biosphere

Sexe, Nature, religions et spécisme

Les femmes ont été longtemps infériorisées, que ce soit dans leur droit de travailler, de voter, de s’habiller, de baiser et d’avorter, ou de représenter Dieu. Pourtant en 1949, Simone de Beauvoir constatait dans Le deuxième sexe qu’« on ne naît pas femme, on le devient ». Depuis ce diagnostic, qui n’a jamais été démenti depuis, on sait que la nature de la femme ne dit rien de son statut par rapport à l’homme : le comportement humain est déterminé par un conditionnement culturel. La même année 1949, Elisabeth Schmidt était consacrée pour la première fois pasteur dans l’Eglise réformée de France. Pourtant depuis plus de 2000 ans la Bible n’autorisait ni n’interdisait à une femme d’être pasteur. Aujourd’hui encore l’Eglise d’Angleterre, ébranlée par des divisions internes sur l’ordination possible des femmes et des homosexuels, vient de rejeter une proposition visant à autoriser la consécration de femmes évêques dans le pays (lemonde.fr du 11 juillet). Ni dieu, ni la nature ne disent rien du statut des femmes, et on ne peut même pas faire confiance à la démocratie.

En effet le système démocratique ne dit rien a priori sur l’égalité ou non entre les êtres vivants. La démocratie est un lieu vide où on peut mettre n’importe quoi du moment que cela résulte d’une délibération collective. La lutte pour l’égalité entre hommes et femmes est un exemple de ce perpétuel combat. Le leader des Anglicans n’a pas convaincu le synode général : la maison des évêques et la maison du laïcat ont voté en faveur des femmes, c’est pourtant la maison du clergé qui l’a emporté. L’Eglise du Pays de Galles s’était déjà prononcée contre l’idée de femmes évêques en 2008. L’Eglise épiscopale écossaise autorise depuis 2003 les femmes à devenir évêques, mais aucune n’a encore accédé à cette fonction. La démocratie va dans tous les sens ! Sur ce blog, nous ne comprenons pas cette discrimination entre hommes et femmes : la différence des sexes ne peut pas faire l’inégalité. Mais nous ne  comprenons pas non plus l’idée de supériorité de l’espèce humaine par rapport aux autres formes de vie.

C’est par analogie avec le sexisme que le spécisme a été défini en 1970 par Ryder comme une discrimination selon l’espèce. Cela consiste à assigner différents droits à des êtres sur la seule base de leur appartenance à une espèce. Le spécisme, comme toute conception de l’inégalité, commence dès l’enfance. On ne naît pas femme. Et si nous mangeons de la chair animale, de l’autre côté on développe l’attachement envers des animaux de compagnie. Certaines espèces se caressent, d’autres sont tuées, parfois se sont d’ailleurs les mêmes. Mais dès lors qu’on reconnaît qu’il y a unité du vivant, la stratégie cartésienne de supériorité de l’homme sur les autres espèces ne fonctionne pas. Aucune comparaison des différences n’implique une hiérarchie : on peut étudier des différences et des parentés, mais non pas construire une hiérarchie téléologique. Il faut le répéter encore une fois : toutes les espèces qui vivent aujourd’hui sont nos contemporains, issues du même processus d’évolution. Nous pouvons faire des différences entre les hommes et les femmes, entre les noirs et les blancs, entre les humains et les végétaux, mais il n’y a pas en soi d’inégalités entre les espèces, pas de supériorité en soi de l’espèce humaine. Un vrai démocrate devrait aimer l’humanité, aimer toute la Création, aimer toutes les formes de vie, ne pas ressentir de sentiment de supériorité. Le système démocratique fonctionnerait bien mieux s’il en était ainsi…

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faire ou ne pas faire confiance aux experts ?

Les experts ne sont pas au-dessus de tout soupçon. Prenons l’exemple du rapport très controversé de l’Académie de médecine sur les ondes. Cette Académie jugeait dangereuse une baisse des normes d’exposition aux ondes, alors que cette baisse ne pouvait, en toute hypothèse, qu’être favorable à la santé humaine. Parmi les rapporteurs, on comptait plusieurs membres en copinage avec les opérateurs, particulièrement Bouygues Telecom, ainsi que deux personnes extérieures au sujet. Ce type de comité est-il de nature à  délivrer l’avis des sommités médicales sur un sujet de santé publique ? Autre exemple,  l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), dont les avis sont déterminants pour les autorisations de commercialisation et de culture des OGM. Certains experts sont liés aux multinationales du secteur et la Commission européenne vient d’annoncer qu’elle allait reconsidérer leur sélection. Il n’y a que les experts du climat dont plusieurs enquêtes indépendantes viennent de montrer qu’ils avaient été accusés à tort par les climato-sceptiques : il n’y a en définitive aucune erreur significative dans le rapport du GIEC (LeMonde du 9 juillet).

Car le maître-mot est là, « l’indépendance » des experts. Or le vocable « technosciences » renvoie à une mutation profonde des rapports entre science et technique, à un renforcement des liens qui se font plus étroits. Il se réfère à un monde où l’emprise de l’industrie sur la science est toujours plus pressante. Un monde où le savoir-faire prend le pas sur le savoir et où la maîtrise de la nature prime sur la connaissance. La colonisation des organes d’expertise nationaux et internationaux par des personnes venues du secteur industriel et y retournant, en application du principe des « portes tournantes », a des conséquences très lourdes sur les choix qui sont faits par les pouvoirs publics et favorise la manipulation des opinions. Alliés objectifs des lobbies industriels, certains scientifiques entretiennent de plus une confusion systématique entre avancées scientifiques et progrès. Mais cette collusion entre scientifiques et entreprises ne joue que pour l’introduction de nouveaux produits ou de nouvelles technologies susceptibles de profit sur le marché. Par voie de conséquence seul le domaine marchand, celui de l’application des technologies, est en cause. Comme le climat mondial à venir n’intéresse pas les entreprises (qui à la limite peuvent y voir seulement un profit potentiel), les experts du climat restent donc au-dessus de tout soupçon.

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significations du suicide

En Inde, nous connaissions déjà l’importance du suicide parmi les paysans. En effet, il y a quarante ans, l’Inde a opté pour la « révolution verte », qui a introduit des semences hybrides, des engrais et pesticides chimiques, des cultures très gourmandes en eau, etc. Ce type de technologie agricole a détruit les ressources naturelles et conduit les agriculteurs à la faillite : aujourd’hui l’Inde est confrontée au taux de suicide le plus  élevé au monde. En Inde, toutes les heures, 2 agriculteurs se donnent la mort quelque part (dixit Devinder Sharma). Encore une fois, c’est la faute des américains. Cela s’est appelé la révolution verte, par opposition à la révolution rouge qui se répandait. Les Américains se sont dit : « Diffusez les produits chimiques et vous éviterez le communisme. » Malheureusement ces produits coûtaient cher et nuisaient à l’environnement. Tout cela s’est révélé au bout de dix ans, si bien qu’au lieu d’être en paix et de profiter de la prospérité, les jeunes ont connu une nouvelle pauvreté et pris les armes.  Après la répression très violente par les forces militaires contre les insurgés dans le Punjab, on ne pouvait plus prendre son fusil ; alors les agriculteurs ont commencé à boire les pesticides pour mettre fin à leurs jours. Au cours de la dernière décennie, nous avons ainsi perdu 200 000 agriculteurs (dixit Vandana Shiva).

Maintenant s’y ajoute en Inde le suicide des jeunes « par échec aux examens » (LeMonde du 8 juillet). La désintégration des structures familiales traditionnelles, l’obsession de la note qui décide d’une vie, la pression des parents pour que les enfants concrétisent les rêves qu’eux n’ont jamais pu réaliser, tout cela pousse au suicide. Encore une fois, c’est la faute du modèle occidental importé. Les sociétés attachées à la scolarisation universelle et obligatoire insistent sur une entreprise frustrante et toujours plus insidieuse qui multiple les ratés et les infirmes. L’invention de l’éducation, nouvelle voie vers le salut, est proposée par Comenius à la fin du XVIe siècle. On postule qu’il faut enseigner à chacun tout ce qui est important pour lui au cours d’une vie. Selon cette construction, nul ne saurait faire partie de cette société à moins qu’un catéchisme ne lui ait dispensé certaines vérités. Puis au cours du XXe siècle a été découverte une nouvelle raison de l’éducation universelle et obligatoire. L’école a été définie comme nécessaire pour le travail. La scolarisation fait office de portier à l’entrée des boulots. L’apprentissage allait être vu comme le fruit d’un enseignement par des maîtres professionnels et comme un curriculum, littéralement une course (dixit Ivan Illich). Il n’est pas étonnant que les jeunes qui ne peuvent pas suivre cette course se suicident.

En résumé, le nombre de suicides s’accroît en Inde à cause du modèle de développement prôné par l’Occident.

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bientôt le baril à 200 dollars !

Enfin une bonne nouvelle qui, si elle est vraie et reprise par les marchés spéculatifs, nous donnera le baril de pétrole à bientôt 200 dollars. L’Arabie Saoudite, premier producteur mondial de pétrole, aurait mis un terme à la prospection sur son sol afin d’épargner ses richesses et les transmettre aux générations futures, selon une déclaration du roi Abdallah datée du 1er juillet.

L’arrêt du développement de nouveaux champs pétroliers en Arabie Saoudite menace de compliquer un peu plus l’avenir de la production mondiale de pétrole, face à une demande toujours plus forte. En effet, le royaume détient à lui seul 20 % des réserves mondiales d’or noir.

http://petrole.blog.lemonde.fr  (07 juillet 2010)

Nous n’aurons plus besoin de la taxe carbone et de ses funestes tergiversations ; il faudra faire preuve de sobriété énergétique et même, un jour, se passer de la voiture individuelle…

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croissance négative ou décroissance choisie ?

La décroissance choisie est le seul moyen d’éviter la décroissance subie (récession-dépression) que la mondialisation libérale est en train de nous préparer. Certains montrent explicitement que leur pensée évolue, ainsi Dominique Bourg :

– Il écrivait pour l’encyclopédie Universalis de 2008 : « La décroissance n’a pas plus de sens que l’impératif de la croissance tous azimuts. En effet la décroissance interdirait la réduction de la pauvreté et n’est guère compatible avec le système démocratique. »

– Il écrit maintenant dans la revue Acteurs publics de juin 2010 : «  Contrairement à ce que nous avions cru, nous n’arrivons pas à découpler la croissance du PIB de la consommation de ressources. Arrêtons la farce du développement durable ! Nous allons devoir nous adapter à un monde profondément nouveau. La décroissance n’est pas un choix idéologique, mais une nécessité. » (source : La décroissance, juillet 2010)

                LeMonde n’a pas encore opéré un tel tournant idéologique, mais son supplément économique du 6 juillet commence à s’inquiéter : « La croissance reste anémique, le chômage élevé, les tensions sociales aiguës, le mistigri de la dette passe de main en main possible, un jeu qui pourrait mal finir, défaillance possible d’un Etat souverain. » En un mot, c’est explosif, et il n’y a pas de troisième voie entre croissance négative et décroissance choisie.

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AlterTour de France

Marre. A peine le Mondial commence-t-il à nous lâcher la grappe que le Tour de France tente de nous agripper. Marre de tous ces gens qui gueulaient « on veut gagner » alors qu’ils n’ont rien fait pour çà. Marre maintenant de Lance Armstrong, son jet privé à ses initiales, son érythtopïetine, ses transfusions sanguines et ses patchs de testostérone (LeMonde du 4-5 juillet). Nous préférons, et de loin, l’AlterTour, pour une Planète sans dopages, qui a lieu sans publicité mais dans la bonne humeur du  2 juillet au 14 août 2010. Cette manifestation itinérante est préparée par des bénévoles. En opposition avec l’esprit de compétition, les altercyclistes voyagent ensemble, partagent leurs bicyclettes et se relaient dans un esprit de solidarité. C’est un tour « à la carte », pour tout ceux qui souhaitent partager une belle tranche de vie collective, découvrir des terroirs préservés, avoir une activité physique source de santé, et dire ensemble : « Nous voulons un monde sans dopages ».

En 2010, les participants à l’Altertour partagent le rêve de l’escargot, symbole de biodiversité (plus de 200 espèces), de lenteur et de sensibilité à son environnement (il accumule dans sa coquille certains polluants ou toxiques présents dans son milieu).

http://www.altertour.net/

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Le Monde belliciste ! (suite)

Un de nos commentateurs de notre post « LeMonde belliciste ! » s’interroge : « J’espère que vous ne souhaitez pas arrêter toute armée défensive. » Notre réponse est claire : défense oui, armée non. Il serait dangereux de se laisser aller à un antimilitarisme sommaire : un peuple a le droit et le devoir de se défendre contre une agression extérieure. Autrement dit, la remise en question de la défense armée ne peut aller sans la recherche d’une autre forme de défense : la défense civile non violente.

A la différence de la défense nationale armée, qui a pour seul but la défense du territoire national, la défense civile non violente est la prolongation particulière d’une attitude permanente à l’égard de l’injustice sociale et du pouvoir. L’action non-violente dépasse le problème de la guerre et de la paix. Il y a continuité entre la lutte intérieure pour une plus grande justice, et l’action contre un envahisseur ; ce sont les mêmes techniques qui sont utilisées dans les deux  cas, dans le même esprit. La défense non-violente porte non pas simplement sur des frontières territoriales, mais sur des frontières morales et politiques ; il s’agit non seulement de défendre la vie de la population, mais aussi ses droits fondamentaux : droit à la liberté de parole et de réunion, droit de presse, de vote, de grève, mode de vie, respect des croyances. Une population habituée à ne pas tolérer les atteintes aux droits des personnes et à réagir immédiatement devient, pour un envahisseur ou un pouvoir dictatorial, un mur  sur lequel sa violence se brise.

Le stratège britannique Sir Basil Liddle Hart rapportait le témoignage de généraux allemands qu’il avait interrogé après la seconde guerre mondiale : « Les formes de résistance violente n’avaient été efficaces que dans les régions désertiques ou montagneuses, comme en Russie ou dans les Balkans. Il avaient été incapables de faire face à la résistance non-violente. Ils étaient des experts entraînés à affronter des adversaires qui utilisaient la violence. Devant d’autres formes de résistance, ils s’étaient trouvés décontenancés, d’autant plus que les méthodes employées gardaient un caractère subtil. Ils étaient soulagés en voyant la résistance devenir violente. »

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Le Monde belliciste, une erreur stratégique !

LeMonde, militariste, résolument belliqueux. Le titre de l’éditorial du 3 juillet est sans ambiguïté : « Aux armes, citoyens européens ! » Mais il ne suffit pas de chialer sur l’Europe qui désarme car « C’est dangereux. » Nous ne connaissons aucun raisonnement capable de défendre l’idée de défense nationale armée. Il faudrait selon LeMonde être apte à « projeter sa puissance sur des théâtres éloignés où se joue une partie de son avenir économique et pouvoir s’interposer sur un autre continent. » S’il s’agit de forces légitimes d’interposition, alors les casques bleus suffisent à la tâche. La Charte des Nations Unies adoptée le 26 juin 1945 prévoyait déjà des mesures pratiques pour  imposer la paix dans le monde ; il suffit que l’Europe donne enfin à l’ONU les moyens nécessaires. S’il s’agit de « projeter sa puissance », alors nous ne pouvons accepter un tel slogan qui ressemble aux impérialismes d’autrefois. Nous sommes aujourd’hui confrontés à des problèmes planétaires (tsunamis financiers, pics énergétiques, réchauffement climatique, etc.) qui demandent une concertation internationale et non une volonté de puissance. L’échec de Copenhague a montré que l’Union européenne n’a pas besoin de s’armer davantage, mais de faire enfin preuve de consistance politique sur le plan international !

                Quant à la France ! Depuis le début du XIXe siècle, l’histoire de la France offre une impressionnante série d’échecs de sa défense militaire. Cinq agressions contre le pays (1814, 1815, 1870, 1914, 1940) se sont soldés par quatre échecs indiscutables et par une guerre de 1914-18 qui a nécessité l’intervention étrangère, tout le Nord-Est du pays ravagé et près de 1,4 millions de morts et 740 000 mutilés. Si l’on ajoute les deux revers subis en Indochine et en Algérie, il est légitime de se demander si la confiance dans l’option militaire ne relève pas de l’illusion collective. Dans l’article complémentaire p.9, LeMonde nous indique que les économies budgétaires ne touchent pas la dissuasion, « l’assurance-vie de la nation ». Rappelons que la bombe atomique, force de frappe dite « dissuasive », est uniquement un moyen d’agression, et, fait nouveau par rapport aux guerres traditionnelles, elle est destinée aux populations civiles ; ce qui devrait poser un problème de conscience aux militaires eux-mêmes. Exterminer l’ennemi de façon massive, de loin et sans même l’avoir vu, adultes et enfants indistinctement, c’est le contraire de toute guerre juste, de tout honneur et de toute gloire. La possession de l’arme nucléaire par la France et autres « grandes puissances » devrait entraîner une réprobation unanime.

                Il est évident que tant que les humains penseront à se faire la guerre, ils ne penseront pas assez aux moyens de rendre notre planète plus vivable, et donc plus pacifique…

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l’impuissance doctrinale de Benoît XVI

L’Eglise est foutue, mais le pape ne le sait pas encore. Benoît XVI lance un conseil pontifical à l’offensive pour une nouvelle évangélisation. Mais ce nouveau ministère n’a pas encore de feuille de route (LeMonde du 2 juillet). Pas étonnant ! Car de quoi peut encore témoigner le catholicisme ? Si les chrétiens, aux trois premiers siècles de l’Eglise, ont en conséquence de leur non-violence refusé le service des armes, leur ralliement à l’Etat constantinien, à partir du IVe siècle, les a conduit à considérer la guerre comme « un moindre mal . Depuis, l’Eglise s’est toujours rangée aux côtés du pouvoir, quel que soit le pouvoir. Surtout le catholicisme, comme les autres religions du Livre, repose sur une analyse fausse de la place des humains dans la biosphère.

John Muir au XIXe siècle analysait ainsi les interprétations de la Bible : « Beaucoup de gens se font une idée tranchée des intentions du Créateur : il est considéré comme un homme à la fois civilisé et respectueux de la loi, adepte soit d’une monarchie limitée soit d’un gouvernement républicain ; c’est un chaud partisan des sociétés missionnaires ; c’est enfin purement et simplement un article manufacturé comme n’importe quel pantin d’un théâtre à deux sous. Le monde, nous dit-on, aurait été formé spécialement pour l’homme – présomption que les faits ne corroborent pas toujours. Avec de pareilles idées du Créateur, il n’est pas surprenant qu’on ait une conception erronée de la création. Pour les gens « comme il faut », les moutons sont faits pour nous nourrir et pour nous vêtir. Les baleines sont des dépôts d’huile, instaurés à notre intention pour aider les étoiles à éclairer nos voies obscures en attendant la découverte des puits de pétrole de Pennsylvanie. Le chanvre est un exemple évident de destination dans le domaine de l’emballage, du gréement des navires et de la pendaison des scélérats. »

Aldo Leopold dans son « Ethique (non religieuse) de la terre », proposait en 1949 d’échanger le rôle de conquérant, tenu par homo sapiens vis-à-vis de la communauté biotique, non contre le rôle de vice-roi ou d’intendant, mais contre celui de « membre et citoyen à part entière ». Il écrivait : « L’écologie n’arrive à rien parce qu’elle est incompatible avec notre idée abrahamique de la terre, Nous abusons de la terre parce que nous la considérons comme une marchandise qui nous appartient. Si nous la considérons au contraire comme une communauté à laquelle nous appartenons, nous pouvons commencer à l’utiliser avec amour et respect. » Lynn White imputait en 1967 les racines historiques de notre crise écologique à la vision du monde judéo-chrétienne. Selon la Genèse les êtres humains, seuls de toutes les créatures, furent créés à l’image de Dieu. Il leur fut donc donné d’exercer leur supériorité sur la nature et de l’assujettir. Deux mille ans de mise en œuvre toujours plus efficace de cette vision de la relation homme/nature ont abouti aux merveilles technologiques et à la crise environnementale du XXe siècle.

Benoît XVI pourra créer autant de conseils pontificaux qu’il voudra, il n’est pas en mesure de nous aider à faire face aux gémissements de la « Création » tant qu’il continuera à donner une place centrale à l’Homme, comme s’il était semblable à un Dieu.

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qui connaît Janez Potocnik ?

La télévision française parle d’abord de la France, ce qui intéresse  surtout, c’est l’équipe des Bleus, éliminée. La télévision espagnole parle de son équipe, en quart de finale au Mondial, beaucoup moins des autres équipes. Tant que l’Europe n’aura pas de visibilité aux yeux des citoyens européens, les Européens resteront ethnocentrés et ça ira mal. D’ailleurs les Européens savent-ils qu’ils possèdent la citoyenneté européenne ? Qui peut décrire le fonctionnement de l’UE ? Qui se rappelle que sans les institutions européennes, la situation écologique dans les pays européens serait lamentable ? Qui est au courant que les pays qui tardent à transposer les directives européennes en matière d’écologie peuvent être traînés en justice ? Qui peut citer le nom du commissaire européen à l’environnement ? Que nous apprend mon quotidien préféré sur cette question ?

– Le 29 novembre 2009, LeMonde donne la composition de la commission européenne, dont Janez Potocnik.

– LeMonde du 22 février 2010 : La Commission européenne a proposé aux gouvernements de l’UE de soutenir le classement du thon rouge parmi les espèces menacées d’extinction, et donc d’interdire le commerce international de ce poisson. Les commissaires européens à la pêche, Maria Damanaki, et à l’environnement, Janez Potocnik, ont suggéré que cette mesure soit différée de 12 mois pour permettre de préparer la restructuration du secteur.

– LeMonde du 17 mars : L’UE s’est fixé l’objectif « d’enrayer la perte de biodiversité en Europe d’ici 2020 », repoussant ainsi de dix ans l’échéance qu’elle avait adoptée en 2002. Après cet échec, « nous allons concentrer nos efforts pour ne pas renouveler les erreurs », a assuré le commissaire à l’environnement Janez Potocnik.

– LeMonde du18 mars : Une douzaine de pays de l’UE menacé de poursuites en justice et de sanctions pour manquements à leurs obligations environnementales. « La nature n’est pas une poubelle », a lancé le commissaire à l’environnement Janez Potocnik à l’adresse des autorités…

– LeMonde du 20 mars : La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites) a rejeté à une large majorité de pays la proposition de l’Union européenne d’interdiction du commerce international de thon rouge. La décision a douché les espoirs des écologistes, qui ont dénoncé un vote « scandaleux ». Les commissaires européens à l’environnement, Janez Potocnik, et à la pêche, Maria Damanaki, se sont déclarés « déçus ». « L’UE reste déterminée à préserver le thon rouge et attend de l’Iccat qu’elle prenne ses responsabilités », ont-ils ajouté.

– LeMonde du 30 mars : L’Union européenne envisage d’ajouter, d’ici à 2012, de nouveaux produits à la liste des substances chimiques très dangereuses, qui en compte actuellement 29. « Nous allons commencer notre travail sur 106 substances identifiées par les Etats membres comme étant de la plus haute priorité », indique le commissaire européen à l’environnement, Janez Potocnik.

– LeMonde du 1er juillet 2010 : Janez Potocnik appelle à adopter une taxe carbone au sein de l’Union.

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agir en banlieue pour l’écologie

Notre blog est critique par rapport au fonctionnement de la société thermo-industrielle. Cela ne suffit pas. Nous sommes donc heureux chaque fois qu’une action en faveur de la biosphère est en cours. Ainsi ce  témoignage : « Je suis administrateur de l’association Unis-cité Ile-de-France qui fait depuis 15 ans du service civique ; je suis en charge plus spécifiquement de suivre le programme Médiaterre ; ce programme consiste pour des volontaires du service civique, à apprendre des éco-gestes aux familles défavorisées de grandes barres de la région parisienne ; plus prosaïquement à apprendre à  consommer moins d’énergie, moins d’eau et à produire moins de déchets et de les trier (de la vraie décroissance). Les réactions des bénéficiaires du programme (des familles pauvres) sont extrêmement positives. Elles témoignent et avancent trois arguments concrets :

– on consomme moins d’électricité soit une économie de 15 €/mois sur la facture d’électricité,

– un lien social nouveau s’est établi entre les jeunes volontaires qui se sentent utiles et les familles isolées en difficulté matérielle,

– on protège l’environnement ; la conscience est là mais le passage à l’acte est difficile. »

Vous avez entre 18 et 25 ans et vous avez envie d’être utile? Unis-Cité vous propose de vous engager à temps plein dans ces actions d’utilité collective : http://www.uniscite.fr/ Vous pouvez en savoir plus avec la lecture du Monde du 30 juin : les Médiaterre, passeurs d’écologie dans les quartiers populaires.

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les syndicats et la croissance verte

Il paraît que la CSI se convertit à la croissance verte ! La CSI, Confédérations syndicale internationale, ce n’est pas moins de 311 organisations de travailleurs représentant 168 millions de membres dans 155 pays. Mais avec le congrès de la CSI, nous retrouvons la fausse opposition emploi-écologie. La croissance et l’emploi à tout prix ne peut plus être un argument pour s’opposer à une évolution inéluctable. Dans les Asturies, le mines de charbon employaient 45 000 personnes. Aujourd’hui, il ne reste que 6 500 mineurs et il a été impossible de trouver des activités de remplacement (LeMonde du 29 juin). Les syndicats devraient donc se poser la question de la durabilité d’une civilisation minière qui a détruit en deux siècles presque toutes les matières premières non renouvelables. Ce n’est pas le travail ou le capital, c’est d’abord la profusion des énergies fossiles qui a été capable d’engendrer d’énormes richesses au XXe siècle, donc la croissance, les salaires et l’emploi. Les syndicats veulent encore croire que la croissance est encore possible dans un monde non seulement fini, mais dans lequel les ressources naturelles de la terre, de la mer et du sous-sol sont en voie d’épuisement. Les syndicats doivent réfléchir davantage. Les économistes officiels répètent à satiété que le coût de l’énergie dans le PIB est d’environ 5 %, et que de cette façon nous n’avons pas à nous inquiéter, la croissance reviendra. Mais si l’on soustrayait ces 5 % de l’économie, les 95 % restants n’existeraient plus.

                La dégradation de l’environnement aggrave déjà  la situation des nombreux travailleurs et les guerres du climat sont en train de poindre. Quand les gens ont faim, ils prennent n’importe quel boulot et ils ne se syndiquent plus ! Si les syndicats veulent penser l’économie de demain, ils ont encore beaucoup de progrès à faire. Nous leur répétons l’axe principal de la réflexion : il faut considérer que l’emploi durable et les contraintes écologiques sont intimement liées. Les préoccupations en matière de travail, de salaires et de conditions de travail ne sont ni premières, ni secondes ; elles sont irréductiblement rattachées aux conditions écologiques qui font la pérennité ou non des emplois possibles.

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bilan politique du Mondial

Le Monde a consacré beaucoup trop d’espace au Mondial. Désolé, mais le foot ne peut pas être un fait médiatique d’importance. Contrairement à ce que Thierry Henry affirme, l’équipe de France n’appartient pas au peuple français, elle ne représente que de simples joueurs de foot. C’est pourquoi la ministre des sports n’aurait jamais du déclarer « Je suis là pour être derrière eux, c’est mon équipe et je ne vais pas lui tirer dans le dos. » Il serait d’ailleurs absurde que l’image d’un pays à l’étranger soit amoindrie par le comportement de joueurs lors d’un Mondial. Nicolas Sarkozy n’aurait pas du recevoir Thierry Henry à l’Elysée le 24 juin, c’est ridicule de la part d’un chef d’Etat. Roselyne Bachelot n’aurait pas du traiter des joueurs de « gamins apeurés » et de « caïds », les joueurs de foot sont assez grands pour prendre leur responsabilité sans avoir besoin d’une ministre des sports pour leur faire la leçon. L’équipe black-blanc-beur n’est qu’un mythe, une invention grotesque qui ne change rien au comportement des uns et des autres en matière d’intégration. Au niveau international, le foot ne peut pas constituer un élément-clé dans la marche vers un Etat palestinien et l’équipe du Ghana ne peut pas constituer le « dernier espoir de l’Afrique ». Espoir de quoi, politiquement parlant ? Les Etats n’ont pas à se mêler de ce qui ne le regarde pas, le foot n’est qu’une histoire de gamins qui courent derrière un ballon, pas plus. Le foot est apolitique quand il se présente comme une rencontre amicale, récupération politique tendancieuse et inutile quand il s’agit du foot professionnel, déjà bien trop corrompu par l’argent.
Nous ne pouvons qu’être en parfait accord avec ce courriel de lecteur : « La prise en compte solennelle de l’élimination de l’équipe française dans un éditorial (Chronique d’une déroute annoncée) constitue une dérive du journal Le Monde. Sans doute notre journal se doit-il de rendre compte de la compétition ; il n’est pas obligé de lui donner une telle importance. En quoi la réussite ou l’échec de onze joueurs sur une pelouse constituent-ils des éléments de représentation d’un pays ? » (LeMonde du 27-28 juin) La seule bonne nouvelle de ce Mondial, c’est que l’élimination des Bleus fait baisser l’action TF1 qui ne pourra pas commercialiser le spot le plus cher de son histoire : 300 000 euros les trente secondes si les bleus étaient parvenus en finale. Pendant ce temps la Terre va continuer de tourner et les humains de déconner.
Le foot étouffe la visibilité d’événements importants comme la mise à sac probable de l’Arctique : Les hydrocarbures du Grand Nord suscitent les convoitises. Mais il ne suffit pas de développer comme le fait Le Monde sur les risques inhérents à une telle entreprise, il faudrait d’urgence transformer l’Arctique en sanctuaire comme l’a été l’Antarctique : « Persuadés qu’un traité réservant l’Antarctique aux seules activités pacifiques servira les principes de la Charte des Nations unies », treize Etats ratifient le traité de l’Antarctique le 1er décembre 1959. Ce traité fixe les bases de la non exploitation de ce continent, sauf à des fins scientifiques. L’Antarctique devient une réserve naturelle consacrée à la paix et à la science. Toute activité minière y est interdite. Nous devons en Antarctique comme en Arctique retrouver le sens des limites…

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surinformés et désinformés, donc infantilisés

Nos sociétés occidentalisées sont à la fois surinformées, sous-informées et désinformées. La coupe du monde 2010, qui n’apporte pourtant aucune information véritable, prend plusieurs pages et souvent les grands titres, même dans Le Monde. Cette prédominance du sport-spectacle, le foot un jour, le tennis le lendemain et la F1 entre-temps est renforcée par la main-mise de la culture de masse sur les informations. Quand on ajoute les faits divers, genre « La tempête tropicale Alex devrait épargner les opérations anti-marée noire » ou « Affaire Bettencourt : Sarko apporte son soutien aux Worth », il ne reste pas grand chose pour la réflexion.

                C’est pourquoi la surinformation entraîne la sous-information. Les éléments de connaissance réellement nécessaires à la compréhension du monde contemporain et à la perception des enjeux de long terme passent inaperçus dans le maelström des nouvelles du jour. De plus, du secret-défense au secret industriel, les outils ne manquent pas pour garder secrètes des informations importantes. Enfin, nous ne pouvons être satisfaits de la manière dont les journalistes font leur boulot de tri et de hiérarchisation. Comme si tout cela ne suffisait pas à appauvrir la réflexion humaine, s’ajoute la désinformation systématique opérée par les grands intérêts économiques. Une longue chaîne d’outils extrêmement performants, qui va de travaux scientifiques financés par l’industrie jusqu’au lobbying, permet de diffuser des informations inexactes ou trompeuses et d’entretenir de faux débats et controverses illusoires.

Surinformées, sous-informées et désinformées, l’essentiel est donc oublié. Même Le Monde minimise des débats essentiels comme « la course au pétrole arctique manque de garde-fous » ou « la sécurité alimentaire est la grande absente aux débats du G20 ». La déformation de l’information est d’autant plus perceptible dans une société dont l’idéologie dominante nous a fait oublier depuis deux siècles les limites de la planète et le sens des limites. Alors que les crises actuelles et à venir devraient nous inciter à la simplicité du mode de vie et à la sobriété énergétique, ce sont les annonces automobiles qui structurent le bas de page du Monde.fr. Ce blog voudrait rompre avec le bavardage, mais cela ne suffit pas. C’est pourquoi, avec nos modestes moyens, nous avons mis en ligne un réseau de documentation qui pourrait permettre à chacun de mieux décrypter les grand évènements de notre société mal-informée. Il est possible de nous écrire après inscription si vous avez des informations à faire partager.

NB : les informations citées ci-dessus sont extraites du Monde.fr du 25 juin

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le prix du gaz augmente, peut-il en être autrement ?

Les politiques, de droite comme de gauche, nous préparent des lendemains qui déchantent. En trois mois, les prix du gaz ont progressé de 12 à 15 % en moyenne pour les 10,8 millions de foyers utilisant cette énergie (cuisine, eau chaude, chauffage). La précarité énergétique explose : entre 2008 et 2009, le nombre de coupures est passé de 10 000 à 100 000. Environ 300 000 consommateurs risquent la coupure en 2010. Indexé sur le prix du pétrole qui monte qui monte, d’autres voudraient que le prix du gaz suive le marché à court terme, déprimé à cause de la surabondance actuelle de gaz aux provenances nombreuses : Norvège, Algérie, Russie, Pays-Bas. (LeMonde du 26 juin)

La ministre Christine Lagarde réclame une pause pendant six mois de la hausse des tarifs du gaz. Mais après ? Notons que les réserves de pétrole sont environ de 40 années vu la consommation actuelle, mais le gaz s’épuise presque aussi vite, 50 années de réserves. Que vont faire les riches et les pauvres quand le pétrole et le gaz atteindront bientôt des hauteurs non prévues par nos « experts » (en libéralisme). Pourtant, en toute logique économique, la rareté croissante entraîne la hausse des prix, mais les marchés qui fonctionnent dans le court terme n’indiquent rien de cette évidence. Demain, bientôt, se chauffer deviendra un luxe et ce n’est pas en décrétant une pause que les contraintes géophysiques disparaîtront.

Le manque de courage politique n’est pas propre à Mme lagarde. En 2006 le ministre de l’économie et des finances Thierry Breton s’était opposé à une augmentation de 7,5 % ; il ne respectait même pas des règles qu’il avait lui-même édictées. Dans le texte de la motion finale du Mans (novembre 2005), le PS avait constaté que  « L’équilibre de la planète est en danger, la fin des énergies faciles est programmée ». Nous serions bien curieux de savoir si les socialistes décideraient une augmentation ferme et résolue du prix du gaz s’ils revenaient au pouvoir en 2012… Les vrais politiques sont ceux qui regardent la réalité en face et qui nous permettent de faire face aux difficultés.

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le principe de précaution contre l’irresponsabilité

Le chlrodécone est un « scandale sanitaire », mais c’est aussi la preuve que sans application du principe de précaution, il y a irresponsabilité des producteurs. Pourquoi se gêner d’ailleurs, l’Etat agit ensuite pour essayer de limiter les dégâts. Ainsi il pourrait « fournir à la population la possibilité de connaître son degré d’exposition au pesticide » (éditorial du Monde du 24 juin). Nous estimons que l’Etat (les contribuables) n’a pas à réparer les méfaits entraînés par le productivisme agro-industriel. Il faut que le principe de précaution s’applique a priori à touts les activités humaines qui impliquent la mise sur le marché de nouveaux produits, ou de produits déjà en circulation mais non encore suffisamment analysés par de véritables scientifiques sans aucun lien avec le monde économique. Quelques phrases d’un livre récent qui permettent de saisir les données essentielles du débat :

« Comment comprendre la guerre déclarée par l’Académie des sciences au principe de précaution qui exige la recherche scientifique de réponses aux questions posées par les avancées technologiques ? Les rapports sont préparés par un petit nombre de membres dont certains entretiennent des rapports étroits avec l’industrie.

« Pour les géants industriels, si les connaissances ne permettent pas de connaître les risques de leurs produits mis sur le marché, il va de soi qu’ils ne sauraient en supporter les conséquences. A tous les coups, ils gagnent.

« Les opposants au principe de précaution seraient plus crédibles dans leur démonstration s’ils acceptaient d’assumer la responsabilité liée au risque inhérent à la mise sur le marché de tel ou tel produit. Mais il n’en est rien, la société contemporaine repose sur le principe du cobaye/payeur.

« Le principe de précaution ne s’applique évidemment pas à la recherche fondamentale, ni même à la recherche appliquée. Il ne joue que pour la mise en place de nouveaux produits ou de nouvelles technologies susceptibles d’avoir une incidence sur l’environnement et/ ou sur la santé humaine. Par voie de conséquence seul le domaine marchand, celui de l’application des technologies, est en cause.

« Loin d’entraver la recherche, le principe de précaution apparaît comme un principe d’incitation à obtenir le plus rapidement possible les réponses aux questions qui restent posée du fait de l’incertitude scientifique. C’est donc un accélérateur de recherche.

« On pourrait dire qu’entre le chlordécone, l’amiante, les PCB et le bisphénol A, la France est l’un des pays qui applique le moins le principe de précaution.

in « Sans le nucléaire on s’éclairerait à la bougie (et autres tartes à la crème du discours technico-économique) » de Corinne Lepage et Jean-François Bouvet.

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principe de précaution ou principe d’irresponsabilité ?

Fallait-il adopter le principe de précaution sur le chlordécone ? Le chlordécone est un produit phytosanitaire, pesticide de la famille des organochlorés. C’est un polluant organique persistant (POP), non biodégradable et très toxique pour l’homme à travers des effets tels que l’apparition de problèmes neurologiques ou la délétion de la spermatogenèse. Récemment une étude  a montré que ce perturbateur endocrinien était responsable d’un accroissement significatif du risque de cancer de la prostate. La demi-vie (délai au bout duquel la moitié de la quantité présente aura disparu) du chlordécone dans le sol est de six siècles. Cette molécule synthétisée pour la première fois en 1952 a été commercialisée dès 1966 aux Etats-Unis sous le nom de Képone. En 1976, ce pesticide est interdit aux Etats-Unis car son caractère dangereux est révélé par l’apparition d’effets toxiques sur les employés d’une usine de production et par la pollution de l’environnement proche de cette usine. Le Centre international de recherche contre le cancer a classé la chlordécone comme « cancérogène possible » pour l’homme dès 1979.

                Pourtant cet insecticide n’a été interdit en métropole qu’en 1990 et utilisée en Martinique et en Guadeloupe depuis 1973, par dérogation jusqu’en1993. LeMonde du 23 juin 2010 titre : « Aux Antilles, le scandale sanitaire du chlordécone ». La pollution durable des sols et l’exposition de la population avec  augmentation des cancers est avérée. Mais sur la même page Planète, un autre titre prend le problème  à l’inverse : « Le débat s’engage sur le principe de précaution ». On ressent un certain doute sur la validité du principe de précaution. Le professeur Alain Grimfeld, président du CPP (comité de la prévention et de la précaution), insiste sur la prise en compte du rapport « coûts-bénéfices », absent de la formulation actuelle du principe dans la Charte de l’environnement. Nous retrouvons l’idée de « coût économiquement acceptable » explicitement formulée par d’autres. En fait beaucoup de scientifiques et de politiques, porte-paroles des lobbyistes, soutiennent le principe d’irresponsabilité. On comprend dans leurs propos que l’économique devrait primer sur l’enjeu écologique et sanitaire. D’où le scandale du chlordécone en France, après bien d’autres scandales. On pourrait dire qu’entre le chlordécone, l’amiante, les PCB et le bisphénol A, la France est l’un des pays qui applique le moins le principe de précaution.

                Notons que la Cour suprême des Etats-Unis vient d’autoriser la luzerne transgénique de Monsanto, donnant tort à un groupe d’agriculteurs bio alors que les études d’impact des OGM sur l’environnement n’avaient pas été faites. Toujours le principe d’irresponsabilité contre le Principe de précaution !

http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2010/06/22/la-cour-supreme-des-etats-unis-autorise-la-luzerne-transgenique-de-monsanto_1376786_3244.html

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le bonheur national brut quitte le Bhoutan

Nous avons depuis longtemps oublié le sens du bonheur national brut (BNB) pour nous jeter dans l’impasse du Produit Intérieur Brut (PIB). Le bonheur, c’est l’art de la frugalité heureuse, c’est une communauté réduite et solidaire, c’est une souveraineté énergétique et alimentaire territorialisée, c’est l’inverse de ce que pratique une société thermo-industrielle qui s’est mondialisée. Le Bhoutan pouvait encore échapper aux diktats d’une société consumériste dilapidant les ressources naturelles. La télévision n’avait été introduite qu’en 1999, la capitale Thimphu (50 000 habitants) n’avait ni feu rouge, ni ascenseurs, le tourisme était endigué. Le Bhoutan avait même adopté le principe du BNB lors d’une tribune prononcée par son roi devant les Nations unies en 1972 : gouvernance responsable, conservation d’une culture traditionnelle, sauvegarde de l’environnement et utilisation durable des ressources. Malheureusement le quatrième principe, « croissance et développement économiques » ne pouvait que démolir rapidement les principes précédents : il faut augmenter le PIB en imitant un modèle occidental qui est en train de faire faillite. Ce n’est pas parce que le Bhoutan a fixé le visa touristique à 200 dollars par jour qu’il se protège de personnes qui sont loin d’être des ethnologues et qui ne respectent pas les mœurs du lieu où ils arrivent. Une production d’énergie renouvelable, à base hydroélectrique, se trouve confronté au réchauffement climatique mondial et à la fonte des glaciers, ce qui rend le débit des fleuves irréguliers. L’acceptation de l’aide internationale met à mal l’objectif d’autosuffisance. (LeMonde du 22 juin).

Le Bhoutan est donc sur la mauvaise voie. Les « progressistes » pensent dorénavant qu’il faut voir le monde extérieur et se frotter à ses défis, c’est-à-dire qu’il faut perdre son âme. Les candidates à « Miss Bhoutan », le premier concours de beauté jamais organisé dans ce petit royaume de l’Himalaya, étaient nombreuses. A la télévision, on a déjà assisté à la première émission de « Bhutan idol », version locale de « Star Academy ». Tout est possible dorénavant, on a construit un stade et la route nationale est élargie ; on importe des travailleurs immigrés et on laisse l’Inde financer jusqu’à 70 % du budget national.

Le Bhoutan a cédé aux ravissements de la société occidentalisée et même aux vertiges de l’éducation scolaire. En conséquence le contact avec la Nature et les rapports de proximité vont disparaître à la vitesse d’une voiture : la Biosphère ne peut plus être tranquille, même sur les bords de l’Himalaya.

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corrigé dissertation bac SES (22 juin 2010)

Sujet de dissertation : Comment la solidarité s’exerce-t-elle en France aujourd’hui ?

Analyse du sujet : Nous sommes dans un contexte de crise financière durable. Après la crise des subprimes (endettement immobilier privé), qui débute aux Etats-Unis et entraîne une récession mondiale, l’UE est maintenant confrontée à une crise de l’endettement public qui risque là aussi de faire effet domino : d’abord la Grèce, puis la Roumanie, l’Espagne, la Grande Bretagne et pourquoi pas la France. Or le système  de solidarité repose principalement sur la redistribution financière par l’Etat : moins de rentrées fiscales et difficulté de remboursement des emprunts antérieurs veut dire difficulté de financer la solidarité. Cette solidarité est multiple, qu’il s’agisse de solidarité entre les actifs occupés et les chômeurs, entre les bien-portants et les malades, entre les actifs et les retraités. Pourtant cette solidarité oublie d’autres solidarités dont il faudrait aussi s’occuper, la solidarité avec les autres pays, la solidarité avec les générations futures (pour leur laisser des ressources naturelles suffisantes), la solidarité avec les autres formes du vivant (protection d’une biodiversité en déconfiture).

La pratique de la solidarité est donc à un tournant historique, il va falloir faire des choix. On voit déjà tous les problèmes posés par le nouveau plan de financement des retraites en France, avec grèves à répétition. Pourtant le sujet posé regarde l’ampleur de la question solidaire par le petit bout de la lorgnette : « Comment » et « aujourd’hui »

Analyse du  document 1 : le « comment » est posé par ce document : solidarité publique qui passe par l’Etat ou solidarité privée qui passe par la famille ou par l’individu ? Nous sommes arrivés aux limites d’un Etat Providence devenu non seulement « bureaucratique », mais super-endetté. Alors, est-ce le moment de revenir aux anciennes solidarités, dites de proximité ? Est-ce le moment d’aller jusqu’au bout de la logique du libéralisme économique, dégraisser le mammouth étatique pour faire confiance à la responsabilité individuelle ? Le document exprime le fait qu’une telle solution entraînerait une expansion des inégalités et suggère une coexistence nécessaire de la solidarité privée et publique. Notons que l’auteur du document, Serge Paugam, est connu pour avoir affirmé que l’assistance ne peut constituer une solution globale à la pauvreté : il y a différentes formes de pauvreté, intégrée, marginale ou disqualifiante.

Nous pourrions ajouter que la réactivation des solidarités de proximité ne peut vraiment être efficace que si les différents territoires deviennent plus autonomes et prennent en charge leur sécurité énergétique et alimentaire. Notons que ce sont déjà les conseils généraux, au niveau des départements, qui gère le RSA et autre forme de solidarité.

Analyse du  document 2 : Pour 100 consacré aux dépenses de protection sociale, il y a 38,3 qui va au poste vieillesse. La retraite constitue donc la principale dépense, à 10 points au-dessus du poste maladie. Le papi-boom n’a pas du tout été anticipé en France, l’âge légal de la retraite est au contraire passé de 65 ans à 60 ans avec l’arrivée au pouvoir de Mitterrand en 1981. De plus l’essoufflement durable de la croissance et la montée structurelle du chômage ne peut que faire augmenter plusieurs autres postes de dépenses.

Les gouvernements successifs ont fait preuve d’imprévoyance, d’un manque de courage politique flagrant, surtout du côté de la gauche malheureusement.

Analyse du  document 3 : constat sur les inégalités des solidarités de proximité selon les milieux sociaux. Qu’est-ce qu’on attend pour instaurer un revenu maximal admissible ? Quand le patron de la FIFA touche 4 millions de dollars par an, quand les parachutes dorés se multiplient, la société devient obscène et la solidarité se limite à faire payer les moins riches, les plus riches étant protégés par le bouclier fiscal.

Analyse du  document 4 : il est intéressant de constater que les syndicats ne jouent  aucun rôle dans l’aide aux jeunes salariés !

Analyse du  document 5 : on préfère des associations à but particulariste (sport, la belote au club du 3e âge, loisir et fêtes) plutôt que les associations à but universaliste comme les syndicats.  Comme le document ne donne qu’une image de l’engagement associatif à un moment donné, il faut donc ajouter que le capital social, base des solidarités de proximité se délite au fil du temps au profit de l’individualisme (particulariste).

Analyse du  document 6 : Nous retrouvons dans ce document la logique du XIXe siècle, une solidarité limitée à l’assistance aux plus démunis. Nous tournons la page de l’Etat-providence instauré en France après la seconde guerre mondiale, l’assistance du berceau à la tombe pour tout le monde. Le document laisse une question sans réponse, la question de l’avenir de la solidarité, ce qui peut former l’ouverture du sujet en conclusion.

Nous pensons qu’il faut regarder la réalité en face, la prépondérance de l’Etat central dans une économie qui se disloque non seulement pour des raisons financières, mais aussi pour des raisons écologiques (pic pétrolier, réchauffement climatique, chute de la biodiversité, dégradation des sols, etc.) est derrière nous. Le lien de solidarité, contrairement à ce qui se passe aujourd’hui, ne se situera pas simplement au niveau des solidarités publiques (sécurité sociale), individuelles (resto du cœur, charité…) ou familiales (en argent ou en nature), mais dans des solidarités de proximité retrouvées (voisinage, territoire d’appartenance, communautés diverses).

NB: nous répondrons directement sur ce blog à toute question pertinente sur ce sujet de dissertation.

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contre la relance du nucléaire

La Suède veut construire des nouvelles centrales, n’importe quoi ! Les nucléocrates ont tort de se réjouir, cette décision n’est qu’un leurre : en décidant qu’aucun argent public ne sera attribué, les autorités suédoises ont en réalité déjà enterré tout projet industriel. De plus la loi fait porter aux propriétaires des réacteurs une responsabilité totale en cas d’accident. Les investisseurs potentiels se rappelleront qu’en 2006 un court circuit avait provoqué le black-out d’un réacteur suédois à Forsmark. Deux générateurs de secours ayant refusé de démarrer pendant plus de 20 minutes, le cœur du réacteur nucléaire n’a plus été refroidi suffisamment. Selon un ancien responsable de cette centrale, « c’est l’événement le plus dangereux depuis Harrisburg et Tchernobyl ». Comme de plus aucune compagnie d’assurance ne couvre le risque nucléaire, il faut être fou ou techno-dévot pour croire au nucléaire en Suède ou ailleurs.

Le nucléaire était et restera une source d’énergie complètement marginale. La part du nucléaire dans l’électricité mondiale est passée en peu de temps de 17 % à moins de 13 %, et continue de chuter. Au niveau de la consommation totale d’énergie, le nucléaire couvre moins de 2 % de la consommation mondiale d’énergie, une part infime et en déclin (c’était encore 2,5 % en 2007). A comparer avec les énergies renouvelables qui couvrent déjà 18 % de la consommation mondiale d’énergie : encore insuffisant, certes, mais l’atome est largement perdant !

Enfin le nucléaire est non seulement bridé par l’épuisement des réserves d’uranium (pas plus de 60 ans au rythme de la consommation actuelle), mais il faut aussi tenir compte des risques :

          La gestion durable des déchets radioactifs, toujours sans solution dans le monde entier ;

          La dépendance des pays par rapport à la nécessité d’importer l’uranium, l’exploitation des pays producteurs ;

          La militarisation de la société nucléarisée, nécessaire pour une activité centralisée, très dangereuse, et susceptible d’attentats terroristes ;

          La prolifération, ce qui permet à des pays de construire des centrales et d’accéder à la bombe.

L’idée défendue par les sociaux-démocrates suédois, au pouvoir de 1994 à 2006, était que les réacteurs actuels ne seraient démantelés que lorsque leur production d’électricité serait compensée par de nouvelles sources d’énergie. Nous constatons là où ailleurs qu’aucun politique n’a le courage d’expliquer à la population que la seule solution durable est de diminuer la consommation d’énergie. C’est seulement parce que nous regardons la réalité en face qu’un sursaut est possible.

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