biosphere

pour une Russie moins peuplée

Je ne vois pas en quoi « le déclin de la population » serait un « défi majeur pour un pays qui veut retrouver son rang de grande puissance ». Selon LeMonde du 16 juillet, l’ambition russe serait minée par un désastre démographique. Le quotidien transforme en mal ce qui n’est qu’un bien : toute décroissance de la population humaine allège pour partie le poids démesuré que fait peser l’espèce humaine sur les écosystèmes. Ce n’est pas parce qu’on ressasse depuis des centaines d’année qu’ « il n’y a de richesse que d’hommes » (Jean Bodin, 16e siècle) que cela en fait une vérité Déjà la bible nous incitait à croître et multiplier : fariboles et croyances insensées !

La Russie perdrait sans doute 11 millions de personnes entre 2008 et 2025, il en restera quand même 131 millions, et plein d’ogives nucléaires. Ce n’est pas la quantité d’homme qui fait la puissance, c’est la sagesse de sa technique et la qualité de sa population. Je préfère une biosphère peuplée de quelques millions de personnes en harmonie avec la nature plutôt que saturée par des centaines de millions d’alcooliques et de jeunes sans avenir sur une planète surpeuplée.

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les parlementaires pensent-ils?

LeMonde du 14 juillet nous informe que les centrales thermiques solaires à concentration produisent un kilowattheure au coût de 10 à 20 centimes d’euros (sous le soleil du Sahara). Pas assez compétitif face au kWh nucléaire ou fossile, entre 3 et 5 centimes d’euros ? La réponse paraît évidente pour les parlementaires italiens qui viennent de relancer le nucléaire vingt-deux ans après son arrêt total (référendum de novembre 1987, quelques mois après la catastrophe de Tchernobyl). Nos parlementaires français ne font pas mieux en relançant l’EPR.

A la crise écologique s’ajoute une crise de la représentation démocratique concernant la prise de décision. Car on ne peut comparer les prix de deux énergies de source fondamentalement différente. Le solaire est une énergie renouvelable, nucléaire et fossile sont non renouvelables : 40 ans de réserves pour le charbon, 50 ans pour le gaz, 60 ans pour l’uranium. Or brûler des ressources limitées, c’est comme brûler sa propre maison et vivre dans la rue avec ses enfants. Il y a l’aspect émissions de gaz à effet de serre qui se répercutera dans l’avenir, il y a aussi l’entropie : l’énergie utilisée ne sera jamais récupérable par nos enfants. Le nucléaire ajoute même le fait que les déchets seront à la charge des générations futures.

Si les générations futures avaient le droit de vote, il n’y aurait dans le monde que l’exploitation de sources d’énergie renouvelables. Alors, on peut se poser quelques questions : Les parlementaires énergivores font-ils des enfants ? Les parlementaires pensent-ils aux enfants des autres ? Les parlementaires pensent-ils ?

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besoin d’écuelle ?

Avez-vous vraiment besoin de votre écuelle?

Le terme de simplicité volontaire renvoie au fond à une philosophie permettant de vivre de façon différente par rapport à nos sociétés d’hyper-consommation, en respectant la nature, l’homme et finalement soi-même. Il s’agit à titre individuel d’identifier et de se recentrer sur ses véritables besoins, de se simplifier la vie sur le plan matériel. Dans la société dite de consommation, l’individu qui n’est pas exclu du système passe le plus clair de son temps à travailler pour gagner sa vie, réfléchir à ses achats, ses vacances, à se comparer par rapport à son voisin ou ses collègues. Il accumule et consomme des objets ou des services.  Accède-t-il véritablement au bonheur ou à un quelconque épanouissement à travers ce que l’argent gagné lui permet d’obtenir ?

La simplicité volontaire n’est nullement synonyme de privations ou d’austérité mais consiste en une libération heureuse. La simplicité volontaire n’est pas une nouveauté :

Nietzsche dans Humain, trop humain (1879) : « La possession possède. Ce n’est que jusqu’à un certain degré que la possession rend l’homme plus indépendant et plus libre ; un échelon de plus et la possession devient le maître, le possédant l’esclave : il faut dès lors qu’il lui sacrifie son temps, sa réflexion, et il se sent dès lors obligé à certaines fréquentations, attaché à un lieu, incorporé à un État, tout cela à l’encontre de ses besoins intimes et essentiels. »

Sénèque, dans la Lettre à Lucilius : « On peut mépriser tout ; nul n’est en état de tout posséder. Pour se faire riche, le mépris des richesses est la plus courte voie. »

Epicure  dans ses Doctrines et maximes :  «Si les Dieux voulaient exaucer les vœux des mortels, il y a longtemps que la terre serait déserte, car les hommes demandent beaucoup de choses nuisibles au genre humain.»

Diogène de Sinope, dit le cynique, en abandonnant son écuelle : « Cet enfant qui boit dans le creux de sa main, m’apprend que je conserve encore du superflu ».

pour en savoir plus : http://decrescendo.canalblog.com/archives/accueil/index.html

 

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Obama est-il schizo ?

Obama est schizophrène. Il peut promettre une aide alimentaire de 20 milliards à l’Afrique et affirmer dans le même temps que les Africains doivent être responsables d’eux-mêmes (LeMonde du 12-13 juillet). Pourtant chacun sait que pour devenir responsable, il faut lancer son propre filet de pêche, pas importer des poissons. Qu’Obama commence d’abord à supprimer les subventions versées aux agriculteurs américains, et les Africains commenceront à pouvoir aller vers leur souveraineté alimentaire. Que l’Afrique s’occupe de son agriculture vivrière et pas de ses cultures d’exportation ; que l’Afrique consolide  ses circuits commerciaux courts et n’attende pas de rentes du tourisme ou des multinationales pétrolières ; que l’Afrique ne singe pas le mode de vie américanisé et retrouve ses solidarités coutumières ! Alors son autonomie sera plus durable. Il faudrait ajouter que toute problématique alimentaire est indissociable de l’évolution démographique.

Obama s’engage auprès du pape à « faire tout son possible pour réduire le nombre des avortements ». Il ferait mieux de déclarer à l’Afrique que le préservatif sert autant à limiter les naissances qu’à éviter les avortements. Il n’y a pas de sécurité alimentaire quand la population progresse plus vite que ses ressources alimentaires.

Obama devrait lire Malthus plutôt que fréquenter Benoît 16. Obama, c’est un peu mieux que George W.Bush, mais ce n’est pas encore l’idéal.

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rationnement carbone

Hier le marché des droits d’émission, aujourd’hui la contribution climat-énergie, demain  le rationnement !

– En 2006,  Jean-Marc Jancovici dans « Le plein s’il vous plaît » envisageait la taxe carbone : « Le changement de mode de vie porte déjà un nom : un prix de l’énergie toujours croissant. C’est si simple, il suffit juste de le vouloir ! Votez pour le premier candidat qui proposera d’augmenter progressivement et indéfiniment la fiscalité sur les énergies fossiles ! »

– En 2009, Yves Cochet dans « Antimanuel d’écologie » parle de rationnement : « Si nous voulons conserver les valeurs cardinales de l’Europe que sont la paix, la démocratie et la solidarité, la transition vers la société de sobriété passe par la planification concertée et aux quotas, notamment en matières énergétique et alimentaire. »

– Des  chercheurs de l’université de Princeton aux Etats-Unis confirment les propos d’Yves Cochet ; ils proposent de fixer un quota individuel d’émissions de CO2 (LeMonde du 11 juillet 2009). Cela présuppose de contrôler les super-émetteurs qui se déplacent en avion, possèdent plusieurs voitures et vivent dans des habitations confortablement chauffées ou climatisées selon la saison.

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inoubliable Rachel Carson

Rachel Carson est incontournable. En 1962, lorsque son livre Printemps silencieux est paru, le mot « environnement » n’existait pas dans le vocabulaire des politiques publiques. Ce livre contre les pesticides est arrivé comme un cri dans un désert, mais il a changé le cours de l’histoire.

            Le diagnostic de Rachel était imparable : « Nous avons à résoudre un problème de coexistence avec les autres créatures peuplant notre planète. Nous avons affaire à la vie, à des populations de créatures animées, qui possèdent leur individualité, leurs réactions, leur expansion et leur déclin. Nous ne pouvons espérer trouver un modus vivendi raisonnable avec les hordes d’insectes que si nous prenons en considération toutes ces forces vitales, et cherchons à les guider prudemment dans les directions qui nous sont favorables. La mode actuelle, celle des poisons, néglige totalement ces considérations fondamentales. Le tir de barrage chimique, arme aussi primitive que le gourdin de l’homme des cavernes, s’abat sur la trame de la vie, sur ce tissu si fragile et si délicat en un sens, mais aussi d’une élasticité et d’une résistance si admirables, capables même de renvoyer la balle de la manière la plus inattendue. »           

Cette capacité des insectes à muter contre nos pesticides existait déjà du temps de Rachel, LeMonde du 11 juillet 2009 en apporte confirmation encore aujourd’hui : un ravageur du coton résiste aux OGM de dernière génération. Nos apprentis-sorciers de la bio-ingénierie se sont  engagés ces dernières années dans le développement de plantes capables d’émettre plusieurs toxines. Mais les insectes résistent toujours à la pression chimique imposée par les humains. Comme l’écrivait aussi Rachel Carson, « vouloir contrôler la nature est une arrogante prétention, née des insuffisances d’une biologie et d’une philosophie qui en sont encore à l’âge de Neandertal. »

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terrorisme public

Emile Henry (1872-1894) voyait juste :

– J’aime tous les hommes dans leur humanité et pour ce qu’ils devraient être, mais je les méprise pour ce qu’ils sont ;

– La classe moyenne, masse bête et prétentieuse, se range toujours du côté du plus fort ;

– Seuls les cyniques et les rampants peuvent se faire une bonne place au banquet.

Mais il a été guillotiné à 22 ans pour avoir choisi d’assassiner au hasard dans plusieurs attentats terroristes (LeMonde des livres du 10 juillet). Les moyens utilisés n’ont pas été à la hauteur des enjeux.

Le G8 voit juste pour la première fois, il reconnaît que l’accroissement de la température globale moyenne ne devrait pas dépasser les niveaux préindustriels de plus de 2°C. Mais les moyens préconisés ne sont pas à la hauteur des enjeux :

– aucune précision d’une année de référence pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre (1990 ou après !) ;

– aucune entente sur les objectifs pour 2020 en matière de GES ;

– aucune mention chiffrée du financement des actions pour aider les pays pauvres.

Mais contrairement au cas d’Emile Henry, il n’existe pas encore de tribunal pour sanctionner les crimes contre la planète. D’ailleurs, qui juger, nos dirigeants ? La classe moyenne qui roule en automobile privée ?

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Caritas veritate

Benoît 16 se lâche dans sa dernière encyclique (LeMonde du 8 juillet), biosphere se fâche :

Benoît : « Un humanisme sans dieu est inhumain »

Biosphere : L’esprit surnaturel, c’est ça qui a tout foutu en l’air, le théisme qui a envoyé notre esprit, notre nature humaine, dans l’abstraction céleste d’un dieu surnaturel. L’illusion, c’est l’esprit tel qu’il est perçu en Occident : une abstraction coupée de la nature. (Lama Denys Rinpoché)

Benoît :  « L’homme, premier capital à sauvegarder »

Biosphere : Les droits de l’humanité cessent au moment où leur exercice met en péril l’existence d’autres espèces. Le droit à la vie et au libre développement des espèces vivantes encore représentées sur la terre peut seul être dit imprescriptible, pour la raison très simple que la disparition d’une espèce quelconque creuse un vide, irréparable, à notre échelle, dans le système de la création. (Lévi-Strauss)

Benoît :  Le pape s’inquiète de « l’état écologique de la planète », dans un environnement « donné par Dieu ».

Biosphere : Savez-vous que Spinoza a été banni de la synagogue d’Amsterdam et qu’il est également considéré comme hérétique par les chrétiens et les musulmans ! Qu’a-t-il bien pu dire qui fasse l’unanimité des trois religions du Livre contre lui ? Il a dit que la racine la plus profonde de la servitude humaine se trouve dans ce préjugé que la Création est une séparation, parce qu’alors toute réunification ne peut être que le fruit d’une médiation. Et l’intermédiaire, c’est toujours un clergé. Mais si Dieu est la Nature et si donc la Nature est Dieu, il n’y a pas de séparation et aucune raison d’instaurer une médiation. Par conséquent, toutes les hiérarchies ecclésiastiques sont des usurpations de pouvoir. (Jean-François Malherbe)

Benoît : « C’est la raison obscurcie de l’homme qui produit ces conséquences (échecs de la mondialisation), non l’instrument lui-même. »

Biosphere : La foi concourt à étouffer la liberté d’investigation et les conséquences émancipatrices que celle-ci pourrait apporter.

Benoît : « L’athéisme soustrait aux citoyens la force morale et spirituelle du développement humain »

Biosphere : Napoléon voulut savoir pourquoi dieu n’apparaissait pas dans les calculs époustouflants de Laplace. Celui-ci laissa tomber cette réponse réfléchie : « Je n’ai pas besoin de cette hypothèse, Sire. »

Benoît : le pape prône un « humanisme intégral »

Biosphere : C’est Lévi-Strauss qui nous montre la voie de l’unité conceptuelle, celle d’un humanisme élargi. En s’intéressant aux dernières civilisations encore dédaignées – les sociétés dites primitives – l’ethnologie fit parcourir à l’humanisme sa troisième étape. Par de sages coutumes que nous aurions tort de reléguer au rang de superstitions, les sociétés sans écriture limitent la consommation par l’homme des autres espèces vivantes et lui en imposent le respect moral, associé à des règles très strictes pour assurer leur conservation.

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écologie de merde ?

L’un dit « merde à l’écologie » (Antoine Senanque, LeMonde du 5-6 juillet). Un de mes copains est content d’y trouver quelques bols d’air frais… Faut dire que dans le même numéro, l’écologiste de service, Hervé Kempf, n’a pas honte de déclarer : « La contribution climat-énergie portera atteinte au pouvoir d’achat… Plus généralement, il faut dire nettement que la question écologique va porter atteinte au pouvoir d’achat. »

Antoine Sénanque développe : « Dieu a-t-il écrit sur les tables de l’Arche d’alliance « Tu ne pollueras point ta planète » ? Non. Donc, pas de zèle. »

Hervé Kempf : « Si nos société échouent à se transformer pour éviter la crise écologique, celle-ci entraînera une forte baisse du pouvoir d’achat. Nolens volens. »

Antoine Senanque : « Moi, ils m’attristent ces concernés par le futur. Verts de trouille, les écolos. Comme si nous la menacions, la nature. »

Hervé Kempf : « La condition d’acceptation d’une politique écologique est la justice sociale. »

Antoine Senanque : « Voilà. En tant que citoyen irresponsable, je sais que mon avenir est sans lendemain. »

Alors, il faut bien se consoler comme on peut : merde à la connerie !

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Martine Aubry out !

Question du Monde à Martine Aubry (5-6 juillet) : Après le succès des Verts aux européennes, le PS est-il prêt à se convertir à l’écologie ?

Martine Aubry: « Le socialisme est né du rapport capital-travail dans l’entreprise. Nous l’inscrivons désormais dans un rapport capital-travail-nature. Mais il ne faudrait pas que la nécessaire lutte contre le réchauffement climatique et pour la préservation de nos richesses naturelles nous conduise vers une sorte de néo-naturalisme, une société qui refuserait l’innovation, la création, la mobilité, et qui se replierait sur elle-même, sur la tradition, sur des tribus, des communautés. L’écologie est compatible avec le développement et le progrès. »

Aucun projet de long terme dans ce discours, juste l’expression d’une méfiance généralisée envers l’écologie, comme si ce mot sentait le souffre ; Martine reste encore engluée dans le socialisme du XIXe siècle. Avec ça, le PS n’est pas près d’inventer le post-matérialisme ! Quelle vision du rapport à la nature peut-elle bien avoir alors même que des ministres de droite se réfèrent déjà à l’écologie profonde ? Quelle perspective de relocalisation peut-elle caresser quand elle vilipende les communautés de base ? Quelle société postcarbone peut-elle envisager quand elle fait le panégyrique de la mobilité, donc  de l’automobile ?

Martine, il te faut désormais apprendre à savoir concilier le local et le global, à dire que tout innovation n’est pas bonne en soi et à comprendre que la diversité culturelle est absolument nécessaire.

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ça chauffe

LeMonde du 3 juillet nous prépare à l’arrivée inéluctable de la taxe carbone, qui pourrait d’ailleurs s’appeler « Contribution climat-énergie » pour pouvoir ajouter aux énergies fossiles toutes les autres sources d’énergie, et particulièrement le nucléaire. Le Parti socialiste parle déjà de CCEU, « Universelle ».

De toute façon, il faut faire très vite, ça chauffe : les experts scientifiques (dont Jouzel, Hansen, etc.) qui se sont réunis récemment à Copenhague, en sont revenus livides. Les prévisions scientifiques seraient bien plus pessimistes depuis le 4ème rapport du GIEC, il ne faudrait plus diviser les émissions mondiales par deux d’ici 2050, mais plutôt par trois. On murmure même ici ou là que des points de basculement comme la fonte du permafrost pourraient déjà avoir été franchis.

Mais le problème, c’est que le rythme du débat politique est bien plus lent qu’un emballement climatique. Alors beaucoup de monde va avoir les pieds dans l’eau sans l’avoir demandé.

Bonnes vacances à toi, pas très loin de chez toi !

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le politique et l’écologue

Un témoignage captivant, celui de JM Le Clézio sur le mode de vie détruit des Innus (LeMonde du 2 juillet) : la compagnie Hydro-Québec va construire 4 énormes barrages sur leur rivière Uramen. Une rivière sacrée, parce qu’elle était liée à l’histoire des Innus depuis des millénaires, va voir son cours se modifier et la forêt disparaître. Les Innus viennent d’accepter ce drame irréversible, on leur promet emplois et progrès. Ils auraient du refuser, comme l’expliquait dans un texte Arne Naess, philosophe de l’écologie profonde qui, en 1970, deux ans avant la première action de Greenpeace en Alaska, s’était enchaîné, avec un groupe de militants, à la falaise de Mardalsfossen en Norvège pour empêcher la construction d’un barrage ? Décryptage :

– David Rothenberg : Peux-tu m’expliquer en quoi la philosophie peut aider : quelqu’un projette de construire une nouvelle centrale hydroélectrique…

Arne Naess : Oui, et il dit : « Nous nous attendons à une augmentation des besoins en électricité et, en tant que décideurs, nous risquons d’être fortement critiqués s’il y a une pénurie d’électricité. Il faut donc construire un nouveau barrage. » Tu dis alors : « Mais êtes-vous sûr qu’il y ait plus de besoin en électricité ? » Il dira : « Oh ! oui, regardez les chiffres. Il y a tant de pour cent d’augmentation. » Mais tu rétorques : « Il y a une augmentation de la demande sur le marché, et vous appelez ça un besoin ? » Ensuite, après quelques échanges, il répond : « Non, non, bien sûr. Nombre de demandes ne reflètent par des besoins réels. » « Mais alors, en tant qu’individu, vous accédez à une demande sans vous poser de questions ? Si toutes les nations consommaient autant d’électricité par personne que la Norvège, ce serait certainement une catastrophe. Notre consommation par tête est même plus élevée que celle des Etats-Unis. Quelle est la justification éthique ? Ne serait-il pas nécessaire de diminuer la consommation d’énergie en Norvège ? »

D’après mon expérience, ce serviteur zélé du peuple, qui avait dit oui à une centrale électrique, admettra à peu près tout ce que tu lui diras en tant que philosophe. Mais il ajoutera « C’est trop tôt, ce n’est pas encore possible politiquement. Vous voulez que je quitte la politique ? » Ce à quoi tu répondras : « Je comprends ce que vous voulez dire. Oui, je comprends. Mais notre objectif à long terme est construit sur la base de prémisses beaucoup plus profondes que celles sur lesquelles repose votre argumentation. Tout ce que nous pouvons vous demander, c’est que vous reconnaissiez au moins une fois par an que vous êtes d’accord avec nous. Adoptez la perspective du long terme ! »

Si cet homme politique soutient désormais de temps à autre quelques-uns des objectifs fondamentaux de l’écologie profonde, son schéma d’argumentation ne sera plus aussi superficiel. Il sera sauvé, si l’on peut dire. Mais l’énergie hydroélectrique n’est pas mauvaise en soi. Ce qui est sujet à caution, c’est le fait que, plus la centrale hydroélectrique sera grande, plus elle fera de dégâts.

Source : Vers l’écologie profonde (wildproject, 2009) Arne Naess, avec David Rothenberg,

première édition, 1992, sous le titre Is it painful to think ?

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statistiques sinistres

– Sur 6,7 milliards d’êtres humains, la planète compte 2,8 milliards vivant de la terre. Et sur 1,3 milliards d’actifs agricoles, seuls 28 millions utilisent un tracteur, 250 millions des animaux de traits. Plus de 1 milliard ne disposent que de leurs mains. Sur le milliard de personnes qui souffrent d’un apport alimentaire insuffisant, 50 % sont de petits paysans, 10 % des éleveurs, 20 % des paysans sans terre et 20 % des urbains pauvres.(Le Monde du 30 juin)    

– La population urbaine des pays en développement s’accroît de 70 millions d’habitants par an, un milliard d’humains vivent déjà dans des bidonvilles et 360 millions d’urbains habitent des zones côtières de basse altitude, menacées par la montée des océans.(Le Monde du 30 juin)

– Si l’on devait résumer en chiffres environnementaux une journée typique aujourd’hui, on obtiendrait cela : nous allons perdre 20 000 hectares de forêt tropicale. Nous allons aussi perdre à jamais entre 40 et 100 espèces vivantes. Nous allons en revanche gagner un quart de million de personnes. Et nous allons produire plus de 10 millions de tonnes de déchets et injecter 15 millions de tonnes de carbone dans l’atmosphère. Chaque jour. (L’écologie pour les nuls, 2009)

sans commentaire…

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Mickael Jackson out !

Michael Jackson est mort. Les décomposeurs de la Biosphère n’attendent pas son corps dans la joie et l’allégresse : il apporte trop de médicaments avec lui. LeMonde lui consacre trois pages le 27 juin, encore deux articles le jour suivant : trop de papier (trop d’arbres) consacré à un tout petit évènement. Il était une « icône planétaire » : en fait il était resté un petit garçon formaté d’abord par son père, puis par la firme Motown, par Quincy Jones, par son docteur, par les médias… Michael Jackson était un pur produit de la société du spectacle c’est-à-dire de la société de l’aliénation. Michael Jackson est mort, il n’était d’aucune utilité. Ah si, peut-être,  son célèbre we are the world ?

– Il voulait « que le monde ne soit plus qu’un », mais il ne pensait qu’aux humains, certainement pas aux écosystèmes.

– Il disait qu’ « il est temps de venir en aide à la vie », mais il empruntait pour ses plaisirs personnels, pas pour sauver les derniers bonobos.

– Il croyait encore que « nous faisons tous partie de la grande famille de dieu », alors que notre vraie famille, c’est la Biosphère.

– Il affirmait que « ce monde, c’est nous, c’est nos enfants », mais qu’a-t-il fait pour les générations futures ?           

Il en sera de la ferveur mondiale après son décès comme de la mort de la princesse Diana, un feu de paille qui remplit les pages et certainement pas notre cerveau.

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connecté…à quoi ?

LeMonde du 25 juin consacre deux articles à Twitter, le service de minimessages qui informe tous nos copains en même temps de nos pensées et de nos gestes : « Alors, qu’est-ce que tu fais en ce moment ? » (44 caractères) ; « Je suis au café en face, qui vient me rejoindre ? » (50 caractères). En moins de 140 caractères, tout le monde peut partager la même banalité, oubliée la minute d’après. Ce genre de message ne sert à rien, mais cela correspond à l’obsession, cultivée par les technologies modernes de communication, de rester connecter constamment, avec le plus de gens possibles.

Le cocréateur de Twitter, Biz Stone, a le culot de comparer cette aliénation médiatisée au développement d’un écosystème. En fait ce type de relations enferme encore plus les individus dans leur nombrilisme et leur anthropocentrisme : seul compte la superficialité humaine, les écosystèmes et la profondeur de raisonnement sont oubliés. Pourtant, pour se connecter au nuage qui passe et à l’arbre qui frissonne, point besoin d’instruments électroniques ; il suffit d’ouvrir ses yeux et ses oreilles aux images et aux  sons d’une nature dont nous réduisons l’espace chaque jour davantage.

Malheur à nous qui ne sommes plus connectés à la Biosphère. Malheur aux firmes mondialisées qui nous enferment dans un carcan pour leur plus grand profit. (1331 caractères)

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le pique-prune et l’autoroute

L’objet du débat du jour : Le pique-prune est un genre de scarabée qui vit dans les troncs des vieux châtaigniers et se nourrit de bois mort. Le tracé de l’autoroute A 28, qui relie Abbeville à Tours semblait susceptible de mettre gravement en péril l’habitat et peut-être l’existence même du pique-prune dans une forêt de la Sarthe. Il y a eu gel des travaux. Le coût de la préservation de la biodiversité peut se révéler exorbitant pour les uns, ce coût est insignifiant pour moi.   

BM : «le nombre de décès par accident par milliard de véhicules*kilomètres parcourus est de 13,4 sur une nationale et de 4,7 sur une autoroute. Un calcul simple, fait sur la base d’un trafic journalier de 6.000 véhicules […] montre que la construction six ans plus tôt de ce tronçon aurait épargné plus de 15 décès, sans parler de centaines de blessures graves ».

biosphere : la facilité de prendre son véhicule, favorisée par les autoroutes, incite à rouler plus souvent, donc accroît le nombre d’accidents mortels. C’est ce qu’on appelle en langage technique l’effet rebond, il y a donc un biais statistique. De toute façon, route ou autoroute, si nos monstres mécanisés n’étaient pas utilisés, il y aurait  zéro accident automobile. 

BM: On ne peut, dès lors, mettre cet arbitrage malheureux — si favorable au scarabée, si préjudiciable à l’espèce humaine — que sur le compte de l’ignorance, de l’inadvertance. Le calcul, l’analyse coût-bénéfice, n’a, d’évidence, pas été fait.

Biosphere : La construction d’une autoroute provoque-t-elle des avantages supérieurs à la perte d’espaces naturels détruits ? Quel est le coût du réchauffement  climatique ? Le problème essentiel posé à l’exercice d’évaluation est qu’une espèce animale ou végétale, la pollution atmosphérique, etc., n’est pas échangé sur un marché.

L’évaluation monétaire de l’environnement cherche à mesurer quelque chose qui n’existe pas. La valeur est plurielle et le prix n’en est qu’un élément, particulier à la sphère marchande. Les différentes dimensions de la valeur sont irréductibles les uns aux autres, comme peuvent l’être la valeur esthétique d’une forêt (et de ses pique-prune), l’attachement émotionnel qu’en ont ses habitants, la valeur économique du bois coupé, le rôle des arbres sur le climat ou la richesse de son  écosystème. Une analyse coût-avantage, loin d’être scientifique, entretient l’illusion d’objectivité par le recours à la quantification. 

BM: On ne peut, en fait, raisonnablement imaginer que ces coûts, financiers et humains, aient été connus et acceptés lorsqu’il s’est agi, au nom de la protection de la biodiversité, d’interrompre les travaux (de l’autoroute). Sinon peut-être par les tenants de l’«écologie profonde» (ou deep ecology, analysée par Luc Ferry dans Le Nouvel Ordre écologique) qui, refusant d’établir une hiérarchie entre les espèces, n’auraient aucune raison d’être heurtés par les égards accordés aux pique-prune au détriment de la sécurité des hommes. Les partisans de cette version radicale, biocentriste, de l’écologie sont toutefois peu nombreux en France.

Biosphere : une infime partir de la population, intoxiquée par des ouvrages du type « nouvel ordre écologique », dénigre l’écologie profonde alors que cette philosophie d’Arne Naess (écologie, communauté et style de vie), à lire dans le texte, opère un nouveau renversement copernicien. On croyait autrefois que la terre était le centre du monde, on croit aujourd’hui dans l’idéologie occidentalisée que l’homme est le centre de tout. Il n’en est qu’un des éléments, cela ne devrait pas être une révélation pour qui réfléchit.

A force de vouloir dominer la nature, les humains sont devenus une force géologique qui remodèle la planète ;  ses routes, autoroutes , habitats, zones industrielles s’étendent au détriment de la biodiversité et des forêts. Bien avant que homo « sapiens » ait épuisé les dernières gouttes de pétrole, tous les travailleurs qui vivent aujourd’hui de l’automobile se retrouveront au chômage ; ils seront bien contents d’aller chercher du bois de chauffe avec les pique-prune, si les forêts n’ont pas toutes disparue. Ils ne pourront que regretter de n’avoir eu aucun respect pour notre planète et ses pique-prune.

La distinction entre la version biocentriste (la nature a une valeur en soi) et la version anthropocentriste de l’écologie (la nature est là pour servir l’homme) conserve une portée pratique qui se révélera au cours du temps de plus en plus forte. 

BM: Philippe Kourilsky et Geneviève Viney dans leur rapport sur le principe de précaution rappellent que « le côté positif de la biodiversité est souvent porteur d’une certaine charge idéologique. On s’en défendra en se remémorant que l’émergence du virus du Sida est une manifestation de la biodiversité ». La préservation de cette dernière ne saurait donc évidemment être une fin en soi.

Biosphere : Bien entendu la nature n’est pas « bonne » en soi et les formes du vivant ne sont pas toujours agréables aux hommes. Mais le fait de prendre un cas particulier, le SIDA, comme un cas général ne peut être accepté. C’est la complexité de la biodiversité, nuisible ou non, qui permet la résilience des écosystèmes ; pourtant les humains provoquent la sixième extinction des espèces.

Notre attention pour le pique-prune n’est que l’ébauche de ce qu’il faudrait faire et penser. Les humains seuls sur une Terre dévastée ne sont plus tout à fait humains. 

Source: http://www.slate.fr/story/7049/petits-scarab%C3%A9es-et-grosses-d%C3%A9penses

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Dans quelle mesure les pays membres de l’union économique et monétaire (UEM) disposent-ils de marges de manœuvre suffisantes en matière de politique économique ?

introduction : Notre planète a connu un choc pétrolier avec le baril à presque 150 dollar, suivi presque aussitôt par un tsunami financier qui a commencé avec la faillite de Lehman Brothers. Les gouvernements nationaux, quasi impuissant devant l’épuisement de l’or noir, se croient maintenant investis d’une tâche, sauver les banques. Il est vrai que sans monnaie, le système capitaliste libéral se retrouve tout nu, impuissant à réaliser quoi que ce soit. Seule la monétisation permet de concrétiser le profit et la dynamique des entreprises.

Dans l’Union Européenne, les 27 Etats sont encadrés par des traités et des instances communautaires. Quelle autonomie possède chaque pays ? C’est la question que pose le sujet de bac SES de juin 2009, « Dans quelle mesure les pays membres de l’union économique et monétaire (UEM) disposent-ils de marges de manœuvre suffisantes en matière de politique économique ? » Mais les termes de ce sujet sont ambigus. Est-ce qu’il ne faut parler que de l’intervention séparée de chaque nation, ou faut-il inclure aussi les possibilités pour l’Europe de mener une politique globale face à une crise internationale ? J’ai choisi de ne traiter que de la possibilité d’initiatives nationales tant il est vrai qu’en France, l’Europe nous apparaît encore comme une entité abstraite et superflue, si ce n’est technocratique et dépassée. Il suffit de voir le taux d’abstention record aux dernières élections européennes.

Une deuxième ambiguïté du sujet est issue de l’hétérogénéité de l’UE. La zone euro, à monnaie unique, ne comporte que 15 pays. Les contraintes ne sont pas les mêmes sur les uns et sur les autres. J’ai choisi de me  centrer sur ces pays qui forment le noyau dur de l’Europe (cf. doc. 5). Enfin la notion de politique économique est complexe. Il s’agit aussi bien de politique conjoncturelle de type monétaire ou budgétaire que de politique structurelle comme la politique agricole commune. L’aspect social découlant de la maîtrise de l’économie, ce sujet est donc ouvert à tout, sauf à la dimension strictement politique. Par exemple je ne développerai pas le fait que la présidence tournante de l’UE (tous les six mois, par un président national déjà élu) est un désavantage pour la représentativité internationale de l’UE.

L’expression « dans quelle mesure » nous incite à faire un plan nuancé du type « oui, mais » ou « non, cependant ». Mais ce n’est pas parce que l’idéologie dominante pousse paradoxalement à l’interventionnisme en matière économique qu’il faut hurler avec les loups. En fait la question de fond est celle-là : le libéralisme peut-il s’allier avec l’interventionnisme ? 

1ère partie : les marges de manœuvre des pays de l’UEM sont à juste raison encadrées 

11) l’encadrement des politiques monétaires

– la priorité à la lutte contre l’inflation : par exemple le document 1 fait 16 lignes, il y a 8 fois l’expression « stabilité des prix ». Il est bien clair que la lutte contre le chômage passe bien après la lutte contre l’inflation.

– la priorité à l’équilibre des changes : relations taux directeur, taux de change et commerce extérieur (doc.2) 

12) l’encadrement des politiques budgétaires (doc.3)

– des déficits croissants qui pèseront sur la générations futures (doc.4)

– et qui vont à l’encontre des critères de Maastricht 

13) l’encadrement par les directives communautaires

– les directives européennes entraînent la modification des législations nationales.

– du principe de subsidiarité à l’intérêt collectif en Europe 

2ème partie : il n’est donc pas nécessaire que les pays interviennent 

21) la régulation automatique qu’autorise l’encadrement par l’UEM

– les mécanisme de marché dans une économie mondialisée (loi de l’offre et de la  demande, concurrence)

– le poids de l’Etat comme amortisseur des crises (déficit automatique) 

22) l’échec historique du keynésianisme (politique conjoncturelle de relance)

– la stagflation

– la contrainte extérieure 

23) l’échec des politiques structurelles :

– la PAC

– la recherche-développement 

conclusion

– Laissons au système  capitaliste libéral son libre fonctionnement, et nous comprendrons enfin où va ce système : à son effondrement. Il est inutile d’appliquer des recettes traditionnelles d’intervention des Etats nationaux, elles ont toutes échouées. La prime à la casse est un exemple ; non seulement il y a effet d’aubaine, mais le choc pétrolier à venir rendra inabordable le luxe d’avoir une voiture personnelle.

– Ouverture du sujet : en fait l’essentiel n’est pas abordé dans ce sujet. La vraie politique n’est pas une politique économique, mais une politique écologique. Il y a non seulement un effondrement financier à l’heure actuelle, mais plus durablement un effondrement des écosystèmes. Nous avons oublié que l’économie ne devrait être qu’une partie des relations sociales, elles-mêmes dépendantes  de ce qui nous permet à tous de survivre, l’état de santé de notre planète. Or croissance, relance et innovations techniques entraînent la désertification des sols, la mort des forêts, la perturbation climatique, la perte de biodiversité, etc., etc. L’Europe permet de transcender les égoïsmes nationaux qui n’hésitent pas à faire pression sur l’environnement par leurs politiques.

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anthropisation des sols

Je suis souvent fasciné par la mini-BD de Serguei. Dans LeMonde du 21-22 juin, il met en scène l’homme nu face au fordisme qui s’est installé par exemple à Détroit sur des terres agricoles. Avec la crise de l’automobile, le site de Détroit redeviendra le lieu qu’il n’aurait jamais du quitter d’être, celui de la paysannerie. Souhaitons à tous les ouvriers au chômage de pouvoir cultiver un jardin suffisamment vaste pour nourrir leur famille….

et n’oublions pas que les autres espèces vivantes ont aussi besoin d’espace pour survivre. C’est ce que montre un autre article : la France en vingt ans a perdu 10 % de ses oiseaux nicheurs, la faute à l’anthropisation des sols.

Attention, notre planète n’est pas extensible !

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les 3 F et la Faim

Comment ne pas être frappé par ce rapprochement dans LeMonde du 20 juin 2009. D’un côté les « trois F ». « F » pour « fuel », « food » et « financial », et c’est la barre du milliard de victimes de la faim qui vient d’être franchie. A une autre page, une pub couleur montrant une fille qui se tortille par terre en tenant une poêle : une pub minable pour Mc’ Do, le fournisseur des obèses de la société de consommation.

Je suis tellement écœuré que je ne commente pas davantage…

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autophobie

Le comité des constructeurs français d’automobiles fait semblant de s’intéresser à l’autophobie (LeMonde du 19 juin). Mais les dégonfleurs de pneus de 4×4 sont toujours aussi rares. Peu importe les tares de l’automobile, anarchie urbaine, dérèglement climatique, individualisme forcené, elle est entrée dans les mœurs. Et puis les gens se disent o-bli-gés d’avoir leur bagnole. Surtout faut pas les culpabiliser, ils ne sont pas responsables d’aller véhiculer leur bambin à l’école à 4 pas du domicile familial. Alors, que la voiture individuelle devienne  un gage de liberté en Chine, rien de plus normal. Déjà en Amérique, de par sa sujétion à l’automobile, l’homme a commencé à perdre l’usage de ses jambes. Les Chinois suivent la même voie de garage. L’autophobie ne peut qu’être une pensée réactionnaire du type retour à l’âge du parcours pédestre.

            Alors je me console en relisant Vivre sans pétrole de J.A. GREGOIRE , livre de 1979 : « L’observateur ne peut manquer d’être angoissé par le contraste entre l’insouciance de l’homme et la gravité des épreuves qui le guette. Comme le gouvernement crie au feu d’une voix rassurante et qu’on n’aperçoit pas d’incendie, personne n’y croit. Jusqu’au jour où la baraque flambera. Comment l’automobiliste pourrait-il admettre la pénurie lorsqu’il voit l’essence couler à flot dans les pompes et lorsqu’il s’agglutine à chaque congé dans des encombrements imbéciles ? Cette situation me paraît beaucoup plus inquiétante encore que celle des Français en 1938. Ceux qui acceptaient de regarder les choses en face apercevaient au-delà des frontières la lueur des torches illuminant les manifestations wagnériennes, ils entendaient les bruits de bottes rythmant les hurlements hystériques du Führer. Tous les autres refusaient de voir et d’entendre. On se souvient de notre réveil en 1940 ! 

Apercevoir la fin des ressources pétrolières, admettre son caractère inéluctable et définitif, provoquera une crise irrémédiable que j’appellerai « crise ultime ».

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