avec Cyril Dion, résistons à ce monde qui déraille

La recension du MONDE du livre de Cyril Dion, « Petit manuel de résistance contemporaine » nous paraît peu claire : « Manifester, signer des pétitions, agir localement, occuper des lieux, boycotter… Toutes ces propositions faites dans d’innombrables ouvrages, articles, émissions et réseaux sociaux « n’ont aucune utilité, ou presque, si elles sont mises en œuvre de façon isolée. Quant aux perspectives plus radicales d’insurrection, elles conduisent certainement à reproduire ce que nous prétendons combattre ».Il s’agit alors moins de prendre les armes que de transformer notre façon de voir le monde, mener une vie dans laquelle chaque chose que nous faisons, depuis notre métier jusqu’aux tâches les plus quotidiennes, participe à construire le monde dans lequel nous voulons vivre. « Il m’aura fallu des années et des années de militantisme dans les ONG pour parvenir à ce simple constat : si nous voulons emmener des millions de personnes avec nous, nous devons leur dire où nous allons. »*

Nous préférons le résumé que nous en avons fait le 17 juin dernier :

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2018/06/17/ecologie-changer-dhistoire-pour-changer-lhistoire/

Laissons maintenant la parole aux commentateurs sur lemonde.fr pour montrer l’âpreté des débats :

le sceptique : L’argument écologiste sur les ressources peut être vrai, mais il convainc peu. Sa forme logique simplifiée revient à dire : « comme nous allons manquer de ressources demain et en souffrir, autant souffrir dès aujourd’hui en cessant d’exploiter les ressources ». Or on préfère user des moyens de s’enrichir quand ils sont disponibles (il sera toujours temps de stagner et décroître)…

Jul @ Le sceptique. Vous oubliez dans votre raisonnement les phénomènes irréversibles… et il y en a plein dans le domaine du vivant, de la physique, etc… Autrement dit, le « il sera toujours le temps de décroitre », lorsque nous y serons obligé, peut nous conduire à un état qui sera nettement moins enviable que si la décroissance avait eu plus tôt.

Perlimpinpin : les rouges/verts toujours en croisade contre l’idéologie matérialiste néolibérale. Ils veulent renverser le système, surtout pas au commande quand nous voyons à l’oeuvre les clowns sectaires d’EELV ou les insoumis. Qu’ils restent dans leur bulle utopique à brasser de l’air et à faire des rodomontades. Quant aux sauveurs, la planète a déjà beaucoup donné avec tous marxistes, communistes, staliniens, maoïstes, castristes….qui nous ont apporté que famines, massacres, camps de rééducation….

SARAH PY : S’unir et ne pas diviser, ne pas chercher l’affrontement mais convaincre. S’il s’agit de nous sauver, alors le défi est commun et les moyens d’y répondre multiples. Une évolution des logiques économiques, la mobilisations des forces des entreprises, c’est ensemble que le combat est à mener. Si l’on perçoit le caractère urgent et dramatique des changements climatiques, alors cette acte de lucidité doit se prolonger dans les moyens de le combattre: l’union des volontés en est la première condition

le sceptique : Si l’écologie politique veut détourner l’humain de sa quête du bonheur terrestre, elle est mal barrée. Et si par malentendu elle prenait le pouvoir, c’est l’humain qui serait mal barré ! Bien sûr, des gens qui ont une certaine idée du bonheur (à savoir l’expression rationalisée de leur propre existence) jugent facilement que leur voisin ne comprend rien à ce qu’est réellement le bonheur.

JOSEPH MOUTIEN : Ce qui est impressionnant chez les climatosceptiques, ou les négationnistes de l’effondrement en cours, c’est qu’ils accusent les écolos de la responsabilité des crises, alors qu’il s’agit bien de leur propre responsabilité de promoteurs du capitalisme et de son dieu, la croissance.

* LE MONDE du 18 août 2018, Sauver la planète, ensemble

3 réflexions sur “avec Cyril Dion, résistons à ce monde qui déraille”

  1. Peter Turchin, professeur d’évolution culturelle à l’Université du Connecticut aux États-Unis, a tenu à prévenir : le pire est à venir. L’effondrement social pourrait arriver bientôt. Très bientôt même. En 2020, exactement. Le mathématicien s’est servi des équations historiques et mathématiques pour parvenir à ses conclusions. L’instabilité sociale et la violence politique atteindra alors son paroxysme. Un phénomène accentué par la récente élection de Donald Trump…
    http://www.2012un-nouveau-paradigme.com/2017/09/peter-turchin-le-mathematicien-prevoit-un-effondrement-social-pour-2020.html

  2. Comme D. Meadows bien avant lui, et bien d’autres ensuite, Peter Turchin déclare dans son dernier papier son complet pessimisme vis-à-vis de la possibilité d’un changement spontané, et sa prise de conscience que même s’il advenait il serait loin de faire plus que sauver quelques meubles.
    D’autant que par expérience, je peux que le courant de ce changement est traversé par des personnages, fort sympathiques, mais très éloignés du pragmatisme nécessaire a une transition viable. Je pense à des mouvances New Age, anthroposophie etc., qui sont plus bêtes de foire qu’acteurs sérieux de cette transition.

  3. On voit le chemin qui reste à parcourir, s’il l’est un jour, quand on constate que c’est un ensemble de valeurs de la société qui sont à revoir – comme la valeur bonheur selon le sceptique -, bien au-delà des simples comportements. Vu la dégradation des milieux naturels, il est bien plus probable que ce soit la riposte des lois de la physique qui nous contraindra au changement.

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