biosphere

le retour des paysans

Jean-Yves Carfantan me paraît optimiste. Pour éviter le Choc alimentaire mondial qui nous attend demain, il suffirait de relancer l’agriculture au Sud en développant les réseaux de transport, le crédit aussi, et y lever en plus les obstacles à l’essor des OGM (cf. le livre du jour, LeMonde du 25 mars). Carfantan est donc un optimiste libéral qui propose les mêmes remèdes que ceux qui ont créé la maladie.

L’ouverture des réseaux de transport a, pour reprendre l’expression de Karl Polanyi, désenchâsser l’économique du social en lui permettant de s’autonomiser. De dominantes, les sociétés agraires vont se trouver dominées. Détacher l’homme de la terre a été un moyen de faire « circuler » les hommes et la terre. C’est la « victoire du libre-échange » : ce qu’on appelle à tort « exode rural » est en fait le résultat d’une véritable déportation économique et sociale. La terre devient à la fois marchandise et moyen de production. La monétarisation, souvent forcée, des activités a fait perdre aux sociétés agraires une partie de leur autonomie. Le crédit a entraîné le surendettement et le suicide par ingestion de pesticides. La porte est ouverte de la transformation du paysan en exploitant agricole. Avec l’introduction des semences à haut rendement l’appauvrissement génétique, donc la fragilité des cultures, s’est accru au Nord comme au Sud. L’étape suivante est le développement d’OGM par les biotechnologies. Pour les agriculteurs, la dépendance s’accroît puisqu’ils doivent acheter très cher des semences et les produits qui les accompagnent. De plus ils doivent subir régulièrement les contrôles des entreprises qui tiennent à s’assurer qu’ils ne disposent pas des semences à leur guise.

Pourtant, quel que soit l’avenir de nos sociétés la terre travaillée à l’ancienne reste le fondement de leur alimentation. Face aux crises écologiques qui s’annoncent, on aura recours à l’agriculture biologique, seule activité durable indispensable à la survie de l’homme. Jean-Yves Carfantan devrait lire le livre de Silvia Pérez-Vitoria, Les paysans sont de retour

le malus du bonus

Bonus, stock-options et autres parachutes dorés, les cadres dirigeants s’en mettent plein les poches quelle que soit la conjoncture. Ainsi président et directeur de la Société générale s’accordent plusieurs centaines de milliers d’euros potentiels alors que leur banque venait de recevoir 1,7 milliards d’euros d’aide publique (LeMonde du 24 mars). Les stock-options sont paraît-il un instrument de motivation des cadres. Mais c’est un simple « comité des rémunérations » propre à l’entreprise (donc inféodé) qui s’arroge le droit de délivrer des sommes pharamineuses aux patrons.

Que ce soit  clair, les dirigeants d’entreprise n’ont aucune performance particulière à faire valoir dans le résultat financier de leur entreprise. Les grands groupes sont des collectifs de travail où toutes les personnes ont leur importance, autant le balayeur que l’expert en analyse des marchés. Un dirigeant n’a pour statut qu’une fonction parmi d’autres, qui est celle de coordonner ses cadres proches qui à leur tour coordonnent les travailleurs, mais c’est la base qui à la lourde tâche de réaliser au mieux le rapport à la production ou à la clientèle. A mon avis, il n’y a qu’une morale dans la rémunération des salariés : une heure de balayeur vaut en soi la même chose qu’une heure de PDG.

Le revenu maximal autorisé devrait être une exigence syndicale et politique de premier ordre. Dans l’état actuel de la planète, affaiblie et épuisée, aucune personne ne devrait avoir plusieurs résidences, aucune personne ne devrait pouvoir se payer l’avion pour faire du tourisme, aucune personne ne devrait revendiquer un niveau de vie supérieur à celui de la moyenne mondiale.

manifs et écologie

«  Au faits, ils ont parlé de la crise écologique, à la manif ? ». C’est par ces mots qu’Hervé Kempf conclut sa chronique (LeMonde du 22-23 mars). Le syndicalisme en France est faible numériquement, et pourtant c’est le seul pays de l’Union européenne où on se mobilise autant dans la rue.  C’est dire que les revendications pour le pouvoir d’achat ou contre le bouclier fiscal vont être oubliées aussitôt qu’annoncées. Vu la multiplicité effroyable des organisations syndicales, de toute façon il ne pourrait pas y avoir de mot d’ordre unitaire dans les manifestations françaises.

Hervé Kempf est donc perspicace en proposant aux syndicats un slogan social qui considèrerait aussi la composante  écologique de notre niveau de vie : imposer le RMA (revenu maximal autorisé) pour lutter contre le délire consommatoire des riches qui se diffuse dans toute la société et épuise la Biosphère. Rappelons-nous ce qu’écrivait déjà Hervé dans son livre de 2007, Comment les riches détruisent la planète :           

« Qui aujourd’hui, consomme le plus de produits matériels ? Les hyper riches ? Pas seulement. L’oligarchie ? Oui, cela commence à faire nombre mais ne suffit pas encore. Il y a aussi la classe moyenne mondiale, disons 500 millions de gens (il y a de fortes chances que vous en fassiez partie) qui réduiraient utilement leur consommation matérielle, leurs dépenses d’énergie, leurs déplacements automobiles et aériens. Mais nous limiterions notre gaspillage, nous chercherions à changer notre mode de vie, tandis que les gros, là-haut, continueraient à se goberger dans leurs 4×4 climatisés et leurs villas avec piscine ? Non. La seule façon que vous et moi acceptions de consommer moins de matière et d’énergie, c’est que la consommation matérielle, donc le revenu, de l’oligarchie soit sévèrement réduite. En soi pour des raisons d’équité, et plus encore, en suivant la leçon de Veblen, pour changer les standards culturels de la consommation ostentatoire. Puisque la classe de loisir établit le modèle de consommation de la société, si son niveau est abaissé, le niveau général de consommation diminuera. Nous consommerons moins, la planète ira mieux, et nous serons moins frustrés par le manque de ce que nous n’avons pas. » (p.90-91)

mettez un préservatif

Pour qui réfléchit, il est absolument anodin que le pape ait dit ceci ou cela. Benoît 16 n’est qu’un humain ordinaire qui dit comme tout un chacun des conneries : « On ne peut résoudre le problème du sida en distribuant des préservatifs : au contraire, cela augmente le problème » (LeMonde du 21 mars). Il dit même des conneries sur une question dont il savait à l’avance qu’elle lui serait posée. Josef Ratzinger est vraiment un humain ordinaire.

Moi, ce qui m’horripile vraiment, c’est que tout le monde semble oublier que le préservatif n’a pas été inventé pour lutter contre le sida ! Le préservatif est d’abord un moyen de contraception. Mais la propagande antinataliste est interdite, que ce soit par l’Eglise catholique, le culte musulman ou la plupart des pays dont la France. Je rappelle l’article 5 de la loi n° 67-1176 du 28 décembre 1967 relative à la régulation des naissances : « Toute propagande antinataliste est interdite. Toute propagande et toute publicité commerciale directe ou indirecte concernant les médicaments produits ou objets de nature à prévenir la grossesse ou les méthodes contraceptives sont interdites, sauf dans les publications réservées aux médecins et aux pharmaciens ».

Je rappelle que le premier fléau qui pèse sur la biosphère, c’est la pullulation humaine. Frères humains de tous les pays, mettez un préservatif à défaut d’autres moyens de contraception. Frères humains, limitez le nombre des naissances et la planète en sera soulagée…

Alzheimer et DMD

En ce jour où Le Monde ne paraît pas pour cause de grève, je m’interroge sur le DMD, droit de mourir dans la dignité. Qu’en est-il de ce problème philosophique que pose la maladie d’Alzheimer ? Les patients  restent-ils des « êtres sociaux » comme le postule le livre de Fabrice Gzil (LeMonde du 18 mars) ?

Le témoignage d’un ami : « En ce qui concerne ma femme, elle a commencé à « débloquer » à qq occasions (hallucinations devant la télé, perte d’objets qu’elle accusait tel ou tel de le lui avoir volé, avant de le retrouver sans en informer ou s’excuser, expulsion d’amis sans motif) dès 1996. Dès 97 j’avais fini par m’inquiéter de ses clashs, et après une émission TV sur le sujet je n’avais plus de doute et en janvier 98, tous les examens (scanner et autres) ne permettaient plus de doute. Même après le diagnostic, Annie n’a jamais fait allusion à sa maladie, attribuant ses absences de mémoire à « sa tête de linotte », et sa non-activité extérieure et intérieure à de la « fatigue ».

A partir de 98, Annie a progressivement et en douceur, sans qu’on s’en aperçoive et qu’elle le signale, arrêtez toutes ses activités habituelles : religieuses (catéchismes, prières, messes quotidiennes, etc.) qui l’occupaient pq entièrement, courrier, téléphone, utilisation de la voiture, cuisine, pour finir par le repassage. Par contre, demande de promenades à pied quotidiennes et premières fugues en France et à l’étranger… En 2000, elle devient incontinente de nuit jq au jour où elle devient incontinente de jour dans des endroits (église, voiture) où cela pose pb. On finit par rester à la maison. Et en avril 2004 j’ai dû me résoudre, la mort dans l’âme, à la placer en maison de retraite. Au début, et pt 2 ans nous faisions le tour du parc en échangeant qq paroles : je l’informais de tt ce que faisait la famille. Puis les promenades se sont progressivement raccourcies car elle montrait de la fatigue, puis se sont arrêtées…

Dernière étape : avril 2007 crise d’épilepsie, phlébite et embolie cérébrale, hôpital où on « la sauve », alors que je n’avais cessé de demander, à notre médecin traitant, à la maison de retraite , à l’hôpital, « pas d’acharnement thérapeutique ni pour elle ni pour moi ». J’avais mm écrit un texte confirmant ma demande, mais personne n’a voulu accepter ce manuscrit (les médecins ayant même refusé de me donner le formulaire officiel pour une telle demande). Depuis on dit qu’« elle a oublié de marcher », elle est en fauteuil roulant, ne parle plus sinon en chantonnement monotone et refuse les bises. Je ne sais pas si elle me reconnaît, on me dit que si, et aussi qu’on ne peut savoir ce qui se passe pas dans sa tête, elle ne souffre pas, est souriante en général avec des passages au noir, où elle semble totalement absente. Depuis qu’elle est en maison de retraite ma psy que je vois une fois par trimestre m’encourage à ne plus aller la voir : « elle n’est plus là », me dit-elle. Mais elle ne m’a pas encore convaincu, d’autant plus qu’il y a tj des pb à régler, administratifs, paiements, vêtements etc.

Pour en revenir à la question posée par l’Alz. souvent je souhaiterais son absence plutôt que sa maladie. Et durant les 1ères années de sa maladie, durant les nuits, mon cerveau élucubrait toutes sortes de scénarios pour qu’on puisse partir ensemble sans souffrir et pt que l’amour nous faisait encore vivre. Mais je n’ai jamais réussi à trouver le bon, et malgré moi j’ai continué à tt faire sans réfléchir ni décider, pour profiter jq au bout des dernières étincelles de sa vie humaine, en espérant partir avant elle. Donc, quand aurait-il été judicieux d’abréger les souffrances qu’elles nous imposent par son état infra-humain ? Avant la mise en maison de retraite ?

Je me suis posé la question cruciale de savoir si les personnes atteintes d’Alzheimer se rendaient compte de leur atteinte et donc pouvaient préparer leur avenir, voire leur fin. La réponse est claire, et je l’ai déjà entendue qq part : la prise de conscience de la maladie est directement liée au niveau d’intelligence du sujet, à ses activités mentales, etc. Id est, plus on est « intelligent » et actif intellectuellement et plus on a de chances de découvrir son mal dès qu’il apparaît. Bruno Bettelheim, la grande référence en pédo-psychiatrie des années 60-70 s’étant aperçu qu’il était atteint d’Alzheimer, préféra se donner la mort. En résumé, soit on a, grâce à ses capacités et activités intellectuelles, les avertissements des premières atteintes et on peut à ce moment-là, si on le décide, mettre un terme à une vie qui, de toute façon va vers sa fin en perdant de jour en jour sa richesse d’humanité ; mais comment ? Cela reste pour moi le très grand problème, le problème n°1 en ce début du XXI° s, qu’aucune des sociétés précédentes n’a été capable d’affronter. Pour moi je revendique et le ferai jq au bout le droit à ma mort. En attendant que l’hypocrisie sociale, politique, médicale et religieuse prenne fin, en souhaitant à nos gouvernants actuels qui font barrage aujourd’hui, de crever de la pire des façons quand leur tour sera venu, et qu’alors ils ne trouvent pas plus de compassion qu’ils n’en montrent aujourd’hui.

Histoire complémentaire : Le romancier flamand Hugo Claus a choisi de mourir par euthanasie alors qu’il n’était qu’au premier stade de la maladie d’Alzheimer (LeMonde du 21 mars 2008). Il a déterminé le moment de sa mort, la Belgique ayant légalisé le droit à mourir. Mais il ne souffrait pas, il était loin du terme ultime de sa maladie, il était encore en pleine possession de ses moyens.

Encore une fois des questions fondamentales se posent : à partir de quel moment un individu peut-il disposer librement de sa vie ? Avec quelle aide de l’Etat de droit ? Et comment, avec une potion létale qu’on pourrait trouver en pharmacie ?

Chine 2022

Alors qu’à la fin du siècle dernier la population chinoise était rurale à 70 %, elle est maintenant urbaine à 60 %. Difficile d’imaginer l’impact des migrations internes de centaines de millions de personnes ! Les illusions d’une vie urbaine plus facile et de meilleurs revenus se sont vite dissipés au contact des bidonville surpeuplés. Le gouvernement chinois, pris de panique par de tels mouvements, organisa « l’excursion sibérienne ». Il s’agit d’un programme d’incitation à l’émigration massive de Chinois vers certaines zones de Sibérie dont les terres se réchauffent sous l’effet du changement climatique et deviennent ainsi plus cultivables. Le gouvernement russe s’inquiète maintenant des trafics de minerais et de pétrole qui s’écoulent au nord de la péninsule de Vladivostok. Les mouvements nationalistes russes, qui hurlent à « la Sibérie perdue », ont contraint le gouvernement à dépêcher l’armée en Sibérie. De son côté, le gouvernement chinois bloque le trafic ferroviaire russe vers Vladivostok. Ca sent la guerre.

C’est ainsi qu’Yves Cochet voit la Chine en 2022 à la fin de son dernier livre antimanuel d’écologie. Le Monde du 19 mars 2009 se contente d’une brève : 6,5 %. C’est le taux de croissance que la Banque mondiale prédit en Chine en 2009. Le premier ministre chinois Wen Jiabao a déclaré qu’il serait difficile d’empêcher ce taux à descendre sous 8 %, trop faible pour éviter les troubles sociaux…

l’école sans ordinateur

L’établissement sera tout numérique. Le collège George-Charpak de Goussainville ne veut connaître que tableau interactif et stylet électronique (Lemonde du 18 mars). Il  paraît que cela motive les élèves, il est vrai que la génération de l’écran (télé + portable + ordinateur + jeux vidéo)  est allergique à la craie et au tableau noir ! De toute façon cela n’est pas durable si on en croit Yves Cochet :

« Certains observateurs du changement de paradigme ont cru déceler une transition en cours entre l’ancienne civilisation productiviste et une nouvelle civilisation rendue possible par les avancées de l’électronique. Ces nouvelles technologies sont les symptômes de la pensée et de l’action technoscientifique les plus conformes au modèle productiviste. Elles ne représentent aucune alternative matérielle, spirituelle, économique ou sociale, philosophique ou politique, au productivisme. Elles sont une simple évolution moderne de celui-ci. (…) L’ère des technologies informatiques à l’avenir bien fragile. Lorsque le baril sera à 300 dollars et le super à 5 euros le litre, quelles seront les conséquences sur la construction et la maintenance des satellites de communication, des relais de téléphonie mobile, des câbles sous-marins et des fibres optiques terrestres qui constituent l’infrastructure de notre Internet ? Fini. Terminé. Imaginez le monde sans mail et sans Web. » (In Antimanuel d’écologie d’Yves Cochet, Bréal 2009)

Imaginons une société sans école, le rêve d’Ivan Illich…

modularité urbaine

Le mouvement global d’exode rural fait entrer la faim dans les villes (LeMonde du 17 mars). Nous avons vécu jusqu’à présent avec l’idée que l’urbanisation était un phénomène bienfaisant, nous commençons à constater l’inverse : « Les urbains ont peu accès direct aux biens agricoles, leur capacité à se nourrir dépend de l’argent qu’ils gagnent (…) Le plus petit choc économique et la moindre augmentation des prix est fatal (…) Les logiques de spécialisation économique ont fait disparaître des filières de production et d’approvisionnement de proximité (…) Le modèle de développement, qui s’appuie sur une échelle macroéconomique, ne fonctionne pas ». Il faudrait donc adopter un autre modèle. C’est ce que propose Yves Cochet dans son Antimanuel d’écologie récemment paru :

« La modularité désigne la façon selon laquelle les éléments du système sont reliés. Une Région telle que l’Ile de France, par exemple, ne présente pas une diversité globale suffisante : son poids démographique et ses activités économique, administrative et  culturelle, sont disproportionnés par rapport à ses capacités en énergie, en alimentation et en eau. Plus de 80 % de la nourriture des 500 millions d’habitants de l’Union européenne provient des grandes chaînes agroalimentaires. Il n’existe aucune modularité dans ce système, très sensible aux aléas du transport mondial. Comment initialiser la transition vers la descente énergétique ? Il est possible de trouver des issues, ensemble, au moins à l’échelon local. Une ferme moyenne de 50 hectares peut fournir l’essentiel de la nourriture pour 300 personnes… »

Pour nourrir l’Ile de France et tous les autres urbanisés, on sait dorénavant ce qu’il nous reste à faire

improbable beauté

Hervé Kempf, pour une fois, reste assez superficiel dans sa chronique « La beauté, sans quoi l’écologie… » (LeMonde du 15-16 mars). Il relaye l’appel de Pierre Rabhi pour un moratoire sur l’implantation d’éoliennes industrielles en Ardèche. Cette chronique sur les milliers d’épine qui se fichent sur le corps mutilé de la beauté me font trop penser à des arguments de la droite anti-écolo :

Nicolas Sarkozy, notre cher président de la République, dans son discours final du Grenelle de l’environnement (25 octobre 2007) : « Je suis contre une forme de précipitation qui se traduit par la dégradation de l’environnement. Les éoliennes oui, mais d’abord sur les friches industrielles, et loin des sites emblématiques. » L’ex-président Valéry Giscard d’Estaing en rajoutait dans Libération du 13 juin 2008 : « Ce n’est pas la peine de dire qu’on est la première destination touristique mondiale si les hauteurs du Massif central sont couvertes d’éoliennes (…) Il peut y avoir des sites particuliers, sur des friches industrielles, pourquoi pas. » N’oublions pas que ce beau discours anti-éolien est le complément pro-nucléaire de Sarko et VGE.

N’oublions pas que la beauté, sentiment subjectif et indémontrable, n’est pas un argument. L’Ardèche avait ses moulins à vent, pourquoi pas des éoliennes ? Même si ces éoliennes en Ardèche feront plus de 120 mètres de haut, ce n’est toujours pas un argument ; le problème n’est pas relié au sentiment du beau, mais du fait que ce sont des éoliennes « industrielles », c’est-à-dire hors de portée des capacités locales de construction, de maintenance et d’usage. Le moulin à vent était une technique enracinée dans le territoire, l’éolienne « industrielle » représente le démesure de l’homme, sa perte d’autonomie face à la mégamachine. Oui, il faut réduire drastiquement notre consommation d’énergie, oui, il faut produire de l’énergie renouvelable et territorialisée, oui, pas n’importe quelle éolienne, non à l’autoroute prévue en Ardèche…

les négationnistes du climat

Sur la même page du Monde (14 mars), rencontre climatique tumultueuse. D’un côté un conglomérat de scientifiques, mais aussi de politiciens et d’économistes, dénonçaient du 8 au 10 mars le protocole de Kyoto à New York. En ouvrant le débat, le président tchèque Vaclav Klaus se contente d’un procès d’intention : «  Le véritable projet de l’alarmisme environnementaliste est de ramener l’humanité des siècles en arrière ». Mais son propre ministre de l’environnement regrettait deux jours après « l’amateurisme et les positions bizarres » de son Président. Il est clair que la plupart des intervenants de ce colloque ignoble sont au service des lobbies, ils sont d’ailleurs rémunérés, chose rare pour les conférences scientifiques. Quelques-uns affirment aussi sans savoir, il y en a comme ça un peut partout autour de nous !

De l’autre côté 2000 scientifiques, parmi lesquels les plus éminents climatologues mondiaux, préparaient du 10 au 12 mars la prochaine conférence de Copenhague où les gouvernements devront décider en toute connaissance de cause. Le comité scientifique de la conférence affirme : « Les dernières observations confirment que le pire des scénarios du GIEC est en train de se réaliser. Le système climatique évolue d’ores et déjà en dehors des variations naturelles à l’intérieur desquelles nos économies se sont construites ». L’irréversibilité qui va ramener l’humanité des siècles en arrière est sans doute en cours, un spécialiste prédit en effet : «  La capacité de stockage du gaz carbonique par les écosystèmes devrait culminer vers 2050, avant que, fragilisés par le réchauffement, ils ne se mettent à leur tour à relâcher du CO2 dans l’atmosphère, aggravant ainsi le phénomène ».

Vaclav Klaus veut notre perte, il devrait être dénoncé par tous les médias. C’est un négationniste climatique dont nous avons malheureusement trop d’exemplaires (cf. mes articles du 8 octobre 2008, 11 et 15 février 2009). J’ai même un membre de ma famille qui s’est permis le raisonnement suivant : « Au secours, ça chauffe ! Le climat se réchauffe, vous avez fauté alors la nature se venge. Vous bougez trop alors les catastrophes se multiplient, mais oui, regardez vous avez les preuves sous les yeux, le soleil est trop chaud, il pleut, le vent souffle, les tempêtes, les raz de marée se multiplient, l’hiver est trop froid, l’été trop chaud, vous voyez, vous avez la preuve de votre pollution calorifique. Vous pétez trop fort, vous faites tourner votre moteur, vous réchauffez la planète. Si ! Touchez le pot d’échappement de votre monstre mécanique, il est brûlant, les gaz qu’il rejette sont chauds, mettez-vous un doigt dans le cul, c’est chaud, voila la preuve ! » Le même rajoute : « L’emploi du mot négationniste est un procédé assez dangereux et détestable car il fait un lien direct à la négation de l’élimination du peuple juif pendant la seconde guerre mondiale qui est un génocide bien sûr condamnable. Il s’agit donc là de l’emploi d’un mot qui tente de discréditer un contradicteur. Ce type d’argument se retourne immédiatement contre son auteur pour peu que l’on dénonce la rhétorique. »

C’est vrai, « négationniste », en matière de climat, le terme n’est pas assez fort ; ce n’est pas un peuple particulier qu’on agresse, c’est la Biosphère tout entière.

 

trop précieux pétrole

La Norvège est riche, elle bénéficie des ressources de la mer du Nord. Alimenté par les recettes des activités pétrolières et gazières, le Fonds du pétrole (fonds d’Etat de retraite-étranger) possède un porte-feuille d’actions de 7900 compagnies internationales soit 0,77 % du marché mondial. Un conseil d’éthique, institué depuis janvier 2005, exclut du Fonds toute société non conforme, ainsi l’entreprise française Thales pour son rôle dans la fabrication de bombes à fragmentation ou Safran pour avoir développé ou produit des composants essentiels aux armes nucléaires. Mais l’éthique n’empêche pas d’être touché par le tsunami financier. LeMonde du 13 mars révèle l’ampleur des pertes subies en 2008. De toute façon on ne peut placer son argent que dans ce qui existe. Ainsi l’essentiel des actions est détenu dans Shell, BP, ExxonMobil et Total : le pétrole se nourrit du pétrole. Il n’y a plus d’endroit sur notre petite planète pour faire de l’argent durable. Aucun placement ne sera gagnant sur le long terme contrairement à ce qu’affirme le journaliste Olivier Truc.            

 Ce n’est pas en faisant confiance au système boursier que les Norvégiens vont préserver leur pureté morale. Une éthique profonde de la Biosphère aurait consisté à laisser les ressources fossiles là où elles se trouvent, dans le sous-sol… Comme écrivait Thomas More en 1516 à propos de l’or et l’argent, « La nature, cette excellente mère, les a enfouis à de grandes profondeurs, comme des productions inutiles et vaines, tandis qu’elle expose à découvert l’air, l’eau, la terre et tout ce qu’il y a de bon et de réellement utile. »

En 1892 Mendeleïev, l’inventeur de la classification périodique des éléments, présentait un compromis au tsar : « Le pétrole est trop précieux pour être brûlé. Il faut l’utiliser comme matière première de la synthèse chimique ». C’était un avis éclairé que la société thermo-industrielle n’a pas écouté. Tant pis pour elle !

condamné à mort

Le niveau des océans augmenterait d’un mètre d’ici à la fin du XXIe siècle. Pourtant nous allons manquer d’eau (douce). C’est ce qu’affirme le troisième rapport mondial des Nations unies sur les ressources en eau. Pour la première fois le ton est alarmant : une crise planétaire des ressources en eau menace. Si rien n’est fait, le développement humain et économique ainsi que la stabilité politique de nombreuses régions du monde seront en péril (LeMonde du 12 mars). Déjà Barcelone, Casablanca, Los Angeles, Mexico, Pékin, Téhéran ou Tel-Aviv dépendent de transferts d’eau à longue distance.

Mais ne vous inquiétez pas, ce rapport va être oublié aussitôt que publié. Il est bien plus important de savoir que les médecins brésiliens qui ont avorté une fillette de 9 ans violée par son beau-père ont été excommunié avec l’aval du bras droit du pape.

De toute façon, nous savons déjà que nous allons avoir des problèmes d’approvisionnement en énergie, en hydrocarbures, en ressources halieutiques, en denrées alimentaires, en matières premières, etc. La seule réponse politique jusqu’à présent, c’est d’avoir donné beaucoup d’argent pour continuer à vivre à crédit au détriment de la Biosphère. Cela me fait irrésistiblement penser au condamné à mort à qui on donne une pelle pour creuser sa propre tombe…

modèle Lotka-Volterra

Tout a déjà été dit, écrit et bien pensé. Encore faut-il trier dans l’énorme masse de documents qui sont à notre disposition pour en relever l’essentiel. Ainsi  le fait que le FMI prévoit une croissance négative mondiale en 2009 (LeMonde du 11 mars) n’a aucune importance. C’est une décroissance moyenne qui ne nous dit rien de ce qui augmente et diminue. Il est fort probable que l’industrie automobile va continuer à se casser la gueule en 2009, mais c’est une bonne nouvelle. D’autres choses peuvent augmenter, par exemple le bonheur de vivre plus simplement. Mais cela, le directeur du FMI comme le PIB s’en foutent. Donc je préfère m’intéresser aujourd’hui au modèle mathématique d’interaction proies-prédateurs, proposé par Volterra après la première guerre mondiale. Il s’agissait d’expliciter la dynamique des populations de sardines et de requins en mer Adriatique ; expliquer notamment pourquoi les quantités de sardines pêchées après l’interruption due à la guerre n’étaient plus aussi importantes que précédemment et pourquoi à la reprise de la pêche la proportion observée de requins avait augmenté.

Dans le journal La décroissance de mars 2009, Alain Gras développe : « Lorsqu’un déséquilibre entre proie et prédateurs se produit – par exemple quand la proie est affaiblie -, la population des prédateurs tend à se multiplier et son expansion à croître jusqu’à ce que la population des proies passe sous un seuil qui engendre une pénurie brutale des ressources et donc l’effondrement brutal de la population des prédateurs (…) Lorsque le point de non-retour est dépassé, le prédateur ne le sait pas car, fasciné par sa puissance, il reste à la recherche d’autres proies, jusqu’au moment où il n’aura plus rien à se mettre sous la dent. Cette inconscience est celle de la croissance et il faut une bonne dose d’optimisme béat pour croire au discours des économistes face à la crise. Il est encore temps de réagir et de décroître, sinon… »

manuel d’athéisme

Sous le titre  « Reste l’inexplicable mystère », Stéphanie Le Bars commente ainsi le dernier livre de Christopher Hitchens Dieu n’est pas grand : « Aussi argumenté soit-il, son ouvrage laisse inexpliqué le mystère qui porte des millions de personnes à croire ». Stéphanie a mal lu.

– La raison fondamentale de l’esprit religieux selon Hitchens, c’est la bêtise humaine : « Il n’y a rien de dédaigneux à souligner que les gens manifestent leur crédulité, leur instinct grégaire et leur besoin d’être dupés. C’est un problème vieux comme le monde. La crédulité peut être une forme d’innocence, inoffensive en soi, mais elle invite les méchants et les malins à exploiter leurs semblables. Elle est donc l’une des grandes faiblesses de l’humanité. Aucune description de l’expansion et de la persistance de la religion n’est possible sans tenir compter de cette réalité. »

– Ensuite vient notre capacité à bâtir des mondes imaginaires : « Il semble possible, en se plaçant sur un plan psychologique, qu’il soit préférable pour certains de croire en quelque chose plutôt qu’en rien, si erroné que ce quelque chose puisse être. »

– Nous pouvons ajouter la récupération de ce besoin par quelques-uns : « Les religions n’auraient jamais pu naître, et encore moins prospérer, sans l’influence d’hommes aussi fanatiques que Moïse, Mahomet ou Joseph Kony » (…)  « Dieu n’a pas créé l’homme à sa propre image. C’est bien sûr l’inverse » (…) Une preuve que la religion est anthropomorphique, c’est qu’elle est généralement élaborée par l’homme, au sens masculin du mot » 

– Mais l’explication principale de la résistance de la croyance aux Lumières, c’est le syndrome de la soumission volontaire : « La posture lors d’une prière évoque généralement le serf suppliant un monarque acariâtre. C’est un message de soumission » (…) « Presque toutes les religions, du bouddhisme à l’islam, présentent un prophète ou un prince qui s’identifie aux pauvres, mais qu’est-ce sinon du populisme ? Les religions choisissent de s’adresser d’abord à la majorité, qui se compose de pauvres, d’angoissés et d’incultes » (…) 

– Cette soumission n’a lieu que parce les religions nient le libre-arbitre : « Toutes les religions prennent soin de réduire au silence ou d’exécuter ceux qui les remettent en question » (…) « Le totalitarisme laïque nous fournit le summum du mal humain. Mais on constate presque invariablement que ces dictateurs étaient considérés comme des dieux, ou des chefs d’église. On ne leur devait pas que l’obéissance : toute critique à leur encontre était sacrilège par définition, leur moindre parole constituait une loi sacrée »

En définitive, nous serions plus proche de la Biosphère si nous étions athée : « Nous avons toutes les raisons de penser que les choses terrestres sont tout ce que nous avons et aurons jamais. »

sécurité énergétique impossible

La sécurité énergétique est au cœur de la relation entre l’UE, les Etats-Unis et la Russie (LeMonde du 8-9 mars). Il est vrai que les ressources énergétiques sont devenues un outil d’intimidation, donc un facteur potentiel de guerre. Il est aussi vrai que l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord ne peut être invoqué en cas de crise énergétique. Cet article, qui se réfère au droit de légitime défense collective, stipule qu’une attaque armée contre l’un ou plusieurs des membres de l’OTAN sera considérée comme une attaque dirigée contre eux tous. Bloquer l’approvisionnement en énergie n’est pas une attaque armée. Nous sommes dorénavant en présence d’une problématique qui dépasse de loin les difficultés entraînées par le tsunami financier car elle est double : sécurité énergétique et sécurité climatique !

Revenons en arrière. Un an après le précédent sommet à Gleneagles au cours duquel le changement climatique avait été l’une des dominantes du sommet annuel des huit grandes puissances, le thème phare du sommet du G8 (15-17 juillet 2006) était devenu par la grâce du président russe Vladimir Poutine qui le présidait pour la première fois un vague salmigondis sur la sécurité énergétique. Le lien entre sécurité énergétique et lutte contre le réchauffement planétaire a été en effet largement absent du projet de déclaration sur la « Sécurité énergétique mondiale ». Conjointement (27 et 28 septembre 2007) les Etats-Unis avaient invité les quinze économies les plus fortes du monde, y compris la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du sud, à deux jours de réunion sur la sécurité énergétique et le changement climatique. Sans résultat !

La butée climatique, combinée avec l’amenuisement des ressources énergétiques, devrait déterminer au cours de ce siècle une civilisation de la sobriété consentie des milliards de fois, ou des destructions de vie humaine par millions. La Biosphère se fera l’arbitre impassible des suffisances et insuffisances humaines.

la voix de Leridon

Enfer et abomination. Le titre qui barre la page du Monde du 7 mars ne fait pas dans la dentelle : « Les programmes de contrôle des naissances ne sont plus d’actualité ». C’est ainsi que s’exprime la voix ainsi officialisée du démographe Henri Leridon, premier titulaire de la chaire développement durable du Collège de France. Mais dans l’interview, nulle trace d’une quelconque préoccupation environnementale, pourtant au cœur de la problématique du développement durable. Comment gérer durablement une population qui a quasiment triplé en un demi-siècle, passant de 2,535 milliards en 1950 à 6,828 milliards en 2009 ? Comment la Biosphère va-t-elle pouvoir nourrir et faire consommer 9,191 milliards d’humains en 2050 ? La question demeure sans réponse ! Les démographes sont avant tout des spécialistes du dénombrement, pas des généralistes du développement durable. Mais ils restent, surtout en France idéologiquement anti-malthusiens. Henri Leridon ne fait pas exception :

– « La question du nombre optimum n’est pas d’une grande utilité pratique ».

Pourquoi donc s’interdire de réfléchir à ce qui serait la meilleure façon de concilier le nombre d’hommes et les possibilités de la Biosphère ? 

– « Le solde nécessaire pour un renouvellement des générations s’établit autour de 2,15 enfants par femme ».

Ah il y aurait donc un optimum, la stabilité de la population mondiale à 9 milliards après 2050 ! Combien de chômeurs et d’affamés ?

– « Les programmes de contrôle des naissances ne me semblent plus d’actualité ».

La Chine pourrait donc abandonner sa politique de l’enfant unique ? Les douze pays africains qui connaissent un taux de croissance de 3 % (doublement de la population en 23 ans) devraient-ils se croiser les bras ?

Richard Heinberg (Pétrole, la fête est finie !), est bien plus sérieux que Leridon : « Combien d’êtres humains l’agriculture post-industrielle sera-t-elle capable de nourrir ? Une estimation précautionneuse serait : autant qu’elle pouvait en faire vivre avant que l’agriculture s’intensifie, c’est-à-dire la population du début du XXe siècle, soit un peu moins de 2 milliards d’êtres humains. »

euthanasie, le droit ultime

Le Monde du 6 mars, sous la rubrique le livre du jour, résume Pitié pour les hommes. L’Euthanasie : le droit ultime de Denis Labayle, écrivain et médecin engagé. Toute l’argumentation repose sur l’affirmation de la liberté de choisir sa mort, un droit consubstantiel à l’individu contemporain. La journaliste Cécile Prieur ajoute : «  Cette liberté de disposer de soi est récusée par les opposants de l’euthanasie. Au nom d’une certaine idée de la solidarité, et du fait qu’on ne saurait anticiper son rendez-vous avec la mort, ce moment ontologique ». Cela n’engage que cette journaliste.

La solidarité n’est certainement pas l’acharnement thérapeutique, il réside dans l’acceptation de quitter une communauté quand nous pensons ne plus pouvoir y trouver notre place. De plus, je ne vois pas pourquoi le suicide assisté ne serait pas prendre rendez-vous avec la mort de façon anticipée.  Enfin, parler d’ontologie ou « étude de l’être en tant qu’être » ne fait certainement pas avancer le débat. Les opposants de l’euthanasie ne sont pas très clairs dans leurs raisonnements ! Qu’ils acceptent de confesser que c’est seulement au nom de croyances religieuses qu’ils nous empêchent de naître et mourir volontairement. Denis Labayle remarque à juste titre que les opposants à l’euthanasie sont « les mêmes défenseurs de la vie à tout prix » que ceux qui s’opposent à l’avortement. Que les croyants se réservent à eux-mêmes leurs propres choix sans vouloir l’imposer aux autres !

Pour les défenseurs d’une vie paisible en harmonie avec les possibilités de la Biosphère, il paraît évident que le surpoids de l’espèce humaine dans les écosystèmes doit être combattue de façon délibérée, que ce soit par l’euthanasie librement choisie ou par l’interruption volontaire de grossesse.

homoparentalité interdite

A propos de l’article du Monde du 5 mars, voici la participation de la Biosphère au débat sur l’homoparentalité :

Le 4 août 1982, l’homosexualité était dépénalisée, et le 17 mai 1990 l’OMS retirait l’homosexualité de la liste des maladies mentales. Il faut saluer ces décisions, la préférence sexuelle de chacun relève de la vie privée quand elle est librement consentie. Mais jusque dans les années 1990, les gays et les lesbiennes faisaient de leur sexualité, stérile par définition, un élément censurant leur désir d’enfant. Au fil des ans, cette autocensure s’est affaiblie. De plus en plus fréquemment, les homosexuels ne sont plus avant tout des militants de la liberté, ils ne tiennent pas de discours politique global, ils ont tout simplement envie, comme beaucoup d’hétérosexuels, de fonder une famille. L’homoparentalité ne concerne encore que 24 000 à 40 000 enfants en France selon l’INED, bien que l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens revendique le chiffre de 300 000 enfants  aujourd’hui, 1 million demain !

Mais lorsque le désir d’enfant est là, encore faut-il pouvoir répondre à la question du comment ! Il faut bien plus de deux personnes quand l’homoparentalité reste adepte de la coparentalité, ou alors on utilise l’insémination artificielle avec donneur pour les femmes, ou un mère porteuse pour les hommes (pratique interdite en France). Pour ces adeptes de l’homoparentalité, ce n’est pas la nature qui fonde la filiation, c’est un choix libre et indéterminé de l’individu !

Pourtant quand on forme un couple homosexuel, il y a déni de l’autre sexe, donc impossibilité morale et matérielle de faire des enfants. Devant les circonvolutions socio-juridiques des humains, la Biosphère demande qu’il y ait un peu plus de respect pour les mécanismes naturels, en particulier celui de la procréation. Homosexuels de tous les pays, acceptez votre stérilité choisie, agissez pour la nécessaire décroissance démographique…

surexploitation prouvée

Il est français mais inconnu en France. Daniel Pauly est le premier à alerter la communauté internationale sur la surexploitation des ressources halieutiques (LeMonde du 4 mars).. S’appuyant principalement sur les statistiques de la FAO, il prouve en 2001 que les stocks de poissons diminuent depuis la fin des années 1980 parce que la Chine avait minimisé ses prises. Il démontre dans un autre article que les humains pêchent des poissons de plus en plus bas dans la chaîne alimentaire des océans, nous finirons par manger du zooplancton ! Le dernier rapport de la FAO (2 mars 2009) confirme son point de vue. Mais la solution proposée par Pauly déçoit : « Mangez ce que vous voulez et utilisez votre bulletin de vote ». Car pour qui voter ?

            Les politiques ont toujours été les amis des pêcheurs, pas celui des poissons. Et voilà un des résultats : les marins du golfe de Gascogne sont devenus des orphelins de l’anchois, pêche fermée depuis 2005 alors qu’on pouvait autrefois 10 tonnes d’anchois en cinq minutes (LeMonde du 5 mars). De façon inexplicable pour l’Ifremer, le stock ne se reconstitue pas. Les autres exemples d’effondrement sont multiples, le cabillaud au Canada, l’anchois au Pérou, la sardine en Californie. Il faut dire que la pêche industrielle a remplacé la pêche artisanale avec le soutien des politiques. Dans l’UE, le challenge pour chaque ministre était d’arracher les plus gros quotas pour « ses » pêcheurs.  Pendant des décennies, les subventions européennes ont encouragé le développement des flottes, maintenant c’est la casse des navires qui est subventionnée. Personne n’avait compris jusqu’à présent que l’ami des poissons et l’ami des pêcheurs naviguent sur le même bateau. Alors, pour qui voter ?

Tu dessines un poisson sur ton bulletin de vote et tu écris « à mort la surexploitation de la Biosphère », pour une fois il y aura un vote qui signifiera quelque chose…

l’écologie, omniprésente

L’écologie se conjugue aujourd’hui dans toutes ses dimensions, scientifique forcément, politique bien sûr, mais aussi économique, pratique, culturelle… Le Musée du vivant parcourt cet éventail dans les enceintes d’AgroParisTech (LeMonde du 3 mars).

C’est le résultat d’une évolution idéologique en France qui a politiquement émergé en 1974. Appelé à valider la liste des candidats à l’élection présidentielle, le Conseil constitutionnel a tiqué sur le nom de René Dumont, premier candidat écologiste : « Si un candidat ne veut parler que d’écologie, ce n’est plus une candidature… Il faut s’assurer que le candidat veut bien être président de la République.. On se trouve en présence d’une opération de propagande organisée par un réseau d’associations de protection de la nature (Pierre Chatenet) » ; «  M.Dumont ne recherche que la possiblité de s’adresser à la France entière (Jean Sainteny) » ; « Le critère de détournement d’institution doit être retenu (René Brouillet) ». Mais le président, Roger Frey, constate que le Conseil est « obligé d’accepter » la candidature de René Dumont. (LeMonde du 8-9 mars)

Avec la révolution industrielle, il y a eu un désencastrement de l’économie par rapport au social pour mettre en place l’économie de marché. Maintenant nous entrons dans une nouvelle période où l’éconosphère (en simplifiant, c’est le circuit économique) va être obligée de renouer avec le facteur ressources naturelles (les possibilités et dorénavant les insuffisances de la planète pour couvrir notre activisme). Pourtant beaucoup n’ont pas encore compris, 65 ans après la délibération des membres du Conseil constitutionnel, que l’ensemble de l’activité humaine n’est qu’une composante de la biosphère. L’être humain n’est pas élevé hors-sol, l’écologie devrait être au centre de notre pensée dans tous les domaines, y compris bien sûr dans la sphère politique.