biosphere

négationnisme climatique

Il y a des négationnistes partout, même dans l’Eglise catholique. Mais les négationnistes les plus dangereux pour l’avenir de nos enfants, ce sont les négationnistes du climat. Ainsi une brève du Monde (11 février) parle de Sammy Wilson, ministre nord-irlandais de l’environnement, qui a interdit une publicité appelant à réduire la consommation d’énergie et donc l’émission de CO2. Mais LeMonde ne dénonce pas M. Wilson qui nie l’origine humaine du réchauffement climatique. Pourquoi ce négationnisme assumé et fier de l’être ?

Dans la rubrique Vu&commenté du Monde du 20 mai 2008, le faux écolo Claude Allègre ne croyait pas lui aussi à un réchauffement climatique d’origine anthropique. Il parlait même d’une escroquerie scientifique menée par des centaines de spécialistes du climat dans le cadre du GIEC. Pourquoi donc LeMonde a-t-il donné tant de fois la parole à cet égocentrique cultivant une notoriété malfaisante grâce à ses jugements personnels à l’emporte-pièce ? Pourquoi LeMonde a-t-il cultivé un sensationnalisme inutile ?

Dans le même numéro, ce négationnisme journalistique s’affichait de manière indirecte avec une pleine page du Monde &vous consacrée à la décapotable de BMW (149 à 224 g/km de Co2) et à une belle Ferrari rouge en photo, dont le texte se gardait bien de présenter le bilan carbone du moteur V8 à injection directe développant 460 chevaux et « passant de 0 à 100 km/h en moins de quatre secondes ». Pourquoi LeMonde verse-t-il dans ce négationnisme climatique non affirmé ? Parce qu’il vit de la publicité et que l’automobile, ça rapporte !

Il est donc évident que si un ministre, environnementaliste de surcroît, peut se permettre encore un négationnisme climatique, c’est qu’il se sent soutenu à la fois par des scientifiques dévoyés par l’appât du gain ou de l’esbroufe, et par des médias au service d’une société tout entière vouée au dieu Hydrocarbure. Quel politique aura le courage de prôner la taxe carbone généralisée ?

négationnisme climatique Lire la suite »

taxe carbone généralisée

L’étiquetage carbone devrait se généraliser dans les prochaines années.  Un pack de jus d’oranges entraîne l’émission de 1,7 kg de CO2, un litre d’essence brûlé en voiture 2,3 kg, mais une simple recherche Internet avec google déjà 0,02 gramme (LeMonde du 10 février). Tout se paye en termes d’effet de serre quand on analyse le cycle de vie d’un produit, depuis l’extraction de matières premières au recyclage, en passant par sa transformation  et sa distribution. Mais il ne suffit pas de constater.

Puisque tous les produits sont susceptibles d’un bilan carbone, pourquoi ne pas remplacer la TVA par une taxe carbone ? Le gouvernement s’est servi d’une combinaison de taxes et de campagnes pédagogiques pour  convaincre des millions de gens de cesser de fumer, et il doit consentir le même effort pour amener l’économie à cesser de fumer du gaz carbonique et d’engloutir de l’essence. Un système de taxes est préférable à un régime de crédits d’émission. Plus simple, plus transparent et plus facile à calculer, il s’applique à tous les secteurs de l’économie et il est facilement ajustable pour alléger la charge pesant sur les travailleurs aux plus bas revenus. Au-delà de la complexité des crédits d’émissions, ce qui me gêne, c’est que leur but est de masquer artificiellement la douleur et à faire comme si l’on n’imposait aucune taxation.

Le signal-prix de la taxe carbone vise au contraire à transformer notre perception de la place de notre pays et de l’espèce humaine dans le monde. Plusieurs pays européens, notamment le Danemark et la Norvège, pratiquent depuis longtemps les taxes sur le CO2. Le Danemark est le premier exportateur mondial de turbines éoliennes et connaît un taux de chômage de 2 % – en partie parce que son mode de taxation de l’énergie a contribué à stimuler une toute nouvelle industrie des technologies propres. Enfin, si la France devait appliquer une taxe carbone sans que la Chine, par exemple, ne l’imite, notre parlement ne tarderait pas à imposer un « droit de douane carbone » aux exportations chinoises fabriquées grâce à des combustibles fossiles.

taxe carbone généralisée Lire la suite »

moraliser le capitalisme ?

« Moraliser le capitalisme », titre Pierre-Antoine Delhommais dans LeMonde du 8-9 février, pour conclure : « Ce n’est pas gagné ». Les Français ne sont pas choqués que le footballeur Thierry Henry puisse obtenir en 2006 1183 années de SMIC avec un salaire de 14 millions d’euros : ils aiment le foot. Google ne s’y trompe pas, dans les pages France du moteur de recherche, « thierry henry » fait 454 000 entrées alors que le mot générique « biosphere » n’en fait que 213 000. Les Français ne sont pas choqués que Dany Boon ait empoché 15 millions d’euros avec ses Ch’tis, ils ont bien rigolé.

L’inégalité des revenus n’a aucun justification. Selon Adam Smith, « Dans une profession où vingt personnes échouent pour une qui réussit, celle-ci doit gagner tout ce qui aurait pu être gagné par les vingt qui échouent ». Or les vingt qui ont échoué n’ont rien gagné, le gain potentiel des perdants n’est pas un gain réel. Par contre la réduction des inégalités a un fondement objectif, très bien analysé par Hervé Kempf dans son livre, Comment les riches détruisent la planète : « Nous limiterions notre gaspillage, nous chercherions à changer notre mode de vie, tandis que les gros, là-haut, continueraient à se goberger dans leurs 4×4 climatisés et leurs villas avec piscine ? Non. La seule façon que vous et moi acceptions de consommer moins de matière et d’énergie, c’est que la consommation matérielle, donc le revenu, de l’oligarchie soit sévèrement réduite. En soi pour des raisons d’équité, et plus encore, en suivant la leçon de Veblen, pour changer les standards culturels de la consommation ostentatoire. Puisque la classe de loisir établit le modèle de consommation de la société, si son niveau est abaissé, le niveau général de consommation diminuera. Nous consommerons moins, la planète ira mieux, et nous serons moins frustrés par le manque de ce que nous n’avons pas. »

Comme le disait un jour le spécialiste du réchauffement climatique, Pierre Radanne : Les mesures à prendre peuvent se décliner en cinq phases : « Prendre conscience des menaces, mesurer nos émissions de GES, détailler les solutions techniques, organisationnelles et comportementales, les inscrire dans un calendrier effectif, et enfin préserver l’équité »  La Biosphère approuve, bien qu’au mot équité je préfère celui d’égalité : Thierry Henry n’aurait jamais du gagner plus que moi…

moraliser le capitalisme ? Lire la suite »

lettre à Obama

Monsieur Obama,

Avec tout le respect que je vous dois, il manque un mot dans votre discours d’investiture, celui de démocratie. Pour vous, les valeurs de l’Amérique sont le travail et le patriotisme, pas la démocratie. D’ailleurs la démocratie ne tient plus qu’à un fil quand vous faites une constante référence à la religion tout au cours de votre discours : « Selon les paroles des Ecritures », « La promesse divine selon laquelle nous sommes tous égaux », « C’est la foi du peuple américain dont la nation dépend », «  La source de notre confiance, le fait de savoir que Dieu nous appelle pour façonner un destin incertain », « Avec la grâce de Dieu ». Votre discours de ce président se termine même ainsi : « Que Dieu vous bénisse et bénisse les Etats-Unis d’Amérique ».

Non, Monsieur Obama, Dieu ne contemple pas spécialement les Américains et vous n’avez pas été élu grâce à dieu, mais par le vote démocratique d’un peuple. Vous avez trouvé la source de votre pouvoir dans les urnes, pas dans une Eglise. La religion est le contraire de la raison. La croyance est mauvaise conseillère, surtout quand on est à la tête d’un pays trop puissamment armé.

D’ailleurs le combat est ailleurs, voici  ce que vous en dites : «  La façon dont nous consommons l’énergie menace notre planète », «  Nous allons lutter contre ce fléau qu’est le réchauffement de la planète », « Nous ne pouvons pas consommer sans réfléchir les ressources du monde ». Mais vous posez, Monsieur Obama, deux conditions au changement qui ne peuvent que vous empêcher d’être le président que nous attendons:  « Faire redémarrer la croissance, construire routes et ponts… » et « Nous n’allons pas nous excuser pour notre mode de vie, nous le défendrons sans relâche ».

Vous devriez savoir que c’est la défense du niveau de vie américain qui a empêché votre prédécesseur de ratifier le protocole de Kyoto, vous devriez savoir que c’est le niveau de vie américain qui est devenu le modèle à imiter au-delà de ce que notre planète peut supporter, vous devriez savoir que c’est le mythe de la croissance quantitative qui nous empêche de trouver d’autres voies d’épanouissement. Monsieur Obama, commencez à ne plus subventionner vos agriculteurs, commencez à rationner une industrie automobile surdimensionnée au lieu de la relancer, commencez à ne plus pomper le pétrole du monde entier, et vous serez sur la voie de la rédemption. Monsieur Obama, j’espère que le pic pétrolier qui va survenir incessamment sous peu vous montrera que ce n’est pas la colère divine qu’il faut craindre, mais l’épuisement des ressources de la planète. Vous vous engagez à coopérer avec les peuples des nations pauvres pour leur apporter de l’eau potable et nourrir les corps. Mais la souveraineté alimentaire, c’est comme l’eau, c’est comme la démocratie, ça ne s’exporte pas, ça se construit de l’intérieur d’un peuple, de l’intérieur d’un territoire, de l’intérieur d’une volonté collective qui n’a rien à demander aux américains.

En espérant que vous donnerez la suite qu’il convient à cette lettre, mes salutations écologiques.

biosphere (source : l’intégralité du discours prononcé le 20 janvier par Barack Hussein Obama, LeMonde du 22.01.2009)

lettre à Obama Lire la suite »

spirale nucléaire

D’abord on prolonge la durée de vie des centrales nucléaires, de 25 ans on passe à quarante ans. On promet bien sûr que le démantèlement sera compensé par de nouvelles sources d’énergie. Ensuite on lève le moratoire sur la construction de nouvelles centrales nucléaires. On promet bien sûr d’en construire uniquement pour remplacer les anciennes centrales. Après, on se rend compte que l’objectif climatique impose d’avoir moins d’émissions de CO2, donc de construire davantage de centrales. Aujourd’hui en Suède, 46 % de l’électricité provient du nucléaire, bientôt ce sera sans doute près de 80 % comme en France. Ce schéma d’évolution est présenté par LeMonde du 7 février. Nulle trace dans cet article d’une quelconque volonté d’économie d’énergie ; uniquement une politique de l’offre, comme si augmenter la consommation d’électricité était un besoin fondamental de l’homo sapiens.           

Pourtant 46 % de l’électricité suédoise provient déjà de la production hydroélectrique, une énergie renouvelable mais difficilement extensible. Il suffirait d’y adjoindre un peu d’éolien et, si les besoins des Suédois en électricité diminuaient de moitié, la Suède n’aurait besoin d’aucune centrale nucléaire, passée ou à venir. Pourquoi adopter l’écran plat qui consomme plus d’électricité ? Pourquoi utiliser un zapper alors qu’il suffit de se lever pour éteindre sa télé ? Pourquoi avoir un téléviseur dans chaque pièce ou presque alors qu’un seul poste dans une famille est amplement adapté ? Pourquoi des foyers tous équipés en télé alors que l’usage collectif était autrefois privilégié ? Pourquoi l’écran couleur alors que le noir et blanc était si efficace ? Pourquoi d’ailleurs un poste de télé alors que la radio se suffisait elle-même à une époque ?  Pourquoi être victime de ce glissement vers le tout-électrique, vers le tout-nucléaire ? Pourquoi ne pas acquérir le sens des limites…

spirale nucléaire Lire la suite »

Darwin et le ver de terre

Le naturaliste Charles Darwin aurait eu 200 ans le 12 février prochain et le Monde des livres (6 février), centré sur L’origine des espèces, s’attarde sur l’évolutionnisme, le mécanisme de sélection et le jeu du hasard. Grâce à Darwin et aux progrès de la génétique, il nous faut donc admettre que toutes les formes de vie descendent d’un même organisme : les gènes qui mettent en place le plan de fabrication d’un être humain sont les mêmes que ceux fonctionnant chez un ver de terre ou une céréale.

N’oublions pas un autre aspect de Darwin, son amour de la nature. Il a d’ailleurs consacré au ver de terre un de ses premiers articles et son dernier livre. Cette vie modeste,  faite d’ingestion, de reptation et de  déjection, transforme pourtant les paysages et rend fertile la planète. On doit en effet aux vers de terre l’humus, la terre cultivable, la possiblité des récoltes. Au Tibet, trouver un ver de terre sur le fer d’une bêche arrête le travail du jardiner qui prend soin de remettre la créature en lieu sûr dans le sol. Mais Richard Layard, dans Le prix du bonheur, pense encore comme tant d’autres que l’expression « ver de terre » dégraderait notre humeur alors que « musique » est un mot positif ! Cet anthropocentrisme forcené est caractéristique de notre éloignement actuel de la source de toute vie, la biosphère et ses vers de terre : humus plutôt qu’humeur.

Nous avons oublié l’essentiel du message de Darwin : « Le plaisir que l’on ressent lorsqu’on est assis sur un tronc en décomposition au milieu de la tranquille obscurité de la forêt est indicible et ne peut pas s’oublier. »

Darwin et le ver de terre Lire la suite »

raccourcissons les études !

Selon LeMonde du 5 février, les universités africaines sont des usines à chômeurs. Que nous sommes loin des paroles de  l’économiste en chef de la Banque mondiale F.Bourguignon : «  Une politique efficace en direction de la jeunesse repose sur trois types de mesures, plus de possibilité de réussite, plus de compétences et l’offre d’une deuxième chance ».Les filières universitaires sont bondées, les conflits sociaux à répétition et l’espoir en un emploi de fonctionnaire une cruelle illusion. Pourtant on prévoit que de 2005 à 2015, le nombre des étudiants dans les pays d’Afrique francophone passeront de 400 000 à 2 millions ! Pourtant 25 % des diplômés de l’enseignement supérieur sont déjà sans emploi et 30 % des diplômés ayant un emploi sont surqualifiés.

            Pour la Biosphère, la seule solution réaliste passe par le maintien de la jeunesse dans le milieu rural, une valorisation du statut de la femme, une éducation de base qui permette de saisir les enjeux de la régulation démographique et de l’avenir de la planète. A quoi ressemblerait une éducation biocentrique, centrée sur la vie, holistique ? Premièrement le projecteur se braquerait sur  les niveaux de consommation de la classe globale (tous ceux qui possèdent un véhicule personnel) parfaitement inéquitables et absolument non viables. Deuxièmement, la prise de conscience que la société humaine fait partie de l’environnement, que l’on doit respecter la nature au lieu de la piller, qu’il existe en toute chose une forme de conscience, que tous les êtres vivants possédant aussi une valeur intrinsèque. Une école soucieuse de la Terre défendrait aussi la convergence des disciplines, organiserait des expériences festives réaffirmant l’intégration de la société humaine dans la nature. De tels enseignements comprendraient un art contemplatif, la danse, des exercices de respiration profonde, la méditation… Il n’y a pas besoin de poursuivre de longues études pour arriver à la sagesse.

Bien entendu le fait de raccourcir le nombre d’années d’études pour plus d’efficacité ne doit pas être réservé aux pays émergents…

raccourcissons les études ! Lire la suite »

ségrégations spatiales

L’ancien footballeur Lilian Thuram, avec sa fondation Education contre le racisme, voudrait que tout le monde sache qu’il n’y a qu’une seule race – l’Homo sapiens – et que tous nos ancêtres sont communs et viennent d’Afrique » (Le Monde du 4 février). Il est sûr que cela résoudrait grandement le problème du racisme. Mais le racisme actuel est beaucoup plus subtil.

La biologie et la génétique ont supprimé toute base objective aux stéréotypes liés à l’apparence. Les premières études sur les groupes sanguins menées à partir de 1914 montraient que leur répartition en Europe n’obéissait à aucune logique raciale. Depuis, les analyses effectuées un peu partout dans le monde démontrent que les caractères génétiques ainsi que les groupes sanguins, les groupes d’histocompatibilité comme les facteurs enzymatiques sont présents dans la totalité des populations. Blanc ou Noir, une proportion différente de mélanine, pas plus. La dispersion géographique de notre ancêtre commun africain n’a commencé qu’il y a 150 000 ou 200 000 ans, pas assez pour se diversifier biologiquement de manière significative.

Mais dans le discours des racistes modernes, ce ne sont plus les races qui sont déclarées incompatibles ou inégales, ce sont les coutumes, les croyances et dorénavant le marché de l’emploi. Le racisme n’est plus lié aux gènes, mais à l’ethnie ou à la nationalité. Dans le même numéro du Monde, les grèves sauvages se répandent en Grande-Bretagne contre l’emploi de main d’œuvre étrangère en ces temps de récession. « UK jobs for British Workers » est même devenu le slogan porté par le Premier ministre Gordon Brown. Alors on met en place la ségrégation même contre d’autres travailleurs européens, des Italiens, des Portugais ou des Polonais.

Contre l’enfermement planétaire sur une Terre  devenue trop petite, la résurgence xénophobe se généralise ; le racisme avance masqué. Il semble certain que les migrations massives sont derrière nous, tous les écosystèmes sont occupés et pillés. Chaque peuple devra gérer son propre territoire dans des frontières difficilement définissables : malgré notre unité d’homo sapiens, les lendemains s’annoncent sombres.

ségrégations spatiales Lire la suite »

Vendée Globe out

Des mats brisés, des coques fendues  et des quilles amputées… Dans le Vendée Globe, 18 concurrents sur 30 au départ ont du abandonner. Si les navires de commerce avaient une telle déperdition, le transport par mer serait vite abandonné. Le bateau de Michel Desjoyeaux, arrivé sain et sauf à bon port, a bouclé un tour du monde en 84 jours. La belle affaire ! Il n’avait ni passagers, ni fret à bord.

Tout ça pourquoi ? Pour un peu de publicité de riches sponsors, Brit-Air, BT, Paprec-Virbac, PRB, Roxy, Veolia … qui aiment gaspiller leur argent. Quant à Desjoyeaux, il fait ça, dit-il « parce que je suis loin de la retraite, parce que ça m’amuse, parce que c’est ma passion, et parce que je ne sais pas faire grand chose d’autre » (LeMonde du 3 février). Avec de telles motivations, Desjoyeaux serait tout de suite viré de n’importe quel entretien d’embauche.           

Le prochain Vendée  Globe, programmé pour 2012, ne mérite pas d’exister.

Vendée Globe out Lire la suite »

du berceau au berceau

La convention régulant la fin de vie des navires émergera, au mieux, en 2015 (LeMonde du 1-2 février). Pour longtemps encore des navires de commerce contenant des produits toxiques seront désossés sur les plages du Bangladesh ou du Pakistan sans égards pour la santé des humains et l’intégrité de la planète. Des associations réclament la suppression du « beaching », c’est-à-dire du démantèlement sur les plages. Mais la gouvernance internationale aurait dû depuis longtemps imposer la procédure « Cradle to Cradle », du berceau au berceau.

            Il faut  revoir complètement notre manière de fabriquer les choses ; Tous nos téléviseurs et portables, tous nos objets de consommation devraient être composés de matériaux soit complètement réutilisables dans d’autres produits, soit biodégradables. Nous ne bouclons pas actuellement le cycle de vie du produit, depuis l’utilisation de ressources naturelles jusqu’au recyclage des déchets. Au lieu d’envoyer les objets à la décharge ou à l’incinérateur, il faut absolument les insérer dans des cycles clos, de manière à pouvoir les réutiliser sans fin. Aujourd’hui, aux Etats-Unis, on jette chaque année 2,25 millions de tonnes de moquettes. Il faudrait qu’elles puissent redevenir moquette… (Cf. La Terre perd la boule de Thomas Friedman p.89-90)

Pour la bonne santé de la Biosphère, tu peux même te poser la question de la réelle utilité d’une moquette, ce nid d’acariens. Le meilleur recyclage, c’est celui de l’objet que nous ne consommons pas. Ce n’est pas du tout le point de vue de Th.Friedman qui ne connaît pas la perversité de l’effet rebond : « Vous pourriez changer de moquette aussi souvent que vous le souhaitez, sans le moindre sentiment de culpabilité. »

du berceau au berceau Lire la suite »

relance à la con

Dans le plan de relance américain, les républicains s’esclaffent sur les fonds qui devraient permettre à Medicaid (l’assurance maladie des bas revenus) de rembourser les contraceptifs : « En quoi les préservatifs stimulent l’économie ? » Obama, en bon politique politicien, a immédiatement demandé aux démocrates de renoncer à cette disposition. Ce plan inclut aussi des mesures sociales, comme le refinancement public des associations du planning familial aboli sous W.Bush (LeMonde du 29 janvier 2009). Espérons que cette fois Obama va résister à la pression des conservateurs républicains qu’on peut à juste titre traiter de natalistes.

Ce n’est pas d’un plan de relance dont à besoin les Etats-Unis et les autres pays développés, mais d’un plan de refroidissement : le niveau de vie occidentalisé nous fait vivre au dessus des limites de notre planète, ce n’est pas durable. Obama entend refaçonner l’économie américaine, bâtir une croissance moins fondée sur l’endettement. Mais il ne peut pas tout faire, accroître la dette pour une relance préservant l’emploi et la consommation, et en même temps sortir les Américains de la mystique de l’endettement généralisé. C’est contradictoire. Il y a fort à parier qu’Obama va être victime des lobbies et des intérêts particuliers, comme son prédécesseur. Pourtant il y a quelques points positifs, Obama souhaite doubler en trois ans la production d’énergies renouvelables, faire baisser la consommation en carburant, soutenir par des crédits d’impôt les constructions respectant les normes environnementales. Cela va dans le bons sens, promouvoir une société qui s’engage dans un autre mode de vie.

La politique aujourd’hui consiste dans l’impérative nécessité de prendre conscience de la crise environnementale globale, elle ne saurait se borner à la recherche de compromis entre groupes humains ayant des intérêts contradictoires. Une véritable politique du long terme imposerait au pays un véritable état de guerre : lutter contre la croissance démographique nationale et internationale, sortir de la civilisation de la voiture individuelle, taxer le carbone de plus en plus fortement, viser à l’autonomie alimentaire de chaque région du monde, supprimer les centrales thermiques à charbon et sortir du nucléaire, etc. etc. 

relance à la con Lire la suite »

flinguons l’EPR

L’Elysée a annoncé le 29 janvier au soir la construction en France d’un nouveau réacteur EPR, à Penly (Seine-Maritime).

Commentaire du réseau sortir du nucléaire : « En quelques années, les énergies renouvelables ont créé 250 000 emplois en Allemagne, chiffre en augmentation continuelle. A titre de comparaison, après 50 ans d’investissements massifs, le nucléaire emploie moins de 100 000 personnes en France. Le nucléaire est une industrie du siècle passé, dangereuse et archaïque, chère et polluante. L’avenir est aux économies d’énergie… »

Commentaire du pôle écologique du PS : « Le premier EPR, qui devait servir de prototype, n’est pas achevé ; le système électrique de notre pays exporte déjà massivement de l’électricité. Il n’a nul besoin d’une centrale nucléaire en plus ; le groupe nucléaire Areva demande à l’Etat 3 milliards d’euros pour financer son activité… »

Commentaire de biosphere : «  Pour un chiffre d’affaires de 13,2 milliards d’euros, Areva besoin de 2,7 milliards pour boucler son budget 2009 et le groupe finlandais  TVO se dit prêt à réclamer 2,4 milliards de pénalités pour les retards dans la construction de l’EPR (LeMonde du 31 janvier 2009) ; moi, si j’étais Sarkozy, je ne mettrais pas un sou dans une filière nucléaire qui coûte cher, qui ne procure pas d’emplois durables et qui exacerbe le goût des Français de consommer toujours plus d’électricité pour s’acheter des écrans plats ; n’oublions pas que toute activité humaine est aussi une destruction de ressources naturelles… »

flinguons l’EPR Lire la suite »

vanitas vanitatum, et omnia vanitas

Le Monde fait relâche pour cause de grève générale, profitons-en pour démolir le sport de haut niveau. Cette pratique est un enfer. C’et un enfer physique, il faut se focaliser sur l’entraînement, des heures et des heures d’entraînement, des entraînement dans la douleur et dans la souffrance pour repousser toujours plus loin ses propres limites. Il faut se faire mal ! C’est aussi un enfer psychologique. On en peut pas comme Laure Manaudou nager quinze kilomètres par jour et être équilibrée ! Le sport de haut niveau est un déséquilibre. Ces athlètes ne sont pas demandeurs de réflexion. Lorsqu’on les questionne, ils répondent souvent : « Je ne veux pas me prendre la tête. » Le sportif performant révèle même son absence de réflexion sur les causes de sa motivation. S’il s’allongeait sur le divan d’un psychanalyste, il arrêterait sans doute le sport du jour au lendemain. Il est vrai qu’ils subissent trop fréquemment un véritable enfer de proximité. L’entourage est primordial, c’est lui qui porte la motivation première. Combien de pères abusifs ont poussé jusqu’à la dépression leur progéniture ! Combien de mères ont fait de leur propre désir de gloire un transfert sur leur enfant! Combien d’entraîneurs ont joui dans une relation de maître à esclave envers leur poulain ou leur pouliche ! Alors, pourquoi cet enfer, pourquoi ce masochisme ?

Cet enfer existe parce qu’il est pavé de vanité. Le goût de la performance, c’est souvent pour être le premier, pour cet afflux d’adrénaline qui rend artificiellement heureux sous les applaudissements. Et puis il y a l’amour de soi dans l’œil du public ; le sportif de haut niveau sait qu’il rentre dans le sport spectacle, qu’il devient l’objet de tous les regards, et cela ne peut que flatter son amour-propre. Je crois même que la motivation financière n’est pas la motivation principale du sportif, la reconnaissance sociale est souvent suffisante. Mais c’est alors le sportif en chambre qui est coupable de vouer à l’enfer les sportifs de haut niveau. C’est lui, c’est son regard qui pousse certains individus à se surpasser jusqu’à aller au-delà de leurs limites.

Supprimons les spectateurs, et il n’y aura plus de sportifs de haut niveau, il n’y aura plus ces gloires déchues et ces corps brisés.

vanitas vanitatum, et omnia vanitas Lire la suite »

population minimum viable

Malgré le conflit au Congo-Kinshasa, la population de gorilles de montagne a augmenté vertigineusement, passant de 72 individus à 81 individus. Sans doute qu’on avait mal compté la fois précédente ! Par contre la population des manchots empereurs, menacée par la fonte de la banquise, pourrait chuter  de 6000 couples reproducteurs au début des années 1960 à seulement 400 à l’horizon 2100 (LeMonde du 29.01.2009) Une baisse similaire, divisée par quinze, ferait passer la population humaine de 3,04 milliards en 1960 à 202,7 millions en 2100. Ce serait un vrai soulagement pour la biodiversité de la planète. Malheureusement le pullulement humain va encore s’accroître selon les projections actuelles, entre 10 et 12 milliards de personnes en 2100. 

Quel est le minimum incompressible de population pour une espèce déterminées ? Le rhinocéros noir d’Afrique comptait un million d’individus au début du XXe siècle, 10 000 en 1950 et 2600 seulement en 2001. A ce rythme, la population humaine passerait en un siècle de 6 milliards de personnes à moins de 16 millions. Une telle évolution serait-t-elle catastrophique ? La baleine franche du Pacifique compte moins de 300 individus de par la faute des chasseurs humains, l’antilope Sao la du Vietnam subsiste grâce à son isolement avec 200 à 2000 individus. Une espèce doit-elle avoir un minimum de représentants pour survivre ? Les chercheurs ont défini le concept de « population minimum viable » et estimé à 50 femelles l’assurance de ne pas voir l’espèce s’éteindre  à moyen terme, à 500 femelles la garantie que l’espèce soit protégée à long terme : la baleine franche serait donc condamnée alors que les humains ont une marge de manœuvre immense. Le problème essentiel n’est donc pas de savoir si la Terre peut nourrir 6 ou 60 milliards d’humains, le problème est que cette espèce se répand au détriment de presque toutes les autres espèces.

population minimum viable Lire la suite »

Boycottez Walkyrie !

Hitler a eu beaucoup de chance, il échappa à plusieurs tentatives d’assassinat :

– 9 novembre 1939 : Le menuisier Johann Georg Elser, qui voulait à tout prix éviter la guerre et mettre fin à la dictature, plaça une bombe  à Munich où Hitler commémorait chaque année sa tentative de putsch de 1923. Mais Hitler partit plus tôt et échappa à la détonation, qui tua huit personnes

– 13 mars 1943 : Hitler était à Smolensk. Quand Hitler partit prendre son avion, Fabian von Schlabrendorff alla lui aussi à l’aérodrome avec le paquet d’explosifs qu’il donna à Brandt. La bombe était réglée de manière à ce qu’elle explose au bout de 30 minutes, mais Hitler atterrit sans problème deux heures plus tard.

 – 20 juillet 1944 : au quartier général de Rastenburg, le comte Claus von Stauffenberg dépose lui-même une valise piégée sous la table de réunion et quitte la salle. Cinq des vingt-quatre personnes présentes dans le baraquement furent tuées, les autres blessées. Hitler n’eut que quelques égratignures.

            Aujourd’hui on sort un film sur cette dernière tentative, Walkyrie (LeMonde du 28 janvier). Mais ce n’est qu’un film américain qui obéit aux règles du cinéma de divertissement et ne traite pas les enjeux politiques et historiques. Ce n’est donc qu’un vulgaire film d’action alors que cet évènement pose un problème fondamental : pourquoi des populations entières se sont-elles laissés manœuvrées par des dictateurs sanglants comme Hitler ou Staline ? C’est le texte d’Etienne de La Boétie sur la servitude volontaire qui pose les bases de notre esclavage en 1576. Juste un avant-goût de cette brillante analyse : « Qui voudra bien passer en revue les faits du temps passé, il s’en trouvera peu de ceux qui, voyant leur pays malmené et en mauvaises mains, aient entrepris, d’une intention bonne et entière, de le délivrer. Harmodios, Aristogiton, Thrasybule, Brutus le Vieux, Valérius et Dion, comme ils l’ont vertueusement pensé, l’exécutèrent heureusement ». (Ndlr : tous ces personnages ont  chassé ou tué le tyran qui oppressait la cité).

La Boétie explique aussi clairement pourquoi il y a aussi peu de révolte contre les dictateurs, par exemple en condamnant ce qu’on appelle aujourd’hui la société du spectacle : « A la vérité, c’est le naturel du menu peuple d’être soupçonneux à l’endroit de celui qui l’aime, et naïf envers celui qui le trompe. Les théâtres, les jeux, les farces, les spectacles, les médailles et autres choses de peu, c’étaient les appâts de la servitude, les outils de la tyrannie ». C’est là une bonne réponse à la question du journaliste du Monde, « Pourquoi si tard ? » qui ajoute à juste titre : « Ce n’est pas en allant voir le film Walkyrie que l’on trouvera la réponse ».

Lisez l’essai de la Boétie pour comprendre et boycottez le film de Bryan Singer pour agir.

Boycottez Walkyrie ! Lire la suite »

respect de la vie humaine

Quelques milliers de personnes ont défilé à Paris le 25 janvier pour demander l’alignement des législations européennes sur le « respect de la vie humaine ». En clair, ils veulent interdire l’avortement et l’euthanasie. A l’heure où leur pape décide la réintégration des évêques intégristes, on voit bien la correspondance qui existe entre rétrogrades. Approfondissons cette idée de « respect de la vie humaine » avec plus de clairvoyance.

Oui, il faut être contre l’armée qui utilise des armes pour détruire la vie humaine. Oui, il faut être contre la bombe atomique, la plus destructrice en vie humaine. Oui il faut être contre les inégalités qui détruisent des vies humaines par l’appauvrissement. Mais il faut aussi être pour la régulation des naissances car une population trop nombreuse entraîne guerres et famines. Il faut être aussi pour le droit de mourir dans la dignité car à quoi sert une vie inutile à soi-même.

Dans le catéchisme pour adultes des évêques de France, on ne trouve que des présupposés, «  Puisque l’homme est créé à l’image de Dieu, la vie revêt un caractère sacré. » ou des contradictions « La vie terrestre n’est pas un absolu, comme en témoignent les martyrs. » Quant aux Evangiles,  ils ne disent rien sur l’avortement et l’euthanasie. Les intégristes qui ont défilé dans les rues de Paris ne connaissent rien à la vraie foi, celle qui respecte la vie des humains et des non-humains, celle qui sait que pour permettre une vie durable, il faut parfois tuer à bon escient, celle qui sait que pour avoir une vie digne, il faut parfois choisir d’abréger sa propre vie. 

respect de la vie humaine Lire la suite »

pics pétroliers

Mon quotidien préféré, à nul autre pareil, pratique à nouveau la rénovation. Ayant opté en novembre 2005 pour un journal de l’essentiel, il préfère depuis cette époque « la hiérarchie de l’information à la confusion de l’exhaustivité ». A partir du lundi 26 janvier, vous allez même voir ce que vous allez voir, ils vont « revaloriser l’économie » ! Malheur à nous, c’est la valorisation de l’économie qui nous a coulés, et Le Monde revalorisait encore plus l’économie ? Parlons plutôt des pics pétroliers, car ce sont les contraintes géophysiques qui vont renverser l’économisme régnant.

LeMonde du 25-26 janvier nous parle bien du pic pétrolier, mais celui de la demande, qui va baisser pour la première fois depuis un quart de siècle. Pour le pic de production, « ce futur plus ou moins proches où l’épuisement d’une partie des gisements pétrolifères rentables se traduira par un déclin de la production », pas besoin de s’inquiéter : « Le pétrole irriguera encore l’économie pendant des décennies, comme il l’a fait sans discontinuer depuis cent ans ». Le chroniqueur du Monde, Jean-Michel Bezat, est vraiment nul. Ce n’est pas avec de tels journalistes que nous sortirons de notre dépendance envers le pétrole, l’économie reste pour lui dominatrice, et la planète ressemble à cette bonne mère qui nourrit des serpents en son sein.

Qu’est-ce que l’économie des hommes ? Rien d’autre que la transformation des ressources naturelles, qui sont apparues sous nos pieds sans que nous ne fassions rien pour cela. La clé de cette transformation est l’énergie, qui  est, par définition, l’unité physique de transformation du monde. Dès lors, la baisse tendancielle du prix réel de l’énergie depuis deux siècles a permis de transformer le monde à moindre frais. Inversement toute hausse suffisante de son prix freinera le système, et se traduira par la récession et une inflation généralisée. Il existe un signal fort pour les spécialistes de l’économie actuelle, trop dépendante des ressources physiques : la multiplication, depuis deux ans, de déclaration de la part des dirigeants du monde pétrolier sur le prochain pic pétrolier, et donc chacun aurait mérité de faire la une d’un grand journal. Le fait est que, en 2007, la production mondiale de pétrole conventionnel a diminué de 0,15 % par rapport à celle de 2006 après avoir augmenté de seulement 0,5 % l’année d’avant (in C’est maintenant ! Trois ans pour sauver le monde au Seuil, 2009.

pics pétroliers Lire la suite »

manger cru ?

Le nuage brun, ce halo de fumée cancérigène qui couvre une partie de l’Inde et de l’océan Indien en hiver, est aux deux tiers constitué de particules issues de la combustion de bois et de bouse de vache. Le Monde  du 24 janvier qui reproduit cette brève conclut : « La lutte contre la pollution ne doit pas concerner seulement l’industrie et le transport, mais aussi la pauvreté, à l’origine de l’utilisation de ces combustibles ».

Mais alors, si nous ne pouvons plus brûler le pétrole (40 ans de réserve), le gaz (50 ans de réserves), l’uranium (60 ans de réserve) et le charbon (bonjour l’effet de serre !), c’est à dire toutes les ressources non renouvelables, ET si nous ne pouvons pas non plus brûler la biomasse (le bois, les bouses de vache, etc.), c’est-à-dire toutes les ressources renouvelables, que reste-t-il pour faire la cuisson à l’usage des générations futures : manger cru ou manger froid ?

manger cru ? Lire la suite »

la mort d’Arne Naess

Dans le dernier livre de JM Jancovici, C’est maintenant ! Trois ans pour sauver le monde (Seuil, 2009), on trouve bien des choses excellentes, mais aussi une erreur beaucoup trop répandue en France, le dénigrement de la deep ecology : «  Le monde associatif a aussi ses extrémistes, typiquement les tenants de la « deep ecology » (ndlr : écologie profonde). Pour eux, c’est la nature qu’il faut sauver des hommes, qui ne sont que de sales pollueurs, et qui peuvent être sacrifiés si nécessaire. Dans l’esprit de ces mouvements, les seuls qui ont le droit à un avenir meilleur sont ceux qui n’ont jamais péché. » Jancovici, avec des mots de condamnation sans preuves, s’appuie uniquement sur le roman de Michael Crichton, ce négationniste qui a brocardé le réchauffement climatique ! Soyons sérieux, surtout à l’heure ou le père de l’écologie profonde vient de mourir. Dans sa nécrologie du 23 janvier, Le Monde écrit :

« Philosophe, militant écologiste et inventeur de l’écologie profonde, Arne Naess (1912-2009) aura marqué les Norvégiens dans tous les domaines. Il devient en 1939 le plus jeune professeur en philosophie dès 24 ans, « le travail le plus idiot que j’aie fait », avait-il déclaré voici quelques années. Il développe au début  des années 1970 sa notion d’écologie profonde, qui place l’homme non pas au sommet de la biosphère, mais à l’égal des autres espèces qui peuplent la planète. A ce titre, il prône une décroissance de l’impact des activités humaines et une diminution de l’activité humaine. Sur le fond, il cherche à définir un système éthique dans lequel la valeur des choses est définie indépendamment de leur utilité. Sur cette base, il estime que les grandes philosophies ne pensent pas la nature de manière cohérente et prône une nouvelle relation entre l’homme et la nature. » Il s’agit donc d’une réflexion philosophique profonde qui oppose anthropocentrisme et biocentrisme. Puisque l’homme est la mesure de toutes choses, doit-il se donner la place de dominant, ou au contraire une place plus humble, au service de la planète et de tous ses habitants ?

Dans son livre Ecologie, communauté et style de vie, Naess expose les fondements d’une nouvelle ontologie (étude de l’être en soi) qui rend l’humanité inséparable de la nature. Si nous saisissons cette ontologie, alors nous ne pourrons plus endommager gravement la nature, sans nuire en même temps à une partie de nous-mêmes. Arne Naess constate : « Une culture globale de nature essentiellement techno-industrielle s’étend actuellement partout dans le monde et détériore les conditions de vie des générations futures. L’ampleur de la crise est due en partie à ce qu’elle est largement incontrôlée : les évolutions se produisent à un rythme accéléré sans qu’aucun groupe ou aucune classe ait forcément  prévu ou accepté la phase suivante. Il est important de réaliser que le pourcentage de croissance est exponentiel, et que 1 % ou 2 % de croissance annuelle induisent des transformations sociales et techniques de plus en plus importants qui s’ajoutent à celles, énormes, déjà accumulées. Aujourd’hui la formule « PNB = pollution nationale brute » tient toujours et la politique écologique continue chaque année de souffrir des actions menées pour faire croître le PNB. La crise des conditions de vie sur Terre peut nous aider à choisir une nouvelle voie avec de nouveaux critères de progrès, d’efficacité et d’action rationnelle. Nous, qui somme responsables et participons à  cette culture, nous avons la capacité intellectuelle de réduire notre nombre consciemment et de vivre dans un équilibre durable et dynamique avec les autres formes de vie. »

Je ne vois rien là de critiquable et Jancovici mérite qu’on lui tire l’oreille : il ne faut pas dire du mal des personnes qu’on ne connaît pas…

la mort d’Arne Naess Lire la suite »

malus bancaire

Sarko propose 26 milliards d’euros pour relancer la croissance, le PS propose aussitôt de dépenser 50 milliards dans l’économie (LeMonde du 22 janvier). On est toujours généreux avec l’argent des contribuables. Sarko propose de soutenir l’automobile, le PS propose de soutenir l’automobile. Nous allons droit vers le pic pétrolier, mais droite et gauche n’en ont vraiment rien à cirer. Pourtant l’expert en énergie JM Jancovici n’y va pas avec le dos de la cuiller dans son dernier livre : C’est maintenant !  Nous n’avons plus que trois ans pour sauver le monde !! Pourtant c’est lui le réaliste, et il constate que tout le monde s’en fout, de la planète et de ses ressources. Il faut faire comme avant, approfondir les déficits budgétaires, soutenir l’investissement pour les uns, soutenir la consommation pour les autres, ce qui est la même chose : on investit quand la demande va s’accroître, on accroît la demande, ce qui va agir sur l’investissement… ou sur les importations ! Le PS veut distribuer 500 euros aux ménages modestes…pour acheter un écran plat et continuer à se faire vider les cerveaux par TF1 ! Tout cela n’est qu’enfantillage, la solution n’est pas de relancer l’économie mais de transformer radicalement la répartition des revenus.

Pourtant ce n’est pas le parti socialiste qui est en avant-garde pour supprimer les bonus des dirigeants des banques, c’est encore une fois Sarko. C’est à n’y  rien comprendre, où sont les socialistes ? Hervé Kempf prône le revenu maximal admissible. Moi je prône l’égalité de la valeur humaine : la femme de ménage de la Société générale ne démérite pas par rapport à son PDG, que le salaire horaire soit le même. Admettons seulement qu’une fois rentrée chez elle la technicienne de surface ne pense plus, mais alors plus du tout à son boulot. Admettons que les 2 milliards de bénéfices de la Société générale pour 2008 empêchent son PDG de dormir. Bon, un petit bonus pour la tête pensante, un salaire double de la femme de ménage, pas plus. C’est le bonus pour le travail de nuit.

Alors les bonus, parachutes dorés et autres escroqueries légales, moi, si j’étais socialiste, cela fait longtemps que j’aurais supprimé tout ça. Quant à la relance, commençons tous à vivre ensemble avec les ressources de la planète telle que nous les avons vidées, et serrons-nous plutôt la ceinture…

malus bancaire Lire la suite »