irréversibilité
Irréversibilité ! Le découragement me gagne…
Quand je constate l’échec du protocole de Kyoto, je m’aperçois que la formation d’un groupe de scientifique qui nous montre l’inéluctable ne peut de toute façon faire mouvoir en rien les inerties et les égoïsmes. De même, la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, entrée en vigueur en 1996 et signée par 190 pays, a peu d’effets sur le terrain. Les Etats concernés se désintéressent de la question, voire privilégient des politiques de développement économiques contraires à l’objectif. Un jour la Biosphère se désintéressera des humains.
Car la désertification n’est pas un phénomène naturel, c’est la détérioration des sols causée par une mauvaise exploitation des terres (cultures intensives, surpâturage, déforestation pour gagner de nouvelles terres cultivables), et par une irrigation incontrôlée. La couche supérieure des sols, si elle est surexploitée, peut être détruite en quelques années, alors que des siècles ont été nécessaires à sa constitution. Le réchauffement climatique, en accroissant les besoins en eau des sols et en modifiant le régime des pluies, aggrave le phénomène. Aujourd’hui, 250 millions de personnes en subissent les conséquences, et un tiers de la population mondiale sera affecté à l’avenir si rien n’est fait. Les pauvres sont à la fois les agents et les premières victimes de cette situation. C’est la pauvreté qui pousse les habitants des zones sèches à exploiter au maximum les terres, les conduisant à privilégier leur survie à court terme, et ne leur donnant d’autre choix que d’agir au détriment de leurs intérêts à long terme. Mais les pays du Tiers-monde ne sont pas les seuls concernés, un tiers des Etats-Unis est affecté. Ce constat était au cœur de la huitième conférence internationale des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), qui a eu lieu du 3 au 14 septembre 2007 à Madrid.
La Convention des Nations unies contre la désertification s’est terminé de façon prévisible par un échec : les 191 membres n’ont pas réussi à s’accorder sur une augmentation de son budget en raison de l’opposition des Etats-Unis et du Japon. De toute façon le plan stratégique annoncé, qui définit de grands objectifs à dix ans, n’aura aucune valeur contraignante. On passe donc par pertes et profits un milliard de personnes qui sont menacées alors que 40 % des terres se désertifient. La perte de terres arables va générer des flux migratoires d’autant plus ingérable qu’ils seront considérables. Il est vrai que les pauvres ne savent pas défendre leurs intérêts et que les gouvernements des pays riches restent égoïstes. Certains accusent un déficit scientifique, on ne dispose pas de paramètres pour mesurer la désertification comparables aux émissions de gaz à effet de serre et aux listes taxinomiques… Mais même quand on sait, on n’agit pas !
NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2
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