biosphere

s’adapter ou crever

Les brèves du Monde (19.08.2008) sont souvent désopilantes : « Les très fortes canicules devraient se multiplier d’ici à la fin du siècle » ou « Les oiseaux britanniques pondent plus tôt à cause du réchauffement ».

Le premier titre me fait irrésistiblement penser à Roselyne Bachelot, nommée ministre de l’écologie et du développement durable en mai 2002, et ses petites phrases  :  « L’été 2003 apparaîtra comme un été frais en 2100 ». Le second titre nous montre aussi pourquoi nous ne réagissons pas en stoppant d’urgence toutes nos émissions de gaz à effet de serre au risque de températures excédant les 40°C en Europe et les 50°C en Inde : nous allons nous adapter !

Les oiseaux pondent déjà une semaine plus tôt, les migrateurs deviennent sédentaires, pourquoi s’en faire. Si les oiseaux s’adaptent, les humains qui sont si intelligents vont faire encore mieux et accepter sans sourciller les réfugiés climatiques et les disettes à répétition…

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dictature verte ?

L’éditorial du Monde (18.08.2008) proclame qu’il « faut tâcher de diminuer l’utilisation des engrais et des produits phytosanitaires… mais la consommation de nitrates et de phosphates devrait augmenter partout dans les monde hors Europe de l’Ouest ». Les eaux côtières vont continuer à mourir par eutrophisation.  En page 5 par manque d’eau, « Israël deviendra jaune et il faudra apprendre à nager dans des piscines vides… L’eau est un enjeu majeur des négociations entre Palestiniens et Israéliens ». La décroissance de nos consommations est donc en marche, mais il faut picorer ici et là dans mon quotidien pour s’en apercevoir.

 

Cependant le même numéro du Monde nous présente le philosophe qui a pensé les limites de notre système thermo-industriel, Hans Jonas. Dans son livre Le principe responsabilité : une éthique pour la civilisation technologique, Hans parle de l’époque d’exigences et de renoncements âpres qui nous attend, appelant à un « esprit de frugalité étranger à la société capitaliste ». Il avait compris dès 1979 que le Club de Rome (The limits to growth) avait raison et que si l’heuristique de la peur ne passait pas dans nos mentalités, les lendemains vont déchanter. Juste au moment du deuxième choc pétrolier, Hans pensait que le marxisme poursuivait les mêmes buts que le capitalisme, l’extension de la sphère marchande et la croissance économique, c’est-à-dire une « utopie » dangereuse. C’est pourquoi selon lui la Nature ne fait pas de différence entre le fait que l’attaque vienne de « droite » ou de « gauche ». Cependant Hans Jonas, qui écrivait avant la chute du mur de Berlin, se trompait lourdement sur l’efficacité d’un système centralisé. Selon ses dires, « Pour appliquer une nouvelle éthique, un système libertaire serait préférable pour des raisons morales, mais les systèmes moralement bons sont des systèmes précaires ; l’Etat peut seulement être aussi bon que le sont les citoyens. De plus l’homme politique peut supposer idéalement dans sa décision l’accord de ceux pour qui il décide en tant que leur chargé d’affaires, mais des générations futures on ne peut obtenir de facto un accord. Par conséquent La tyrannie communiste paraît mieux capable de réaliser nos buts inconfortables que le complexe capitaliste-démocratique-libéral. »

 Seul un parti social-écologiste qui prendrait démocratiquement en compte les limitations de l’activité humaine par les contraintes environnementales pourrait durablement gérer les pays et la planète. Un parti libéral, au service des entreprises et donc du pillage de la planète, au service du marché et donc du court terme, ne peut avoir un tel objectif. Non seulement il faudrait que les partis socialistes acquièrent cette fibre écologique qui leur manque tant, mais il reste encore à mettre en œuvre ce que Hans Jonas envisageait incidemment : « Naturellement il serait préférable qu’on puisse confier la cause de l’humanité à une conscience authentique qui se propagerait »

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simplicité culinaire

On trouve de tout dans LeMonde, y compris de l’info pour la simplicité culinaire. Ainsi le quotidien du 16.08.2008 nous présente sur une page entière Jinnosuke Uotsuka qui milite pour la nourriture simple dans son livre Les Japonais qui ne font pas pourrir les aliments dans leur réfrigérateur.

 

La situation est grave, les gens ne préparent plus leur repas, entassent les plats cuisinés et en laissent pourrir une partie, même à la campagne. En termes de  calories, les Japonais jettent chaque année pratiquement autant de denrées alimentaires qu’ils en produisent. Plus d’un tiers des déchets ménagers est constitué d’aliment encore empaquetés et les grandes surfaces jettent dans l’heure la nourriture qui a atteint la date d’expiration de la consommation. La classe globale, toux ceux qui ont le privilège d’une voiture individuelle, ont fait de la nourriture un loisir et les pauvres en ont perdu la fierté d’un repas simple.

 Jinnosuke ne veut pas devenir le gourou d’une nouvelle mode alimentaire, il se méfie à juste titre de la récupération par le système thermo-industriel. De toute façon il parle dans le désert. Pour l’instant, le précèdent livre de Jinnosuke n’a été vendu qu’à 20 000 exemplaires dans l’année, ce n’est pas un best-seller comme le présente LeMonde. Les jeunes occidentalisés, nés dans l’abondance, ignorent le respect pour la nourriture que véhiculaient les traditions culturelles de toutes les civilisations. Mais le jour où l’alimentation qui passe par le frigidaire deviendra un vrai luxe, il faudra bien se contenter de peu à table et nous ferons à nouveau notre miel de la conservation par le sel, la déshydratation ou la stérilisation. L’ancien temps a ses vertus, la souveraineté alimentaire aussi. Mon quotidien m’ouvre parfois l’espoir d’un avenir plus durable…

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le choc des photos

En Une du Monde (15.08.208), une photo d’Alain Bernard, « notre » roi du 100 mètres olympiques qui dévoile ses muscles surdimensionnées. En page 3, la photo de la villa qui vaut 300 millions de dollars, faite pour faire rêver les gogos. En page 4, des blindés géorgiens en feu détruits par l’aviation russe. En page 5 les restes du kamikaze qui s’est fait exploser au milieu d’une foule pakistanaise. J’ai compté douze autres photos, pas la peine de détailler, cet ensemble visuel nous montre amplement l’état déliquescent dans lequel se trouve LeMonde. Car pourquoi en rajouter avec des photos qui se veulent chocs, longtemps l’apanage de Paris-Match. Pourquoi un quotidien aussi sérieux que LeMonde s’est-il récemment lancé, à une date que je ne peux préciser, dans l’illustration qui n’apporte rien au texte ?

 Parce que notre société est devenue complètement une société du spectacle, un spectacle qui se déroule autant aux JO de Pékin que dans les revues les plus littéraires. Dans un tel contexte, je ne crois pas que l’espèce homo sapiens puisse véritablement réfléchir à la dégradation de la Biosphère ! Quand LeMonde deviendra-til plus simple et plus percutant sans avoir besoin de photos ?

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bagnole versus Biodiversité

LeMonde du 14.08.2008 donne deux fois plus de place à la présentation côte à côte en première page de la bagnole (Une révolution dans la façon de circuler en voiture) qu’à la biodiversité (l’avenir de la biodiversité se joue maintenant). C’est là le problème de nos médias qui donnent beaucoup trop de place à nos objets fétiches. En page 8, on développe sur la sixième extinction des espèces entraînées par la modification de son environnement par l’activisme humain. Dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences américaines, on présente à juste titre homo sapiens comme un « narcissique qui a maltraité l’écosystème qui l’a créé et le maintient en vie sans souci des conséquences ». On critique « l’idée que la croissance économique est indépendante de la santé de l’environnement. » Pour contrer cette dérive, il faudrait agir d’urgence, mais les auteurs s’inquiètent du divorce croissant entre la population et la nature, divorce dû à l’utilisation intensive des médias électroniques.

 En vis-à-vis page 9, il nous faudrait selon l’article du Monde des voitures « intelligentes », des automobilistes qui communiquent entre eux. La Commission européenne a même réservé une fréquence radio pour ce genre d’échange. Si cela permettrait de résoudre une infime partie des embouteillages alors que 24 % du temps de conduite des Européens se déroule déjà dans des bouchons, il faut surtout remarquer la contradiction flagrante de ces contrôles électroniques avec la protection de la biodiversité. Pour soutenir les industriels et faire plaisir aux automobilistes, l’Europe mise sur le tout-électronique de l’échange médiatique, enfermant la classe globale encore plus dans son cocon, dans son auto, le portable à l’oreille en attendant la télé, à mille lieux de la nature environnante dont on se fout complètement qu’elle dépérisse et les autres espèces avec. Cela s’appelle de l’aveuglement, entretenu par la part disproportionné que donne LeMonde  aux bagnoles par rapport à la richesse de la biodiversité.

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principe de précaution

Jean Yves Nau s’interroge dans Lemonde du 13.08.2008 sur la science quand elle est muette. Avec la problématique de l’effet à long terme des faibles doses (radiations nucléaires, ondes électromagnétiques, la taurine dans le Red Bull…), les enquêtes n’aboutissent pas à des conclusions unanimes, le doute s’installe. D’où la pertinence du principe de précaution que JY Nau traite avec condescendance « d’indéfinissable ». Voyons les choses de plus près.

J.Y.Nau n’a certainement pas eu le temps de lire la Charte de l’environnement constitutionalisée en France qui définit officiellement ce principe dans son article 5 : « Lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d’attributions, à la mise en oeuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage ».

Beaucoup de spécialistes enfermés dans leur discipline ont jugé cet article dangereux. Avant même les débats parlementaires en France, l’Académie des sciences morales avait émis des réserves sérieuses : ce projet « aurait des conséquences scientifiques, industrielles et même politiques puisqu’il irait à l’encontre des principes qui fondent notre démocratie représentative ». Les Académies des sciences et de médecine craignaient que l’inscription de ce principe dans la Constitution n’ait des conséquences désastreuses », et le quotidien Le Monde traitait dans un éditorial le principe de précaution de principe de frilosité. De son côté, le Medef a réaffirmé sans surprise son opposition sous prétexte d’un effet dissuasif sur la recherche et l’innovation. Ce ne sont pas ceux qui parlent d’autorité qui ont raison.

 Avec le principe de précaution, il s’agit en effet d’aller bien au delà du cercle étroit des techno-scientifiques, il s’agit de remettre la recherche et son application au service de l’humanité et de la planète (l’environnement). Il ne faut pas seulement s’interroger sur le degré d’innocuité sanitaire d’une technique, il s’agit de savoir si la société qui en résulte est viable ou non, raisonnable ou non. L’énergie à domicile fait-elle la satisfaction intérieure ? L’utilisation du portable accroît-elle la joie de vivre ? Boire du Red Bull améliore-t-il la richesse de la vie communautaire ? Tous les gens éclairés savent que la réponse ne peut qu’être négative. En définitive la techno-science n’a pas augmenté le degré du bonheur dans nos sociétés programmées, tout au contraire a-t-on déjà mesuré « scientifiquement ».

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le tout automobile

La société thermo-industrielle est la moins durable car elle détruit les écosystèmes. Puisque le quotidien Le Monde valorise l’option croissanciste, le tout automobile et autres néfastes futilités, il participe de cette évolution. Exemple :

 

LeMonde du 12.08.2008 présente en page 18, un article de Jean-Michel Normand sur « Volkswagen métamorphose la Passat ». Donner tant de place sur cinq colonnes avec photo de la bagnole vue de son joli profil est incontestablement une publicité plutôt qu’un article de journaliste : « C’est de profil qu’il faut apprécier la Passat CC (…) En découvrant sa silhouette, à la fois puissante et élancée (…) Elle offre une bonne conscience anticonformiste et sportive. » On nous indique une motorisation de 140 à 300 ch. sans jamais nous indiquer l’émission de gaz à effet de serre qui en découle.

 Un tel article n’est en fait qu’un tribut offert par Le Monde aux puissances automobiles, d’autant plus que la présentation d’un modèle (de luxe) est récurrente dans le journal. Ce procédé de publicité cachée est à mettre en relation avec un petit entrefilet, juste à côté, qui nous présente l’évolution des mentalités au Japon : «  Près de 54 % des Japonais reconnaissent que le prix de l’essence a modifié leurs projets de vacances. Certains ont réduit leurs déplacements, tandis que d’autres ont décidé de laisser leur véhicule au garage. » A l’heure du pic pétrolier et des perturbations climatiques, c’est cette information qui devait être développée par un véritable journaliste, pas le panégyrique d’une berline.

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il est naturel de vieillir

Gros bouleversement dans LeMonde du 12.08.2008, la page Environnement&Sciences est brutalement devenue Sciences tout court alors que les infos sur l’environnement font encore la majorité de la rubrique. S’agit-il d’un simple oubli ? J’y vois plutôt cet impérialisme de la technoscience qui a tout étouffé dans nos sociétés occidentalisées. Analysons le seul article scientifique de la rubrique, « Des chercheurs maintiennent jeune le foie de souris vieillissantes ».

 

            Il s’agit d’échapper à l’influence de l’environnement sur la vie de nos cellules qui sont soumises à des stress (thermique, oxydatif, etc.) qui s’accentuent naturellement avec le vieillissement. On fait des expériences sur les souris (pauvres animaux de laboratoires à qui on fait subir pour « l’épanouissement » de l’homme tant de vilenies). Les manipulateurs du vivant avouent qu’ils cherchent à « aider à jouir d’une vieillesse en bonne santé ». On tente de prolonger la durée de vie de l’organisme de plus de 30 %. Pourquoi ? La passion du journaliste Jean-Yves Nau pour la rubrique médicale touche à des considérations philosophiques jamais explicitées. D’ailleurs l’article commence par « Prométhée est toujours vivant », mais sans jamais condamner l’égocentrisme de la race humaine qui se croit même plus forte que notre vieillissement biologique.

 Un organisme humain se dérègle parce que les cellules obéissent à leur horloge biologique et les radicaux libres oxydent les molécules qu’elles rencontrent, protéines, lipides ou ADN. Mais la vieillesse, c’est surtout un état d’esprit. Hors pathologies neuro-dégénératives, le cerveau est de tous les organes humains celui qui résiste le mieux à l’âge ; les troubles de la mémoire découlent surtout du manque d’intérêt apporté à l’environnement. Ce n’est pas l’âge qui est vecteur de la médiocrité des comportements humains, c’est la paresse intellectuelle qui contribue à l’endormissement du cerveau. Peu importe la vigueur de mon foie, l’important est de déterminer à quoi je sers, à quoi sert l’homme, à quoi servent les JO…

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bouddhisme ou écologie profonde ?

Selon LeMonde du 11.08.2208, le Bouddha serait dans le bocage normand ! En fait le dalaï-lama va inaugurer « le jardin du bouddha Vajradhara » devant des fidèles prosternés. Prosternés ? Déjà la méfiance s’installe. Jamais un humain devant lequel il faudrait se prosterner ne mérite attention dans une société démocratique, si pieux soit-il. D’ailleurs l’article rajoute que l’initiation au bouddhisme s’exprime souvent dans un rapport exalté de dépendance entre le pratiquant et son maître. Enfer et damnation ! Jamais la soumission et les moulins à prières ne conduiront à la sagesse collective.

 

Je me rappelle  encore cette phrase du dalaï-lama en 2006 : « Si une opération du cerveau permettait de produire les mêmes effets que plusieurs heures de méditation quotidienne, je me ferais opérer ». C’est comme si on célébrait les vertus des psychotropes et qu’on minimisait la possibilité de sauvegarder sa santé mentale par ses propres forces, l’interrelation humaine et le dialogue avec la Nature. Ce que je préfère, c’est le message fondamental du bouddhisme qui repose sur le principe d’interdépendance universelle. Mais ce concept reste flou. Alors ma référence reste la conception des tribus indiennes qui ont en commun l’expression Père-Ciel et Mère-Terre : leur vision de l’univers est en liaison étroite avec les écosystèmes, elle est à la fois spiritualiste et réaliste, elle est écologiste. Dans ces sociétés, l’idée d’une hiérarchie parmi les êtres n’existe pas et il faut respecter fraternellement animaux, végétaux et minéraux puisque la notion de parenté ne se rapporte pas uniquement aux membres d’une famille ou d’un clan, elle inclut tous les êtres de l’environnement, animés ou inanimés. Pour les Indiens cueillir une plante était de la même gravité que tuer un animal. Pour eux, la survie dans le cycle de la vie et de la mort est parfois liée à l’acte de prendre la vie à d’autres êtres, mais toute appropriation est signe d’un endettement : les chasseurs et les pêcheurs pratiquaient des offrandes envers leurs gibiers et les agriculteurs envers le sol.

 Notre sacré réside dans la Nature, pas dans des temples, qu’ils soient bouddhistes ou de n’importe quelles autres tendances spirituelles.

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les JO ? Plutôt courir pieds nus !

Ce 8.08.2008, inauguration des JO, rien à signaler sauf cette avalanche de 8. Je sais en effet que c’est une perte de temps que de s’intéresser de près ou de loin à cet événement. Je préfère aller faire des tours à pied ou en vélo plutôt que de prêter attention à cette farce médiatico-financière. Pourtant LeMonde du 8.08.2008 consacre un cahier spécial « Pékin2008 » pour cette entreprise de décervelage dont nous ne serons débarrassés que le 24 août. Pourquoi décervelage ? Parce que les JO nous assènent à la fois un panégyrique de l’ethnocentrisme et une ode au commerce.

Tout système du sport-spectacle exige l’identification : toute équipe sportive qui représente un village, une ville ou un pays reproduit un combat politique où il y a un vainqueur et un vaincu, un bon et un mauvais. Le sport-spectacle confirme la vision traditionnelle de l’altérité, il y a eux, il y a nous, et c’est mon groupe d’appartenance qui de toute façon est préférable. Les jeux Olympique participent de la même dynamique, ils sont donc le cache-sexe du politique. Les premiers jeux olympiques ont eu lieu en 1896 à Athènes. C’est ainsi que commencèrent deux semaines d’un délire nationaliste où 180 grecs vont rivaliser avec 131 concurrents venus de 12 nations des 5 continents : le public réserve toute sa ferveur à ses champions nationaux sans le moindre égard pour ceux des autres pays. La présence toujours plus forte des JO dans les représentations collectives induit sa récupération croissante : les JO de 1936 à Berlin par le nazisme, mais aussi les pays de l’Est qui utilisent la compétition sportive pour essayer de démontrer la supériorité de leur système social grâce à leur succès sur les stades. Les pays occidentaux répondent à ce challenge, le sport devient un instrument politique de domination. Sans doute le sport a-t-il une mission unificatrice puisqu’il remplace l’usage des armes par une confrontation pacifique permettant le concert des nations, sans doute il ritualise la violence et protège les groupes humains contre des combats plus meurtriers. Mais chaque télévision nationale choisira encore aujourd’hui de diffuser en priorité les épreuves dans lesquelles ses ressortissants ont des chances de médaille ; tout se passe comme si chacune des nations assistait à des jeux différents, il y a là comme une trahison de l’esprit même de la compétition qui suppose le respect de l’adversaire et l’attention portée aux efforts de l’autre.

Les JO favorisent le sentiment d’appartenance à une communauté particulière et ce sentiment est dorénavant valorisé pour des considérations financières. Les jeux olympiques ont été privés de ressources financières jusqu’en 1972 parce que le Président du CIO de l’époque était un farouche défenseur de l’amateurisme et pensait que les jeux pouvaient se passer de la télévision. Maintenant, le CIO est devenu richissime grâce à la vente des droits de retransmission et au sponsoring d’épreuves désormais ouvertement professionnelles. Sous le prétexte du sport comme expression des peuples, les jeux Olympiques sont aujourd’hui le cache-sexe du système marchand : sur le stade comme ailleurs, la lutte entre Etats se transforme en lutte entre firmes. La compétition devient alors moins importante que le regard que les téléspectateurs portent sur elle : l’Audimat prime de plus en plus sur les chronomètres. Les jeux de stade sont devenus une vitrine planétaire où les fabricants valorisent leur image et les Jeux semblent condamnés à ne plus être qu’un long show fluo entre les cérémonies d’ouverture et de clôture.

 En 1996 aux JO d’Atlanta, les athlètes comoriens, dont la Fédération n’avait pas les moyens de leur offrir les dernières chaussures de sprint qui équipaient leurs adversaires, ont couru pieds nus pour protester contre la « course à l’armement ». La course à pied peut-être, mais pieds nus et entre amis puisque le sport n’est ni une performance nationaliste, ni le spectacle de sa marchandisation.

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génocide programmé

Kigali accuse Paris de complicité active dans le génocide des Tutsis. Il faut dire que l’intitulé officiel de la commission chargée d’enquête quatorze années les faits après donnait déjà le résultat : « Rassembler les preuves montrant l’implication de l’Etat français dans le génocide » (LeMonde du 7.08.2008). Mais je ne rentre pas dans la discussion du pour ou contre, mon quotidien favori s’en charge largement. Je voudrais simplement rappeler que si le Rwanda a été mis à feu et à sang, c’est d’abord pour des raisons démographiques.

            Prenons un livre déjà ancien de Jean Dorst  La nature dé-naturée 1965: « Nous ne craignons pas d’affirmer que le problème de la surpopulation est le plus angoissant de tous ceux auxquels nous avons à faire face dans les temps modernes. Et peu d’entre nous en avons conscience, du fait de sa nouveauté et de tout l’obscurantisme qui en masque encore la gravité. L’excédent de population ne risque pas seulement de compromettre le sort de la flore et de la faune sauvage, il menace bien plus la survie de l’humanité tout entière ». Pour ce naturaliste, l’accroissement démographique a les caractères d’une véritable pullulation. Il regrettait que le Rwanda ait une densité de 126.

Le chapitre de Jared Diamond (Effondrement, Malthus en Afrique ) explicite aujourd’hui les causes profondes du massacre rwandais en 1994: « La population rwandaise a augmenté à un taux moyen de plus de 3 % l’an (doublement en moins de 24 ans). Le Rwanda figure parmi les pays les plus peuplés de monde. La densité au Rwanda est le triple du Nigeria, troisième pays d’Afrique pour la densité. En 1990, elle était de 760 personnes au km2, soit plus que celle du Royaume-Uni. Le développement économique du Rwanda fut stoppé par la sécheresse et l’accumulation de problèmes environnementaux. Le pourcentage de la population consommant moins de 1600 calories par jour (niveau en dessous de celui de la famine) était de 9 % en 1982, 40 % en 1990). Il n’est pas rare, même après le génocide de 1994, d’entendre des Rwandais soutenir qu’une guerre était nécessaire pour diminuer une population en excès et pour la ramener au niveau des ressources en terre disponibles. »

 

            Alors que les malthusiens sont historiquement les premiers objecteurs de croissance, leur influence reste confidentielle. Les humains préfèrent se tuer que réfléchir, cela va plus vite…

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Roosevelt, écolo ?

LeMonde du 6.08.2008 nous présente les deux Roosevelt, mais pour avoir quelques précisons, y’a rien à voir, circulez.. Ainsi on sait que John McCain cite Théodore Roosevelt pour son souci de l’environnement, mais on n’en saura guère plus. Voici donc quelques précisions sur l’opposition entre « conservation » et « préservation » de la Biosphère :

 

Théodore Roosevelt a fondé en 1888 le Boone and Crockett Club, association de chasse au gros gibier, très huppé. Une partie de l’environnementalisme américain de cette origine. Il s’agit d’une « conservation » de la nature dont Gifford Pinchot, ami de Roosevelt, est le personnage emblématique : il incombe à l’Etat fédéral de gérer au mieux les richesses naturelles, tout particulièrement les forêts. Dans la déclaration de principes de la Conférence de la Maison Blanche sur la « conservation » convoquée par Théodore Roosevelt, il est dit que « la propriété privée en matière de forêts implique des responsabilités à l’égard des intérêts de tous et que le passage de lois visant à favoriser la protection et le reboisement des forêts privées sera encouragé ».

 

Cette approche anthropocentrique débouchera cependant sur la mise en place d’un système de parcs nationaux, influencé par un autre courant environnementaliste, la protection totale ou « préservation ».Il s’agit d’instaurer le sanctuaire véritable, un monde non entravé par l’homme, un monde laissé à sa propre créativité. John Muir (1838-1914) avait ainsi vécu les derniers moments de la conquête du territoire américain par les Blancs, il avait vu régresser les milieux naturels, il n’avait pas supporté cette perte. Il s’indignait de ce que les forêts ne soient considérées que comme réservoirs de ressources. Il prisait dans la nature l’élévation morale et religieuse qu’elle provoquait : « La route la plus claire dans l’univers passe au plus profond d’une forêt sauvage. » Il est donc devenu le Père fondateur du mouvement pour la protection de la nature aux USA en créant l’association « Sierra Club » en 1892. Il accordait à la nature une valeur intrinsèque, préfigurant ainsi le biocentrisme (l’écologie profonde).

 L’influence de John Muir, jointe au premier courant de pensée  conservationniste, a permis concrètement la création des Parcs Nationaux aux USA. Son action a été couronnée cinquante ans après sa mort par la promulgation du Wilderness Act de 1964 : « Par opposition aux espaces dominés par l’homme et ses œuvres, le présent document la désigne comme un espace où la terre et la communauté de vie ne sont pas entravées par l’homme, où l’homme lui-même n’est qu’un visiteur qui ne reste pas ».

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tolérance répressive

Dans Rétrolecture, LeMonde du 5.08.2008 nous présente le livre d’Herbert Marcuse L’homme unidimensionnel dont la traduction française en 1968 en a fait une référence des étudiants en colère. Son concept de « Tolérance répressive », qui date aussi de 1964, garde aujourd’hui toute son actualité :

 

« Ce qui est proclamé  et pratiqué aujourd’hui sous le nom de tolérance sert au contraire la cause de l’oppression. Le fait qu’on tolère la crétinisation systématique aussi bien des enfants que des adultes par la publicité, la libération des pulsions destructrices au volant dans un style de conduite agressif, la tolérance impuissante et bienveillante vis-à-vis de l’immense déception que suscitent la marchandisation, le gaspillage et l’obsolescence planifiée, toutes ces choses ne sont pas des aberrations, elles sont l’essence d’un système qui n’encourage la tolérance que comme un moyen  de réprimer les alternatives.

 

Dans une démocratie organisée sur un mode totalitaire, l’objectivité entretient une attitude mentale tendant à oblitérer la différence entre ce qui est juste et ce qui est erroné. En fait le choix entre des opinions opposées a été fait avant que ne commence la discussion. Le choix s’impose de lui-même dans des choses telles que la composition d’un journal qui découpe l’information vitale et en disperse les morceaux parmi des matériaux qui lui sont étrangers, parmi des articles qui n’ont rien à voir avec elle, et relègue ainsi les informations importantes à une place des plus obscures. Les gens exposés à cette impartialité trompeuse ne sont pas des tabula rasae, ils sont endoctrinés par les conditions dans lesquelles ils vivent et qu’ils n’arrivent pas à transcender. »

 Même LeMonde entretient la pérennité de cet Homme unidimensionnel en jetant quelques courtes phrases d’Herbert Marcuse en pâture au lecteur en bas d’une page Débats dans laquelle tout se vaut, le politique et l’économique, le sémitisme et l’antisémitisme. Renaud Dutreil, ancien ministre, devient président de LVMH, le temple du luxe et continue ainsi le mélange de genre que cultive tant Sarkozy. Et d’ex-militants de la LCR s’opposent à la LCR quant à l’antisémitisme du caricaturiste Siné. LeMonde entretient ainsi en chacun de nous la tolérance répressive, l’oblitération de la différence entre ce qui est juste et erroné. Alors, où se trouve la vérité ? La vérité est dans la critique constante de notre société thermo-industrielles qui occulte sous de vains Débats la détérioration constante du milieu qui nous fait vivre, la Biosphère.

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les chemins du crétinisme

Maurice Lévy est PDG de Publicis. Déjà la méfiance me gagne sachant que la publicité fait le malheur de notre société. Pire, dans la page Débats (LeMonde du 4.08.2008), il se révèle un véritable missionnaire de la croissance : « Nous, chefs d’entreprise, nous allons devoir préserver l’avenir, c’est-à-dire la croissance (…) Pour lutter contre la récession à venir, il nous faut créer de la croissance (…) Au pessimisme ambiant, il faut opposer le mouvement, aller chercher de la croissance à tout prix (…) C’est maintenant qu’il nous faut explorer toues les formes possibles de la génération de la croissance ».

 

De la croissance à tout prix ? Quel beau programme que d’aller vers n’importe où et par n’importe quels moyens ! Il est vrai que c’est là la métier de publicitaire, vendre du vent et détériorer la planète avec toujours plus de croissance. Trente cinq années après, le numéro 7 (mai 1973) du mensuel la Gueule ouverte reste donc toujours d’actualité dans son article « La publicité nous prend pour des cons, la publicité nous rend cons » :

 

« La publicité est un monstre doux qui, par effraction séductrice, pénètre dans nos cerveaux, brouille sans douleur nos circuits intimes, hérisse de sondes nos profondeurs. Pourtant, quand Emile de Girardin accepte l’insertion d’annonces payantes le 29 avril 1845, elles doivent être selon ses propres termes franches et concises : « La publicité  se réduit à dire : dans telle rue, à tel numéro, on vend telle chose à tel prix ». Un révolutionnaire raisonnable pourrait exiger, aujourd’hui, la stricte application de ce précepte-là.

 

            Après plus d’un siècle de maturation, voici ce qu’il en est devenu : « Publicité, art d’exercer une action psychologique sur le public à des fins commerciales » (dictionnaire Robert). Autrement dit la même définition que celle du mot démagogie : « Politique par laquelle on flatte la multitude pour gagner et exploiter ses faveurs ». Le publiciste est donc, strictement, un démagogue professionnel. Prétendre que l’information soit le souci premier des publicistes est une farce triste. Qui sont ces professionnels ? Des psychosociologues. Pour quoi faire ? Pour imposer à l’homme des notions qu’il ne sollicite pas, et vis-à-vis desquelles il n’a aucune raison d’être bien disposé. Assurément, on s’achemine vers le décervelage total. Les techniciens de la vente plongent tous les jours leurs mains pleines de doigts dans nos inconscients et les endorment, les dépiautent, les programment à leur manière. Ils ont découvert un certain nombre de tendances à encourager : « Le besoin de certitude, le goût du moindre effort, l’envie, la vanité, le snobisme, le désir sexuel » – bref, tout ce qui peut encourager les gens à courir les chemins du crétinisme. Alors, que faire ? Il faudra inventer des moyens d’action, arrêter tout et réfléchir sans tristesse, ouvrir la boîte à idées. Tiens, voilà : je l’ouvre. »

 Depuis les  défenseurs de la Biosphère savent ce qu’il faut faire, casser la pub… Mais nous sommes encore si minoritaires !

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croître ou décroître au Congrès de Reims

 

Lunettes théoriques : croître ou décroître ?

 

La plupart des penseurs contemporains suivent la religion de la croissance économique. Ils n’ont pas encore compris qu’à toute croissance succède inéluctablement une décroissance et que l’état stationnaire est le meilleur ami d’une vie épanouie. Pour bien mesurer toute la palette des conceptions sur cette question, il suffit de lire quelques phrases-clés des contributions générales des socialistes en vue du Congrès de Reims (14 au 16 novembre 2008). Il n’y a aucun commentaire, à chacun de se faire une idée personnelle sur la durabilité des différentes positions :

 

Bertrand Delanoë : Créer les conditions d’une croissance solide, pour relancer emploi et pouvoir d’achat. Les socialistes, en tout état de cause, ne sont pas adeptes de la « décroissance ».

 

Martine Aubry : Repenser et retrouver la croissance. Si nous pensons que l’accumulation de biens n’est pas une fin en soi de la société, et que la croissance doit impérativement être rendue compatible avec la protection de l’environnement, nous ne sommes pas pour autant des adeptes de la décroissance. Notre pays a besoin de croissance pour faire baisser le chômage et pour améliorer les conditions de vie des Français.

 

 

François Hollande : Comment être plus fort dans la mondialisation ? Notre objectif doit être de faire un point de croissance de plus que la moyenne européenne comme cela a été le cas entre 1997 et 2002.

 

Laurent Fabius : Certains ont longtemps prétendu qu’une croissance exponentielle infinie dans un monde qui ne l’est pas était possible. Nous affirmons avec force que la croissance économique et l’impératif écologique constituent un seul et même enjeu.

 

Ségolène Royal : Bien vivre dans l’après-pétrole. Il nous faut de toute urgence produire et consommer autrement pour garantir le développement soutenable de notre pays. Nous proposons de calculer autrement la croissance pour mieux évaluer les dommages ou les bénéfices de certaines activités et agir juste.

 

Pôle écologique : La satisfaction légitime des besoins des moins aisés conduit à se préparer à consommer moins ou autrement. La priorité du nouveau modèle de développement doit être de concentrer les efforts sur la diminution de la consommation d’énergie. Nous proposons de ne plus évoquer la croissance sans la relier à son contenu et à la manière de la mesurer. Il faut cesser l’accumulation individuelle de biens, souvent d’ailleurs réservés à quelques-uns uns, et dont trop sont superflus ou inutiles. Il faut stopper la course au « toujours plus » qui mène les gens à l’insatisfaction permanente et revenir à l’essentiel.

 

Utopia : La croissance ne peut avoir pour vocation à réduire la pauvreté, ni à renforcer la cohésion sociale. Un même taux de croissance peut correspondre à un accroissement ou à une réduction des inégalités. Et une croissance illimitée dans un monde fini est une illusion. Il nous semble tout aussi dogmatique et inefficace de se déclarer pour une décroissance qui pourrait à son tour être synonyme de « moins bien être » social. Comme certains objecteurs de croissance, « Nous sommes convaincus qu’il faut dépasser la contradiction croissance/décroissance car elle nous entraîne dans l’immobilisme» (Paul Ariès). Les vraies questions sont croissance de quoi, pourquoi et pour qui ? Décroissance de quoi, pour quoi et pour qui ? En fonction de quels objectifs, au service de quel idéal de société ? 

 

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non aux portables

 Peu importe finalement l’avis des experts scientifiques qui hésitent, qui doutent et qui ne présentent qu’avec retard d’incertaines conclusions. Après l’étude Interphone sur les effets cancérigènes des portables, menée depuis l’an 2000 dans treize pays pendant quatre à cinq années, un tiers de la cinquantaine d’experts estime que l’accroissement constaté du nombre de tumeurs chez les utilisateurs n’est dû qu’à des biais statistiques ; un tiers assure qu’il résulte bien d’un effet néfaste des ondes électromagnétiques ; le dernier tiers considère qu’il n’est pas possible de tirer une conclusion dans un sens ou dans l’autre (LeMonde du 2.08.2008). En fait la décision devrait être politique, pas techno-scientifique. Nous sommes en présence d’une technologie qui a envahi notre quotidien sans que des travaux préalables aient permis de s’assurer de son innocuité. De plus il faut prendre innocuité au sens large, et pas seulement au sens médical.

 

Derrière le jargon hystérique des amateurs de gadgets électroniques se cache l’essentiel : il faut changer de portable aussi souvent que l’exigent la mode, le « progrès » et les fabricants. Plus que tous ses prédécesseurs, ce gadget pousse au mimétisme et au conformisme si chers au marchandising. Faites le test, dites à vos collègues que vous n’avez pas de portable ; la majorité s’esclaffe : « T’es contre le progrès ? Tu t’éclaires à la bougie ? » Ou s’inquiètent : « Mais comment tu fais ? » Le portable est typique du système d’innovation qui consiste à vendre les remèdes aux maux causés par les innovations précédentes. Vous ne parlez plus à vos voisins à cause de la télévision ? Téléphonez-leur ! Mais pourquoi aurions-nous besoin d’une médiation électronique pour communiquer si ce n’est pour nous adapter à un monde qui atomise chacun de nous et qui morcelle nos vies ? Comme la prothèse qui remplace un membre, le téléphone est supposé réparer artificiellement les dégâts de ce monde-là, qui fait de nous les rouages de la machine à produire et à consommer en masse. Finalement des téléphones portables, pour quoi faire ? « Allô, c’est moi. J’suis dans la bagnole. J’arrive. A tout de suite. »

 Que des débiles attrapent le cancer, c’est presque un juste retour des choses.

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espérance Esperanto

La cohésion humaine se fait d’abord par l’intermédiaire du langage. Or l’individualisme et le particularisme sont entrés dans la Constitution française. La dernière réforme constitutionnelle adoptée le 21 juillet a fait en effet entrer l’appartenance des langues régionales « au patrimoine de la France » (LeMonde du 1.08.2008). Pour quel avantage ?

Mettre une signalétique en deux langues sur les routes ? Pourquoi pas dans toutes les langues de l’Union européenne ! Des langues régionales enseignées dans les écoles ? Déjà qu’on croule sous l’apprentissage des langues étrangères internationales, l’anglais, l’espagnol, le chinois… ! Utiliser des traducteurs dans les rapports avec la justice ou l’administration ? Bonjour l’échange direct entre personnes ! Rappelons quelques vérités premières :

Après la période des vagissements du nouveau-né, le bambin découvre les sons articulés dans la partie antérieure de la bouche. Il se met alors à émettre toutes sortes de sonorités, aussi bien les clics des langues zouloues que les étranges eurh du chinois, les consonnes emphatiques de l’arabe, les deux th anglais… A ce stade, la production phonétique des enfants ne se distingue pas d’un bout à l’autre de la planète. Mais l’enfant ne tarde pas à éliminer les sons qui ne sont jamais prononcés devant lui ; le processus d’imitation cristallise l’intonation autour des stéréotypes de sa propre culture, l’extérieur devient l’étrange étranger. Cette incompréhension qui résulte de la multiplicité des langues pourrait être dépassée. En 1887 Zamenhof, un jeune médecin polonais polyglotte, lance les bases de l’espéranto : 7500 mots d’usage courant, une grammaire très simplifiée de 16 règles ne connaissant pas d’exception, une langue si facile que le temps d’apprentissage en est réduit. Puisque les relations communautaires oscillent entre la haine et le mépris, il est nécessaire que l’échange verbal puisse au moins être compris par les deux parties. C’est la condition première pour pouvoir dépasser nos conflits. Nous avons besoin d’une langue-pont, pas d’une démultiplication des langues maternelles.

 Parlez la même langue,

pour pacifier vos relations,

et pouvoir vous consacrer à autre chose que vos passions humaines.

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chassons les chasseurs

Il paraît que les chasseurs et les écologistes ont signé un accord « historique » sur la chasse au gibier d’eau (LeMonde du 31.07.2008). La date d’ouverture de la chasse est avancée de neuf jours, du 30 au 21 août. En contrepartie, un moratoire de cinq ans est décidé pour la barge à queue noire, le courlis cendré et l’eider à duvet. En fait personne n’est content, et surtout pas les chasseurs spécialisés dans le gibier d’eau qui voudraient une ouverture au 2 août. Nous sommes en présence de chasseurs d’une faune sauvage, qui ne sont donc absolument pour rien dans l’état de la ressource, et qui veulent pourtant tout le pouvoir dans leur gâchette. Le gouvernement, qui pense toujours au court terme, a été jusqu’à présent du coté des massacreurs :

 

Le conseil d’Etat rappelle à la ministre de l’écologie Roselyne Bachelot la directive européenne de 1979 et annule une grande partie des arrêtés fixant les dates de fermeture de la chasse (LeMonde du 22-23 août 2002). La ministre de l’écologie, qui n’est certainement pas écologiste, persiste et signe le 28 mars 2003 devant la Fédération nationale des chasseurs : « On n’efface pas en quelques jours les blessures et la défiance qu’a engendrées l’attitude sectaire de mes prédécesseurs à l’égard de la chasse et des chasseurs ». Elle déclare par ailleurs qu’il n’appartient pas aux lois de fixer les dates d’ouverture et de fermeture de la chasse, celles-ci répondant d’avantage aux lois de la nature, à la météo et à la dynamique des populations d’oiseaux !!! (LeMonde du 15.05.2003). Le Conseil d’Etat est obligé à nouveau de suspendre une partie de son arrêté fixant les dates de fermeture de la chasse aux oiseaux migrateurs. (LeMonde du 7.02.2004)

 

Si un ministre de l’écologie s’essaye à plus d’écologie comme Serge Lepeltier et suit la jurisprudence du Conseil d’Etat, il se retrouve tout nu. Serge est victime le 1er février 2005 d’une bronca lors de la réunion du groupe parlementaire UMP parce qu’il avait fixé fin janvier la fermeture de la chasse au gibier d’eau. Le Premier ministre Raffarin considère que « 50 députés UMP doivent leur élection aux chasseurs et qu’il faut prendre très au sérieux l’appel de CPNT de voter Non au référendum. Nous allons droit dans le mur… » (Le Canard enchaîné du 16.02.2005)

 

Le successeur de Lepeltier, Nelly Olin, retombe donc dans l’ornière de la défense de la chasse à tout prix. Elle fixe l’ouverture de la chasse au canard au 6 août 2005 : « Couvées et canetons seraient plus précoces à l’ouest que dans les marais à l’est ou près de la Méditerranée ». (LeMonde du 26.07.2005) Mme Olin sait en effet que son arrêté lui vaut le soutien des principaux dirigeants de la Fédération nationale des chasseurs.

 Nous sommes dans une société où la démocratie suit la loi du grand nombre, celle des chasseurs, alors que nous aurions tant besoin de laisser les dernières bribes de la nature sauvage voler de ses propres ailes. J’ai été chasseur, dans une famille de chasseurs depuis des générations. J’ai compris déjà il y a des dizaines d’années que la chasse était une activité qui ne correspondait plus à rien dans une Nature saccagée par nos soins. J’ai arrêté de chasser, je demande à tous les chasseurs de faire de même.

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le temps d’aller lentement

  Dans la page Environnement & Sciences, LeMonde du 30.07.2008 nous présente le WhiteKnightTwo à deux fuselages qui est censé amener la future navette spatiale de Richard Branson pour touristes fortunés : 200 000 dollars pour un quart d’heure en apesanteur à 120 km au-dessus de la Terre. Il paraît que 200 personnes se sont déjà inscrites pour un vol suborbital. Je peux ajouter que même l’astrophysicien Stephen Hawking, 65 ans et cloué dans un fauteuil roulant,  était candidat. Pour la NASA cependant, l’espace n’est pas fait pour les touristes. Pour la Biosphère, qui conteste déjà le tourisme en véhicule personnel et à plus forte raison en avion (effet de serre oblige), l’utilisation de la fusée paraît démesuré, même et surtout s’il ne s’agit que de quelques « privilégiés » 

 Le problème essentiel, c’est qu’une telle information, simple publicité pour le milliardaire Branson, se retrouve dans la page Environnement & Sciences de mon quotidien préféré. C’est mal. Et c’est un signe de l’ambiguïté de notre époque, bercée par les miracles d’une technoscience qui fait rêver certaines personnes et qui assidûment détériore notre environnement. Il faut prendre le temps d’aller lentement, 120 km à pied sur des chemins de randonnée devrait apporter infiniment plus de plaisir qu’un saut spatial quasi instantané.

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s’unir en partant du bas

Ce que je trouve formidable dans mon quotidien, c’est la masse d’informations qui en émane et qui peut nourrir mon cerveau. Ce que je trouve encore plus formidable, c’est l’utilisation que je peux faire de ces informations, nous ne sommes jamais neutres dans notre lecture. Ainsi l’article sur Hadrien, un humaniste gay et sanguinaire (LeMonde du 29.07.2008) nous rappelle que l’Europe d’Hadrien, empereur romain de 117 à 138, englobait la Turquie et le Maghreb. Pourquoi refuser une Europe élargie dans un monde actuel où les moyens de communication et l’abandon de la guerre comme moyen de modifier les frontières facilitent la cohésion des peuples ?

 

            L’Union européenne est cette tentative admirable de promouvoir l’unification mondiale autour d’un noyau de pays, avec un rapprochement progressif des peuples. Nous sommes loin des pratiques d’Hadrien qui était d’abord un chef de guerre d’une grande brutalité, matant les révoltes dans le sang. Le monde s’unifie en partant du haut avec l’ONU, il s’unifie par le bas avec la démarche de l’Union européenne. Je trouve regrettable que la politique des petits pas que cela nécessite ait été enrayée par le Non au référendum européen de 2005 et le Non irlandais à l’heure actuelle.

 A croire que les peuples préfèrent les méthodes impériales des chefs de guerre plutôt que le consensus qui naît de la réflexion individuelle et collective ! La Biosphère ne retrouvera la paix qu’avec un approfondissement de la pensée humaine chaque jour davantage ; la Nature ne peut qu’être malmenée par l’inconscience humaine.

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