Autrefois la force du PC, bientôt la force au parti écolo

L’organisation partisane (le parti) n’est qu’une invention récente. Ses origines remontent à la révolution de 1789 et à la floraison de clubs, confréries, sociétés de pensée et d’action qui ont marqué cette période. Dans la première moitié du XIXe siècle, s’opère l’organisation de l’opposition, mais la légitimité de l’expression partisane n’est reconnue qu’à la fin du XIXe siècle. Tout au long de ce cheminement, il a fallu passer par des réseaux plus ou moins clandestins, il a fallu s’appuyer sur la presse dont l’essor a été concomitant. C’est la législation de 1901 en France qui consacre l’avènement des partis en même temps que le droit d’association. Un parti est un regroupement d’individus qui professent la même doctrine politique en vue de conquérir ou de conserver le pouvoir d’Etat.

Mais les partis traditionnels sont devenus des partis de notables et d’élus qui ne s’animent qu’en période électorale. Conçus au départ pour aider les citoyens dans leur prise de conscience de la politique, ces partis se sont imposés comme des organes de sélection des candidats et non d’élaboration des idées. La médiatisation des leaders et la dictature acceptée des sondages ont entraîné la disparition d’une fonction essentielle des partis : la formation des opinions qui passait d’une part par la présence régulière sur le terrain, et d’autre part par la fonction programmatique. Les partis politiques sont dévalorisés et la personnalité de l’élu devient plus importante que la fraction idéologique dont il relève. Un entre-soi en vase clos, des militants qui partent, des professionnels de la politique qui se disputent les places… Ils ont largement perdu l’essentiel de leurs fonctions d’antan : « L’information, la formation, l’élaboration des programmes». Reste seulement « la sélection des candidats. »  Selon une enquête réalisée de décembre 2015, seuls 12 % des Français font confiance aux partis politiques. Ces derniers arrivent en queue de peloton des quinze organisations testées, distancés même par les syndicats (27 %) et les médias (24 %)*.

Le parti communiste a été le parti le mieux organisé car il avait pour tâche de diffuser la vulgate marxiste de la lutte des classes. Le parti écologiste, le seul actuellement qui a un projet de long terme, à savoir la recherche de l’équilibre entre humains et biosphère, pourrait devenir le plus attractif des partis s’il abandonnait la lutte pour les places en devenant surtout un centre de formation pour ses militants, et donc pour la population. Les seuls mouvements qui ont suscité l’adhésion au cours de ces dernières années ont été le fait de candidats ou de formations populistes se présentant comme « anti-système ». Or l’écologie politique est anti-système, anti-croissanciste, anti-consumériste, tournée vers un avenir commun… Un parti écolo n’est qu’un simple élément du tout, il s’efface pour une grande partie au profit de réseaux multiformes. Il existe une forte complémentarité entre l’action des citoyens-consommateurs face aux aliénations de la société de consommation, entre l’action des associations environnementales face à l’inertie des instance politiques, entre l’action des institutions européennes face à la frilosité des Etats nationaux. Tous les acteurs de la vie sociale, tous les citoyens sont directement concernés par les détériorations du milieu qui nous fait vivre et le parti devient alors une instance de pouvoir parmi d’autres. Mais si le parti des écolos arrivait à fédérer tous ces réseaux et à accompagner la création d’un peuple écolo, il pourrait enfin faire de la politique autrement.

* LE MONDE CULTURE ET IDEES du 19 février 2016, Quel avenir pour les partis politiques traditionnels ?