biosphere

anthropocène

L’anthropisation de la planète est un mal.

 

En 1885, le congrès international de géologie avait adopté le terme holocène (ère entièrement nouvelle) pour qualifier  le cycle à peu près stable de 10 000 ans commencé après la dernière glaciation. Mais c’est oublier les gigantesques bouleversements terrestres d’origine humaine survenus ces deux derniers siècles. C’est pourquoi Paul Joseph Crutzen, Prix Nobel de chimie 1995 reconnu pour se travaux sur l’altération de la couche d’ozone, préfère parler depuis l’année 2000 d’anthropocène, modification de la Biosphère par l’espèce homo sapiens. Cette engeance qui est la notre utilise en effet 50 % des ressources mondiales en eau douce, respire 15 % de l’oxygène de photosynthèse, émet 30 % du dioxyde de carbone, passera de 3,2 milliards d’urbains en 2006 à 9 milliards en 2050. Par son activisme, le climat est bouleversé, la biodiversité est en péril et les ressources s’épuisent.

 

La bonne option, que Crutzen appelle « mitigation », vise à atténuer considérablement l’influence humaine sur la Biosphère, y compris par un contrôle des populations humaines. Mais Crutzen envisage le pire, une société qui ne change pas ses habitudes (business as usual). Alors il faudrait aller jusqu’au bout des sauts technologiques, mettre en place de la géo-ingénierie pour transformer l’atmosphère et nous protéger du réchauffement climatique. Il faudrait imiter les volcans et envoyer chaque année par fusée des millions de tonnes de soufre dans la stratosphère pour réduire l’entrée des rayons solaires ! D’autres proposent le blanchiment des nuages, la fertilisation du plancton, la capture du gaz carbonique, d’immenses miroirs solaires…en minimisant la complexité de la Biosphère.

 

 Les apprentis sorciers ont encore frappé, ils cherchent avant tout à préserver l’illusion d’une humanité maîtresse des éléments…

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=section&layout=blog&id=15&Itemid=94

 

on a besoin d’une récession

La Biosphère a toujours quelque chose à glaner dans Lemonde. Ainsi l’édition du 25.01 nous offre un superbe dessin de Pessin en page 2  : Un ours qui apprend dans son journal qu’on va droit vers la récession et qui sable le champagne pour fêter cette heureuse perspective. Faut dire que le glaçon sur lequel il est assis est déjà réduit à sa plus simple expression !

Les humains ont-ils donc tellement besoin d’une récession économique ? La réponse est : OUI.

En effet Lemonde en page 7 nous explique par exemple les difficultés du plan climat de Bruxelles : « A l’instar de Nicolas Sarkozy, plusieurs dirigeants européens ont multiplié les pressions afin de limiter  les efforts à consentir (…) Les Etats vont de surcroît chercher à limiter leurs contributions en matière d’énergie renouvelables. »

 Ainsi vont les politiques, inconscients des enjeux écologiques. Mais le parti socialiste vient de se doter d’un « pôle écologique ». La face du pôle des ours en sera-t-elle changée ?

mitage routier

Ce n’est pas un moratoire sur la construction des autoroutes qu’il faudrait mettre en place si on voulait respecter la Biosphère, mais la programmation d’une déconstruction des chaussées.

La France est déjà traversée par 1 079 072 km de routes contre 32 888 km de voies ferrées. L’approche du type cycle de vie appliquée aux infrastructures routières permet d’identifier les principales pressions exercées directement ou indirectement sur l’environnement. Une route nécessite des matériaux pour sa construction puis son entretien : remblais pour les sous-couches, granulats, bitume dérivé du pétrole et ciment comme liant hydraulique pour la couche roulante, etc. En moyenne, cela représente par Français 3t/an de granulats. Leur production, leur acheminement et leur manipulation sont sources d’émissions de polluants dans l’air, les eaux et les sols. Environ un million de tonnes de déchets routiers constitue un caractère dangereux. De plus l’utilisation de la route par les véhicules est responsable de 36,6 % des émissions nationales de CO2.

La route est aussi un espace qui couvre 1,2 % du territoire métropolitain, ce qui induit une rupture dans la continuité territoriale. Les grandes routes découpent les surfaces d’un seul tenant qui arrive actuellement à seulement 814 hectares en moyenne. Le principal impact réside dans cette coupure des milieux naturels qui gêne la circulation des espèces, morcelle leur territoire et réduit les échanges entre les écosystèmes. Des mesures compensatoires sont exigées pour protéger l’environnement, par exemple l’édification de passages pour la faune. Mais les dispositifs antibruit ou la minimisation de la dégradation paysagère, tournés vers l’homme, restent les principales dépenses entreprises. (cf. le 4 pages/Ifen, octobre 2006)

50 % de citadins

Au secours, les villes envahissent la Terre ! En Chine, 18 millions de ruraux migrent chaque année vers les villes. Selon les estimations de l’ONU, les citadins sont devenus en 2007 plus nombreux que les  campagnards : 3,3 milliards de citadins, quatre fois plus qu’en 1950 (29 % de la population à l’époque). Les villes devraient regrouper près de 5 milliards d’habitants en 2030, une augmentation qui se fera à 93 % dans le tiers-monde. Les pauvres se retrouveront le plus souvent dans des établissements informels, euphémisme pour désigner les bidonvilles dans lesquels on observe déjà des situations encore plus misérables que pendant l’urbanisation qui a accompagné la révolution industrielle. L’environnement est insalubre, les structures sociales disloquées, les enfants des rues prolifèrent, le modèle urbain qui était gage d’amélioration du niveau de vie ne fonctionne plus.

 

Pourtant la directrice du Fonds des Nations unies pour la population trouve encore normal cette situation : « Aucun pays ne s’est développé sans cette vaste transformation économique et sociale, accélérateur de la division du travail et catalyseur de l’ouverture au monde. Si les villes génèrent des problèmes environnementaux, elles peuvent également contribuer à en résoudre et, gérées de manière durable, avoir des effets largement positifs sur l’environnement. » Il faudrait reconnaître « l’inéluctabilité du phénomène d’urbanisation, ainsi que le droit des pauvres à bénéficier des possibilités que la vie urbaine incarne. » Thoraya Ahmed Obaid conclut : « Notre avenir, qu’on le veuille ou non, sera urbain. » (Le Monde du 28 juin 2007)

 

Alors que les pauvres s’installent dans la fatalité, les analystes au service du monde riche démontrent qu’il n’y a rien à faire si ce n’est vivre d’espoir et d’aide au développement. La Biosphère est abasourdie par tant d’aveuglement !

 

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le syndrome du Titanic : on coule !

Lemonde du 24.01.2008 analyse les subprimes qui font « chavirer les modèles ». Que c’est vrai et si bien dit. Hulot parlait déjà du syndrome du Titanic : on coule !

Nous sommes dans une pliure de l’histoire où il faut changer de civilisation, mais personne ne veut percevoir la clé du futur. On préfère pour le moment courir après les vieilles lunes. Les uns augmentent les taux d’intérêt pour faire face à l’inflation, les autres diminuent le taux directeur pour lutter contre le chômage. Ridicule et billevesées. Nous savons que nous courons droit à la stagflation (stagnation de l’activité économique et forte inflation) qui a déjà sévi après le premier choc pétrolier. La prochaine stagflation s’annonce encore plus terrible et aucun modèle de la théorie économique dominante (libérale ou keynésienne) n’y portera remède.

 Pourtant certains connaissent déjà la solution. Il faut qu’il y ait décroissance de notre vanité humaine, décroissance de notre activité économique, décroissance de notre démographie. Il faut un remède de  cheval et aucun politique ne voudrait appliquer la purge. Alors il nous faudra un choc pétrolier rampant de plus en plus vite, une grosse récession et beaucoup de commissions ad hoc pour nous rendre compte qu’il fallait changer de civilisation… 

Pour en savoir plus, http://biosphere.ouvaton.org/

eau virtuelle

Dans la province espagnole d’Almeria, entre la côte andalouse et les contreforts montagneux, s’étend un paysage de lande rousse et de rocailles. Ce désert est aujourd’hui recouvert de serres sur 27 000 hectares. Elles produisent fruits, légumes et fleurs pour l’Europe tout entière. Mais ces produits étant composés à 80 % d’eau, la région vit d’une forme d’exportation de ses ressources naturelles, l’eau virtuelle qui se cache dans les produits que nous consommons. L’eau virtuelle peut apparaître comme un moyen efficace de réguler les ressources en eau sur la planète. En effet, difficile de transporter de la vraie eau ! Mais pour Almeria, c’est l’appauvrissement assuré. Il n’y pleut quasiment pas, seulement autour de 20 millimètres par an. Il faut donc prélever dans les nappes phréatiques qui n’ont plus le temps de se reconstituer. On pompait l’eau fossile jusqu’à 30 mètres sous terre, maintenant les nouveaux forages puisent à 600 ou 700 mètres. Personne ne sait combien de temps cela durera, mais on est sûr que cela ne durera pas. L’eau de mer a déjà pénétré dans les couches superficielles, les nappes sont polluées par les fertilisants et les pesticides, le dessalement de l’eau de mer ne changera pas la donne fondamentale : on ne doit pas exporter une eau qui se raréfie. D’autant plus que les touristes arrivent sur la côte pour réclamer des terrains de golf qui utilisent beaucoup d’eau…

La souveraineté alimentaire de chaque territoire doit devenir une exigence mondiale, on ne peut exporter de l’eau virtuelle en épuisant une Biosphère limitée.

 

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Environnement & Sciences

Lemonde présente régulièrement sa récente rubrique  « Environnement & Sciences » : mieux vaut tard que jamais !

Mais la Biosphère n’aime pas le terme « Environnement », il renvoie trop à l’environnement humain et non à la nature ; les humains restent encore au centre, fiers de leur illusoires prérogatives. La Biosphère n’aime pas non plus le mot accolé « Sciences », il est trop généraliste, trop proche d’une approche technicienne de la nature. La Biosphère préfère le terme écologie, qui est une véritable sciences des écosystèmes. La nature est alors plus présente et « Environnement et Sciences » sont réunies en un seul mot.

Mais Lemonde est malin (édition 23.01.2008), il peut mettre dans cette rubriques des choses ultra-intéressantes, par exemple le plan climat européen, soumis à l’épreuve des intérêts particuliers.  Il ne s’agit plus de sciences, il s’agit de politique et d’économie, on parle des lobbies à visage découvert, on aborde un peu l’écologie politique, malmenée par ces luttes d’influence où les industriels énergivoraces ont toujours le dernier mot.

 La Biosphère n’en sort pas très rassurée, avec tous ces droits de (à ?) polluer fournis gratuitement par l’Etat.

légumes BIO ?

Au printemps 2006 en France, la publicité pour une coopérative de fruits et légumes proposait « des fruits et de légume BIO en toutes saisons. » Les tomates étaient disponibles d’octobre à juin, les tomates cerise toute l’année et les poivrons de décembre à mai. Bien entendu la gamme proposée était composée d’une grande variété de produits non cultivés en France. Peut-on se féliciter de l’aide apportée par la France à des villages africains en leur achetant des mini-haricots verts exportés tout frais par avion ? On oublie ainsi le gaspillage énergétique dont l’équivalent pourrait être utile dans le développement des cultures vivrières locales.

 

La question de la pertinence de la mondialisation du commerce peut d’ailleurs être posée aussi bien pour les nouvelles consommations que pour les processus de production. Pourquoi assembler une voiture en Angleterre en faisant venir des pièces détachées de toute l’Europe avant réexportation. Pourquoi des voitures françaises vont-elles se vendre en Allemagne et des Volkswagen se vendre en France ? Pourquoi des voitures  font-elles tant de kilomètres sur des camions ? Pourquoi des légumes font-ils tant de kilomètres ? Pour le profit !

 

Le libéralisme crée une séparation entre l’activité humaine et les écosystèmes. Cela n’est pas durable. Chacun doit apprendre à vivre avec son biotope particulier. La mondialisation doit rester une ouverture d’esprit, pas un mode de vie.

 

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LeMonde et la Tata Nano

à Sylvie Kaufmann 

Dans ton post-scriptum à Lettre d’Asie (Lemonde, 22.01.2008), tu dis avoir reçu des courriers alarmistes de lecteurs sur les effets environnementaux la Tata Nano. Mais tu consacres beaucoup plus de lignes à tous ceux qui pensent au confort de la voiture individuelle pour tous les habitants des pays émergents. Tu poses ainsi la contradiction flagrante entre la généralisation de notre modèle de vie occidental et la perturbation climatique. Il n’y a pas trente six solutions, il faut que toute la classe globale qui se permet de rouler en voiture individuelle arrête de massacrer la Biosphère. Les pauvres n’auront plus alors de modèle à imiter.  

Tu pense qu’une voiture populaire ET écologique pourrait être généralisée. Mais ce ne sont là que suppositions. Si on n’arrive pas à inventer la voiture propre, et cela fait longtemps qu’on s’y essaye, dans quel état sera la planète que nous léguerons aux générations futures ?

dégradation des sols

La moitié des sols cultivables est dégradée, c’est-à-dire qu’il a perdu une partie de ses fonctions, comme celle de nourrir les plantes, celle de filtrer les eaux ou encore celle d’abriter une importante biodiversité. C’est principalement l’action de l’homme qui provoque aujourd’hui ces dégradations. La mise en culture des terres entraîne leur assèchement, la diminution de la vie biologique ou encore la disparition du couvert végétal, tous facteurs qui empêchaient une pénétration optimale de l’eau dans le sol (érosion hydrique). Un sol labouré va se détacher plus facilement, d’où l’érosion éolienne. L’absorption des éléments minéraux présentes dans la terre cultivée entraîne une forte baisse de fertilité, l’acidification et la salinisation des sols s’ajoutent à ce phénomène, la pollution par nos eaux usées complète ce triste panorama. Fait aggravant, tous ces facteurs sont susceptibles de se cumuler, une terre cultivée va s’acidifier, s’appauvrir en sels minéraux, se tasser et favoriser le ruissellement. A cela s’ajoute la déforestation, une spirale de dégradation se met en place. (Synthèse d’un article de l’Atlas de l’environnement, hors-série Monde diplomatique).

Alors, la Biosphère est sûre que la Commission européenne va proposer une directive-cadre pour les sols, applicables dans 100 ou 1000 ans.
L’humanité ne se définit pas par ce qu’elle crée, mais par ce qu’elle choisit de ne pas détruire.

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Joyon et la libération de la croissance

Lemonde du 20-21 janvier nous montre à la perfection les contradictions de notre système. D’un côté Francis Joyon se veut le maître des vents, à l’image des humains qui se croient les possesseurs de la Terre. Il maîtrise à lui tout seul un bateau de près de 30 mètres, cela coûte à la société 3 millions d’euros pas-un-centime-de-plus. Il est parti à la conquête de l’inutile sur eau, il a battu le record du tour du monde à la voile, qu’est-ce qu’on en a à foutre. Mais par ailleurs il se  refuse à utiliser une énergie fossile polluante, il reste farouchement à l’écoute de la planète et se réjouit de l’annulation du Dakar. C’est à n’y rien comprendre !

L’explication réside dans la page d’en face, les ambitions de la commission pour la libération de la croissance. En fait ce qui compte aujourd’hui, c’est la croissance pour la croissance : « Le monde change à très grande vitesse. Le monde est emporté par la plus forte vague. Cette croissance exige l’engagement de tous. » Notre objectif commun devrait être de continuer à faire comme c’était avant, du beau temps de nos 5 % de croissance annuelle du PIB.  Alors Joyon devient l’archétype de l’exemple à imiter, se dépasser toujours plus, aller plus loin, aller plus vite, coûter plus cher. Il faudrait continuer de faire comme si notre technologie nous permettait de faire n’importe quoi.

 Dans ce contexte, on peut bien envisager les problèmes de la Biosphère, mais  de façon marginale et inaudible. Alors Joyon et Attali nous montrent la meilleure façon d’aller dans le mur des limites de la planète, quand les vagues nous submergeront.

moins de gens, plus d’agriculteurs

Question à Sunita Narain, directrice du centre for Science and environment à New Delhi : Plus de  70 % des Indiens vivent de l’agriculture. Comment leur assurer un niveau de vie décent ?

« Les responsables politiques disent qu’il y a trop d’habitants dans les campagnes, et qu’il faut les amener en ville. Mais où est le modèle de croissance qui crée de l’emploi pour tous ? En fait, les gens se retrouvent dans des bidonvilles. Cela me stupéfie que les gens continuent à proposer cette solution, c’est irresponsable. La réponse à la pauvreté est dans l’emploi, et l’emploi est à la campagne, dans l’agriculture. Si les petits fermiers ont des difficultés économiques, ce n’est pas parce qu’ils sont paresseux ou incompétents, mais parce qu’ils ne peuvent pas résister aux subventions qui existent dans l’agriculture des autres pays. C’est un blocage psychologique de croire que la terre ne peut pas faire vivre un grand nombre de gens. Sinon, en Inde, qu’est-ce qui fera vivre un milliard de personnes ? L’industrie n’a jamais été capable de créer des emplois à cette échelle. Elle prend les ressources, elle prend l’eau, mais elle ne génère pas d’emploi. L’avenir est dans la terre et dans l’eau. »

 Qu’est qui va permettre à neuf milliards d’humains (en 2050) de vivre sur cette petite planète. La Biosphère ne connaît qu’une réponse, la décroissance humaine.

mangeons autrement

Le modèle alimentaire des peuples occidentalisés nécessite un système qui utilise beaucoup trop d’intrants (engrais et pesticides), repose sur une industrie agroalimentaire puissante (aliments transformés prêts à être consommés), et façonne une demande qui ne tient plus compte des saisons ni de l’origine géographique des produits. Cette aberration agro-alimentaire inverse aussi le rapport végétal/animal dans les sources de protéines. Ce modèle n’est pas généralisable, les surfaces agricoles seraient insuffisantes : il faut de trois à quinze fois plus de terres pour produire la même quantité de protéines sous forme animale que sous forme végétale. De plus, l’OMS indique que d’ici à 2020, les deux tiers de la morbidité mondiale seront imputables à des maladies associées à une alimentation comportant davantage de denrées alimentaires raffinées, d’aliments d’origine animale et de graisses.

 

Il faudrait donc changer de modèle agricole, manger beaucoup moins de viande, cesser d’importer des produits hors saison, relocaliser de nombreuses productions et redécouvrir le charme des aliments complets. Reste à savoir si nous saurons faire cette mutation avant qu’une crise mondiale ne nous y contraigne dans la douleur. La Biosphère sera insensible aux souffrances que les humains se seront infligées à eux-mêmes…

Nous sommes tous potentiellement des défenseurs de la Nature,donc des objecteurs de croissance. A toi de le prouver…

François Ramade

L’actualité n’a pas d’importance en soi, l’important c’est ce qu’on fait de l’actualité, si on la juge ou non digne d’intérêt. La perte de biodiversité s’accroît tous les jours, mais personne n’y prête attention Pourtant François Ramade, professeur d’écologie et de zoologie à l’université de Paris-Sud, est clair :

 

« Les épisodes géologiques d’extinction massive ont certes pu provoquer de véritables hécatombes parmi les espèces vivantes. Toutefois, même les cinq d’entre eux qui furent les plus apocalyptiques se sont néanmoins effectués sur des durées se chiffrant en centaines de milliers, voire en millions d’années. Le sixième épisode d’extinction massive, celui auquel nous assistons actuellement, est le seul fait de l’action de l’homme et d’effectue à une vitesse 1000 à 10 000 fois supérieure à celle des plus rapides extinctions géologiques du passé ! Ainsi il est estimé que la destruction des forêts pluvieuses tropicales conduirait, à son rythme actuel, à la disparition de la moitié des espèces qui les peuplent, soit au minimum quelque 2,5 millions d’espèces vivantes d’ici à 2050. La situation est proportionnellement pire encore dans de nombreux groupes d’animaux. Ainsi sur les 4000 espèces de mammifères peuplant la biosphère, plus de 1000 sont dès à présent menacées de disparition.

 On ne peut éluder la dimension éthique justifiant la conservation de la biodiversité. En vertu de quelle autorité notre espèce pourrait-elle s’arroger le droit de procéder au cours du présent siècle à l’ultime génocide, sans précédent dans l’histoire de l’humanité, qui tiendra à l’anéantissement de plusieurs millions d’espèces vivantes ? La conservation de la biodiversité apparaît comme un impératif catégorique pour la communauté des nations. Il s’impose à l’ensemble des humains de prendre conscience de l’interdépendance de leurs actions sur l’environnement global, en particulier des conséquences désastreuses de l’utilisation anarchique des ressources naturelles. Les conséquences écologiques globales qui en résultent compromettent de plus en plus l’équilibre de la biosphère. Il n’est donc pas exclu, en définitive, que si notre espèce ne met pas en œuvre les mesures radicales qui s’imposent pour inverser les tendances actuelles, elle ne connaisse à son tour le sort des dinosaures dans un avenir plus rapproché qu’on ne pourrait l’imaginer. »

Bali, suite sans fin

L’actualité n’a pas d’importance en soi, l’important c’est ce qu’on fait de l’actualité, si on la juge ou non digne d’intérêt. L’effet de serre, c’est définif, a plus d’importance que toutes les paroles papales depuis l’institutionnalisation de l’Eglise catholique. Mais la société civile, sans le secours de dieu, reste à la peine. La conférence de Bali sur le changement climatique s’est achevé le 15 décembre 2007 sur le constat qu’il fallait se revoir à Copenhague en 2009 ! L’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990 (protocole de Kyoto) n’a pas été atteint par les pays industrialisés, et on parle pourtant sans sourciller d’un objectif de réduction de 40 % entre 1990 et 2020.

 L’optimisme est au beau fixe, on envisageait même à Bali d’associer les pays émergents à la réduction des émissions, mais on continue de jouer la pièce « Le premier qui commence à perdu ». Les USA, comme chacun sait, ne veulent pas rentrer dans le jeu, du coup les pays en développement ont refusé qu’on invoque l’échéance de 2050 en ce qui les  concerne. Le seul élément constructif à terme, c’est que Washington, six ans après avoir tenté de  couler le protocole de Kyoto, reconnaît que la lutte contre le changement climatique doit s’organiser dans le cadre des Nations unies.…Il est vrai que pour les humains, c’est la première fois qu’ils sont amenés à prendre une décision pour le long terme qui rassemble l’ensemble des pays de la planète.Donc rien en presse, je vais encore pouvoir me chauffer au gaz les quelques années qu’il me reste à vivre : responsable, mais pas coupable !

La Biosphère, elle, n’est pas contente et commence à me le faire savoir…

un pape « vert »

L’actualité n’a pas d’importance en soi, l’important c’est ce qu’on fait de l’actualité, si on la juge ou non digne d’intérêt. Le pape a-t-il un intérêt ?  Selon un titre du journal Lemonde du 27.12.2007, le pape Benoît 16 dénonce l’exploitation de la planète dans son message de Noël. Le sous-titre en rajoute, « paix et écologie dans le message de Noël du pape ». En fait, juste une petite phrase du pape (http://www.radiovaticana.org/fr1/Articolo.asp?c=176038) peut appuyer cette assertion : « Dans le monde, le nombre des migrants, des réfugiés, des déplacés, va toujours croissant, à cause aussi des catastrophes naturelles, qui sont souvent la conséquence de préoccupants désastres écologiques. » Pas de quoi changer la face du monde et dénoncer les innombrables dommages environnementaux. Benoît 16 est dans la droite ligne du pape précédent dont le recueil de textes environnementalistes, « Les gémissements de la création », montre que la parole écologique du pape est toujours réduite à sa plus simple expression. Il est vrai que la religion catholique, comme d’ailleurs bien d’autres religions, ne voit dans la planète qu’un domaine que les humains peuvent dominer et exploiter. Ce n’est pas ainsi que nous pourrons sauver la planète, comme l’exprime des tas de livres écolos qui se passent complètement des discours de la papauté. Benoît 16 n’est donc pas un pape « vert », contrairement à ce que laisse supposer l’article du Monde.

 

Benoît 16 est plutôt un pape sur le déclin, encore imprégné d’une théologie d’un autre âge, pape dont rien ne laisse supposer une capacité d’ouverture aux problèmes contemporains, à commencer par ceux de la Biosphère. D’ailleurs pour lui, nul besoin d’électricité et de fuel : « Laissons la lumière de ce jour (de Noël) se répandre partout : qu’elle entre dans nos cœurs, qu’elle éclaire et réchauffe nos maisons. »

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

http://biosphere.ouvaton.org/page.php?fichier=2008/affichactu3

 

Lemonde, lu par biosphere

Dans sa lettre d’Asie (Lemonde du 15.01.2008), Sylvie met sur un piédestal Ford pour avoir été le premier à avoir la vision d’une voiture populaire, la Fort T. Pourtant on sait déjà que le fordisme va vers un échec retentissant. Après nous avoir fait miroiter la production de masse (le travail à la chaîne, la chaîne de l’esclavage de l’OS) et appliquer la consommation de masse (élévation du salaire pour que l’OS puisse supporter ses chaînes), le fordisme a abouti à l’épuisement des ressources pétrolières et au dérèglement climatique. Bonjour la vision de l’avenir !

 

Tata suit la même combine qui rapporte du fric, mais il pense aujourd’hui au marché émergent des pauvres de toute la planète. Ce n’est donc pas dans quarante ans qu’il n’y a plus de pétrole, c’est demain. Le réchauffement climatique ne va pas bondir de moins de 2 °C, mais de bien plus.

 Bonjour les imitateurs des mauvaises idées sur le marché pervers de l’innovation. Tata fait plus fort que Ford, c’est-à-dire bien pire.

Pierre Rahbi dans le TGV

L’actualité n’a pas d’importance en soi, l’important c’est ce qu’on fait de l’actualité, si on la juge ou non digne d’intérêt. Par exemple le monde peut-il (sur)vivre sans sacré ? La réponse de Pierre Rabhi est claire. « L’homme a perdu toute humilité. A l’origine, il y avait une perception sacrée de la réalité, que l’on retrouve dans l’animisme : tout ce qui existe, tout ce qui est dans la réalité est porteur de l’âme du créateur. Du fait de l’omniprésence de cet esprit immanent aux choses, l’être humain se sentait intégré à la réalité. C’était l’écologisme fondamental des tout débuts. Au moment de l’émergence des grandes civilisations, l’humanité a commencé à connaître une forme de profanation, à abuser des ressources naturelles. Dans notre civilisation vaniteuse, l’être humain croit pouvoir prétendre qu’il peut maîtriser son destin, seul avec l’aide de la déesse raison, de la science et de la technique. Il faudrait au contraire considérer la spiritualité comme le fondement même. L’univers tout entier est esprit, c’est-à-dire ce sentiment profond qui nous permet de ressentir l’arbre comme étant vivant, de sentir la vie en tout. Dès lors qu’on atteint cette dimension sacrée, on perçoit la vie comme étant respectable. Et on ne peut que la respecter. Quand on enfouit de l’humus dans la terre, il la redynamise de façon à de qu’elle puisse continuer à être féconde. C’est prodigieux. Les mots humanité, humidité et humilité sont étymologiquement  dérivés du mot humus. Je pense que nous manquons, aujourd’hui, terriblement d’humanité et d’humilité. »

 

Le plus extraordinaire, c’est que ces fortes paroles sont imprimées dans TGV magazine de décembre-janvier 2008 sous le titre Le monde peut-il (sur)vivre sans sacré ? Il y a aussi dans ce numéro un long article sur ces inconscientes grenouilles (les humains) qui ne savent pas comprendre l’urgence climatique. Mais le magazine des Trains à Grande Vitesse cultive tout, sauf l’humilité ! Pub pour l’alpha Roméo de 150 ch, pub pour les portables, beaucoup de pubs pour les sports d’hiver. Dire que les TGV suppriment toutes les petites lignes transversales de chemin de fer et fragmentent la Biosphère…

 

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padak, le Dakar

L’actualité n’a pas d’importance en soi, l’important c’est ce qu’on fait de l’actualité, si on la juge ou non digne d’intérêt. Ainsi, c’est la joie dans la Biosphère, le rallye Lisbonne-Dakar 2008 a été annulé le 4 janvier ; personne ne pouvait décemment être d’accord avec le Dakar. Officiellement cette compétition devenait dangereuse puisque condamnée par Al Qaida comme rassemblant un ramassis de « croisés, d’apostats et de mécréants ». On est presque proche de la vérité quant aux participants. En fait il s’agit uniquement d’un événement spectacle qui n’existait que parce le début du mois de janvier est en général assez vide d’informations ; il faut donc meubler ce vide existentiel par l’essence de compétiteurs motorisés. En conséquence cette organisation mercantile, organisée depuis 1978 par l’ASO (Amaury Sport Organisation), gaspillait l’énergie fossile, agressait la flore et la faune, occasionnait nombre d’accidents et devenait la vitrine de l’idiotie occidentale. Ce jeu de grands enfants représentait une approche peu respectueuse des biotopes traversés et agressés par cette furie mécanique. Il n’est que justice que l’ASO perde dans l’histoire 50 millions d’euros de chiffre d’affaires et que les fervents de l’épreuve sur poste de télé soient obligés de se reconvertir vers des spectacles moins coûteux pour l’environnement.

 

S’il faut se réjouir de cette annulation, il faut déplorer que celle-ci ne résulte pas d’une prise de conscience des hommes, mais de la peur de quelques terroristes. Ce choc de l’arrogance mécanisée des uns et de l’obscurantisme religieux des autres prouve que l’animal humain a bien peu de raisons de s’imaginer supérieur aux autres formes de vies.

 

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Gandhi ne voudrait pas de la Tata Nano

Dans l’article sur la voiture la moins chère du monde, le journaliste se permet d’écrire que « la conception de la Tata Nano est fidèle aux principes du mahatma Gandhi ».Jamais je n’aurais pensé qu’une récupération puisse aller aussi loin. Gandhi n’est pas connu par des considérations générales du type « obstination » et  « irrévérence vis-à-vis des standards qui dominent l’industrie ».  Il ne faudrait jamais oublier qu’il voulait concrètement que nous revenions au plus simple, le rouet contre la machine textile et les industriels, le sel fabriqué par le pays contre le sel que nous fournit le commerce.            

 Rappel : Gandhi, qui avait rejeté le tabac dès son adolescence, avait décidé à 28 ans de vivre de la façon la plus économique possible. Il décida d’abord de boycotter son coiffeur et son blanchisseur, il s’occupait aussi directement de ses enfants, à sa façon. Gandhi avait mis les jouets d’un enfant sur une étagère. A celui-ci qui le lui demandait, il expliqua : «  Tu sais que c’est un jouet importé de l’étranger. Si je te le donne, tu sais aussi que nous ne pourrons pas jouer ensemble. »   Il se nourrissait de manière frugale et finit par se vêtir d’un simple pagne. Il avait demandé aux Indiens d’adopter le kadhi, ce coton tissé main qui permettait de rejeter les étoffes importées d’Angleterre. En filant et tissant la fibre naturelle récoltée sur le sol indien, l’Inde pouvait se mettre sur les chemins de l’indépendance, acquise en 1947.  Aujourd’hui les Hindous devraient suivre l’enseignement de Gandhi et résister aux tentations. Mais l’Inde se rêve au contraire de paillettes et de néons, elle s’éloigne de plus en plus de l’ascétisme que prêchait le père de la nation. Le kadhi n’est plus vraiment à la mode et les designers indiens ne rêvent que de conquérir les marchés occidentaux de la haute couture. Maintenant les industriels s’intéressent à la voiture à 1700 euros pour accélérer les émissions de gaz à effet de serre. Gandhi est aux antipodes de tout cela. 

Gandhi aujourd’hui aurait certainement  prédit : « En vérité, en vérité je vous le dis, le renoncement à la voiture sera un jour la loi pour tous. »