biosphere

une société sans école

Au cours du XXe siècle a été découverte une nouvelle raison de l’éducation universelle et obligatoire ; l’école a été définie comme nécessaire pour le travail. L’éducation pour tous est maintenant devenu un slogan porté par les Nations unies. Il va à l’encontre d’une société sans école prôné par Ivan Illich. Précisons d’abord que toutes les tentatives pour promouvoir le développement à la mode occidentale sont sans avenir. Déjà les objectifs du Millenium sont confrontés à des budgets nationaux en berne et des aides internationales en baisse (LeMonde du 7-8 février). Ensuite l’éducation « universelle » prépare à une société qui est en train de faire faillite : les emplois dans le secteur industriel et tertiaire vont plus ou moins brutalement s’effondrer définitivement. La mobilité géographique et professionnelle que prépare la scolarisation universelle deviendra impossible à celui qui sortira du système éducatif trop tôt.
Illich critique la fonction même de l’école : « Les sociétés attachées à la scolarisation universelle et obligatoire insistent sur une entreprise frustrante et toujours plus insidieuse qui multiple les ratés et les infirmes. L’institution tenue pour sacrée légitime un monde où la grande majorité des individus sont stigmatisés comme recalés tandis qu’une minorité seulement sortent de ces institutions avec en poche un diplôme qui certifie leur appartenance à une super-race qui a le droit de gouverner. L’apprentissage est vu comme le fruit d’un enseignement par des maîtres professionnels et comme un curriculum, littéralement une course. La scolarisation fait office de portier à l’entrée des boulots ; or le marché du travail disparaît. Une petite anecdote éclairera mon propos. Il y a vingt ans, quand j’écrivais les essais réunis dans Une société sans école, j’ai appris avec stupéfaction que la direction sanitaire de la ville de New York excluait les boueux qui n’avaient pas leur baccalauréat !
L’obsession de notre société qui oblige les enfants des bas quartiers (et du Tiers-monde) à fréquenter les écoles des bas quartiers est une cruauté absurde. »
Source documentaire : La perte des sens (recueil de textes d’Ivan ILLICH)

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réchauffistes contre négationnistes

Voici un échange sur ce blog biosphere entre réchauffiste et négateur du réchauffement quand on enlève toutes les digressions inutiles du type « Quand est-ce que vous allez enfin réaliser que l’arnaque carbocentriste est en train de partir en sucette. »

biosphere : Le débat climatique n’est pas ouvert aux citoyens ordinaires, les climatologues du GIEC ayant démontré l’origine anthropique du réchauffement.

Jean Staune : NON justement ce n’est pas démontré : DES CITOYENS NON ORDINAIRES c’est a dire des grands scientifiques disent le contraire.

Robert : Climategate ou pas, les faits sont là, ça se réchauffe et pas un scientifique sérieux le nie. Les scientifiques publient des articles qui sont réfutés ou non, ils ne se contentent pas de colporter des ragots.

Laurent Berthod : Il y un feed-back auquel les réchauffistes n’ont pas pensé : le climat se réchauffe, on se chauffe moins, on renvoie moins de CO2 dans l’atmosphère ! Ah ! Ah! Ah !

Robert : Vous avez raison sur un point, il semblerait que le GIEC se soit effectivement trompé, ce sera pire que ce qu’il annonçait.

Laurent Berthod : avez-vous un argument probant que le réchauffement climatique est en partie dû à l’homme ?

Robert : si vous regardez les choses avec froideur et objectivité, vous observerez que depuis un peu plus d’un siècle le taux de GES dans l’atmosphère a une tendance à monter TRES RAPIDEMENT et ceci est un indicateur de la responsabilité anthropique.

On s’aperçoit finalement que les négationnistes « farfouillent dans les articles des dissidents et dans la presse étrangère » (dixit Mon810) pour essayer de marquer leur présence sur Internet ; leur argumentation reste limitée scientifiquement ou non démontrée, mais ils sont virulents. Les réchauffistes peuvent s’appuyer sur des rapports scientifiques validés, mais leur présence sur le net des bloggeurs est marginale. Le problème, c’est que cette disproportion dans le débat instille le doute et l’abstention dans la réflexion des citoyens ; la délibération démocratique est faussée quand on ne sait plus qui croire. C’est un des éléments d’explication de l’échec de Copenhague. C’est pourquoi nous allons à la catastrophe, mais nous ne voulons pas le croire…

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démocratie et réalisme climatique

Un quartette d’autonomistes reconnaît: « Les économistes sont soumis à des incitations variées qui peuvent les détourner d’un diagnostic objectif de la réalité. » Obama reconnaît que l’objectif de créer un marché d’émissions n’est pas réaliste dans le contexte politique actuel (LeMonde du 6 février). Le « réalisme » est donc mis à toutes les sauces. La question fondamentale reste posée : « Dans un système démocratique, qui doit en définitive avoir raison ? »

Un des plus féroces contempteurs de ce blog affirme: « Il n’est en rien question de décider du haut d’une autorité. » Nous sommes d’accord sur ce point, la décision démocratique repose sur le débat libre et informé qui seul peut entraîner une décision collective. Cela ne veut pas dire qu’on arrive ainsi à la vérité, la réalité est toujours socialement construite, donc relative. Le problème de toute société, c’est qu’elle formate ses membres (les économistes, les politiques, les entrepreneurs, etc.) à penser d’une certaine façon, donc à se tromper soi-même. Par exemple la contrainte culturelle d’Obama lui fait déclarer la prépondérance du peuple américain : « Investir pour une énergie propre est toujours positif pour notre économie ». Le reste n’a plus d’importance, l’idée d’un marché des quotas carbone peut être abandonné même si ce sont les États-Unis qui en avaient fait la promotion avant même les délibérations de Kyoto. Or les intérêts du peuple américain, qui reposent largement sur une énergie fossile importée, sont indissociables du reste du monde.

Le réalisme démocratique ne peut côtoyer le vrai que si l’ensemble des citoyens du monde apprennent à penser de façon globale, prenant en compte l’ensemble des composants de la biosphère actuelle comme des évolutions à long terme (ce qu’on appele les acteurs-absents). En termes clairs l’Américain moyen doit aussi considérer le sort du Burkinabé et préparer l’avenir de ses arrière arrière petits-enfants. Si nous ne raisonnons pas ainsi, ce n’est pas d’une démocratie qu’il s’agit, mais de l’expression d’un égoïsme territorial voué à l’échec un jour ou l’autre. Le réalisme ne peut être de courte vue et une démocratie qui repose sur le court terme est vouée à l’échec, c’est-à-dire à la négation de la démocratie par l’apparition d’un totalitarisme qui se dira « écologique » et fera croire à une énergie « propre » et des emplois « verts ». Une démocratie véritable ne peut être réalisée et viable qu’à l’échelle locale, c’est-à-dire par la relocalisation, des outils à l’échelle humaine et une énergie basée sur le renouvelable, à commencer par notre force physique.

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Le réchauffement climatique et la démocratie

MON810 nous a interpellé sur ce blog : «  Maîtresse, je ne suis pas d’accord avec le principe de précaution, est-ce que j’ai le droit ? ». Bien sûr, mon petit, tu as le droit. Le problème est de savoir si tu as les capacités intellectuelles et morales de t’exprimer sur cette question. En fait, tu poses implicitement le problème de toute démocratie : qui doit en définitive avoir raison ?

Mon petit MON810, prenons un exemple, le casse-tête de la décision en matière climatique. Le Mexique, qui présidera la prochaine conférence onusienne sur le climat, propose de mettre fin à la règle du consensus. En effet à Copenhague, une demi-douzaine de pays a permis de s’opposer à l’accord final, « contre la volonté d’une majorité » (LeMonde du 5 février). Mais si le consensus ne paraît pas une méthode fiable pour prendre une bonne décision, on peut aussi bien mettre en doute la pertinence d’une majorité qui n’a pas toujours raison. Ce qui ne veut pas dire non plus que c’est le point de vue de la minorité qui importe. D’ailleurs mon petit MON810, tu vois tous les jours la difficulté dans ta famille de savoir qui décide en fin de compte, entre ton père, ta mère, ou toi-même.

En définitive la validité d’un processus de décision, qu’il s’appuie sur le principe de précaution, le probable réchauffement climatique ou n’importe quoi d’autre, ne repose pas sur l’institutionnalisation de la démocratie, qu’elle soit par consensus ou à la majorité, qu’il y ait démocratie représentative ou même démocratie directe. Les citoyens n’obtiennent que le mode de gouvernement qu’ils méritent. En d’autres termes, le pouvoir ne réside pas dans les instances du pouvoir, mais dans la tête des gens. Pour que le peuple, et donc toi aussi mon petit MON810, fasse l’accord parfait entre ce qu’il pense et ce qu’il faudrait, il est nécessaire d’harmoniser dans son propre cerveau ses intérêts personnels avec ceux de l’ensemble des humains, ceux des générations futures et même ceux des non-humains (la biodiversité). Autrement dit, tu dois t’exprimer au nom de toi-même mais aussi au nom des acteurs absents. Pour revenir à ta question de départ, le principe de précaution en matière climatique s’impose. Il faudrait diminuer nos émissions de gaz à effet de serre car le risque potentiel a de fortes chances de perturber la vie des réfugiés climatiques, des générations futures et de la biodiversité. Ton intérêt personnel, mon petit, serait-il plus grand que tout cela ?

Pour terminer, MON 810, je te prie de ne pas continuer à dire du mal de ta maîtresse « biosphere » comme tu le fais habituellement. Cela ne fait en rien avancer la libre-expression de chacun. Je te cite :

– « Biosphère ou la grande moralisatrice en chef, le petit dictateur en herbe. »

– « La vérité ? C’est le politburo Biosphère qui la décrète. »

– « Vous êtes en pleine déréliction mentale. «

– « Vous n’ êtes qu’une secte accrochée à sa croyance. »

– « Commençons par supprimer Madame Biosphère, ça fera une graine de dictateur totalitaire et une conne en moins. »

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retour à la charrue ?

Demain la plupart d’entre nous redeviendront agriculteurs. Alain de Janvry en détecte les premiers signes : « Quand la crise touche un pays, c’est le retour à l’agriculture de subsistance qui offre la seule option possible » (LeMonde du 4 février). Bien entendu ce professeur à Berkeley ne pense qu’aux pays à bas revenus, par exemple un million de résidents urbains sont actuellement en train de chercher refuge dans les régions rurales à Haïti. Mais en Chine, suite au tsunami financier, 20 millions de chômeurs urbains sont retournés à leurs communautés rurales d’origine. Or le prochain choc pétrolier va toucher non seulement les pays pauvres et les pays émergents, mais aussi les nations dites « développées ». Quand la crise touche les prix agricoles, l’emploi industriel et par ricochet le secteur des services, il y a licenciement massif, ce qui rend difficile la survie dans les villes ; la seule option (à part le banditisme) se trouve à la campagne.

C’est ce qu’Hervé Bourhis met en scène dans une BD intitulée « la main verte ». Le successeur de Sarkozy s’exprime à la radio : « Françaises, Français, nous avons avec mon gouvernement tenté de préparer la France à ces difficultés. Malheureusement, les études les plus pessimistes sous-évaluaient l’imminence de la pénurie, la production pétrolière est proche de zéro, etc. » Il n’y a plus de vente de BD, le dessinateur qui se met en scène perd son job, se retrouve vélo-taxi et pour finir va demander à son père des conseils de jardinage…

Personnellement, nous trouvons les deux analyses ci-dessus très pertinentes !

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Climategate et principe de précaution

« Vivement l’arrivée des 7 boules de cristal des climatologues du CRU qui peuvent prédire l’avenir. » Cette formule ironique envers l’unité de recherche climatique (CRU) d’East Anglia a été écrite sur ce blog par un négationniste du réchauffement. Il appartient à un groupe de personnes qui s’excite pour moins que rien, par exemple en prétextant d’un listing piraté de correspondance privée des climatologues britanniques. Après avoir montré précédemment que la rumeur Internet de malversations n’était pas fondée, LeMonde du 3 février nous révèle aujourd’hui que ce « Climategate » de mi-novembre 2009 a sans doute été piloté par des services secrets ou un lobby américain pour essayer de torpiller la conférence de Copenhague mi-décembre 2009. En effet ce piratage a été une opération extrêmement coûteuse d’une extraordinaire sophistication (dixit David King).

 

Nous rappelons la position de ce blog :

– Le débat climatique n’est pas ouvert aux citoyens ordinaires, les climatologues du GIEC ayant démontré l’origine anthropique du réchauffement.

– Le principe de précaution exige que gouvernements et citoyens prennent leurs dispositions pour faire diminuer les émissions de gaz à effet de serre.

– L’expression publique des négateurs du réchauffement doit être filtrée par les responsables de la médiatisation, livres, journaux, télévisions.

– Partisans d’une démocratie responsable, les modérateurs de ce blog usent d’un « droit de veto » quand des commentateurs essayent d’exprimer des contre-vérités sur le climat.

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ni foot, ni handball

Les médias, en exaltant le sport-spectacle, détournent l’attention des vrais problèmes. Le Monde (cf. le 2 février) consacre une pleine page aux sports qui n’ont aucune importance (la France, experte en handball, Roger Federer qui n’en finit plus de gagner, etc.) et une seule page Planète à des événements aussi considérables que « les négociations climatique en pleine confusion » ou « la nécessaire réduction de la consommation de pesticides ». D’où vient ce déséquilibre entre ce qui est et ce qu’il faudrait ?

Bien avant le néolibéralisme, dès l’école républicaine de Jules Ferry, l’industrialisme avait insufflé à l’école un état d’esprit odieux de concurrence entre nations ; aujourd’hui l’incontestable succès de l’équipe de handball sacre la France nouvelle championne d’Europe. L’école est devenue un lieu de confrontation des performances individuelles ; aujourd’hui l’équipe de France de handball est la plus performante au monde. Tout au long du XXe siècle, l’école a servi à légitimer la discipline nécessaire au travail mécanisé en usine ; aujourd’hui les sections sport-études « se sont mis à fabriquer une magnifique usine à champions » (Philippe Bana, DTN du handball). Le sélectionneur Claude Onesta en rajoute : « Non seulement on a aujourd’hui l’équipe la plus performante au monde, mais on se dit qu’il y aura encore des équipes de France de handball performantes. Parce que la machine continue à produire des joueurs de qualité. »

Ce n’est pas de cette idéologie de concurrence et de ses machines à fabriquer des champions dont la biosphère a besoin. Une École digne de ce nom devrait bannir toute apologie du sport-spectacle globalisé (coupe d’Europe, du monde…) et s’en tenir à des cours d’éducation physique dans un esprit de détente, de jeu et d’entretien de la santé, uniquement. Sans oublier l’indispensable éveil à la nature.

NB : réflexion inspirée par le livre L’enseignement face à l’urgence écologique de B.Legros et J.N. Delplanque

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no limits ? Absurde !!

No limits ! La société moderne formate les esprits pour éliminer tout sentiment des limites. Nous avons confiance dans un progrès technique qui accroît le progrès social et réciproquement, nous avons marché sur la lune et dominons les terres et les mers, la croissance économique est devenue l’incontournable nec plus ultra, etc. Si cette société rencontre des obstacles comme l’épuisement des ressources fossiles, peu importe, la puissance de créativité de nos techno-scientifiques va résoudre le problème illico presto. Ce sentiment de toute puissance se double d’une impression de totale liberté pour aller en avion à l’autre bout du monde plonger dans une mer turquoise. Du moins quand on appartient à la classe globale mondialisée dont le pouvoir d’achat permet d’entretenir ce monstre à 4 roues qu’on appelle auto-mobile.

Car la première limite de notre capacité de faire se trouve dans le niveau de solvabilité des individus. L’argent est un système de rationnement subtil mais efficace. L’absence de « pouvoir d’achat » constitue une limite absolue pour beaucoup, mais la classe globale apprend à ne plus regarder le SDF ou à ne plus se soucier de ceux qui crèvent de faim. Cette limite socio-économico-culturelle se double aujourd’hui du fait que nous dépassons les limites bio-physiques de la planète. A l’heure actuelle, nous avons dépassé de 30 % environ les capacités de régénération de la biosphère, ce qui veut dire que nous puisons dans le capital naturel. Une espèce de poisson qui ne peut plus assurer sa reproduction du fait d’une surpêche met beaucoup de temps pour s’en remettre même si on la classe comme espèce protégée. Une ressource non renouvelable partie en fumée est définitivement perdue pour les générations futures…. dans l’absolu.

Autrefois la population du dieu unique croyait que le paradis était accessible, mais après la mort ! Aujourd’hui les sirènes du monde moderne font croire que le paradis techno-industriel peut exister sur terre. Ce sont deux formes de croyance, ce sont toutes deux des religions, dans le sens qu’elles relient les individus à une certaine culture, ce qui empêche de penser de façon plus profonde, ce qui empêche pour la seconde de se limiter volontairement. Mais quand l’argent aura perdu toute valeur, on s’apercevra que l’argent ne se mange pas. Quand il n’y aura plus de pétrole, il restera encore la charrette à bras…

 

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enseigner l’écologie ou les SES ?

Les critiques sont récurrentes, les sciences économiques et sociales (SES) en lycée sont mal considérées par les pouvoirs en place. C’est une matière transversale qui peut aussi bien considérer la responsabilité du capitalisme mondialisé dans le chômage de masse que la dévalorisation des diplômes suite à une démocratisation mal pensée. Les professeurs peuvent être traités de marxistes, de macroéconomistes ou d’adeptes du marché. On a envisagé de supprimer la matière, de réduire ses horaires, de l’intégrer à l’histoire-géo, ou aux techniques de gestion, jusqu’à présent en vain. Les nouveaux programmes de seconde imposés par le sarkozysme donnent lieu aujourd’hui à une manifestation (LeMonde du 30 janvier).

Mais l’essentiel n’est pas là. Autant les SES ont été à l’origine une matière qui permettait aux élèves de s’affronter au monde moderne et d’en discuter les bases, autant c’est devenu une discipline comme les autres, avec ses recettes et ses habitudes. C’est en Terminale une approche centrée sur la croissance, nous sommes loin des origines de la matière au moment du premier choc pétrolier où on doutait fortement de la durabilité de la croissance. Les professeurs enseignent dorénavant l’économie et la sociologie, de manière séparée de préférence. Ils ignorent superbement l’écologie et n’ont plus tellement d’approche critique à propos des limites absolues rencontrées par la civilisation thermo-industrielle.

Sinon leur association de profs réclamerait bien plus que de discourir en seconde sur la discrimination face à l’embauche ou sur le relativisme de nos comportements, elle exigerait d’enseigner l’écologie, c’est-à-dire un discours sur notre maison biosphère, qui engloberait les relations sociales et ferait de l’économie un simple instrument au service du bonheur de l’espèce homo sapiens sur une planète respectée.

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la liberté parisienne

Un réfugié iranien en France se pose une seule question : « Que vais-je faire de cette liberté maintenant que je ne cherche plus à savoir ce que les autorités pensent de moi ? » Bienvenu Afshin Ghaffarian en France, le pays où on ne sait plus quoi faire de sa liberté. Dans un monde normal, on sait toujours ce qu’on doit faire. Dans la société industrialisée, on ne sait plus si on doit utiliser plutôt son iPod, son iPhone ou son prochain achat, l’iPad. La liberté dans le monde occidentalisé, ce n’est plus de danser ou de travailler à son rythme, c’est de choisir comment se brancher à la prise électrique pour surfer dans un monde virtuel et jouir des programmes numériques.

 

Il devrait y avoir des pays normaux qui puissent permettre de vivre collectivement le juste milieu entre le pays totalitaire comme l’Iran, où on peut pendre haut et court pour « manifestation » des personnes qui étaient déjà en prison le jour de cette manifestation, et la France « libérale » qui se drogue au gadget électronique…

 

NB : pour connaître toute l’histoire du danseur iranien, LeMonde du 29 janvier

 

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notre avenir, c’est Haïti

Pour le monde occidentalisé, le désastre haïtien est un spectacle à la télé. Pour les journalistes du Monde, c’est un supplément du 28 janvier qui porte toujours un regard extérieur du type « le grand défi sera de rompre avec les échecs du passé ». Prêtons plutôt attention au début de l’analyse de Jared Diamond citée par Laurence Caramel : « Pour toute personne qui veut comprendre les problèmes du monde contemporain… » Haïti préfigure en effet notre destin collectif si nous ne faisons pas suffisamment attention aux menaces environnementales. Et cet aspect n’est pas traité par le dossier du Monde ! Comme d’habitude, Haïti est considéré comme un cas à part qui regarde d’abord les Haïtiens eux-mêmes. Pourtant le chapitre 11 du livre Effondrement, comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, est clair : sur la même île, la République dominicaine est presque le paradis alors qu’Haïti était déjà un enfer bien avant le tremblement de terre.

En République dominicaine, Balaguer confia la responsabilité de la protection des forêts à l’armée en déclarant les coupes de bois « crimes contre la sûreté de l’Etat ». En Haïti, on a laissé la forêt tropicale grignotée par des millions de petits paysans en quête d’un lopin de terre pour survivre. La croissance démographique en République dominicaine est de 1,6 %, mais de 3 % en Haïti. La richesse agricole en Haïti s’était faite aux dépens de son capital en forêts et en sols, à l’image de la déforestation et de la désertification mondiale d’aujourd’hui. L’élite haïtienne s’est identifiée à la France et à son mode de vie plutôt qu’à la défense de son environnement ; aujourd’hui nous assistons à la mondialisation du modèle de vie occidental.

Pour Jared Diamond, l’histoire comparée de ces deux peuples de même origine est un antidote au « déterminisme environnemental ». Faisons en sorte que l’avenir de l’humanité ne soit pas semblable au destin (voulu) d’Haïti, choisissons partout des dirigeants qui donnent la priorité à la question écologique, base de la survie de nos sociétés…

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où sont les traîtres ?

Quelqu’un qui quitte les Verts pour adhérer au parti socialiste est-il un traître ? Quelqu’une qui préfère militer à l’UMP est-elle traître à l’écologie ? Les Verts français se disaient à l’origine « ni droite-ni gauche ». En 1980, une multitude de mouvements citoyens donne naissance aux Verts allemands, un « parti antipartis ». Mais de 1997 à 2002, les Verts français ont participé au gouvernement avec le parti socialiste (la gauche plurielle). Mais de 1998 à 2005, les Verts allemands ont participé au gouvernement avec les sociaux-démocrates. Cela n’empêche pas des ministres de droite comme Serge Lepeltier, NKM ou Chantal Jouanno d’être vraiment des écologistes. Et le maire Vert de Tübingen prône une alliance au niveau fédéral entre son parti et les chrétiens-démocrates  (LeMonde du 27 janvier). L’UMP Nathalie Kosciusko-Morizet  peut même écrire dans son livre : « Nous avons besoin aujourd’hui d’entendre les prophètes, y compris les prophètes de malheur. L’écologie se nourrit de prophéties. Il faut discerner dans les ténèbres le risque de se retrouver, bientôt, perdus et défaits au milieu d’une planète devenue malade et hostile. »

Ce ne sont pas les différents régimes de propriété des moyens de production qui déterminent les modalités d’exploitation de la nature mais bien la mentalité de ceux qui prennent des décisions importantes. C’est avec sagacité qu’André Gorz avait subsumé l’économie contemporaine capitaliste et socialiste sous un concept plus large, l’industrialisme (le productivisme). La vieille séparation entre droite et gauche s’effrite, les anti-capitalistes peuvent être de farouches productivistes.

Il y a des traîtres à l’écologie qui composent actuellement la majeure partie du parti socialiste comme du parti de Sarkozy. L’avenir séparera ceux qui ont conscience des limites de la biosphère et ceux qui n’ont aucune conscience.

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repenser le développement

Il faut se méfier des apparences. Une burqa peut cacher une femme exquise et raisonnée. Le « développement » cache une réalité sordide. Survolons LeMonde (quelques titres du 26 janvier) pour en être persuadé : suicide au travail, lutte contre le stress au travail, moral des ménages allemands en baisse, gouvernement portugais qui lutte pour maintenir la crédibilité financière, président américain affrontant une situation économique de plus en plus difficile, une tragédie en Grèce, l’Egypte qui peine à faire reculer la pauvreté, une militarisation de la société au Sri Lanka, la crise énergétique qui amplifie le mécontentement à Caracas. Vu le résultat, il faut donc « repenser le développement ».

Le livre de Gilbert Etienne s’attelle à cette tâche pour conclure que les idées sur le développement ne durent souvent que le temps d’une mode. Mais son diagnostic ne peut s’empêcher de courir les idées à la mode : « L’extrême pauvreté est plus aiguë dans les campagnes que dans les villes et l’un des défis du XXIe siècle consiste encore et toujours à nourrir des centaines de millions de paysans pauvres. » Gilbert Etienne a oublié que la richesse fondamentale est crée par ceux qui nous nourrissent, les paysans. Dans les pays « développés », le secteur primaire (agricole) vient historiquement en premier, le secteur secondaire (l’industrie) ne prospère qu’en enlevant le surtravail des paysans. Ne parlons pas du secteur des services qui vit aux crochets de l’ensemble du système marchand. Le « développement » du Tiers-Monde n’a été que la poursuite de la colonisation par d’autres moyens : aide financière, transfert de technologie, exode rural, urbanisation, expansion du tertiaire (le secteur informel) et de l’Etat. On retrouve toujours le même modèle de « développement » par le déracinement des paysans et la culture hors-sol des urbains.

Le « développement durable », qui nous promet maintenant le « développement » pour l’éternité, participe de la même toxicité, il nous enlève toute perspective de sortie. Mais ce système mondialisé s’effondrera un jour, victime de ses échecs et de l’épuisement des ressources naturelles. Que faisait l’an dernier la Chine face au tsunami financier ? Elle renvoyait ses mingong (paysans devenus ouvriers) dans leur campagne. Qu’une crise un peu plus profonde touche la civilisation thermo-industrielle, et la moitié de la population mondiale qui désormais habite les villes ne songera plus qu’à retourner sur des terres qui leur permettront peut-être de manger.

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minijupe et burqa

            La société française n’a pas de mémoire. Il devrait être loin le temps où les lycéennes devaient se revêtir obligatoirement d’une blouse, le temps où les cheveux longs des garçons étaient interdits d’entrer dans les établissements scolaires, le temps où les naturistes étaient enfermés dans des camps. Une société n’a pas à imposer de tenue vestimentaire car il n’y a aucun dommage envers autrui ; être nu, en minijupe ou en burqa, cela relève de la liberté personnelle. Quand on voit qu’une mission sur le voile intégral a été codirigé par un communiste qui s’emporte contre la talibanisation de la société et un UMP qui dénie la liberté d’expression d’un prix Goncourt (LeMonde du 24-25 janvier), on se rend compte que la patrie des droits de l’Homme n’a encore rien compris. Les valeurs républicaines ne peuvent pas condamner les pratiques communautaristes car le respect de la diversité des cultures est le principe même d’une république laïque.

Abdennour Bidar exprime une réalité sociologique : le port de la burqa est une expression, inconsciente ou non, d’un ressentiment contre le modèle occidental. Car qu’apporte ce modèle si ce n’est l’uniformité et l’uniformisation redoutables des consciences, des attitudes et des discours. La modernité n’est pas l’ère de l’individu car la société de la consommation et du spectacle a réduit l’expression du moi à quelque chose de dérisoire où le paraître interdit d’être. Quand il n’y a plus de projet d’existence, certains ne peuvent que se réfugier dans une communauté reconstruite alors que la plupart s’oublient devant leur écran de télé ou d’ailleurs.

Comme l’écrit Grégory Bateson, notre civilisation semble préférer l’interdiction à l’exigence positive, et par conséquent, c’est par la loi que nous essayons de défendre les libertés civiles. Il est trop facile de promulguer des lois qui règlent les détails les plus épisodiques et les plus superficiels du comportement humain. Ce serait beaucoup mieux d’encourager les individus à prendre conscience de leur propre liberté et de leur potentiel de souplesse. Le but de l’écologiste est d’accroître la souplesse de notre société. Cela relève de la formation du caractère, pas du législatif.

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syndicats-patronat, même combat

Syndicats-patronat, même combat, anti-écolo. Après un Grenelle-débat il y a deux ans et demain, le parlement a voté le Grenelle I, catalogue de bonnes intentions. Maintenant on repousse à plus tard la mise en musique par un Grenelle II (le moment de légiférer sur les vraies solutions). Car quand on est un élu, il ne faut jamais prendre des décisions qui fâchent avant un rendez-vous électoral ; on verra, après les régionales, peut-être… La démocratie telle qu’elle est instituée est l’ennemi des prises de responsabilité en matière écologique et Borloo  vient de s’expliquer sans rire sur ce retard du Grenelle : « En dictature, ce serait plus simple ! » (LeMonde du 23 janvier)

Le problème de nos démocraties, c’est que les personnes qui sont  nos représentants raisonnent à court terme puisque la population raisonne à  court  terme. L’écologie peut amoindrir la compétitivité, le patronat est donc contre l’écologie. Les salariés sont confrontés à une  crise de l’emploi, l’écologie peut attendre. Que le grand hamster soit menacé de disparition par la construction d’une autoroute n’a aucune importance, place aux vrais problèmes ! Pourtant l’emploi et la compétitivité ne vont pas peser beaucoup quand le réchauffement climatique pèsera financièrement autant que le rapport Stern le prévoyait (c’est-à-dire comme la crise de 1929). Pourtant l’emploi et la compétitivité ne vont pas peser bien lourd quand le temps de l’énergie bon marché sera révolu (le pic pétrolier, c’est en ce moment-même). Ce n’est pas très « sexy » de tenir ce blog biosphere, et souvent nous aimerions écrire autre chose que ce que nous écrivons. Mais la réalité de bientôt ne sera pas du tout sexy, et il faut savoir affronter la réalité en face.

L’éditorial du Monde estime qu’après le « magie » du Grenelle », le  « retour au réel » est revenu. Mais le Grenelle préparait le réel de bientôt-demain, et attendre de réagir aux menaces écologiques, c’est faire en sorte que la réalité de demain soit encore plus sinistre que tout ce qu’on pourrait imaginer. La dictature ? Les inégalités ? Les conflits armés ? L’épuisement total de la biosphère ? Tout cela en même temps ?

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Haïtiens assignés à résidence

Aujourd’hui Haïti est un cas d’école de l’interdiction d’émigrer. Washington et son intervention massive après le tremblement de terre a surtout pour but d’empêcher un exode qui jetterait des centaines de milliers de d’Haïtiens vers la Floride. Si les Etats-Unis ont décidé d’accorder une protection temporaire aux Haïtiens présents sur leur sol avant le 12 janvier, ils ont prévenu qu’ils n’accueilleront aucun boat people. En Europe, l’attribution d’un statut de protection temporaire permettant d’accueillir des réfugiés est du ressort du Conseil de l’UE ; son application aux victimes du séisme n’est pas à l’ordre du jour. Actuellement il n’y a pas de statut pour les réfugiés victimes de catastrophes naturelles ; il y a de fortes chances pour que ce non-droit perdure.

Alain Supiot constate une réalité : « La doxa libérale actuelle prône le démantèlement de toute frontière pour les marchandises et les capitaux, tandis que de nouvelles barrières sont érigées chaque jour contre la circulation des hommes. Les frontières doivent être, à l’échelle des grandes régions du monde, ouvertes ou fermées en fonction des impératifs sociaux qui leur sont propres. » (LeMonde des livres du 22 janvier). D’un point de vue biosphèrique, la relocalisation des activités est absolument nécessaire pour amortir les chocs écologiques qui ont commencé ; cela exige à la fois la territorialisation des marchandises, des  capitaux et des humains. Comme l’exprimait déjà Malthus à la fin du XVIIIe siècle, « l’émigration, en supposant qu’on en pût faire un libre usage, est une ressource qui ne peut être de longue durée ». Les produits textiles importés, la nourriture qui fait des milliers de kilomètre, la fuite des capitaux, les flots d’immigrés, tout cela appartiendra bientôt au passé.

L’opposition à l’immigration incontrôlée est souvent assimilée à tort à la xénophobie anti-immigrés. Mais dans une perspective écologique, l’immigration n’est pratiquement jamais souhaitable. Lorsqu’elle se fait massivement, elle ne fait que mondialiser le problème de surpopulation. De plus, ce n’est que lorsque les groupes humains se sont enracinés dans une zone particulière, au fil de plusieurs générations, qu’ils développent un sens des limites en termes de ressources.

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to help or not to help Haïti

Il s’agit d’aider Haïti, pas d’occuper Haïti. That’s the question. Or ce qui intéresse le monde occidental, c’est d’abord le monde occidental, c’est le spectacle télévisuel d’un événement lointain, dont l’intérêt s’accroît quand il s’agit de l’adoption d’un enfant haïtien. Depuis le tremblement de terre du 12 janvier, les médias sont submergés par l’omniprésence de l’Aide internationale. On présente les secouristes de tous les pays, le rôle des banques de développement, la présence des Nations unies, les sommes récoltées par les pays donateurs, etc. Le président de la république René Préval ne devient audible que dans LeMonde du 21 janvier…pour réclamer une Aide internationale sur le long terme. Comme si l’aide aux sinistrés n’était pas d’abord le fait des Haïtiens eux-mêmes ! Comme si ce n’était pas les voisins qui commençaient à dégager des survivants ! Comme si ce n’était pas les proches qui faisaient preuve de solidarité !

Ce n’est pas de financements extérieurs et de personnels  étrangers dont Haïti a besoin en premier lieu, mais de la volonté de son peuple. Reconstruire durablement Haïti ne peut passer principalement par l’Aide internationale et des troupes d’occupation. Il est vrai que la misère de ce peuple est largement due à ceux qui font aujourd’hui étalage de leur Aide. L’Occident est responsable de la faiblesse actuelle d’Haïti : prédation coloniale, exploitation des ressources par la France bien après l’indépendance, soutien apporté par l’Ouest aux dictatures corrompues. Mais l’occident s’est paré de bonnes intentions. Rappelons l’article 22 du pacte de la Société des nations (1919) : « Les principes suivants s’appliquent aux colonies et territoires qui sont habités par des peuples non encore capables de se diriger eux-mêmes dans les conditions particulièrement difficiles du monde moderne. Le bien-être et le développement de ces peuples forment une mission sacrée de la civilisation. La meilleure méthode de réaliser pratiquement ce principe est de confier la tutelle des ces peuples aux nations développées. »  On est alors parvenu à faire admettre aux pays du Tiers Monde que leurs besoins se définissent comme un appel aux solutions occidentales, ces solutions qui ne leur sont pas accessibles. Et l’instrument le plus efficace du colonialisme économique a résidé et réside encore dans l’Aide aux pays en développement. Une Aide qui est apparue très efficace pour  endetter le pays qui la reçoit, mais aussi  pour lui enlever ses capacités de self-reliance.

NB : C’est le secrétaire d’Etat français à la coopération qui a dit : «  J’espère que les choses seront précisées quant au rôle des Etats Unis. Il s’agit d’aider Haïti, pas d’occuper Haïti. » (LeMonde du 21 janvier)

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agriculture en péril, humanité en sursis

– L’équilibre alimentaire mondial est fragile et la sécurité alimentaire n’est acquise par personne.

– Nous aurons à nourrir neuf milliards d’habitants en 2050 et à réduire fortement le nombre de personnes souffrant de la faim, plus d’un milliard en 2009.

– Personne n’a oublié les récentes émeutes de la faim. (Bruno Le Maire, ministre français de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche)

– Nous savons d’ores et déjà que nous ne saurons nourrir neuf milliards d’habitants en 2050.  (Bruno Le Maire)

– Les plantes et les animaux pourront moins produire dans certaines régions en raison du stress hydrique et climatique.

– On a voulu voir dans la production agricole des matières première comme les autres, d’où la volatilité des cours.

– Cette volatilité est accentuée par la faiblesse des volumes échangés sur le marché international, qui détermine le prix mondial : à peine 10 % de la production !

– En deux ans, les exploitants agricoles ont perdu la moitié de leurs revenus.

– Les simulations qui servaient d’appui aux négociations internationales en maitère agricole étaient toutes fondées sur des modèles industriels.

– Votre œuf affiche un 3 imprimé sur la coquille ? Cela signifie que l’animal l’ayant pondu a été élevé en batterie (90 % de la production française), c’est-à-dire en cage dans un hangar, à la lumière artificielle, avec 18 poules par m2.

– Les agriculteurs et les pêcheurs s’interrogent sur leur place au  sein de nos sociétés urbaines. (Bruno Le Maire)

– Nous perdons l’équivalent d’un département en surface agricole tous les dix ans ! (Bruno Le Maire).

– Comment développer les circuits courts autour des villes s’il ne reste plus de terres ? (Bruno Le Maire).

– Certes le phénomène du « consommer local » est encore balbutiant. Toutefois la demande explose, les initiatives se multiplient.

– Des collectivités locales créent ou recréent des marchés locaux dans l’esprit « circuits courts ».

Source de ces citations : Les cahiers  de la compétitivité, spécial Agriculture et alimentation (LeMonde du 20 janvier)

NB : Comme les rédacteurs du blog « biosphere » ne sont pas des fans de la publicité, nous faisons remarquer que ce supplément sous forme de publi-reportages est conçu par une société de communication. Ils forment un cahier distinct du quotidien. Comme il s’agit de publicité, la présentation est forcément enthousiaste quant à la « compétitivité ».

A plusieurs reprises, la Société des rédacteurs fut saisie par les journalistes du Monde. Mention fut donc ajoutée pour rappeler aux lecteurs que la rédaction du Monde n’était pas impliquée dans les propos publiés par ces cahiers de la compétitivité, et c’est tout. Il faut dire que ce produit publicitaire rapportait (chiffre à actualiser) bon an mal an 1 % des recettes. Comme dans toute chose,  c’est donc à chaque lecteur de trier le bon grain et l’ivraie ; ce que nous avons fait en sélectionnant et classant les citations.

Nous pensons fortement que l’alimentation ne peut en aucun cas entrer dans un schéma de compétitivité…

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la nucléocrate Lauvergeon

Le problème avec les technocrates qui gèrent nos entreprises, c’est qu’ils intériorisent les objectifs de leur entreprises comme si c’était leur propre raison d’être. Ainsi Anne Lauvergeon, la présidente d’Areva, vit et rêve nucléaire. Bien sûr elle n’est pas prête à tout pour conquérir un marché et c’est pour cela qu’elle ne construira pas de centrales à Abou Dhabi : elle ne se voyait pas s’engager pour les soixante ans de vie des réacteurs, « ce n’est pas le métier d’Areva » (LeMonde du 19 janvier). Ce qui est le plus étonnant dans son  attitude, c’est qu’elle commence à avoir un prisme écolo, genre générations futures : « Je crois au nucléaire et je me sens responsable vis-à-vis de mes enfants et de leurs enfants. » Il est vrai qu’elle ne se mouille pas, raisonner sur deux générations, c’est pas beaucoup plus durable que la durée de vie d’un réacteur. Elle oublie simplement ceux qui vont se coltiner les déchets radioactifs pendant quelques siècles. Madame Lauvergeon plaide aussi pour un débat « objectif » : « Le nucléaire n’est pas LA solution ». Il faudrait donc de l’efficacité énergétique et un « mix » avec les énergies renouvelables. Mais la technocrate d’Areva ne peut être objective, son entreprise doit vendre, donc elle se situe uniquement sur des choix de second rang, sur une problématique d’offre d’énergie. Madame Lauvergeon pense comme Areva qu’il faut « produire deux fois plus d’électricité d’ici à 2050 ».

Nous attendons de plus en plus désespérément qu’un responsable d’une grande entreprise énergétique tienne un discours digne de sa haute responsabilité et mette en avant les priorités de premier rang, c’est-à-dire la maîtrise de la demande d’énergie. Réduire la consommation, une décision qui choque ? Peu importe, un décideur digne de ce nom pense d’abord aux générations futures et condamne politiques et économistes scotchés à l’idée qu’il faut toujours plus et gagner plus.

Que Lauvergeon-Areva glisse en passant qu’il faut diviser par deux les émissions de CO2 d’ici à 2050 montre aussi la duplicité de la technocratie régnante. Nous mettons au défi Lauvergeon-Areva de prouver qu’on peut produire deux fois plus d’électricité tout en divisant par deux les émissions de gaz à effet de serre.

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1000 articles et rien ne change

Il y a cinq ans c’était un tsunami dans le Pacifique, aujourd’hui un tremblement de terre en Haïti. Et c’est le moment d’écrire notre millième article ! L’acte fondateur de ce blog résulte en effet d’un évènement relayé par les télévisions du monde entier, le tsunami. Aujourd’hui presque autant de morts à Haïti. Notre article du 13 janvier 2005 mettait alors en parallèle le traitement sur-médiatisé des conséquences du tsunami sur les humains et d’autre part une information isolée (dans LeMonde du 1/1/2005, nos plus proches cousins sont en péril) sur la disparition prochaine des primates :

« D’un côté le tsunami pourrait faire aujourd’hui 150 000 victimes humaines, de l’autre chimpanzés, gorilles, orangs-outans et bonobos risquent de complètement disparaître dans une ou deux décennies. D’un côté les soubresauts de la planète laissent en vie largement plus de 6 milliards d’humains, de l’autre l’activité de ces mêmes humains élimine complètement  leurs plus proches cousins par la déforestation, la chasse et la pression de la démographie humaine. D’un côté les aides publiques d’urgence en faveur de l’Asie dépassent déjà 1,2 milliards de dollars (sans compter la générosité privée), de l’autre il faudrait seulement 25 millions de dollars pour enrayer l’irrésistible baisse des populations de primates.

L’humanité envoie en avion ses touristes occidentaux à l’autre bout du monde pour accélérer le changement climatique, mais elle n’a presque aucun respect pour la vie des non-humains sous toutes ses formes ; l’humanité s’apitoie sur son propre sort, mais elle n’a pas beaucoup de considération pour le déclin de la biodiversité dont elle est pourtant le principal responsable. Il y a quelque chose d’absurde sur cette planète… »

Cette première contribution « Solidarité avec les bonobos » a été suivie par une analyse de plus en plus régulière de l’information véhiculée par LeMonde, jusqu’à pouvoir écrire presque chaque jour un article, et rien ne change : janvier 2010, un tremblement de terre en Haïti, les médias se déchaînent ; 2010 année mondiale de la biodiversité, tout le monde s’en fout. La même conclusion s’impose aujourd’hui comme hier, il y a quelque chose d’absurde sur cette planète.

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