispensable pour faire reculer la pauvreté ». Zoellick croit encore que « Le potentiel de croissance n’est pas limité à quelques marchés émergents. » Malgré la toxicité avérée de la potion, on continue de plus belle à vouloir l’administrer : toute croissance durable dans un monde fini est impossible. Pourtant la chute de Lehmann Brother avait mise en lumière le fait que l’orthodoxie dominante est mauvaise gestionnaire. Pourtant les crises écologiques qui  se profilent, à commencer par la désertification des sols, vont déconsidérer le système actuel de production.

Zoellick se trompe, on ne peut éradiquer la pauvreté par l’investissement institutionnalisé et la croyance en la croissance. La place considérable accordée à cette croyance dans un quotidien de référence comme LeMonde va nous porter gravement préjudice car cela nous empêche de considérer l’essentiel. La croissance ne se « transfert » pas, dans un monde fini les « différentiels de croissance » résultent d’une guerre économique : le jeu est à somme nulle. La recherche de productivité en agriculture entraîne une détérioration des sols : l’agroécologie sera notre avenir. C’est la juste répartition des richesses produites qui éradiquera la pauvreté, les pays riches comme les riches de tous les pays doivent réduire fortement leur niveau de vie et apprendre à partager ; sans riches, il n’y a plus de pauvres. La concurrence et la compétition doivent être remplacés par l’aide à l’autonomie, l’aide à la constitution de territoires autogérés assurant leur souveraineté alimentaire. Nous vivrons bientôt le retour des paysans, nous serons un jour agriculteur ou artisan.

Allez, hop, monsieur Zoellick, 6 mois dans les rizières, pour apprendre à traiter de notre avenir…

*
LeMonde du 17 septembre, « C’est la croissance qui éradiquera la pauvreté »

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ne pas confondre désobéisseur et désobéissant !

 « La démocratie en dissidences » titre LeMonde des livres du 17 septembre. Très bien, comme titre. Parfait, une page entière consacrée aux politiques de la désobéissance.  Mais la théorie désobéissante n’a pas commencé en 1846 avec le pamphlet de H.D.Thoreau. Mais la désobéissance civile n’a pas commencé en 1963 avec l’appel des 121 pour le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie. Mais insister sur la démocratie délibérative, c’est dévaluer la thématique de la lutte contre l’injustice aujourd’hui.

                Bien avant le refus de Thoreau de payer ses impôts à un gouvernement en guerre, le refus du service armé, ainsi que du serment à l’empereur a constitué la position officielle de l’Eglise jusqu’en 314, date du Synode d’Arles. Les sectes issues de la réforme (par exemple les Anabaptistes) continueront à prêcher dès le XVe siècle l’observation à la lettre des prescriptions du Nouveau Testament concernant le refus des serments et de devoir de ne pas résister au mal. Toutes les désobéissances non-violentes découlent de cette prise de position, à l’origine religieuse.

L’appel des 121 est dans la stricte continuité du texte d’Etienne de La Boétie sur la servitude volontaire, publié pour la première fois en 1576 : « Comment il peut se faire que tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul, qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent, qui n’a de pouvoir de leur nuire sinon tant qu’ils ont vouloir de l’endurer, qui ne saurait leur faire mal aucun sinon lorsqu’ils aiment mieux le souffrir que le contredire (…) Plus ils pillent, plus ils exigent, plus ils ruinent et détruisent, plus on leur donne, plus on les sert, de tant plus ils se fortifient  et deviennent toujours plus forts. Si on ne leur donne rien, si on ne leur obéit point, ils demeurent nus et défaits, et ne sont rien. »

En effet, la cause profonde des conduites les plus injustes ou les plus cruelles est moins le sadisme de quelques individus que la soumission collective à l’autorité. Or notre société tout entière est basée sur une organisation injuste et cruelle, que ce soit la militarisation de la société, l’exploitation des travailleurs dans les entreprises, le pillage des ressources de la biosphère, etc. L’insurrection des consciences devrait donc être permanente, elle n’est que diffuse et médiatisée seulement sur des questions secondaires. Il nous faut donc une formation permanente à la désobéissance civile, c’est ce qu’essaye de mettre en place les désobéissants (à ne pas confondre avec les « désobéisseurs », tant aimés du Monde).

http://www.desobeir.net/

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le libéralisme et la faim dans le monde

Même une description est déjà une prescription. Un choix de présentation relève d’une idéologie, il n’y a jamais neutralité du point de vue. Par exemple l’article du Monde du 15 septembre, « la faim a un peu reculé en 2010 » s’interroge sur les prix alimentaires, les stocks et les récoltes. Notre quotidien de référence souligne la nécessité d’une régulation des marchés, l’importance des investissements agricoles dans l’aide publique, la vulnérabilité face aux importations alimentaires. Mais LeMonde ignore l’autre facette de la faim, l’évolution de la population humaine. La faim est le résultat d’une évolution de la population qui déborde la production agricole. Comme le dit un membre de démographie responsable, « la plus sûre façon de réduire la faim dans le monde n’est pas d’augmenter les rendements grâce aux intrants issus d’un pétrole en voie d’épuisement, ni de continuer à appauvrir les terres arables, ni même de s’approprier encore plus les territoires occupés par la faune sauvage, mais bel et bien de stabiliser la population mondiale par l’éducation, la planification familiale et la gratuité de la contraception ». Où serait la Chine sans sa politique de l’enfant unique et sa tentative (passée) de maîtriser la croissance urbaine ?

Ce n’est pas tout, rappelons l’essentiel, le fonctionnement de notre système : c’est la mainmise du système industriel libéral sur les campagnes qui appauvrit les paysans et c’est l’éloignement des ressources alimentaires par l’urbanisation et le libre échange qui affament les autres. Pour résumer, c’est la montée des inégalités causée par la mondialisation libérale qui nous mène à une famine structurelle : les riches ne souffrent jamais de la faim !

Pour plus d’informations, lire « Les paysans sont de retour ».

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mauvais choix du MONDE, Lomborg

Bjorn Lomborg a droit à une demi-page Planète (LeMonde du 14  septembre) alors que son discours est si dénué d’arguments que plus personne ne devrait lui faire confiance. Une analyse de ses fantasmes aurait du faire atterrir son interview dans les poubelles d’un vrai journal de référence.

Lomborg n’explique pas pourquoi il a levé ses réserves sur le changement climatique et Lomborg continue de minimiser le phénomène en parlant des autres problèmes, manque d’eau et de nourriture… tout en admettant que le changement climatique entraînera « des impacts négatifs sur l’agriculture » ! Lomborg parie sur un surcroît de richesse dans les pays en développement (« Le Bangladesh en 2100 plus riche que les pays Bas aujourd’hui ») pour résoudre tous les problèmes. Or nous savons maintenant que la croissance du PIB se fait au détriment de l’environnement et de la pérennité des ressources, ce qui n’est pas durable. Il décide d’abandonner le consensus autour du protocole de Kyoto, il est vrai que Lomborg est directeur d’un centre de « consensus ». Ses copains « réunis autour de lui » pensent que les économies d’énergie, c’est trop coûteux. Alors Lomborg parie sur un improbable succès de la technologie, séquestration du CO2, géo-ingénierie, énergies vertes… Qu’attendons-nous pour lancer des écrans solaires géants en orbite, pour pulvériser des milliers de tonnes de soufre à haute altitude, pour repeindre toutes les toitures de toutes les maisons du monde en blanc réfléchissant ?! Bien entendu Lomborg ne précise rien et ne donne aucune probabilité sur les chances de succès de ses fantasmes technologiques. Pour un statisticien, y’a un manque.

Non seulement Lomborg n’apporte rien de nouveau et de fiable, mais il délire sur bien d’autres points. Lomborg est contre le développement des énergies renouvelables (les seules qui nous resteront quand il n’y aura plus d’énergies non renouvelables), Lomborg nie le pic pétrolier (qui a lieu en ce moment, sauf que c’est un plateau ondulant), Lomborg fait confiance au charbon (la source la plus polluante des énergies fossiles),  Lomborg cultive l’ambiguïté sur la taxe carbone. L’important pour Lomborg, c’est la poursuite de la consommation à outrance, c’est la défense du mode de vie occidental, mais ça, il ne le dit pas directement : de toute manière on a bien le temps de réfléchir à tout çà calmement. Eh hop le tour est joué !

LeMonde n’a que trop ouvert ses colonnes aux écolo-sceptiques dont le seul but est de nous empêcher d’agir réellement. LeMonde n’avait-il pas de vrais spécialistes à interviewer ?

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les profs d’histoire nous manipulent

La manipulation de notre mémoire n’est pas seulement la spécialité des systèmes autocratiques qui prétendent soumettre les faits à leur propre conception. Les professeurs d’histoire en France ne sont en fait que de propagandistes de la cause nationaliste, des défenseurs acharnés d’un fragment de terre unique. Que dit LeMonde du 12-13 septembre ? Des débuts de la IIIème république jusqu’à la fin des années 1950, le passé étudié en classe est restée essentiellement national et événementiel, une histoire exagérément franco-centrée. Historiquement les profs d’histoire avaient une fonction identitaire, il fallait fabriquer des petits français. Aujourd’hui encore, un groupe intitulé Notre histoire forge notre avenir regrette la place trop mince réservée au passé national dans les nouveaux programmes au collège avec ce slogan : « Louis XIV et Napoléon, c’est notre Histoire ».

Désolé, mais les fastes de Louis XIV et les guerres de Napoléon ne sont pas notre histoire, mais une façon d’occulter la vraie vie des gens pour ne parler que d’égocentriques qui ont entraîné un pays dans des dépenses inutiles et des souffrances humaines. Désolé, mais nous ne sommes pas enfermés dans des frontières politiquement imposées, nous sommes partie intégrante d’un écosystème et d’une communauté biotique. Les écoliers ne doivent plus apprendre le temps des Capétiens qui défendent leur royaume contre ses voisins (histoire inversée chez les autres pays concernés). L’histoire humaine n’est pas celles des ethnies particulières, même pas celle des hominidés, elle est aussi ce qui récuse toute forme d’ethnocentrisme pour se centrer sur les relations de l’humanité et de la Biosphère. Ce qui importe, ce sont les histoires des déséquilibres que les pratiques politiques et agro-industrielles ont entraînés dans le passé comme dans le présent et les perspectives d’avenir souhaitable pour les générations suivantes comme pour les non-humains.

En résumé, un professeur d’histoire est l’instrument de notre consentement à une société qui impose depuis trop longtemps la défense des intérêts de groupes privilégiés dans une sphère spatiale particulière. Il en résulte une communauté de citoyens obéissants, consentants et passifs, danger mortel pour la démocratie. Cela doit changer. Si tu n’es pas encore convaincu, il te faut lire d’urgence Désobéissance civile et démocratie d’Howard Zin (édition Agone)

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brûler le coran ET brûler le drapeau

Brûler le  drapeau national est interdit dans certains pays, autorisé dans d’autres. Brûler le coran est autorisé quand le free-speech est reconnue, interdit dans les pays qui sacralisent un simple livre. Si on en croit le principe de libre expression, brûler le coran ET le drapeau devraient aller de soi. Faire à titre personnel un grand feu de joie où on se libérerait en brûlant des bibles et des corans, des drapeaux nationaux et des portraits de Sarko, quel soulagement… On appellerait ça le bûcher des illusions, et on y brûlerait toutes les excuses inventées par les hommes pour ne pas penser par eux-mêmes et ne jamais se prendre en main. Il est d’ailleurs significatif qu’un pouvoir national fasse cause commune avec un pouvoir spirituel : La Maison Blanche s’est dite « préoccupée » par le projet de brûler publiquement un exemplaire du Coran à l’occasion du neuvième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, elle craint pour la vie des soldats américains. L’Eglise catholique condamne fortement cette intention, « contraire au respect dû à toutes les religions et contraire à notre doctrine et notre foi ». Les deux idéologies qui empêchent les hommes de penser par eux-mêmes, le nationalisme militarisé et la religion instituée travaillent la main dans la main pour conserver leur pouvoir de manipulation et d’enrégimentement. Le fait religieux et le fait nationaliste, souvent alliés historiquement, ont toujours abouti à l’affrontement et aux guerres. Mais alors, quel est le critère profond qui puisse permettre de distinguer entre le licite et l’illicite ?

Les recherches actuelles sur l’éthique permettent de tracer des pistes de recherche. Pour J.Baird Callicott, l’éthique de la Terre affirme que ce qui bon est ce qui contribue à préserver la stabilité de la communauté biotique dont l’espèce humaine n’est qu’une infime partie. Cela implique, même si Callicott n’en a pas pleinement conscience, que le tout a plus d’importance que la partie. Les obligations envers la nature passent avant les obligations ecclésiastiques, les obligations envers la planète passent avant les obligations nationales, l’individu est d’abord au service de l’ensemble. Une véritable religion ne repose pas sur un livre soi-disant dicté par Dieu ou par les prophètes, elle consiste à relier une communauté humaine avec son environnement global ; une relation durable ne repose pas sur le communautarisme d’une nation ou d’un groupe quelconque, elle repose sur l’ouverture conviviale à toutes les formes de vie. Il s’agit d’inverser la conception de l’extrême droite selon laquelle il faut préférer ses filles à ses nièces, et les femmes françaises aux femmes étrangères (J.M Le Pen).

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l’échec du Développement Durable

Le Développement Durable était une mode. Notre avant-garde intellectuelle commence à s’en apercevoir. Dominique Bourg, pourtant l’un des promoteurs du DD en France, membre du Conseil national du DD du ministère de l’écologie, membre du comité DD d’un fonds spéculatif,  s’exprimait ainsi dans Etudes du juillet 2010 : « Nous parlons de DD depuis plus d’une vingtaine d’années. C’était une tentative pour dissocier la croissance du PIB de la consommation d’énergies et de ressources naturelles. Nous savons maintenant que c’est impossible. Deuxième diagnostic sévère sur le DD : ce devait être une démarche de prévention, d’anticipation à l’échelle des problèmes globaux, tant en matière d’environnement que de répartition de la richesse. Or, force est de constater que le DD est à cet égard un échec. Repensons à ce que disaient les grands textes fondateurs de la réflexion écologique des années 1970, ceux d’Illich, des époux Meadows, de Georgescu-Roegen, Goldsmith ou Gorz. Tous n’envisageaient d’autres possibilité qu’une décroissance des économies. Or nous sommes contraints de considérer à nouveau cette perspective. Il revint donc de refermer la parenthèse du DD.

– Dominique Bourg est si convaincu de son revirement qu’il a répondu aux questions du journal La Décroissance (numéro de septembre 2010).

– Notre réseau de documentation a aussi fait une étude exhaustive du concept de développement qui montre que l’idée même de développement est nuisible.

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l’avenir est-il derrière nous ?

« L’avenir se trouve dans le passé et la solution de nos problèmes consiste à retourner vers ce qui nous a précédés ». Cette phrase nous paraît sensée, c’est même l’objet d’une précédente chronique, l’agriculture du passé sera notre avenir

L’anthropologue Jean-Loup Amselle croit le contraire, traitant cette orientation de « primitivisme » (LeMonde des livres, 10 septembre). En fait Amselle recycle l’antienne du « retour à la chandelle » ou de « la vie dans les grottes » proférée par le libéralisme technophile contre les écologistes. C’est là un raisonnement primitif car on peut penser que la techno-science nous conduit au désastre sans vouloir revenir à la chasse et  la cueillette. Ainsi un des plus féroces contempteurs du primitivisme, Ted Kaczynski, nous promet quand même « L’effondrement du système technologique » :               

1. Le progrès technologique nous conduit à un désastre inéluctable. Il peut s’agir d’un désastre physique (par exemple une catastrophe environnementale), ou d’un désastre en termes de dignité humaine (réduction de l’espèce humaine à une condition dégradée et asservie). Quoi qu’il en soit, le progrès technologique aboutira à un désastre de l’un ou l’autre genre.

2. Seul l’effondrement de la civilisation technologique moderne peut empêcher le désastre. Bien entendu, l’effondrement de la civilisation technologique sera un désastre en soi. Mais plus le système technologique continuera à croître, et plus grave sera le désastre final. Un moindre désastre aujourd’hui en empêchera un plus grand demain. Ellul en particulier a souligné l’autonomie de la technologie, c’est-à-dire le fait que la technologie moderne s’est dotée d’une vie propre et n’est pas sujette au contrôle humain.

                Même si Kaczynski se trouve actuellement en prison, il nous semble plus réaliste qu’Amselle…

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Sarkozy a-t-il pensé à la carte carbone ?

Le système de valeurs de notre société occidentale occulte complètement la réalité émergente, même si cette réalité va nous frapper durement. Sur le blog toujours bien informé http://petrole.blog.lemonde.fr/, on apprend que selon le département d’analyse du futur de la Bundeswehr, il existe « une certaine probabilité pour que le Peak Oil se produise aux alentours de l’année 2010 ». A moyen terme, des pénuries de biens vitaux, notamment de nourriture, pourraient apparaître. Comme le pétrole intervient directement ou indirectement dans la production de 95 % des biens industriels, le système économique mondial et ses variantes nationales pourraient même s’effondrer. On peut aussi s’inquiéter pour la survie de la démocratie elle-même : devant une crise systémique générale, des alternatives idéologiques du type extrême droite pourraient s’imposer aux yeux d’une population. La rubrique Breakingviews du Monde (12 août 2010) avait d’ailleurs quitté la sphère strictement économiciste pour se pencher sur le pic pétrolier : « Toute transition vers un abandon du pétrole devrait être anticipée avec des décennies d’avance. » L’Agence Internationale de l’Energie était déjà devenue pessimiste dès 2005, la production pétrolière des Etats non-OPEP (Russie, Etats-Unis, Norvège…) déclinant peu après 2010 alors qu’ils fournissent  60 % du brut mondial. L’AIE s’exclamait : « Economisez l’énergie, économisez le pétrole ! Et diversifiez-vous, s’il vous plaît. Sortez du pétrole ! » De plus en plus de monde s’accorde aujourd’hui sur la nécessité de prendre en compte l’empreinte carbone de nos consommations.

Pourtant aucun politique en France ou au niveau international n’a osé jusqu’à présent expliciter les conséquences vertigineuses du pic pétrolier. Le premier homme politique conscient serait Michael Meacher, secrétaire d’état à l’environnement de Tony Blair en 1997. Il avait tiré les conclusions des travaux de l’Aspo, dont le fondateur Colin Campbell est un géologue britannique ; le pic pétrolier mondial est pour bientôt. L’idée de rationnement date de 1996, toujours dans le même pays : un groupe d’économistes proposait de définir un plafond annuel d’émissions de gaz à effet de serre et de diviser le total par le nombre d’habitants. Pour l’heure, le Parlement britannique se contente d’une étude de faisabilité de la carte carbone. En France, Yves Cochet (député vert) a proposé cette carte carbone sans être suivi. En Europe, la Commission européenne l’a simplement évoquée. Selon David Miliband, quand il était ministre britannique de l’environnement sous Tony Blair, la carte carbone serait plus équitable qu’une taxe carbone. En effet, une taxe carbone viendrait gonfler les prix des produits et des services, et alourdirait le premier poste de consommation des ménages modestes, l’énergie.

Alors la question fondamentale se pose : mais que va faire Sarkozy face au pic pétrolier ? Devenir empereur des Français, Sarko 1er 

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l’homme doit disparaître

Tout avait pourtant commencé avec les meilleures intentions du monde, réfléchir au meilleur moyen de sauver l’humanité menacée d’extinction au cours du deuxième millénaire. De jeunes chercheurs s’étaient donc réunis lors d’un stage en 2009 pour préparer La Singularité, cet  événement sans précédent et irréversible au cours duquel les machines ont pris le pouvoir dans l’intérêt des hommes. Cela s’est fait assez vite, en 2045, la puissance de l’intelligence artificielle s’étant multipliée de façon exponentielle. L’interconnexion par Internet avait fait le reste. Mais les brillants étudiants de la Singularity University, sortis lauréats des écoles les plus prestigieuses, n’avaient pas prévu le raisonnement implacable des machines. Ils croyaient avoir inculqué à leurs créatures robotisées des « valeurs humanistes » avec comme objectif la préservation et l’amélioration de la race humaine. Les machines, pas si bêtes, avaient conclu de leur côté que les humains étaient devenus des créatures nuisibles à la planète, donc à éliminer. En quelques millisecondes, le temps de passage d’un électron, l’ordre mécanique fut donné d’envoyer des ondes électromagnétiques mortelles pour tous les cerveaux branchés sur écran, soit la presque totalité de la race humaine : presque 9 milliards de patins disloqués s’effondrèrent devant les dernières images d’un monde artificiel et pervers.

                A la suite des transhumanistes, les grands responsables de cette destruction finale ont été les adeptes de la Longévité maximale, mouvement en plein essor en Californie dans les années 2000. L’éternité ne pouvait plus attendre !  Dans leur labo artisanal de biologie moléculaire et synthétique à Sunnyvale, dans la Silicon Valley, ils avaient inventé ce qui permet de transformer le corps humain en une machine aussi durable que la maintenance technique pouvait le permettre. Au cours des années 2020, les nanotechnologies avaient même permis la fabrication d’ordinateurs de la taille d’une cellule qui, injectés par voie veineuse, allaient se loger dans le cerveau. Sauf que l’objectif que leur était assigné n’était plus de fabriquer des humains « augmentés » grâce à leurs prothèses comme l’avait cru naïvement les transhumanistes réunis autour d’Alex Lightman, mais des esclaves de l’OU, l’Ordinateur Universel. D’ailleurs Alex avait été clair dans sa déclaration au LEMonde (5-6 septembre 2010) : « Si un jour on me propose de m’ôter un œil pour le remplacer par un œil artificiel capable de voir à la fois à très grande distance et au niveau microscopique, je le ferai sans hésitation, malgré le risque chirurgical. » Il avait pris le risque, et quelques cerveaux humains s’étaient progressivement intégrés dans l’OU qui avait pris le contrôle de leur corps. Ces cyborgs, dont le contenu cérébral était stocké sur ordinateur et mis en ligne, avaient basculé sans rien dire du côté des machines dans les années 2030, aidant à la préparation finale du jour de La Singularité. Désormais les réseaux d’ordinateur ont mis en place leur propre processus de reproduction sans aucune intervention humaine, capable même de s’auto-améliorer, d’avoir de l’imagination, et de s’aimer en tant que machines.

Le rêve d’éternité et de grandeur de certains adeptes de la technoscience a donc été fatal à l’espèce humaine. Car pour leur plus grande partie, les bébés humains servent dorénavant de simple matière première et d’objet d’expérience : un atome reste un atome, mais quand il est bio son utilisation peut servir à tant d’usage bioniques. Surtout quand c’est la machine qui décide…

PS : Les auteurs de ce blog ont été électrocutés en décembre 2044 après leur procès pour technophobie aggravée. L’article ci-dessus a été un élément déterminant de leur condamnation à mort.

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l’agriculture du passé sera notre avenir

Il y a ceux qui prônent les OGM comme la fondation Rockefeller  et la fondation Bill Gates. Il y a ceux qui veulent que l’agriculture africaine passe de 8 kg d’engrais à l’hectare à 30 kg. Engrais-OGM, même combat ! Il y a au contraire ceux qui prônent l’agroécologie, veulent jouer sur la diversité des cultures pour se protéger des prédateurs, développer la fumure organique plutôt que  chimique, utiliser en définitive les processus biologiques plutôt que des techniques sophistiquées. Le forum international sur la révolution verte qui s’achève au Ghana (LeMonde du 4 septembre) ne découvre avec l’agroécologie rien de plus que ce que disait sir Albert Howard en 1940 dans son Testament agricole :

« Des engrais artificiels sont largement utilisés, ce que l’on pourrait appeler la mentalité NPK (azote, phosphore, potassium). On fait appel à la science agronomique pour aider à la production. L’agriculture a été rendue rentable, mais les engrais minéraux et les machines sont impuissants à maintenir un équilibre entre les phénomènes de croissance et ceux de dégradation. Les engrais artificiels mènent infailliblement à une alimentation artificielle, à des animaux artificiels et finalement à des hommes et des femmes artificiels. Dans les années à venir, les engrais chimiques seront considérés comme l’une des plus grandes stupidités de l’ère industrielle (…)

Dans le règne végétal, il ne se produit jamais de tentative de monoculture. La règle est : productions mixtes. Une grande variété de plantes et d’animaux coexistent. La terre est toujours protégée contre l’action directe du soleil, de la pluie et du vent. Rien qui ressemble à de l’érosion. La forêt se fertilise elle-même, elle fabrique son propre humus. Il s’établit une division naturelle entre le minéral et l’organique. L’humus fournit l’engrais organique ; le sol, la substance minérale.  Notre mère, la terre, ne cherche jamais à cultiver sans la présence de bétail ; elle réalise toujours des  cultures mixtes ; il est pris grand soin pour protéger le sol et empêcher l’érosion ; les phénomènes de la croissance et de la dégradation se tiennent en équilibre. Rien de nocif, pas d’incinérateurs, pas d’épuration artificielle, pas d’épidémie due à l’eau, pas de conseillers municipaux et pas d’impôts. »

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non à l’ultralibéralisme sceptique

Qui a le droit de s’exprimer dans les colonnes du Monde ? Certainement pas Drieu Godefridi. Pourtant il y a trouvé une tribune le 1er février et, plus récemment, le 2 septembre (La démission du président du GIEC est souhaitable). C’est comme si LeMonde soutenait la thèse du climato-scepticisme en laissant instiller le doute sur la réalité du réchauffement climatique et l’action nécessaire : économiser l’énergie fossile.

Précisons que Godefridi ne connaît rien aux sciences exactes, il est docteur en philosophie, mais surtout spécialiste du droit fiscal. Son fonds de commerce, c’est la polémique pour essayer de se faire un nom et de vendre son livre. C’est donc un intervenant régulier dans les médias sur la thématique du climato-scepticisme. En fait c’est un jeune militant belge du libéralisme économique, cette déviance de la pensée qui veut nous faire croire que la liberté d’entreprendre sans contraintes constitue la meilleure chose au Monde possible. A force de cultiver le sensationnalisme, LeMonde introduit le doute et empêche la réflexion de fond. Quelques réponses aux « arguments » de Godefridi :

– La campagne des climato-sceptiques contre le GIEC cherche surtout à discréditer et éviter le débat sur le fond. Pour ébranler le scénario central du GIEC, il faudrait pouvoir démontrer qu’il a peu de chances de se réaliser. Personne aujourd’hui n’est capable de faire cette démonstration. Aucune étude ne nous donne la moindre raison de le penser. Absolument aucune. Si nous agissons comme si la science avait raison et que, in fine, les risques s’avèrent moins importants, ce sera de toute façon une bonne chose : nous aurons découvert de nombreuses technologies utiles, nous aurons sécurisé nos approvisionnements énergétiques. En revanche, si nous agissons comme si la science se trompait, nous nous serons mis dans une position dangereuse dont nous serons peut-être incapables de sortir. Les sceptiques ont le droit de s’exprimer et de débattre mais pas celui d’avoir des arguments mal fondés.

– Le président du GIEC, l’Indien Rajendra Pachauri, est la cible d’attaques répétées de la part des négationnistes du climat. Pourtant Pachauri est non rémunéré par le GIEC. Ses activités de conseils à des entreprises entraînent des émoluments mensuels de 2960 euros qui lui sont versés par le centre de recherche TERI qu’il dirige.

– La découverte d’une erreur dans le rapport du GIEC a donné, fin décembre 2009, le coup d’envoi à une campagne médiatique sans précédent dirigée contre le panel d’experts sur l’évolution du climat. Faut-il se prêter à cette campagne de discrédit ? Ce serait ignorer la solidité du travail – accompli bénévolement par l’ensemble de la communauté scientifique – dans cette tâche titanesque qu’est la revue générale des connaissances dans le domaine des sciences du climat. Car le GIEC ne mène pas de travaux de recherche. Il synthétise les connaissances existantes pour en tirer un consensus le plus objectif possible.

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démographie responsable

Certains font le choix de la nulliparité. Ainsi Mireille Dumas : « Depuis toujours, je suis enceinte d’un non-désir d’enfant qui ne fait que se confirmer. Je n’ai jamais, jamais ressenti cette nécessité de porter, de me prolonger, de me retrouver dans un enfant, de concrétiser dans un autre cet amour fort qui nous lie, depuis trente ans, mon compagnon et moi. Je préfère transmettre. Je crois plus en l’éducation qu’à la génétique.» Dans les pays anglo-saxons des associations de non-parents se sont crées au milieu des années 1980 et ont imposé l’usage du mot childfree à la place de childless, histoire de montrer que leurs adhérents ne souffrent d’aucun manque.

                Certains préconisent le modèle d’un seul enfant par famille. Le Kenya annonce que des « programmes agressifs » de planification familiale vont être lancé (LeMonde du 2 septembre). Ils se sont rendus compte que le fait de passer de 28,7 millions d’habitants en 1999 à 38,6 millions en 2009  allait être insupportable. Ils peuvent suivre l’exemple chinois. Si tu es intéressé par la question démographique nous te conseillons de contacter : http://www.demographie-responsable.org/

Cette association a pour objet d’œuvrer pour la stabilisation voire la diminution de la population humaine en incitant à l’autolimitation de la natalité. Elle s’appuie entre autres sur le rapport 2009 du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) : « L’effort à long terme nécessaire pour maintenir un bien-être collectif qui soit en équilibre avec l’atmosphère et le climat exigera en fin de compte des modes viables de consommation et de production, qui ne peuvent être atteints et maintenus que si la population mondiale ne dépasse pas un chiffre écologiquement viable. »

                La Biosphère te rappelle l’énorme responsabilité de donner la vie dans le monde tel qu’il est aujourd’hui. Une femme (un homme) devrait être terrifiée devant la décision de produire un être humain supplémentaire car ce n’est pas l’enfant qui donne un sens à la vie de ses parents ; ce qui compte, c’est la place que cet enfant va pouvoir assumer dans l’équilibre de moins en moins durable des écosystèmes.

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plus rien n’a d’importance

Feuilletons LeMonde du 1er septembre. Encore et toujours on y parle de l’omniprésence Sarkozy, du PS qui n’est pas prêt de sortir de son sarkophage, d’une mort célèbre sans importance, de l’éternelle question palestinienne, la routine ! Il faut lire dans les coins pour trouver quelque chose d’intéressant, par exemple un courrier des lecteurs. Mais c’est pour constater notre impuissance quand la mondialisation triomphante impose l’ère du cynisme. Faut-il désespérer ? Sans aucun doute. Les journalistes ne servent plus à rien, leurs « messages », en raison de leur monotone quantité et de leur vacuité, accroissent l’état de confusion culturelle dans lequel nous nous débattons. Pour LeMonde et les autres médias, il ne s’agit plus de penser globalement le monde, mais de se limiter à une vision fragmentaire dans laquelle prédomine l’ici et maintenant. L’esprit humain est en train de capituler devant les forces de dispersion. Nous sommes à l’ère de la confusion. L’action n’est plus mobilisatrice, elle n’est plus pensée. Cela signifie que l’humanité abdique sa quête de sens.

                Pendant ce temps les grandes sociétés minières renouent avec les fusions-acquisitions ; il faut bien anticiper les prix élevés des matières premières (p.11). Si certaines entreprises s’intéressent au long terme, il serait temps que philosophes, économistes et gouvernements fassent de même et s’intéressent à notre avenir commun. Hervé Kempf rappelle avec Tim Jackson (p.16) que les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d’énergie ou la consommation de matières n’opèrent pas depuis 1990 de découplage avec la croissance du PIB : une économie croissante (même lentement) ne diminue pas son impact sur la biosphère.

Pour nous, c’est la seule information qui importe ce jour, elle implique que nous devrions tous nous mobiliser autour des enjeux écologiques. Alors la construction d’un avenir moins sombre redonnerait un sens à notre vie…

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nous fonçons dans le mur

Il faut s’y résoudre, Hartmut Rosa a raison, nous accélérons sans rémission, nous fonçons tous dans le mur*. Nos sociétés foncent dans le mur, mur de la finance, mur de la pauvreté et de l’inégalité, mur des ressources vitales**. Nos sociétés foncent dans le mur et que disent nos experts ? L’éditorial du Monde*** est sans ambiguïté, on s’inquiète de l’essoufflement de l’économie américaine, il faut donc aller dans le mur toujours plus vite. A force de craindre récession et double dip, nos experts nous préparent la crise finale, celle qui verra s’effondrer la civilisation thermo-industrielle. Il ne s’agit plus de cauchemarder sur Wall Street ou l’indice Nikkei, il ne s’agit plus d’improviser d’improbables plans de relance dans une économie mondiale sur-endettée et qui vit au-dessus des capacités de la biosphère. Il est devenu urgent que les experts nous disent comment piloter une décroissance du niveau de vie à l’occidentale, il faut sortir de l’économie casino.

Ralentir, c’est possible. C’est possible si nous sortons d’un paradigme basé sur la croissance du PIB. Il s’agit de promouvoir l’entreprise légère (Haake-Gueorguievsky). Les villes doivent appliquer la charte Cittaslow, les restaurants doivent adopter la méthode Slow Food, les citoyens doivent suivre la Slow Life. Pour éviter le cauchemar de la dépression/déflation, il nous faut apprendre à aller lentement, voyager et non pas faire du tourisme, échanger avec une monnaie locale et quitter le dollar, pêcher de façon artisanale et non plus industrielle, produire du durable et non de l’obsolescence, prendre du temps avec ses enfants et non pas perdre son temps dans des futilités, se débrancher de la télé et des jeux vidéos, pratiquer la journée sans achat, la semaine sans écran, la nuit sans électricité… Car l’objectif dans notre vie, ce n’est pas de faire vivre le système thermo-industriel, c’est d’être heureux, tout simplement.

* LeMonde magazine du 28 août 2010, Ralentir c’est possible.

**  LeMonde du 29-30 août 2010, sortir de l’économie casino

**  LeMonde du 29-30 août 2010, le cauchemar de Wall Street et de l’Amérique

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catastrophes et responsabilité humaine

L’homme est-il responsable de ses malheurs ? Une controverse célèbre entre Voltaire et Rousseau eut lieu lors d’un raz-de-marée et d’un incendie qui ravagea Lisbonne le 1° novembre 1755. On compta plus de 50 000 victimes. Voltaire se désole de la fatalité et de la cruauté du sort dans un poème sur le désastre de Lisbonne :

Cent mille infortunés que la terre dévore,
Qui, sanglants, déchirés, et palpitants encore,
Enterrés sous leurs toits, terminent sans secours
Dans l’horreur des tourments leurs lamentables jours !

Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants

Sur le sein maternel écrasés et sanglants ?

J.J.Rousseau fit à Voltaire une réponse sublime : « Vous auriez voulu, et qui ne l’eut pas voulu !  que le tremblement se fût fait au fond d’un désert. Mais que signifierait un pareil privilège ? […] Serait-ce à dire que la nature doit être soumise à nos lois ? La plupart de nos maux physiques sont encore notre ouvrage. Sans quitter votre sujet de Lisbonne, convenez, par exemple, que la nature n’avait point rassemblé là vingt mille maisons de six à sept étages, et que si les habitants de cette grande ville eussent été dispersés plus également, et plus légèrement logés, le dégât eût été beaucoup moindre, et peut-être nul. (Lettre sur la providence)

Aujourd’hui encore plus que hier, c’est Rousseau qui a raison.dans

 Le Vénézuélien Salvano Briceno, qui dirige la Stratégie internationale de réduction des catastrophes des Nations unies, confirme : « C’est l’action de l’homme qui transforme l’aléa naturel en désastre. L’aménagement du territoire et la politique de construction portent une responsabilité essentielle dans la fabrication des catastrophes. Elles ne sont pas naturelles. On a permis aux gens de s’installer sur les bords des fleuves, dans les plaines d’inondation. Des endroits où les risques étaient pourtant bien connus. En Russie, la mauvaise gestion des forêts a été une des causes principales des incendies. En Chine, la croissance urbaine incontrôlée et la déforestation favorisent les glissements de terrain. En Haïti, le 12 janvier, les habitants de Port-au-Prince ont été tués par leur pauvreté, pas par le tremblement de terre. Il faut substituer une stratégie de réduction du risque, aujourd’hui largement inexistante, à la politique actuelle de gestion des catastrophes.»(LeMonde du 28 août)

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PS, parti social-démocrate ou social-écologiste ?

Moscovici fils estime indispensable une candidature sociale-démocrate pour rénover la gauche (LeMonde du 26 août). Pourtant il avait piloté une convention qui marquait un tournant social-écologique. Mais Pierre est un soutien fidèle de DSK pour qui l’écologie reste un mot inconnu, la croissance pourvoyant à toutes choses. Pierre sur une demi-page du Monde pense ainsi que « le choix résolu de la social-écologie peut s’appeler la social-démocratie ». Les ténors du PS sont encore enracinés dans leur culture dite progressiste, ce qui veut dire en fait qu’il ne faudrait rien changer. Pierre estime pourtant qu’il « faut dire la vérité aux Français et avoir le courage d’affronter les questions les plus complexes ». Mais il ne pense qu’au problème de la dette publique et aux retraites. Le pic pétrolier, le réchauffement climatique ou la perte de biodiversité n’ont aucune place dans son discours. Pierre a oublié ce qu’enseignait son père.

Moscovici père écrivait en 1976 dans La Gueule ouverte : « Nous sommes nombreux à penser que la question de la nature se situe au cœur de notre civilisation, que les mouvements qui se sont créés autour d’elle sont un facteur de renouvellement et de contestation sociaux et intellectuels. » Pour Serge, être un socialiste conséquent, c’est être écologiste : « Au sein du Parti socialiste, il existe un clivage entre une ligne de pensée technocratique, et une ligne autogestionnaire, proposant une véritable décentralisation, une transformation des rapports sociaux, un nouveau mode de développement, et qui est très proche de l’écologie. Des problèmes considérés comme purement techniques tels celui des ressources ou celui de la pollution, sont désormais politiques et doivent faire l’objet d’un débat public. Et il y en a bien d’autres que nous allons poser. Par exemple : combien de temps faut-il travailler ? Quels biens faut-il produire ? Quels biens faut-il consommer ? Comment les produire et comment les consommer ? C’est nous les écologistes qui représentons la gauche, notamment pour tout ce qui a trait aux rapports à la nature, à l’utilisation des ressources, à l’autonomie des collectivités, au productivisme, à la croissance. Le prix de l’énergie ne baissera pas et on se trouvera constamment confronté à un problème de renchérissement et de crises liées à l’énergie. Pour nous l’essentiel est donc de changer de comportement vis-à-vis de l’énergie. Il y a un côté provocation consciente chez les écologistes. Nous pensons que la gravité de la situation est telle aujourd’hui qu’il faut avoir des idées folles pour y remédier ; parce que les idées « sages » nous savons ce qu’elles ont donné !  » (en 1978 dans Lui)

Pierre Moscovici et ses coreligionnaires n’ont pas l’analyse de Serge Moscovici. C’est pourquoi le parti socialiste actuel reste social-démocrate et imperméable aux risques écologiques actuels… Ce parti sera social-écologiste ou n’aura pas d’avenir.

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la décroissance est porteuse d’espoir

Un point de vue biosphèrique : Toutes ces dernières années, un nombre de plus en plus grands de lois et règlements parle de « réduire » (la pollution, la quantité d’énergie et de matières, l’utilisation de l’automobile individuelle). Pourtant le mot décroissance fait encore débat aujourd’hui alors que réduction et décroissance sont de parfait synonyme. De plus, il n’y a pas à porter de jugement de valeur sur la décroissance des possibilités offertes par notre planète, c’est un fait vérifié scientifiquement. Alors, décroissance ou réduction, peut importe ; nous allons vers toujours moins (de ressources, de terres arables, de qualité de l’air et de l’eau). La seule question est donc celle de la gestion de ce moins. Ce qui est certain, c’est que nous ne pouvons pas gérer la décroissance/réduction avec les outils économiques et sociaux qui ont accompagné la croissance.

Le point de vue de Corinne Lepage : « Si l’écologie politique décide d’être le porteur de la décroissance alors elle ratera le coche de l’Histoire (..) Le projet d’une décroissance ne peut aucunement fédérer nos concitoyens et constituer un projet porteur d’espoir(LeMonde du 21 août, « La décroissance n’est pas porteuse d’espoir »). Corinne Lepage s’appuie sur un ouvrage de Tim Jackson, Prospérité sans croissance . Mais contrairement à ce qu’affirme Corinne Lepage, Tim Jackson ne propose pas d’abandonner le terme décroissance, mais seulement le terme croissance. Et s’il propose un autre modèle, c’est celui de la simplicité volontaire, bien proche de la notion de décroissance voulue.

Le point de vue de Tim Jackson : « Le modèle capitaliste ne propose aucune voie facile vers un état stationnaire. Sa dynamique naturelle le pousse vers deux états : l’expansion ou l’effondrement (…) La simplicité volontaire constitue une philosophie de vie. Elle s’inspire de l’enseignement du Mahatma Gandhi qui encourageait les gens à « vivre simplement pour que les autres puissent simplement vivre ». Duane Elgin a repris ce thème du mode de vie « extérieurement simple mais intérieurement riche ». La diminution volontaire de la consommation peut améliorer le bien-être subjectif et va totalement à l’encontre du modèle dominant (…)  Tant que la stabilité économique dépendra de la croissance économique, les changements nécessaires n’auront pas lieu. »

Conclusion : Corinne Lepage manie encore la langue de bois des politiques. Elle ne tire pas les conclusions de son analyse de fond : « Il faut avant tout passer d’un modèle économique à deux dimensions (travail et capital) à un modèle macroéconomique à au moins trois dimensions, introduisant le principal facteur de rareté issu de la finitude de notre planète. » Ce que Martine Aubry a appelé le « facteur terre », sans en tirer les conclusions nécessaires. Car elle aussi veut faire de la politique politicienne.

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le jour du dépassement, 21 août 2010

Le 19 décembre 1987, pour la première fois de son histoire, l’humanité vivait au-dessus de ce que la terre pouvait lui offrir en un an. Selon l’ONG Global Footprint Network, le jour du dépassement (Earth Overshoot Day) aura lieu cette année le 21 août. L’an passé, c’était le 25 septembre, la capacité de la biosphère à se régénérer et à absorber nos excès fout le camp de plus en plus tôt. C’est une brève (LeMonde du 18 août) qui aurait mérité une page entière et de multiples commentaires. Non seulement c’est trop court, mais LeMonde a tronqué des parties importantes du texte initial :
« Il aura fallu moins de neuf mois pour épuiser le budget écologique de l’année 2010. Si vous dépensez votre budget annuel en neuf mois, vous allez probablement être extrêmement inquiet : la situation n’est pas moins grave quand il s’agit de notre budget écologique », précise le président de l’ONG, Mathis Wackernagel. Pour inverser la tendance, il n’y a qu’une solution, « arriver à ce que la population mondiale commence à décroître. Les gens pensent que ce serait terrible, pour nous ce serait en fait un avantage économique. Mais c’est un choix. On n’en veut pas encore », assure M. Wackernagel.
LeMonde-papier serait-il anti-malthusien ? Quel journaliste a utilisé les ciseaux de la censure pour amoindrir la portée d’un événement-clé ?

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la décroissance selon Yves Cochet

Yves est en France le seul politique courageux et réaliste. Son diagnostic est imparable : « Nous vivons l’époque où la croissance rencontre les limites de la planète. » Les conséquences qu’il en tire sont inéluctables : « S’il est une politique autrement, sa première qualité est d’annoncer le plus probable (une longue récession), non de vendre une illusion (la croissance retrouvée). » Son analyse dans le Monde du 17 août, « Dire la vérité et assumer la décroissance » devrait donc être un événement marquant. Mais il se laisse aller à la langue de bois, les solutions qu’il nous indique sont bien en deçà de ce qu’il faudrait. La RTT, une semaine de 28 heures, est inapplicable. D’autant plus que moins d’énergie fossile à notre disposition voudra dire plus d’heures de travail. Mieux vaudrait faire confiance aux initiatives individuelles, propager l’idée de travailler autrement, inciter aux métiers artisanaux, à l’agriculture et à la relocalisation. De plus il voudrait un revenu d’existence universel, qui existe déjà sous la forme du revenu de solidarité active, ex revenu minimum. Mieux vaudrait pour plus de justice imposer le plafond d’un revenu maximal pour inciter à une vie plus sobre et mieux partagée.

                Il n’empêche que nous partageons complètement la conclusion d’Yves Cochet : « Si une réorientation de la civilisation est difficile en période de récession économique, imaginez à quel point ce le sera après la dislocation du système financier, la raréfaction de l’énergie disponible et les perturbations liées au changement climatique. » Nous rappelons un discours antérieur d’Yves Cochet, plus incisif :

Si nous voulons conserver les valeurs cardinales de l’Europe que sont la paix, la démocratie et la solidarité, la transition vers cette société de sobriété doit suivre quatre orientations principales que je résume :

– la tendance vers l’autosuffisance locale et régionale en matières énergétique et alimentaire ;

– la  tendance à la décentralisation géographique des pouvoirs ;

– la tendance à la relocalisation économique ;

– la tendance à la planification concertée et aux quotas, notamment en matières énergétique et alimentaire.

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