biosphere

le manifeste de l’EP

En 1984, lors d’une randonnée dans la Vallée de la Mort en Californie, le philosophe Arne Naess a proposé avec George Sessions  un manifeste de l’écologie profonde en huit points clés. Voici ce texte qui met clairement en évidence la nécessité d’adopter une éthique de la Terre, que ce soit vis-à-vis des abeilles en déclin ou tout le reste du monde vivant, humains compris bien sûr :

1) le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non-humaine sur Terre ont une valeur intrinsèque (en eux-mêmes). Ces valeurs sont indépendantes de l’utilité que peut représenter le monde non-humain pour nos intérêts humains.

2) la richesse et la diversité des formes de vie contribuent à l’accomplissement de ces valeurs et sont également des valeurs en elles-mêmes.

3) sauf pour la satisfaction de leurs besoins vitaux, les hommes n’ont pas le droit de réduire cette richesse et cette diversité.

4) l’interférence actuelle des hommes avec le monde non-humain est excessive et la situation s’aggrave rapidement.

5) l’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution.

6) les politiques doivent changer, elles doivent affecter les structures économiques, techniques et idéologiques. La situation qui résultera du changement sera profondément différente de la situation actuelle.

7) le principal changement idéologique consistera en la valorisation de la qualité de la vie plutôt que de toujours promouvoir un niveau de vie supérieur.

8) ceux qui adhèrent aux points précités ont obligation de tenter de mettre en place directement ou indirectement ces changements nécessaires.

 Personnellement, je pense que nous ne pouvons qu’adhérer à un tel programme, à la fois philosophique et militant, qui nous permet de croire à ce qui nous entoure et nous ouvre un avenir durable…

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le tueur, c’est nous

 

LeMonde du 20.09.2008 nous informe longuement du syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles. Il s’agit d’un phénomène caractérisé par la disparition brutale, en quelques jours ou quelques semaines, de la quasi-totalité d’une colonie. Ce qui m’étonne vraiment, c’est que la description scientifique de ce phénomène est très récente, l’automne 2006, alors que les conséquences néfastes sur les cultures humaines qui ont besoin des pollinisateurs sont déjà avérées. Nous paraissons aussi surpris par les atteintes à la biodiversité que par un krach financier. Nous agissons comme si nous ne connaissions pas nos fondamentaux. Le respect de l’équilibre entre l’espèce humaine avec les autres formes de vie est une loi naturelle ; le respect de l’équilibre entre la sphère marchande et son évaluation monétaire est une loi économique. Mais nous n’avons plus aucune morale, ni en affaires, ni à l’égard de la Nature.

 Comme 35 % du tonnage mondial d’aliments d’origine végétale proviennent de cultures pollinisées, l’activité des abeilles est sans doute un service inestimable. Cependant j’attache personnellement autant d’importance au fait que le  rôle des abeilles sur la flore sauvage est aussi inestimable. Les pollinisateurs assurent la survie de tout le cortège de vie sauvage qui lui est associée, nous devons prendre conscience que nous ne sommes qu’un élément de la chaîne alimentaire. Or nous avons trop grossi en population et en prélèvements sur les richesses de la Biosphère. Nous sommes coupables, nous devons reconnaître nos erreurs, morales et matérielles.

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malus-malus

L’avenir de la planète se lira dans LeMonde à partir du 23 septembre (daté du 24). On nous donnera les clés pour percer les inconnues du monde qui se construit, cela nous permettra de penser chaque jour la planète autrement. Quel beau projet ! Mais ce n’est en l’état qu’une pub insérée dans LeMonde ce jour pour ces nouvelles page planète. Je rappelle aux concepteurs du Monde qu’ils n’innovent pas : une rubrique « l’avenir de la planète » était déjà inclus tous les samedis (daté dimanche-lundi). J’ai sous les yeux l’article du 6.12.2004 sur « des étés de plus en plus chaud en France et en Europe ». Cette rubrique n’a duré qu’un temps, l’avenir de la planète n’était pas à l’époque assez important aux yeux des concepteurs du Monde.

 

L’avenir du bonus-malus sera radieux. C’est ce que nous annonce Jean-Louis Borloo ce jour dans mon quotidien préféré. La tension monte au parlement, Borloo a déjà la réponse  toute prête : « On se calme ! ». Jean-Louis est sûr de lui, le président de la République a tranché en faveur de l’extension du bonus-malus à d’autres familles de produits. Je rappelle à Borloo que rien n’est jamais acquis en politique, surtout quand il s’agit de l’avenir de la planète. Un de ses prédécesseurs Serge Lepeltier avait annoncé publiquement la mise en place à partir du 1er janvier 2005 d’un système bonus-malus écologique destiné à limiter l’effet de serre ; inquiet de ce que le plan climat apparaisse trop étriqué, il voulait forcer la main du gouvernement. Le 29 juin 2004 devant les députés, Serge explique de façon passionnée l’intérêt du système bonus-malus, mais les députés UMP sont trop ulcérés d’avoir découvert les mesures de Serge à la télé. En face de lui, papotage et indifférence, pas un seul applaudissement à la fin de son discours. Par la suite le premier ministre Raffarin contredisait son ministre de l’écologie : « La décision n’est pas encore prise, c’est à l’étude ». Le bonus-malus à l’achat de voitures neuves était donc enterré, il n’y avait plus de mesures symbolique marquant l’opinion, le plan climat n’avait plus de visibilité.

 Nous aurons donc des étés de plus en plus chaud sans pouvoir nous payer un climatiseur. J’espère qu’on pourra toujours lire Le Monde…

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ni racisme, ni spécisme

Belle image que celle des tee shirts arborés devant la commission européenne avec l’inscription « against ethnic profiling ». L’union européenne se préoccupe d’une stratégie globale d’intégration des Roms qui mettrait fin aux discriminations et stigmatisations dont ils sont l’objet. Mais en page 2, l’homme nu dessiné avec humour par Serguei se fait arrêter parce qu’il est suspect… de ne pas être sur Edvige (exploitation, documentaire et valorisation de l’information générale). Le France veut mettre en place un fichage ethnique. Contradiction, contradiction, tout n’est que contradiction.

Nous sommes une société composite qui a oublié les progrès de la connaissance. Alors que les théories raciales s’appuient sur les apparences anatomiques, la biologie et la génétique ont supprimé toute base objective à ces stéréotypes. Les premières études sur les groupes sanguins menées à partir de 1914 montrent que leur répartition en Europe n’obéit à aucune logique raciale. Depuis, les analyses effectuées un peu partout dans le monde démontrent que les caractères génétiques ainsi que les groupes sanguins, les mêmes groupes d’histocompatibilité comme les facteurs enzymatiques sont présents dans la totalité des populations. Blanc ou Noir, une proportion différente de mélanine, pas plus. La dispersion géographique de votre ancêtre commun homo sapiens n’a commencé qu’il y a 150 000 ou 200 000 ans, pas assez pour se diversifier biologiquement de manière significative. Les gènes n’ont pas de race, les humains sont tous semblables, et différenciés seulement par quelques apparences. En conséquence, dans le discours des racistes modernes, ce ne sont plus les races qui sont déclarées incompatibles ou inégales, mais les coutumes et les croyances. Pourtant toute l’humanité partage la même Terre et doit apprendre à vivre avec le reste de la Biosphère.

            Quel les humains apprennent qu’il n’y a pas d’étrangers, qu’ils sont tous de la même famille, alors ils pourront mieux se consacrer au respect des autres formes de vie.

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je suis écœuré !

Je suis écœuré par la première page du Monde (17.09.2008) qui présente un veau sous formol adjugé aux enchères 13 millions d’euros alors qu’il est si agréable de fréquenter les veaux sous leurs mères. Je suis écœuré par la mise en évidence page 1 et 3 de la course au yacht de luxe. Je suis écœuré que l’émir de Dubaï ou l’oligarque russe Abramovitch rivalisent dans la taille et l’équipement de leurs bateaux de plaisance. Je suis écœuré par la dernière phrase de la journaliste Marie-Béatrice Baudet, « Rien ne sera jamais trop beau ». Comme si des yachts personnels de plus de 160 mètres étaient admissibles, comme si aménager un jardin avec des arbres adultes sur un bateau ne faisait pas problème, comme si le fait que « mon bateau est plus beau que le tien » (titre de l’article) allait de soi. Je suis écœuré par cet étalage d’obscénités valorisées par mon quotidien préféré.

Je préfère me replonger dans mes lectures sur la vanité humaine :  

       

« Pour s’attirer et conserver l’estime des hommes, il ne suffit pas de posséder simplement richesse ou pouvoir ; il faut encore les mettre en évidence. En mettant sa richesse bien en vue, non seulement on fait sentir son importance aux autres, mais encore on affermit les raisons d’être satisfait de soi. L’homme comme il faut consomme à volonté et du meilleur, en nourriture, boissons, narcotiques, parures, divertissements. Comme on signale sa richesse en consommant ces produits plus parfaits, on en tire grand honneur. On l’appelle ici gaspillage parce que cette dépense n’est utile ni à la vie ni au bien-être des hommes. Mais aux yeux d’un économiste, ce genre de dépense n’est ni plus ni moins légitime qu’un autre. S’il a choisi ce genre de dépenses, la question est en effet tranchée : c’est qu’il y trouve relativement plus d’utilité que dans des formes de consommation sans gaspillage.  Il ne nous vient pas toujours à l’esprit que l’impératif de prodigalité ostensible est présent dans nos critères du bon goût, mais il n’en est pas moins contraignant et sélectif ; il forme et entretient notre sentiment du beau (…)

 Mais pour recueillir une approbation sans réserve, un fait économique doit recevoir la sanction de l’utilité impersonnelle, de l’utilité du point de vue génériquement humain. La conscience économique ne se satisfait pas de voir un individu faire bonne figure en se comparant à un autre, en rivalisant avec lui ; elle ne peut donc approuver la concurrence dépensière. La règle du désœuvrement exige que l’on soit futile, rigoureusement et complètement ; l’instinct artisan veut que l’on soit utile et agissant ».

(Thorstein Veblen, théorie de la classe de loisir, 1899)

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cataclysme financier

LeMonde du 16.09.2008 nous met enfin face aux réalités présentes: « Le système financier américain s’efforce d’éviter un cataclysme ». Après moult péripéties liées à la crise des subprimes, c’est maintenant la faillite de Lehman Brothers, née en 1850, qui constitue la plus importante de toute l’histoire financière américaine. Dans un contexte historiquement jamais connu de forte interconnexion à l’échelle internationale, cette banqueroute peut signifier le risque d’un effondrement général.

 

Le même numéro du Monde analyse justement le livre du jour, « La vérité sur la crise financière ». Son auteur, le spéculateur George Soros, estime que la  crise financière qui sévit depuis plus d’un an illustre la perversité des marchés boursiers : la vérité des prix n’existe pas, il n’y a que manipulation. Une bulle formée par des crédits de plus en plus gagés sur du vent ne peut connaître en bout de course qu’une explosion finale.

 Ce krach financier n’est pour moi que le début d’une longue succession de crises en chaîne. Il suffit de se rappeler LeMonde du 29.04.2008 (supplément économie) qui intitulait son dossier : « Le XXIe siècle face à un choc d’une nature exceptionnelle ». L’avalanche des mauvaises nouvelles traduit la simultanéité de crises de nature et d’origine différentes et leurs interactions. La crise globale possède des aspects à la fois financiers, monétaires, économiques, alimentaires, énergétiques et écologiques. On commence à se souvenir des pronostics du Club de Rome en 1972 sur les limites de la croissance. Ce qui était à l’époque mon livre de chevet va dorénavant nourrir les cauchemars de tous ces politiques qui ont laissé faire les financiers. Mais certains économistes enfermés dans leurs certitudes se rassurent encore : « Nous n’affrontons pas pour le moment de crise radicale ». Pour le moment…

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Dieu ou Biosphère ?

Dans ses déclarations en France (LeMonde du 15.09.2008), le pape Benoît 16  prend les bâtons pour se faire battre !

 1) Il admet qu’il n’y a pas en soi de parole de dieu, mais seulement un discours humain : « La parole de dieu nous parvient seulement à travers la parole humaine, à travers des paroles humaines » ; « Vue sous un aspect historique, la Bible est un recueil de textes littéraires dont la rédaction s’étend sur plus d’un millénaire et dont les différents livres ne sont pas repérables comme constituant un corpus unifié ». Si Benoît 16 en restait à cet énoncé, il n’y aurait déjà plus de place pour un quelconque dieu biblique. 

 2) Benoît reconnaît que son discours n’est pas partagé par tous : « Le monde greco-romain ne connaissait aucun dieu créateur. La divinité suprême ne pouvait pas se salir les mains par la création de la matière ». Mais le pape s’empresse d’ajouter : « Le dieu de la bible est bien différent : Lui, le dieu vivant et vrai, est également le Créateur ». Notre vénérable pape se contente donc d’une affirmation gratuite, un discours ne vaut pas vérité. Benoît voit un dieu créateur alors qu’il devrait prendre conscience, avec l’évolution de la culture scientifique de l’Europe, que la création de l’univers n’a rien à voir avec l’existence même de l’homme, qui n’est que simple péripétie dans l’évolution du cosmos. En fait le pape est prisonnier du discours de sa caste, l’Eglise catholique.

 3) Par contre, Benoît 16 a un objectif estimable : « Au milieu de la confusion de ces temps, les moines s’appliquaient à trouver ce qui a de la valeur et demeure toujours ; derrière le provisoire, ils cherchaient le définitif ». Mais le pape ne voit que la recherche de Dieu comme fondement de la culture de l’Europe. Il ne comprend pas que l’homme a tout intérêt à se débarrasser des dieux pour mieux se considérer comme élément parmi d’autres de la Biosphère. Si Benoît commence à être préoccupé par l’état de notre planète, il en tire l’idée que « Dieu nous a confié le monde qu’il a créé. Il faudra apprendre à le respecter et à le protéger davantage ». Nous n’avons pas besoin de l’image de dieu pour déterminer ce qu’il faut faire pour sauver la planète. C’est l’Aspo qui nous montre l’arrivée imminente du choc pétrolier, c’est le GIEC qui analyse le réchauffement climatique.

 conclusion : nous ne pouvons pas savoir si dieu existe, de toute façon Dieu n’est pour rien dans la création de la Biosphère. Le pape fait comme les autres, il prend la mesure des dégâts infligés à la Biosphère. Nous n’avons donc pas besoin de la parole papale pour comprendre que l’homme s’est pris pour un dieu et par sa toute puissance a détérioré le milieu qui le fait vivre. Le XXIe siècle ne sera pas religieux, il réussira ou il échouera dans la réalisation par l’homo sapiens d’un agenda 21 efficace. Notre unité sera socio-écologique ou ne sera pas.

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l’impuissance des princes qui nous gouvernent

Aujourd’hui 13 septembre, j’ai envie de commenter pratiquement chaque page du Monde, mais il faut bien choisir, c’est le B.A,-BA du journaliste et aussi son chemin de croix.

Je pourrais développer sur la justice britannique qui absout Greenpeace parce que les dégâts matériels que causent cette organisation sont justifiés par une juste cause, la sauvegarde de la planète. Des actions, par exemple la construction de nouvelles centrales électrique au charbon, qui auraient pour conséquence un coût bien plus important, sont ainsi entravées. Qui peut être considéré comme terroriste, le théologien de la croissance ou l’objecteur de croissance ?

Je préfère développer sur l’impuissance des premiers ministres d’un grand pays :

– Dominique Villepin, « Ce que vous décidez passe par beaucoup de tamis, il y a beaucoup d’obstacles, beaucoup de contraintes. Et de ce point de vue-là, oui c’est un poste immensément frustrant » ;

– François Fillon, « Jean Pierre Raffarin, donnait le sentiment de ne pas être en mesure de trancher les sujets. Nous avions donc des réunion très longues, dont il sortait rarement une décision importante » « Alain Juppé, c’était tout le contraire. Il prenait des décisions très abruptes et souvent les ministres n’avaient pas eu le temps de s’expliquer » ;

– Edith Cresson, « Un jour mes collaborateurs m’ont dit que je devrais regarder le Bébête Show pour comprendre ce qui se tramait contre moi : j’étais représentée en cochonne, mi-pute, mi mégère, nulle et lubrique ».

 En définitive, les premiers ministres de la France ne sont que de pauvre serviteurs d’intérêt contradictoires. S’ils avaient tous comme principal objectif, comme le fait Greenpeace, la sauvegarde de la planète, ils prendraient certainement des décisions plus justes, et donc plus assurées.

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vivre sans biotechnologies

Dès fois il suffit de recopier LeMonde pour se sentir en phase :

«  Historien des sciences, spécialiste de l’histoire de la biologie, André Pichot est connu pour ses positions très critiques vis-à-vis de la communauté des généticiens. Il estime, grosso modo, que la génétique moderne est enfermée dans une impasse théorique, les biotechnologies se réduisant à une série de « bricolages ». Pour M.Pichot, le succès de la génétique moderne repose sur des promesses intenables d’avancées thérapeutiques, elles-mêmes fondées sur une vision simpliste et mécaniste du vivant et, surtout, sur une communication agressive qui voit se succéder les annonces de la découverte du gène présumée de ceci ou de cela… »

 Pour une fois que je trouve à lire quelque chose d’intéressant dans le Monde des livres (12.09.2008). On peut rajouter bien d’autres choses, les biogénéticiens disent  aussi des conneries, « les OGM vont permettre d’éradiquer la faim dans le monde », « il ne faut pas que nos chercheurs aillent à l’étranger »…

Mais vivre sans biotechnologies ne nous empêche pas de vivre.

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agrocarburants ou culture vivrière ?

Quelle vérité ? Tout dépend de la manière de présenter des informations. Par exemple, un article finit normalement selon le point de vue du journaliste. Ainsi Laurence Caramel (LeMonde du 11.09.2008) présente d’abord une étude de Friends of th Earth sur l’impact des agrocarburants en Amérique latine, par exemple : « En Argentine, l’expansion du soja a fait reculer les surfaces consacrées à l’agriculture vivrière et à l’élevage de 25 %. Celles destinées au fourrage ont été réduites de 50 % ». Mais le dernier paragraphe de la journaliste commence par «  Cette vision est évidemment contestée par les accusés » (évidemment !) pour se terminer par cette question mi-figue, mi-raisin : « Une forme de réponse aux Amis de la Terre ? ».

 

Laurence Caramel ne prend pas ses responsabilités Il paraît évident que la Banque interaméricaine, la seule interrogée et partie prenante dans l’expansion des agrocarburants, botte en touche et ne répond pas sur le fond. Donc son article aurait du  présenter d’abord le point de vue partial de la BID, et ensuite montrer que l’association Friends of the Earth a fait une étude argumentée qui invalide le discours officiel. J’attendais mieux d’une journaliste du Monde.

 

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rêve de boson

LeMonde du 10.09.2008 nous explique objectivement les buts et limites de l’accélérateur de particules inauguré à la frontière franco-suisse. On veut s’approcher des conditions qui existaient aux tout premiers instants de l’Univers, juste après le Big Bang il y a 13,7 milliards d’années. Très bien, nos connaissances progressent, nous pouvons confirmer de source sûre que l’homo sapiens n’est rien à l’échelle de l’univers. Mais l’éditorial de ce numéro transforme la chasse au boson, cette grande aventure scientifique pour harmoniser nos théories sur l’univers, en rêve inutile s’il n’y a pas de retombées directes. L’éditorial ne veut voir dans la recherche fondamentale que son application possible, on valorise la technoscience et les débouchés sonnants et trébuchants. Il faut justifier les efforts budgétaires devant les décideurs, il faut être utile, il faut alimenter la croissance économique. Moi, je préfère rêver à l’antimatière, à l’énergie sombre et aux particules primordiales.

NB : Comme d’habitude, LeMonde donne carte-blanche aux théologiens de la croissance. Dans son numéro du 10.09.2008, Jean Pisany-Ferry disserte doctement sur les « trois leviers de la croissance ». Je ne m’attarde pas à montrer l’inanité des solutions proposées : le crédit aux PME ne peut pas relancer par lui-même la demande et la concurrence, y’en a déjà beaucoup trop pour qu’on en rajoute. Mon attention se porte sur sa « définition usuelle » d’une récession, soit deux trimestres de suite en croissance négative. Les théologiens de la croissance auront tout inventé, la croissance durable, la croissance verte, et maintenant la croissance au taux inférieur à zéro ! Toutes ces simagrées pour ne pas dire que la décroissance est possible. Le système capitaliste rencontre forcément la décroissance puisque l’activité est cyclique et qu’il y a même de grandes crises comme en 1929. Jean Pisany-Ferry devrait relire ses classiques, en particulier Joseph Schumpeter : il y a l’expansion, le retournement de tendance, la décroissance, et peut-être la reprise, mais ce n’est pas sûr..

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Sylvie Kauffmann récidive

Sylvie Kauffmann récidive. Dans sa lettre d’Asie (LeMonde, 15.01.2008), elle mettait sur un piédestal Ford pour avoir été le premier à avoir la vision d’une voiture populaire. Dans son post-scriptum à Lettre d’Asie (LeMonde, 22.01.2008), Sylvie disait avoir reçu des courriers alarmistes de lecteurs sur les effets environnementaux de la Tata Nano. Mais elle consacrait beaucoup plus de lignes à tous ceux qui pensent au confort de la voiture individuelle mis à la portée des habitants des pays émergents. Aujourd’hui dans sa lettre d’Asie (LeMonde, 9.09.2008), Sylvie valorise le « génie » de Ratan Tata, fondateur du groupe Tata qui veut construire la voiture la moins chère du monde dans un Bengale qui a « pris le virage de la modernisation, construit un réseau routier… ». Elle pleure sur le retard pris dans l’implantation de l’usine de fabrication à cause de certains paysans en colère, « attachés à un mode de vie misérable ». Elle prend parti de la reconversion industrielle des paysans embauchés par la future usine dont la « fermeture signifiait zéro revenu pour la famille ». Sylvie Kauffmann en vient même à regretter la voie démocratique suivie en Inde, « tortueuse », alors que la Chine peut s’industrialiser « sans manifestations, ni recours en justice, ni négociations » !!!

 Commentons sa phrase-clé : « C’est d’une certaine manière l’avenir de l’Inde qui se joue ici ». Mais quel avenir ?  Celui d’une imitation du modèle fordiste (production de masse pour une consommation de masse) qui est en train de faire faillite ! Dans le même numéro le groupe Renault, pris à contre-pied par la crise, supprime 4000 emplois. Ou celui d’une Inde paysanne qui voudrait conserver des terres fertiles pour ses enfants et les arrière-petits-enfants de ses enfants ? Le choix est vite fait dans un système démocratique…

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nous et les générations futures

Nous, nous nous intéressons au présent. LeMonde du 7-8.09.2008 consacre ainsi une page couleur de pub à Guerlain, ce parfum homme « pour l’animal qui dort en vous ». Je ne m’interroge pas davantage sur le fait que je ne vois aucune différence animale entre un parfum homme ou femme. Car ces vaines tromperies de notre odorat animal ne sont absolument rien comparées à l’article de fond « Se souvenir des déchets nucléaires ». 

   

Les déchets hautement radioactifs et à vie longue continueront d’émettre des radionucléides pendant des centaines de milliers d’années, voire un million d’années. Les mettre en sous-sol est une chose, garder la mémoire de ce lieu maudit en est une autre. L’Andra (agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs)  parie sur un cadastre qui indiquerait pour l’éternité la dangerosité du site. Encore faudrait-il écrire ce cadastre sur un papier qui tiendrait indéfiniment ; pour l’instant le papier « permanent » durerait peut-être 600 à 1000 ans seulement. Les Américains envisagent d’installer au-dessus du site d’enfouissement des figurines taillées dans le marbre, mais la pérennité n’est sans doute assurée que pour 25 000 à 50 000 ans. Encore faudra-t-il que les générations futures sachent déchiffrer nos documents ou nos objets ! La conclusion de l’Andra est dans la même lignée, absolument irréaliste : « Notre mission est de faire en sorte que les générations futures puissent faire leurs choix en toute connaissance des nôtres. » 

   Je conseille à l’Andra de dire dans plusieurs centaines de milliers d’années toute la vérité aux générations futures : en l’an 2008 après Jésus-Christ, on s’intéressait d’abord aux parfums pour hommes, pendant un mois aux Jeux Olympiques, pour quelques dizaines d’années à l’énergie « propre » du nucléaire… En résumé nous nous centrions surtout sur la vanité de notre présent. Peu importait les générations futures, demain s’occupera de lui-même !

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marxisme et écologisme

visible sur le site du pôle écologique du PS :

« L’idéologie socialiste et ses traditions nous ont empêchés pendant longtemps de prendre conscience de la gravité de la situation écologique. C’est pourquoi j’ai voulu interroger les présupposés du marxisme pour montrer que certaines hypothèses de K.Marx pouvaient être transformées pour justifier un choix clair entre social-libéralisme et social-écologie. En résumé, ce n’est pas l’infrastructure économique qui explique l’évolution idéologique et politique d’une société (la superstructure). L’infrastructure construite de main d’homme est elle-même superstructure relativement à la véritable infrastructure, celle des ressources et circuits de la nature.

« Il faut d’abord rappeler que le libéralisme et le socialisme ne sont que deux variantes du même modèle, le productivisme. Le libéralisme a insisté sur l’accumulation de capital et l’initiative individuelle des entrepreneurs, le socialisme a mis l’accent sur le facteur travail et le fait que tout acte de production découle d’une œuvre collective. Il s’agit pour la gauche de revendiquer une part plus importante de la valeur ajoutée en faveur des salariés, et pour la droite d’assurer aux actionnaires un taux de rentabilité plus important en ponctionnant les bénéfices de l’entreprise. L’objectif d’accroître l’abondance matérielle n’est remis en question ni par les uns, ni par les autres.

« Mais ces deux tendances idéologiques naviguent de concert à partir de fausses cartes de navigation. Ces deux variantes du productivisme reposent en effet sur une hypothèse de soutenabilité (durabilité) faible. En ignorant les contraintes environnementales, libéralisme et marxisme se trompent pour la longue période. Le Congrès de Reims pourrait constituer un tournant dans la doctrine socialiste, l’inauguration d’un socialisme écologique qui démarquerait plus nettement la droite et la gauche.

pour lire la suite :

 http://poleecologiquedups.typepad.fr/ple_cologique_du_ps/2008/08/marxisme-et-col.html#more

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Tata doit disparaître

Les paysans indiens poussent Tata à retarder la fabrication de la Nano (LeMonde du 6.09.2008). Bonne nouvelle, mais ce serait encore mieux si les autochtones avaient le pouvoir d’arrêter complètement cette course au tout-automobile. Malheureusement le groupe Tata à la possiblité de monter ses usines dans un autre Etat indien, ou même dans un autre pays plus accommodant. Pourtant, on ne peut que constater que Tata voulait bâtir sur des terres fertiles, accroître ainsi la stérilisation des sols comme savent déjà le pratiquer à outrance les pays riches et les mégalopoles. Comme dit un paysan exproprié, « Une terre se transmet pour l’éternité, l’argent se dilapide. Que va-t-il rester à mes enfants ? ». Comme dit un autre paysan, « La terre est comme une mère. Et je ne vendrai jamais ma mère. »

 

            Tata ne doit construire ni sur des terres fertiles, ni sur des terres incultes. Tata doit disparaître comme Ford, Fiat, Renault, Volkswagen et tutti quanti. Nous savons déjà que la voiture individuelle est un dinosaure promis à une prochaine extinction. L’avenir du climat et des ressources naturelles est en jeu, ne continuons pas à gaspiller les possibilités de la Biosphère…

 

PS : la phrase du jour : « Au Sénégal, il n’y a que la pauvreté qui galope. La lecture reste un sport d’élite » (in portrait d’Abasse Ndione)

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médicaments sans pub

            Seuls deux pays développés (Etats-Unis et Nouvelle Zélande) autorisent la publicité sur les médicaments soumis à prescription.. La pub fait-elle vendre les médicaments ? C’est la question que se pose LeMonde du 5.09.2008. Fausse question puisqu’il faudrait supprimer toutes les publicités pour avoir un mode de vie plus serein. Quant au secteur pharmaceutique proprement dit, à quoi sert-il ? A faire prescrire des médicaments ! L’acte médical devrait rester une relation interindividuelle aidée par la technique et non l’inverse.

 

Ainsi, 80 % des Français interrogés considèrent qu’une consultation ne doit pas forcément se terminer par la délivrance de médicaments : on attend du praticien qu’il explique ce dont on souffre, qu’il fasse preuve d’une bonne écoute et donne des conseils utiles. Si beaucoup de médecins croient que le patient attend des médicaments, c’est parce qu’ils ont été formés au curatif au détriment du préventif, parce qu’il ont été formatés par l’industrie pharmaceutique à prescrire le remède miracle. Il y a maintenant près de 7000 marques qui se font concurrence alors que la dénomination commune internationale (DPI), l’espéranto du médicament,  ne compte que 1700 substances thérapeutiques. Une commission de la transparence en France a évalué 1100 médicaments ordinaires en 2005 : un quart n’avait pas fait la preuve de son efficacité. Bien plus, les médicaments sont sommés aujourd’hui d’améliorer le bien-être de gens qui ne sont pas malades, que ce soit pour maigrir ou pour faire l’amour. Dans le même temps les pays pauvres sont ignorés des laboratoires pharmaceutiques. En fait les humains peuvent faire de la bonne médecine avec trente médicaments seulement, la volonté de décroissance humaine passe aussi par l’acceptation de la maladie et de la mort.

 Du point de vue de la Biosphère, si tu es raisonnable, tu ne désires que des médicaments génériques ; si tu deviens un sage tu limites l’usage de médicaments ; quand tu es proche de la perfection tu laisses ton corps se soigner par ses propres moyens.

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le pape chauffé au photovoltaïque

Le Vatican veut capter l’énergie solaire, « un don inextinguible qui vient d’en haut » (LeMonde du 4.09.2008). Avec ça, la face de la Biosphère va en être changée ! D’autant plus que le responsable du développement des énergies renouvelables rattaché au Vatican fait preuve d’un optimisme forcené : « L’énergie solaire pourrait satisfaire tous les besoins énergétiques de la Terre. » Il a oublié que la voracité de l’homo sapiens est inextinguible, surtout quand il vit dans une civilisation thermo-industrielle.

 Sincèrement, est-ce que vous avez besoin de voir des cellules photovoltaïques sur la coupole de la Basilique Saint-Pierre de Rome pour vous engager dans la lutte écologique ? Sincèrement, est-ce que vous avez besoin de croire en Dieu pour penser que la sincérité vaut mieux que le mensonge, que la générosité vaut mieux que l’égoïsme, que l’amour pour la Biosphère vaut mieux que la destruction de la planète ?

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survivre aux survivalistes

Le mensuel La Décroissance (septembre 2008) nous présente un dossier «  survivre aux survivalistes ». Résumé : « Aux Etats-Unis, les survivalistes se donnent comme père fondateur Kurt Saxon, qui édite depuis 1974 une revue «le survivant ». Il s’agit de présenter des techniques de survie, mais aussi de combat dans la perspective de l’après-pétrole. Il ne s’agit pas tant de se préparer à survivre dans un monde devenu hostile que face à des humains devenus hostiles. Le survivaliste s’inquiète plus des futures pulsions de ses congénères que des possibilités de garder la terre fertile. Ce mouvement compte des milliers de membres, surtout aux Etats-Unis, qui réapprennent les techniques de la terre, la ferronnerie, l’artisanat d’antan. Selon eux, l’entrée dans l’ère du pétrole rare et cher va se concrétiser par une grande famine, par une relocalisation très brutale et par le retour à un âge de fer où seuls les plus organisés survivront. »

 

La question de fond, c’est donc la question de l’homme : humain ou inhumain ? Cette question n’a jamais été historiquement tranchée, sauf qu’on peut dénombrer des individualités particulièrement non-violentes, mais en petit nombre, et des clans agressifs en grand nombre. Dans nos sociétés de masse, la violence est déléguée à l’Etat, ce qui permet de minimiser le nombre de morts sauf quand l’Etat adopte lui-même un comportement clanique. Avec la pétrole-apocalypse, les Etats sortiront renforcés, gérant la pénurie et organisant le rationnement. Mais l’Etat est dépendant de ressources financières prélevées sur la population. Des pays africains aujourd’hui n’ont plus d’Etat central, mais des bandes armées ; la crise entraîne en effet l’impossibilité de recouvrir l’impôt. Avant d’en arriver au stade ultime de la décomposition clanique d’une société, l’Etat doit donc dès maintenant organiser la relocalisation des activités, cultiver l’esprit démocratique et entraîner les citoyens à penser à la fois local et global. Puisque l’Etat reste le soutien du capitalisme libéral individualiste et aliénant, un avenir tout rose n’est pas certain.

 

Nicolas Baverez semble confirmer mon analyse (LeMonde du 3.08.2008) : « L’été 2008 marque un tournant majeur, les pays développés basculent dans la récession, le chaos s’installe et la violence prolifère (…) La guerre n’est plus le monopole de l’Etat, mais se privatise sous la pression des communautés, croupes terroristes et organisations criminelles, qui prennent le contrôle de vastes espaces (…) Chacun est invité à méditer l’avertissement lancé par Soljenitsyne, L’homme qui n’est pas intérieurement préparé à la violence est toujours plus faible que celui qui lui fait violence. »

 Mais contre la brutalité de l’homme, mon choix restera celui de la non-violence et de la coopération : peut-être ainsi qu’un jour les humains deviendront plus humains.

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libéralisme ou socialisme ?

Ce n’est pas dans les gros articles qu’il faut chercher les prémisses de l’avenir, mais dans les brèves de mon quotidien préféré. Ainsi dans LeMonde du 2.08.2008, Borloo voudrait attirer les déçus de la gauche et les orphelins de l’UDF pour constituer un nouveau « pôle social et écologique au sein de la majorité » (de droite !). Dans le même temps il existe une contribution générale en vue de la préparation du congrès socialiste menée par le pôle écologique du Parti socialiste. N’y aurait-il plus aucune différence entre la droite et la gauche en matière social-écologique ?

 

Historiquement libéralisme et marxisme ont été tous deux au service d’une croissance économique destructrice de l’environnement. La prise de conscience de l’urgence environnementale est très récente : en 1972 nous avons mesuré les limites de la croissance (rapport du Club de Rome) et l’ONU a organisé le premier sommet mondial de la Terre. Mais comme d’habitude les politiques, englués dans leurs traditions et les querelles de personne, ne suivent qu’avec retard. Devant la réalité objective des limites de la planète, les discours changent : le président de droite Sarkozy a mis en place en juillet-août dernier un Grenelle de l’environnement, faisant pour la première fois participer au débat les associations environnementalistes. Borloo, inclassable il est vrai, en rajoute aujourd’hui. L’écologie n’aurait-elle donc plus de frontières idéologiques !

 

Il n’en est rien, le libéralisme économique reste l’antithèse du socialisme et de l’écologie. Le libéralisme économique est une doctrine qui repose sur le désengagement de l’Etat, la responsabilité des chefs d’entreprise, la loi du marché et les inégalités. L’enjeu écologique nécessite une vision du long terme qui est complètement absente des mécanismes de marché. L’enjeu écologique nécessite une forte intervention de l’Etat et sans doute une planification écologique. L’enjeu écologique nécessite la participation de tous aux efforts nécessaires après débat démocratique. L’enjeu écologique nécessite de casser la spirale néfaste imitation/ostentation qui découle de la différence des normes de consommation entre riches et pauvres.

 Le fondement idéologique des socialistes, basé sur le rôle de l’Etat, la solidarité collective et un projet de société sans classes, nous prépare mieux que la droite à affronter les différentes crises écologiques et sociales qui émergent aujourd’hui. Contre le social-libéralisme, le social-écologisme pourrait nous ouvrir un avenir durable, plus égalitaire, plus sobre, plus convivial. Jean-Louis Borloo devrait quitter le giron de l’UMP et s’inscrire chez les Verts ou au Parti socialiste.

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pour un socialisme écolo

Je ne suis pas d’accord avec la présentation de l’université d’été du PS par Libé (1.09.2008) : « Le PS grenouille à La Rochelle », « L’autodestruction », « Le bal des ego ». Je ne suis pas d’accord que Libé résume cet événement par de petites phrases : «  Personne dans notre génération ne s’est imposé et nous ne sommes pas crédibles collectivement (Martine Aubry) », « Aimez-vous les uns les autres ou disparaissez ! (Ségolène Royal) », « Le meilleur discours de La Rochelle, ce sera celui d’Obama (Pascal Terrasse) », « Le PS confirme à La Rochelle qu’il est gravement malade (Benoît Hamon) »…

Le PS vaut bien mieux que ces propos à l’emporte-pièce. Alors que l’université d’été du PCF réunissait 300 à 350 participants, le PS a rassemblé plusieurs milliers de militants. Ce n’est pas rien. Le PS se cherche, il est vrai. Le Monde du 1.09.2008 analyse : « Plus fondamentale que cette guerre des chefs, ou plutôt contribuant à l’expliquer, c’est la difficulté qu’éprouve le PS à fixer une nouvelle doctrine, sa lenteur à émettre des propositions innovantes qui expliquent sa si longue maladie ». Mais comment définir une bonne politique aujourd’hui ? Sarkozy va dans tous les sens à la fois, où se trouve la bonne direction ?

Il faudrait reconnaître que le Parti socialiste possède déjà une boussole. Des pistes de réflexion se trouvent dans la nouvelle Déclaration de principes du Parti socialiste qui, au-delà d’un réformisme assumé, oriente le socialisme vers un écologisme affirmé. Il s’agit de « sauvegarde de la planète » (article 1), d’une humanité « respectueuse de la nature » (article 2), de finalités du socialisme qui « portent pleinement la volonté de préserver notre planète aujourd’hui menacée » (art.3), d’impératif écologique (art.7). Alain Bergounioux, secrétaire national aux études, était clair (l’hebdo des socialistes, 26 avril 2008) : «  Il apparaît qu’il ne peut y avoir de libération possible qu’au prix d’une véritable sauvegarde de la planète. Cette déclaration fait donc du développement durable une finalité en soi, ce qui nous conduit à redéfinir la notion même de progrès ».

 Or parmi les 21 contributions générales, la contribution « pour un socialisme écologique » revendique haut et fort une filiation avec cette nouvelle Déclaration de principes : « Il faut prendre toute la mesure des bouleversements du monde (…) Jamais le capitalisme n’a connu dans son histoire la conjugaison simultanée de quatre crises structurelles ayant pour origine commune l’empreinte excessive des activités humaines sur les ressources non renouvelables de la planète… » C’est donc le socialisme écologique qui devrait faire l’unité idéologique du socialisme pour un avenir durable. Il semble utile de rappeler que les militants votent lors d’un Congrès d’abord pour des motions (donc, en principe, pour des idées), et ensuite seulement pour élire un premier secrétaire. Pour l’instant, il faut soutenir la contribution « Pour un socialisme écologique », le combat des idées est préférable aux combats des chefs.

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