Avec ou contre Macron, deux stratégies incompatibles

Macron président, quel peut être l’avenir de l’écologie politique ? Voici une première stratégie possible, influer de l’intérieur sur le mouvement « En Marche ». Le programme écolo d’En Marche existe déjà, il ne fait que prolonger les tendances actuelles, il faut aller beaucoup plus loin  ; encore faut-il des pressions internes à ce parti pour cela. Avant Macron, certains ont essayé de faire évoluer de l’intérieur les partis de gauche. Il y a eu en 2008 une motion d’orientation à un congrès socialiste « pour un parti socialiste résolument écologique ». Des secrétaires nationaux ont quitté les Verts pour le PS ou le Modem. Quand des membres des Verts sont devenus députés ou ministres grâce au PS, ils faisaient une démarche presque similaire, s’intégrer à leur façon à un parti dit de gouvernement pour faire avancer la cause écolo. On peut aussi affirmer que certains membres encartés à droite sont des environnementalistes sincères même si leur parti est foncièrement hostile à l’urgence écologique. Aujourd’hui, pendant les cinq années à venir, l’enjeu est de pouvoir coopérer avec le nouveau président de la République qui n’est certainement pas le croquemitaine qu’on nous présente. Macron a été déjà rejoint par beaucoup d’écologistes, de gauche, de droite ou du centre, Jean-Paul Besset, Barbara Pompili, Corinne Lepage, Serge Lepeltier, etc. Leur raisonnement est de faire avancer la cause écologiste à l’intérieur du parti dominant. Ce point de vue est respectable, surtout à l’heure où l’écologie diffuse dans tous les partis. L’ensemble des citoyens de ce monde est censé être ou devenir écologiste puisqu’il s’agit d’envisager les moyens de vivre en équilibre durable avec les possibilités de la biosphère.

L’autre stratégie qu’affectionne traditionnellement les politiques est la stratégie de l’affrontement. Les dirigeants d’EELV et un grand nombre de militants veulent en découdre et se présenter comme en opposition à Macron. Cela se fait dans le désordre, l’écologie ne se présente plus de façon unifiée dans un parti spécifique. En effet EELV s’est suicidé, ce parti ayant abandonné l’idée de présenter son propre candidat à la présidentielle. Ses militants partent maintenant en ordre très dispersé pour les législatives, avec Hamon, ou avec Mélenchon, ou… Il n’y a plus de cohérence. Comment faire alliance avec un PS fracturé entre soutien assez prononcé à Macron et opposition frontale des minoritaires autour de Hamon ? Dans ce contexte, lancer un nouveau parti Duflot/Hamon semble un vœu pieux, cela aboutirait à un parti croupion. De son côté « France insoumise » raisonne toujours depuis le début en termes de soumission à son leader Mélenchon. Il a refusé toute alliance pour la présidentielle. Il en sera de même pour les législatives. Il faut signer son allégeance pour être investi. La troisième stratégie qui avait obtenu la préférence des militants lors du dernier congrès EELV aurait été de préserver l’autonomie idéologique de l’écologie politique. Cette page est définitivement tournée, il est trop tard, à quelques semaines seulement des législatives, de présenter 577 candidats sur une idée d’autonomie. Le Conseil Fédéral des 13-14 mai devait se prononcer sur la proposition suivante : « EELV n‘est plus tenue par l’accord électoral PS/EELV ». Echec programmé.

Concluons d’abord que l’écologie politique n’est pas le monopole d’un parti. EELV n’a pas toujours existé, il y a aussi le MEI (Mouvement des écologistes indépendants) et bien d’autres (re)groupements. La mort envisagée de ce parti n’est qu’un épiphénomène. Ajoutons que le positionnement « plus à gauche » d’EELV était une erreur historique ; l’écologie n’est un sujet ni de gauche, ni de droite, ni du centre, c’est un sujet supérieur, c’est l’avenir et la sauvegarde de la famille humaine et de son écosystème qui est en jeu. Emmanuel Macron s’est présenté dès l’origine comme au-delà de l’opposition droite/gauche, de droite Et de gauche. Un petit effort et le président de la république se rendra compte que l’écologie n’est un sujet ni de droite, ni de gauche. Si les dirigeants d’EELV avaient été clairvoyants, il auraient saisi cette opportunité de se débarrasser du vieux clivage PS/LR en rejoignant le mouvement En Marche. Car au fond l’écologie politique repose sur la force des convictions et non sur un rapport de force. La méthode à privilégier est la non-violence, la capacité de convaincre ses interlocuteurs, le refus du schéma dogmatique imposé. La meilleure stratégie pour l’écologie politique, c’est dans les circonstances actuelle d’influer de l’intérieur sur le mouvement « En Marche ».

1 réflexion sur “Avec ou contre Macron, deux stratégies incompatibles”

  1. Encore et toujours, le vieux problème des mots, celui des idées que l’on essaie de définir par des mots. Comment d’ailleurs faire autrement, quand on n’est pas un artiste ? Bref ce problème n’est pas prêt de se résoudre, surtout quand la novlangue a tout brouillé.

    Si l’attachement à ses convictions est synonyme de dogmatisme… si la conviction que le Libéralisme (état actuel du Capitalisme) est absolument incompatible avec la sauvegarde de l’environnement et l’épanouissement humain … si la conviction qu’il est impossible de convertir un fou de dieu à l’athéisme, voire à l’agnosticisme… qu’il y a des grands écarts impossibles ( à ne surtout pas faire…) et surtout qu’il est contre-productif de laisser croire que tout cela serait possible… alors j’assume mon dogmatisme.

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