bagnole versus Biodiversité

LeMonde du 14.08.2008 donne deux fois plus de place à la présentation côte à côte en première page de la bagnole (Une révolution dans la façon de circuler en voiture) qu’à la biodiversité (l’avenir de la biodiversité se joue maintenant). C’est là le problème de nos médias qui donnent beaucoup trop de place à nos objets fétiches. En page 8, on développe sur la sixième extinction des espèces entraînées par la modification de son environnement par l’activisme humain. Dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences américaines, on présente à juste titre homo sapiens comme un « narcissique qui a maltraité l’écosystème qui l’a créé et le maintient en vie sans souci des conséquences ». On critique « l’idée que la croissance économique est indépendante de la santé de l’environnement. » Pour contrer cette dérive, il faudrait agir d’urgence, mais les auteurs s’inquiètent du divorce croissant entre la population et la nature, divorce dû à l’utilisation intensive des médias électroniques.

 En vis-à-vis page 9, il nous faudrait selon l’article du Monde des voitures « intelligentes », des automobilistes qui communiquent entre eux. La Commission européenne a même réservé une fréquence radio pour ce genre d’échange. Si cela permettrait de résoudre une infime partie des embouteillages alors que 24 % du temps de conduite des Européens se déroule déjà dans des bouchons, il faut surtout remarquer la contradiction flagrante de ces contrôles électroniques avec la protection de la biodiversité. Pour soutenir les industriels et faire plaisir aux automobilistes, l’Europe mise sur le tout-électronique de l’échange médiatique, enfermant la classe globale encore plus dans son cocon, dans son auto, le portable à l’oreille en attendant la télé, à mille lieux de la nature environnante dont on se fout complètement qu’elle dépérisse et les autres espèces avec. Cela s’appelle de l’aveuglement, entretenu par la part disproportionné que donne LeMonde  aux bagnoles par rapport à la richesse de la biodiversité.