biosphere

il est permis d’interdire

Le diagnostic est partagé par tous ceux qui décryptent la vie de notre petite planète : le mode de vie à l’occidentale est obsolète, la droite sarkozyste comme la gauche socialiste nous disent qu’il faut changer de civilisation. Pourquoi ? A cause de la rupture entre la puissance technologique de nos économies et les limites physiques de la croissance. LeMonde du 23 septembre reprend d’ailleurs ce constat sarkozyste imparable : «  Le XXIe siècle sera le siècle de la fin du pétrole, il verra donc la fin de la voiture telle que nous la connaissons. » Malheureusement l’article à côté nous abreuve encore des péripéties de la formule 1. Comme si, en 2009, la F1 avait encore le droit d’exister ! Au moment du premier choc pétrolier, les pouvoirs publics avaient déjà arrêté cette compétition ridicule pour montrer le bon exemple de l’économie d’énergie.

LeMonde  ce jour est d’ailleurs beaucoup plus critique qu’à l’ordinaire : «  Le côté bling-bling de la F1 paraît plus que jamais has been. A l’heure où l’industrie s’interroge sur la nécessaire conversion à la voiture « verte », l’univers de la compétition, le culte de la vitesse, les consommations astronomiques de carburant, les victoires fêtées sous des douches de champagne et les jeunes femmes en bikini dans les paddocks, paraissent complètement décalés ».

 Si Sarkozy était vraiment conscient de l’urgence de réduire la vitesse de notre société thermo-industrielle, non seulement il imposerait une taxe carbone à 32 euros la tonne, mais pour mieux faire accepter la purge, il ferait en sorte que la F1 et les 4×4 soient interdits au niveau (inter)national.

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désurbanisation

Qu’on le veuille ou non, il faudra bien un jour sortir du culte de la croissance, toujours plus de pouvoir d’achat, toujours plus de bagnoles, toujours plus d’avions, travailler toujours plus. L’urbanisation croissante est un élément de cette anthropisation forcenée de notre planète qui a accompagné la révolution industrielle dès le XIXe siècle. Mais au lieu d’être progressive, l’explosion urbaine est devenue selon les termes mêmes du Monde (22 septembre) « violente », particulièrement en Afrique : les villes y passeront de 350 millions d’habitants en 2005 à 1,2 milliards en 2050. Ce ne sont que des prévisions statistiques, je prévois au contraire d’ici à 2050 un retour aux campagnes comme cela a déjà commencé en Chine.

            Cela ne veut pas dire que j’ai une pensée anti-urbaine, il y a des toutes petites villes fort agréables. Mais quand les habitants des bidonvilles constituent déjà en moyenne 36 % des citadins dans les pays dits « en développement », cela veut dire que ce n’est pas une urbanisation gérable, ce n’est donc pas une évolution durable. Jamais on ne pourra mettre de l’électricité, de l’eau courante et des routes goudronnées partout. Jamais on ne pourra mettre en place des services urbains à la portée de tous. Jamais on ne pourra trouver un emploi à cet afflux de main d’œuvre. Jamais il n’y aura assez de policiers (étymologiquement « créatures de la cité ») pour contrôler une société non policée. Jean-Pierre Elong-Mbassi, porte-parole des Cités du continent, dit que les Africains devront payer la qualité de leur ville ; ils ne pourront jamais, sauf dans quelques enclaves fermées et sécurisées pour quelques temps encore.

Le discours de vérité n’est pas dans la vérité des prix, il est dans le sens des limites, à commencer par la limitation drastique de  l’urbanisation. Cela ne peut se faire que si on s’investit dans l’agriculture au lieu d’investir dans les marchés financiers.

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Quel est le prénom d’Alzheimer ?

Ca commence comme ça. Tout commence doucement, de petits oublis, quelques chutes inexpliquées. Alors on reste de plus en plus souvent à domicile et il y a de plus en plus d’aides extérieures. Et puis, quand on n’a pas de conjoint, on se retrouve chez ses enfants qui finissent par endosser le rôle de garde-malade 24 heures sur 24, 365 jours sur 365. Les « aidants-familiaux » aident leur malade tant aimé à aller aux toilettes, l’assistent pendant les repas, lui distribuent régulièrement ses médicaments. Et puis l’épuisement gagne, on ne peut plus faire face, on n’a plus le temps de souffler, on risque de craquer, on craque. Alors, quand on n’a pas de « plates-formes de répit » à portée de la main, c’est la maison de retraite sécurisée à 3400 euros le mois quand on a les moyens (cf. page 3 du Monde, 20-21 septembre). Le malade aimé est devenue une charge insupportable dont on se débarrasse aux bons soins de la collectivité, dans des maisons-prisons dont les pensionnaires ne reconnaissent plus personne, même les êtres les plus chers. Le patient n’est plus un « être social », il en arrive à « oublier de marcher » et reste dans son fauteuil roulant. Pourquoi alors lui rendre visite quand votre psy vous a expliqué que désormais la personne dont l’Alzheimer a évolué inéluctablement « n’est plus là » ? Que faire face à cette maladie ?

Plus on est « intelligent » et actif intellectuellement et plus on a de chances de découvrir son mal dès qu’il apparaît. Bruno Bettelheim, la grande référence en pédo-psychiatrie des années 60-70, s’étant aperçu qu’il était atteint d’Alzheimer, préféra se donner la mort. Soit donc on décide, grâce à son sens de sa responsabilité sociale, de mettre un terme à une vie qui, de toute façon perdra de jour en jour sa richesse d’humanité. Soit, quand le patient n’est plus responsable de lui-même, la collectivité qui prend en charge a le droit de se poser démocratiquement la question sur la durée de cette prise en charge…

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la fin de l’avion plus lourd que l’air

« Le transport aérien n’est pas prêt de décoller ».  C’est le point de vue de Breakingsviews (LeMonde du 19 septembre). En fait on se contente de pleurer sur le recul des voyages d’affaires dans un contexte de crise financière. Dans le même temps, les compagnies européennes continuent d’étendre leur flotte ! Ce paradoxe marque l’irréalisme des transporteurs aériens qui se croient encore exonérés de la lutte contre le réchauffement climatique. Pourtant, pour la période 2002-2050, le poids des transports aériens dans le réchauffement climatique devrait passer de 3,5 % à environ 10 %. Les climatologues rappellent aussi qu’à consommation égale un avion a un impact climatique qui vaut plusieurs fois celle d’un transport routier, en raison des émissions de gaz à haute altitude. Avec un transport aérien qui connaît une croissance annuelle de 10 % et qui représente une source majeure de pollution au CO2, certains veulent donc limiter les déplacements en avion. L’Association Flight Pledge prône une telle mesure, notamment pour les vols de loisirs de courtes distances et les courts séjours, rendus récurrents depuis l’avènement du low cost et qui sont aujourd’hui une tendance forte.

La dérive mortifère de tous ceux qui prennent l’avion à volonté pour passer quelques jours au soleil ou en voyage d’affaires est inquiétante. L’amour du « déracinement » de la classe globale et son mépris des vidéoconférences n’est pas loin d’être un crime contre ce bien commun qu’est la stabilité climatique, contre cette régulation qui devrait rester naturelle, c’est-à-dire non appropriée par quiconque. Le concept de « classe globale » concerne les groupes sociaux qui présentent un peu partout sur la planète des aspirations calquées sur le modèle économique occidental actuel au moment même où ce dernier accuse ses limites et où il convient de le redéfinir. La difficulté de convaincre cette classe globale de la nuisance de son mode de consommation réside dans le fait qu’elle aspire à une mobilité sans restriction, alors qu’il faudrait qu’elle prenne conscience des conséquences de son comportement. Le climat de la Biosphère n’est pas près de s’améliorer tant que le kérosène sera détaxé. Mais de toute façon la classe globale devra, après le pic pétrolier, ne plus prendre l’avion pour un oui ou pour un non comme elle se passera un jour de sa voiture individuelle.

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bienfaiteur de l’humanité ?

Norman Borlaug aurait, paraît-il, sauvé un nombre incalculable de vies humaines en contribuant à vaincre des famines par ses semences à haut rendement (« révolution verte »). Mais son innovation n’a fait qu’entretenir la course sans fin  entre ressources alimentaires et population humaine. Alors que Borlaug vient de mourir (rubrique Disparitions du Monde du 18 septembre), on va consacrer mi-novembre un nouveau « Sommet mondial sur la sécurité alimentaire » dont l’objectif sera d’éradiquer la faim de la surface de la terre ! Notre mémoire collective est courte, un rapport de la FAO se terminait déjà par cette promesse en 1974 : « Dans dix ans, sur cette terre, aucun homme, aucune femme, aucun enfant n’ira au lit le ventre vide ». Nous avons aujourd’hui plus d’un milliard de personnes qui ne mangent pas à leur faim. Dans dix ans ce sera pire. Pourquoi ?

            Parce que la révolution verte nécessite beaucoup d’intrants artificiels (engrais, pesticides) dont l’approvisionnement deviendra aléatoire et coûteux avec le renchérissement du pétrole. Parce qu’elle repose sur la monoculture, méthode dangereuse de production, à la merci du développement d’un insecte résistant. Parce que, conséquence de ce qui vient d’être dit, les petits producteurs ont été écartés de cette « révolution » productiviste et capitalistique, ce qui entraîne exode rural et bidonvilles. Parce que tout accroissement de la production agricole alimente la pullulation humaine, exempte de tout prédateur.

            Soulignons que Borlaug était bien conscient de la relation perverse entre démographie et alimentation. Aux critiques, il répondait que le problème n’était pas le développement de nouvelles techniques agricoles, mais la non-maîtrise de la croissance démographique. Ce n’est pas d’un sommet alimentaire dont nous avons besoin, mais d’un sommet sur la population qui n’aurait pas peur d’affronter les tabous et de prôner méthodes contraceptives et éducation de la population aux risques de la surpopulation.

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écolomobilité, non électrique

Beaucoup de bruit pour rien ! LeMonde du 17 septembre nous propose une double page de publicité sur la bibione, un véhicule urbain électrique (non commercialisé !) + un article sur les constructeurs automobiles et les toutes petites voitures électriques + trois pages sur le salon de Francfort où « l’hybride s’affiche en vedette et le tout-électrique se rapproche » + une pleine page sur la commercialisation (fin 2012 !) par Renault d’une gamme de 4 véhicules électriques. Halte au bourrage de crâne et à la désinformation, la voiture électrique n’est pas la panacée, c’est même l’illusion qui veut nous faire croire à la voiture propre, c’est devenu pour Ségolène Royal le mythe de la lutte contre les changements climatiques !

Pour l’heure, la voiture électrique est partout, vedette du salon de Frankfort, priorité du grand emprunt national, superbonus de 5000 euros et d’un grand plan annoncé le 23 septembre, achat de quads électriques à La Poste… Seul problème : la voiture électrique n’est nulle part. Sa commercialisation à grande échelle est annoncée depuis des décennies. Mais ce sont des fonds publics monstrueux qui seraient nécessaires à sa mise en circulation, notamment parce qu’il faut des infrastructures de recharge.

Pour l’heure, la voiture électrique est surtout une gigantesque campagne de communication dont le premier résultat n’est pas de baisser les émissions de gaz à effet de serre mais d’augmenter les financements publics des constructeurs automobiles. La vraie question est de savoir où, quand et comment on pourrait utiliser intelligemment une voiture tout court. Cessons de mettre sous perfusion une industrie automobile qui n’en a guère besoin. Le chantage à la protection de l’environnement et à l’emploi doit cesser. La voiture propre n’est qu’un slogan publicitaire, la priorité est de repenser l’usage de la voiture pour la remettre à sa place…et sa place ne doit plus être au cœur de notre modèle économique et social. Nous allons vers une civilisation de la non-voiture.

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l’imagination au pouvoir ?

LeMonde éducation  (16 septembre) ressort les fadaises habituelles sur  l’école innovante et le pari de la créativité. Soyons clair, les slogans du type « l’imagination au pouvoir » (titre du dossier) n’ont aucune validité. Car si le système d’éducation de la société thermo-industrielle nous conditionne, il n’existe que par nous, il n’est que la projection de ce que le système de formatage de la mégamachine nous fait croire inéluctable. Et si quelques droits nous sont reconnus, c’est au sein d’une société dans laquelle l’homme n’est qu’un agent de production. L’élève est donc conforme quand il achète des vêtements de marque et le portable dernier cri. L’élève est conforme quand il rentre en compétition avec ses camarades pour pouvoir obtenir le droit de les commander plus tard. Si tout individu a apparemment le droit de s’épanouir, ce n’est que dans la mesure où son épanouissement sert le système, dans la mesure où il « rapporte ». Une fois ces éléments bien intériorisés dès l’école, le jugement que nous portons sur nos structures politiques, économiques et sociales est plus ou moins critique selon la place que nous occupons dans la société. Comme le système est devenu notre propre construction, le mettre en question revient à se mettre soi-même en question alors que toute société n’est que construction arbitraire, provisoire et discutable.

            Pour mériter le terme de « créatif », il faudrait que les élèves cherchent des réponses pertinentes aux situations auxquelles ils vont être confrontés, c’est-à-dire des crises écologiques majeures. Ce n’est pas en développant une éducation 2.0, une science 2.0 et une culture des technologies numériques (cf.  François Taddei, exemple type de reproduction sociale qui cosigne un rapport avec son père) que nos enfants seront préparés aux chocs qui les attendent. Car en détruisant la planète, la société thermo-industrielle capitaliste détruit également les conditions de la stabilité et de la prospérité de nos descendants. Les métiers de demain ne permettront pas d’avoir de plus en plus de mobilité, un écran télé de plus en plus grand et  de plus en plus de bifteck dans son assiette.

Nos enfants peuvent encore éviter le pire. Ce n’est certainement pas d’innovation dont ils auront besoin, mais du goût de la simplicité. Quand le prix de l’énergie va monter, le travail va diminuer en ville et augmenter dans les villages, qui sont plus près des ressources stratégiques. Cela implique d’accepter de ne pas faire des études longues à la fac, mais de devenir agriculteur ou menuisier.

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bien-être et religion

La religion a cela de sublime qu’elle permet à des gens plus pauvres que pauvres de trouver la transcendance et le bonheur en écoutant les boniments d’une secte comme par exemple l’Eglise catholique. Pour les peuples riches, cette religion extraterrestre a été remplacée par la religion économique, c’est-à-dire « la religion du chiffre et la religion du marché ». Je trouve d’ailleurs paradoxal que cette analyse vienne de Sarkozy (LeMonde du 15 septembre) à l’occasion du rapport Stiglitz. En fait la religion de la croissance permet la transcendance (vous serez riches plus tard puisqu’il y a accroissement du PIB) et les riches peuvent, en attendant l’abondance pour tous, se vautrer sans remords dans le bonheur du consumérisme.

Mais si le rapport Stiglitz veut inventer une nouvelle croissance qui privilégie le bien-être humain (titre en première page du Monde), il y a maldonne. La nouvelle politique de civilisation qu’appellent de leurs vœux aussi bien la gauche socialiste que la droite sarkozyste ne peut plus nous illusionner avec l’idée de croissance. Pourquoi ? Parce que le bien-être n’a rien à voir en soi avec l’économie marchande, le sentiment de bonheur résulte d’une élaboration subjective que nous ne pouvons pas mesurer. Ensuite la croissance capitaliste a tellement  détruit de capital naturel que les générations futures devront se contenter de beaucoup moins qu’aujourd’hui. Comme dit J.P.Fitoussi, «  la croissance du PIB est une mauvaise chose puisqu’elle se fait au détriment de l’environnement ». Il ne peut donc pas y avoir soutenabilité du bien être, c’est-à-dire sa capacité à se maintenir dans le temps (point 11 du rapport Stiglitz) parce qu’il n’y a pas de soutenabilité de la croissance économique. Nous devrons bientôt raisonner en terme de baisse du niveau de vie des riches (la classe globale, toutes les personnes qui ont l’idée saugrenue de posséder un véhicule personnel) et nous apprendrons, j’espère, que pauvreté n’est pas misère.

PS : Nous ne sommes pas encore préparés mentalement au changement de civilisation qui s’annonce, l’ère de l’après-pétrole ; le rapport Stiglitz ne changera rien. Mais la bonne nouvelle, c’est que les « experts » commencent à changer d’avis ! J.P.Fitoussi écrivait dans LeMonde du 12 février 2008 que l’avenir de nos petits-enfants était garanti. Peu importe la raréfaction des ressources naturelles non renouvelables et la surexploitation des renouvelables, nos petits-enfants seront assurément au moins 5 ou 6 fois plus riches que nous !

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tartufferie médiatique

Sarko assure avoir peu de temps à perdre avec la polémique sur le racisme présumé de Brice Hortefeux. La gauche ne désarme pas, la gauche perd son temps. En effet Hortefeux avait déclaré : « Quand il y en a un (d’origine arabe), ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes ». Quoi de plus réaliste ! Quand il n’y a qu’un con, c’est supportable, quand il y en a plusieurs ensemble, cela devient intenable. Quand il n’y a qu’un supporter de foot, ça va. Quand ils sont tous réunis, attention les dégâts. Quand il n’y a qu’un soldat, ça va. Quand c’est toute une armée, cela fait une boucherie. Etc. Etc.

Je ne m’attache donc pas à l’écume des jours. La première page du Monde (13-14 septembre) me semble d’ailleurs insipide. « Les Etats-Unis et l’Iran vont amorcer un dialogue » ? Ce n’est que la antépénultième tentative ! « New York se mobilise pour la mode » ? N’importe quoi ! Grippe A ??? Ce qui m’interpelle, c’est le fait que le socialiste Alain Rousset prenne fait et cause pour une autoroute nouvelle. Ce qui m’interpelle, c’est le fait que le socialiste Jean-Marc Ayrault veuille construire un nouveau aéroport. Tous les spécialistes énergie-climat nous disent que nous n’avons plus le temps de perdre notre temps à construire les derniers vestiges de la société thermo-industrielle. Nous n’avons plus le temps de faire semblant de lutter contre les perturbations climatiques. Nous n’avons plus le temps de nous intéresser aux petites phrases, à l’Iran ou à la mode. Le compte à rebours a commencé, bientôt le seuil de 2°C de réchauffement sera dépassé…

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après la taxe, la carte carbone

Après le marché (les permis de droits à polluer), maintenant la taxation carbone et bientôt une nécessaire coercition ? Un courrier des lecteurs (LeMonde du 12 septembre) m’a interpellé. On y parlait du Domestic Tradable Quotas Act, une carte carbone comme un permis à points. Je ne connaissais pas. Mais je savais déjà qu’une carte carbone succédera à la taxe carbone, les contraintes de la planète sont inéluctables. Chaque citoyen se verrait doter d’une carte (à puce ?) sur laquelle un crédit de points CO2 serait attribué. Puis en fonction de ses consommations (voyages, transports, chauffage…), des points seraient débités de cette carte nous apprenant ainsi à surveiller nos propres émissions de gaz à effet de serre. Cette méthode de rationnement me semble en effet beaucoup plus égalitaire et efficace qu’une taxation à géométrie variable. Pour conforter ta réflexion, quelques informations supplémentaires :

La Grande-Bretagne réfléchit aux quotas de CO2 personnels

D’ici une dizaine d’années, tous les résidents britanniques pourraient se voir doter d’une carte de « crédit personnel de carbone », l’équivalent d’un « permis à points » de droits d’émission de gaz à effet de serre. Formulée pour la première fois en 1996, le principe des « domestic tradable quotas » – quotas domestiques négociables (DTQs) – consiste à attribuer à chaque habitant du Royaume-Uni une quantité identique de droit d’émission de gaz à effet de serre ou d’équivalent carbone. Ce plafond individuel, matérialisé par une carte de paiement, valable un an et fractionnée en unités carbone (chacune égale à 1 kg de gaz carbonique), est ensuite dépensé au quotidien. En fonction des achats et consommations d’énergies contribuant à l’effet de serre : plein de carburant, facture d’électricité ou de gaz, billets d’avion, etc… on retire de la carte un certain nombre de points.

Budget carbone

Le calcul de l’allocation repose sur un « budget carbone » annuel. Un plan-cadre fixé à (très) long terme – pour les 20 ans à venir – et bâti à partir des réductions d’émissions décidées lors des réunions internationales. Tous les ans, ce montant, converti en unités carbone, est ensuite réparti entre les organisations (industries, hôpitaux, collectivités…) et les résidents du pays, selon la part des ménages dans la consommation d’énergie nationale. Si besoin, pour acheter de nouveaux points ou vendre leurs surplus, les petits porteurs de carbone ont accès à une place boursière. Ce marché des droits d’émission serait similaire à ceux existants pour les industries (déjà en activité à Londres et en Europe) où les titres et unités individuelles se négocieraient au cours du jour, d’après les lois de l’offre et de la demande. Bien plus égalitaire et responsabilisante qu’une « taxe carbone » imposée – qui en augmentant les prix frapperait surtout les faibles revenus, la solution des DTQs s‘avère sur le papier particulièrement flexible. A chacun de s’organiser pour respecter ou non son quota. L’initiative individuelle est préservée. L’intervention de l’Etat est limitée à la distribution des unités carbone, même si d’une année à l’autre, les quotas seraient en principe progressivement revus à la baisse.

Côté logistique, le suivi de ces transactions continuelles suppose la création d’une gigantesque base de données. Une comptabilité informatique, chargée de suivre, débiter, enregistrer, en temps réel, l’ensemble des unités carbones dépensées ou échangées par les détenteurs de cartes. Les défenseurs de la protection de vie privée soulignent le risque de dérive liberticide d’un tel système, capable de pister les comportements économiques de l’intégralité de la population, résidents temporaires inclus. D’autres dénoncent un scénario de rationnement énergétique irréaliste, difficile à mettre en pratique. Comment par exemple, outre le chauffage et les transports, décompter précisément la valeur carbone du panier de la ménagère ? L’exercice n’est pourtant pas impossible. En 2003, l’ingénieur consultant Jean-Marc Jancovici a, par exemple, fait son bilan personnel, estimant les émissions de CO2 de sa maisonnée à 6 tonnes par an, dont 234 kg d’équivalent carbone liés aux fruits et légumes, 134 aux yaourts et 400 aux déchets de sa poubelle.

Un projet qui pourrait se concrétiser

Depuis peu, ce qui n’était au départ qu’une recommandation d’experts est devenu une affaire politique. Après un projet de loi – The Domestic Tradable Quotas Act – déposé en juillet 2004 par le député travailliste Collin Challen, puis un débat à la chambre des communes, l’influente Commission Développement Durable a recommandé à son tour, cet été, à l’exécutif anglais de « considérer sérieusement » une mesure de ce type. « Les allocations personnelles de carbone sont une idée intellectuellement très séduisante » a déclaré Elliot Morley, le ministre de l’environnement du gouvernement Blair. Interrogé par la presse britannique, il a confirmé qu’un plan était bien à l’étude, mais à un stade très préliminaire. « La mise en place sera potentiellement très coûteuse, mais cela ne doit pas nous nous empêcher d’en évaluer les bénéfices. (…) Il faudra sans doute 10 ans de débat avant d’arriver à quelque chose. »

 http://www.novethic.fr/novethic/planete/environnement/climat/la_grande_bretagne_reflechit_quotas_co2_personnels/95410.jsp

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Vision d’apocalypse

La chronique de Franck Nouchi (LeMonde du 11 septembre) ne s’intéresse qu’au fait de coloriser ou non l’histoire de la deuxième guerre mondiale, présentée comme une apocalypse. La colorisation aurait un intérêt pédagogique en termes d’audience. Mais l’histoire du passé est dépassée, les jeunes générations se foutent complètement d’Hitler et de savoir combien il y a eu de victimes des camps de concentration. Ce qui compte vraiment, c’est l’inaptitude flagrante à la prévision face à l’arrivée au pouvoir du régime nazi. Ceux qui acceptaient de regarder les choses en face apercevaient au-delà des frontières la lueur des torches illuminant les manifestations wagnériennes, ils entendaient les bruits de bottes rythmant les hurlements hystériques du Führer. Tous les autres refusaient de voir et d’entendre. On devrait se souvenir de notre réveil en 1940 ! Les jeunes générations actuelles devraient se pencher sur leur propre avenir.

L’observateur attentif ne peut manquer d’être angoissé par le contraste entre l’insouciance des jeunes et la gravité des épreuves qui les guettent. Comme le gouvernement crie au feu d’une voix rassurante, par exemple avec la taxe carbone, et qu’on n’aperçoit pas d’incendie, personne n’y croit. Jusqu’au jour où la baraque flambe. Comment l’automobiliste pourrait-il admettre la pénurie prochaine lorsqu’il voit l’essence couler à flot dans les pompes et lorsqu’il s’agglutine chaque jour dans des encombrements imbéciles ? Cette situation me paraît beaucoup plus inquiétante encore que celle des Français en 1938. Apercevoir la fin des ressources pétrolières, admettre son caractère inéluctable et définitif, provoquera une crise irrémédiable que j’appellerai « crise ultime », ou apocalypse, ou Jugement dernier de la civilisation thermo-industrielle. Nous n’en souffrons pas encore. Les premières ruptures sérieuses d’approvisionnement du pétrole la déclencheront. Alors on reverra, comme au temps de Suez ou de la guerre du Kippour, un brutal renversement de l’opinion, définitif cette fois.

Il ne s’agira pas, comme on le croit et comme les économistes eux-mêmes l’affirment, de surmonter une crise difficile, mais de changer de civilisation. L’humanité devra passer de l’ère d’abondance factice à celle de la pénurie, de l’orgueil insensé à celle de l’humilité. Elle devra répartir des richesses qui, au lieu d’être infinies comme elle le pensait naïvement, lui  apparaîtront à l’heure du bilan bien modeste en face de ses besoins. Les pays riches devront réduire leur train de vie, ce qui pour chaque individu représentera une contrainte douloureuse à laquelle il n’est aucunement préparé.

(Article réalisé avec l’aide du livre de1979, Vivre sans pétrole, de J.A. GREGOIRE)

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Guy Sorman, out !

Guy Sorman sort de l’IEP et de l’ENA, il ne peut qu’approuver les thèses économiques libérales. Il croit donc que l’économie est une « science puisqu’elle part des faits constatés » (LeMonde du 10 septembre). Or l’économie est cette prétendue science, aussi élaborée que l’était la médecine du temps de Molière, qui théorise le mode d’enrichissement le plus injuste et le plus malsain, qui justifie par là-même l’ordre socio-politique national et international que cela implique, et qui, par la modélisation mathématisée, parvient à faire oublier le caractère arbitraire du « fait économique » tel qu’il se produit.

            Sorman prétend que l’économie ne ment pas, croissance et libre-échange sortent à son avis les masses humaines de la pauvreté, mais il avoue ne pas savoir prédire l’avenir. Pourtant page suivante du Monde, le scientifique (parce que biologiste) David Suzuki annonce ce qui vient puisque « l’humanité continue de foncer à 100 km/h dans un mur, presque aveuglément. Pour infléchir la tendance, il faudrait renoncer à l’impératif de croissance économique. » Il a été plus impressionné par les recherches de Rachel Carson sur l’impact des pesticides dans la chaîne alimentaire que par la vulgate des économistes. Il n’oublie pas qu’aucune activité humaine n’est infaillible : « Vous, Français, avec vos centrales nucléaire, vous êtes assis sur des bombes à retardement. »

Sorman est invalidé par une autre information du Monde, « les trois quarts du patrimoine génétique agricole mondial ont disparu au XXe siècle ». La mondialisation (le libre-échange) est en effet responsable de la disparition de nombreux aliments autochtones et d’une standardisation des habitudes de nourriture. Le libéralisme a donc fait disparaître la diversité des aliments indigènes, aussi bénéfiques pour la santé, sinon plus que les aliments de base des régimes occidentaux. Sans compter que l’appauvrissement du patrimoine génétique en agriculture fait peser des menaces sur l’avenir de nos monocultures, de plus en plus fragiles face aux insectes. Sur ce point aussi, il faut relire « le printemps silencieux de Rachel Carson (1962), récemment réédité par wildproject. Mais les économistes libéraux ne savent lire qu’une seule sorte de littérature…

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Ségolène Royal, out !

Que dire de cette militante pro-carbone ? Que dire de cette belle âme qui n’appelle pas un programme de lutte contre l’effet de serre ? Que dire de ses pleurnicheries médiatisées ? Que dire de Ségolène Royal ? Pour mesurer la duplicité de nos politiques, il suffit de rappeler ce que Ségolène écrivait de sa propre main dans sa contribution thématique à l’occasion du Congrès du PS début 2003:

1) Urgence à agir contre l’insécurité écologique
Chacun sait que la situation actuelle relève de l’état d’urgence, qu’il y a péril pour l’humanité, que chaque heure de perdue c’est une heure de plus pendant laquelle se déroule sous nos yeux un crime collectif contre la Terre, donc contre l’humanité. Personne ne pourra prétendre que l’on ne savait pas.

2) Ecologie et double langage : ça suffit !
Que dire des belles âmes qui appellent à un programme de lutte contre l’effet de serre, et qui dans le même temps défendent le maintien d’une fiscalité subventionnant massivement le transport routier ? Au mieux il s’agit de lâcheté, au pire d’un cynisme électoraliste révoltant. Les pleurnicheries médiatisées, cela suffit. L’action contre l’insécurité écologique ne peut plus s’accommoder d’un double langage : l’écologie n’est pas négociable.

3) Morale de l’action : exiger l’efficacité
L’écart entre une posture déclamatoire radicale et une action inexistante n’est plus tolérable. La réalité de l’action, c’est que les comportement ne changent que s’ils y sont contraints. L’efficacité de l’action, c’est d’avoir le courage politique de l’imposer par la loi, par la fiscalité. Une politique effective de protection de l’environnement ne peut être que contraignante ou dissuasive.

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aucune alternative possible

Confronté à la taxe carbone, Istvan Felkaï suppose dans la page Débats du Monde (9 septembre) que «  changer de comportement, donc orienter les consommateurs vers un autre choix de consommation, suppose une alternative ». Le citoyen devrait pouvoir choisir entre véhicules à carburants fossiles et véhicules propres (électriques, hydrogène…). Or il n’y a pas d’alternative possible. L’électricité n’est pas une source primaire d’énergie, le bilan énergétique de l’hydrogène n’est pas très favorable, nous n’avons rien dans les cartons pour remplacer le travail de la biosphère pendant des millions d’années passées à accumuler les ressources fossiles. Il faut reconnaître que notre civilisation thermo-industrielle s’est trompée de chemin en choisissant de piller la planète pour adopter la voie de la facilité. Il n’aurait jamais fallu remplacer les diligences et éloigner lieu de travail et lieu d’habitat, la division du travail n’aurait jamais du être poussée à l’extrême et nous rendre complètement dépendant d’un système totalitaire dans lequel nous ne sommes plus qu’un simple rouage, il n’aurait jamais fallu commercialiser la Fort T.             

Il n’y a pas d’alternative technologique aux carburants fossiles permettant de garder le niveau de vie de la classe globale, celle qui a cru qu’on pouvait posséder personnellement un véhicule. Les usagers ne sont captifs de leurs modes actuels de locomotion et de chauffage polluants que parce que le système capitaliste libéral ne nous permet pas de voir plus loin que la logique commerciale à court terme et le dernier modèle de comportement vanté par la publicité. Nous sommes tous à la fois victime et complice ; il est temps de nous réveiller.

Maintenant il nous faut savoir que construire la civilisation de l’après-pétrole, ce n’est pas un chemin bordé de roses. Cela va être difficile d’échapper à la pression du confort, mais il n’y a pas d’autres alternatives que la sobriété volontaire ou forcée. Parfois même, il n’y a d’autres alternatives que la guerre, la famine et la mort. Ne soyons pas marchand d’illusions comme Istvan Felkaï.

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fin de la DIT

La division internationale du travail (le libre-échange) repose sur des hypothèses fantaisistes qui font qu’il serait préférable que le Portugal se spécialise dans la production de vin et l’Angleterre de drap, « là où son avantage comparatif est le meilleur ». L’échange international reposerait donc sur le déplacement lointain de marchandises différentes. Cela fait longtemps que cette fable n’a plus court, des automobilistes français préfèrent les voitures allemandes et réciproquement. J’adore aussi cette remarque de Pierre Rabhi : « Un camion de tomates a quitté la Hollande pour l’Espagne. Dans le même temps, un camion de tomates quittait l’Espagne pour la Hollande. Ils se sont percutés à mi-chemin, dans la vallée du Rhône. On est, loi du marché oblige, en pleine chorégraphie de l’absurde. » Tant que cette DIT ne profitait qu’à l’ensemble des pays riches, on persévérait dans la logique de l’absurde. Mais la donne a changé.

C’est la Chine qui sonne un douloureux réveil pour nos économistes libéraux. Non seulement cette puissance démographique est devenu l’atelier du monde (la classe globale a besoin d’une main d’œuvre bon marché), mais elle remonte les filières et  peut produire à la chaîne non seulement des ingénieurs, mais les produits technologiques les plus sophistiqués qui vont avec. Ainsi dans LeMonde du 8 septembre, cette probable entrée de la Chine dans le capital du groupe nucléaire Areva. Et dans le même numéro, cette main mise de la Chine sur l’ensemble des ressources terrestres, sachant que ce pays détient déjà quelque 95 % de la production mondiale de minerais rares, essentiel dans la high-tech.

Alors les riches vont à nouveau inventer le protectionnisme protecteur et le patriotisme économique : taxe carbone aux frontières et quotas d’importation. Mais cela voudra dire que le portable et la télé grand-écran ne seront plus à la portée de tout un chacun. Deux solutions : soit les plus riches gardent leur filière d’approvisionnement et les inégalités s’accroissent davantage, soit une égalisation drastique des revenus fait en sorte que même la microsphère des riches s’aligne sur la norme commune, une seule télévision et un seul téléphone par village ou par quartier. Tout indique que la rétraction des échanges internationaux s’accompagnera d’une autonomie des territoires poussés à la sobriété heureuse. La biosphère commencera à respirer, merci la Chine.

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tous écolos

            Nous sommes tous écolos, mais trop souvent nous ne le savons pas encore. Nous faisons tous de l’économie sans le savoir, même dans les sociétés non monétaires : toute personne humaine a besoin de produire et consommer, boire et manger, avoir des relations avec les autres… Nous obtenons cela en fixant des règles de gestion de notre maison commune, ce que nous estimons culturellement être notre groupe social d’appartenance. Mais la sphère économique depuis la révolution industrielle a pris une importance démesurée et nous a fait complètement oublier la sensibilité des sociétés premières : notre maison commune, ce n’est pas le groupe humain, c’est la planète toute entière. En résumé, l’économique et le social ne sont qu’une sous-partie de la biosphère.           

Un des journalistes du Monde le plus sensibilisé à cette approche, Hervé Kempf, constate dans le numéro du 6-7 septembre que « le cœur de la politique dans les pays industrialisés aujourd’hui est de trouver comment établir une nouvelle relation avec la biosphère ». Comme les krachs écologiques s’annoncent, épuisement du pétrole et des cycles vitaux, perturbations climatiques et autres désagréments non passagers, les politiques qui prétendent lutter contre cette crise systémique sans envisager une modification du mode de vie mentent. Les citoyens qui s’en foutent seront de toute façon rattrapés au tournant, hausse des prix, chômage, baisse du niveau de vie, hausse des inégalités. Le débat  actuel sur la taxe carbone n’est donc qu’un tout petit élément de cette nouvelle préoccupation. La seule issue pour nous en sortir honorablement, de façon égalitaire, équitable et mondiale, c’est que nous devenions tous écolos.

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Des économistes incompétents

Les modèles économétriques montrent reposent sur tellement d’hypothèses restrictives qu’ils sont inopérants. Les études en faculté de sciences économiques montrent que la microéconomie ne sert à rien. Les pratique keynésiennes de macroéconomie ont toutes échouées, provoquant stagflation et déficit extérieur. C’est pourquoi la question de la reine d’Angleterre posée à la London School of Economics, « Comment se fait-il que personne n’ait prévu la crise financière », me fait plaisir. La réponse confirme ce que je savais déjà : « L’échec à prévoir la date et l’importance de la crise est surtout un échec de l’imagination collective de nombreuses personnes brillantes à comprendre les risques du système » (LeMonde du 5 septembre). Maintenant que le tsunami financier est passé, nos grands experts économiques devraient se pencher sur l’irruption prochaine des krachs écologiques. Que nenni, on continue de pronostiquer sur la date et l’importance de la reprise économique. Pourtant le livre de Geneviève Ferone (2030 le krach écologique) est clair, il devrait être dans le logiciel de pensée de tout expert digne de ce nom :

« La frontière temporelle n’est pas 2100 mais bien plutôt 2030 ! Cette date n’a rien d’arbitraire. En 2030 nous serons sur tous les fronts en situation de krach écologique. Le front de l’énergie est une lame de fond qui peut mettre en panne sèche notre économie, le front climatique poursuit sa dérive lente et inexorable vers un nouvel équilibre parfaitement inconnu. Nous serons en pleine croissance démographique et nous aurons littéralement essoré la planète de toute sa biodiversité.

« En 2030 nous serons plus de 7 milliards de bouches à nourrir dont les deux tiers vivent en zone urbaine, sur une Terre saturée de pollutions et de déchets, déjà affectée par une hausse sensible des températures. Avec une  concentration actuelle de 385 ppm de CO2, nous sommes pour la première fois depuis 400 000 ans entrés dans l’inconnu puisque cette situation est inédite. Pour contenir le réchauffement de la planète autour de 2°C, la concentration de CO2 devrait être limitée à 450 ppm. Au-delà de ce seuil, on risque un emballement de notre machine climatique. Nous atteindrons ce seuil critique d’ici à 2030. En 2030 nous serons entrés dans une phase de pénurie pour le pétrole et de fortes tensions sur les autres énergies fossiles, dans un contexte d’amenuisement des ressources vivrières et d’appauvrissement des terres cultivées. Ni les prix élevés, ni les avancées techniques ne permettront jamais de stopper le déclin et de relancer la croissance de la production une fois le pic pétrolier franchi. Ce pic sera largement atteint bien avant 2030. Le gaz naturel est aussi une ressource non renouvelable qui devrait atteindre son pic de production entre 2030 et 2040. Les problèmes rencontrés dans la gestion de l’eau douce à travers le monde sont d’ores et déjà prévisibles à l’horizon 2030 : sécheresses et inondations, surexploitation des eaux souterraines et de surface, absence de gouvernance de la ressource et abondantes pollutions d’origine agricole, industrielle et domestique.            

« En 2030, l’homme détiendra une puissance de feu technologique inégalée pour prendre en main son  évolution pour le meilleur et pour le pire. A l’horizon 2030, la Terre nourricière, notre Mère Nature, sera devenue pour l’Homme une véritable Marâtre. En 2030, l’Homme a rendez-vous avec la Terre, pour de bon. Pourvu que ce ne soit pas des noces funèbres.

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une taxe carbone au rabais

La taxe carbone est déjà un échec avant même de se mettre en place. Le PS dira non à la taxe carbone puisqu’il n’est pas au gouvernement. Les syndicats seront contre, il ne faut pas toucher au pouvoir d’achat. Les citoyens sont aux deux-tiers opposés. Le gouvernement français, par la voix du Premier ministre, promet que cette taxe ne modifiera rien, pas de hausse des prélèvements, tout au contraire compensations et mesures d’accompagnements. Cela m’étonnerait que les affamés de pétrole que nous sommes changent de comportement. Fillon fixe même le prix du carbone à un prix ridicule, 14 euros la tonne. Rappelons que la TIPP sur l’essence, à 0,61 €/litre, représente 265 € par tonne de CO2 émise.

            Alors contre les perturbations climatiques, des technocrates envisagent déjà la géo-ingénierie : « A défaut de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, la géo-ingénierie sera la seule option pour limiter l’augmentation des températures (LeMonde du 4 septembre). Mais les méthodes qui présentent le moins de risques sont les moins efficaces et celles qui sont techniquement réalisables comportent le plus de risques. Personne de censé ne devrait pouvoir mettre en place une géo-ingénierie qui aurait des effets indésirables pour certaines populations et certains écosystèmes. Mais qui décide, les ingénieurs, les entreprises ou l’Etat ?

Puisqu’il y a état d’urgence (nous avons fait la guerre à la planète, la planète nous fait la guerre), le gouvernement, qu’il soit de droite ou de gauche, doit expliquer les choses du long terme à la population et décider une diminution drastique de la consommation de ressources fossiles (division par quatre ou cinq des GES). Mais les politiques ne sont pas courageux quant tous leurs électeurs sont accros au pétrole. Alors la vigne sera vendangée au mois de juillet, si elle résiste !

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addictions

Quatre ans déjà que les paquets de cigarettes comportent des messages chocs, véritables faire-part de décès. Pourtant les fumeurs s’habituent, ils ne voient plus ces messages (LeMonde du 3 septembre). En effet, ce n’est pas en montrant des images que l’addiction sera combattue, on rigolera encore sur les photos du type qui crache ses poumons, les humains s’habituent à tout. Ce qui marche contre l’addiction au tabac, c’est l’augmentation progressive de prix et les interdictions de plus en plus sévères, interdiction à la vente aux moins de 16 ans, puis aux moins de 18 ans, interdiction dans les établissements scolaires, dans les lieux publics, dans les cafés, etc. Les humains sont de grands enfants qu’on doit traiter en enfants irresponsables.

Et puis il y a l’addiction au pétrole. Ca tue, ça pollue et ça rend con, mais nous sommes tellement habitués à aller au travail en voiture pour le plaisir de gagner de quoi rouler en automobile. Alors, c’est comme pour le tabac, il faut agir sur les prix et les interdictions. La taxe carbone renchérit le coût du carburant, ce n’est qu’un premier pas pour taxer le prix de toutes les énergies. La vitesse est de plus en plus contrôlée, il n’est plus interdit d’interdire. Bientôt il y aura une réduction des vitesses maximales autorisées sur autoroutes, routes, et en ville, respectivement à 90 kilomètres à l’heure, 60 km/h et 30 km/h. Et puis le gouvernement interdira les déplacements automobiles non professionnels le dimanche. Il faudra être à plusieurs dans une voiture pour pouvoir circuler. On mettra même en place un système de rationnement des carburants, une carte carbone à puce. Ces quotas alloués à chacun diminueront tous les ans, en proportion de la réduction annuelle d’importation de pétrole en France. De toute façon, quand il n’y aura plus de pétrole, il ne restera plus que les idées.

J’entends déjà les cris de celles et ceux qui qualifient ces mesures de liberticide, voire d’écofasciste : « On restreint mon droit à la mobilité ! » Oui, C’est cela, ou la guerre civile…

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le PS n’est pas écolo !

Qui le PS  doit-il défendre en premier ? C’est la question posée par J.M. Normand au PS « à l’épreuve de la taxe carbone » (LeMonde du 1er septembre). Dans ce qu’il nous montre aujourd’hui, le PS semble avoir choisi le prolo et son pouvoir d’achat plutôt que le bobo qui pense aux ours polaires. La réalité est beaucoup plus complexe. Le secrétariat national du PS avait validé le 1er juillet, après intense réflexion d’un groupe de travail, une contribution climat-énergie universelle (CCEU).  Le groupe de travail était composé de parlementaires socialistes et de responsables nationaux. Il a auditionné un certain nombre d’experts (Jean-Marc Jancovici, Alain Grandjean, Pierre Radanne, la CGT, le Medef, l’OCDE). Depuis plus de deux ans et tout au long du Grenelle de l’environnement, les organisations non gouvernementales avaient aussi plaidé pour l’instauration d’une contribution climat-énergie.

Il est donc dommage que Martine Aubry ne se rappelle de la CCEU que le 30 août à La Rochelle, et encore de façon elliptique. Les déclarations de Ségolène Royal contre la « taxe carbone » sont dommageables à la capacité de la gauche de traiter l’urgence écologique, qu’elle soit pétrolière ou climatique. Il est vraiment ennuyeux que la façon de s’exprimer de nos deux jouvencelles laisse penser que le PS néglige l’importance d’une contribution pour lutter contre le réchauffement climatique et économiser le pétrole. En effet la fonction ultime d’une telle contribution est d’entraîner une révolution dans nos modes de vie pour réduire déplacements superflus et autres gaspillages énergétiques, en clair pour propulser notre civilisation du jetable au durable, pour préparer la civilisation de l’après-pétrole, pour préparer Copenhague.

Dans une situation environnementale où tous les signaux sont au rouge, un Parti digne de gouverner doit montrer beaucoup de courage et de volontarisme car les spécialistes de l’énergie/climat disent que bientôt nous serons en « état de guerre ».  Mais le PS est-il encore digne de gouverner ?

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