bienfaiteur de l’humanité ?

Norman Borlaug aurait, paraît-il, sauvé un nombre incalculable de vies humaines en contribuant à vaincre des famines par ses semences à haut rendement (« révolution verte »). Mais son innovation n’a fait qu’entretenir la course sans fin  entre ressources alimentaires et population humaine. Alors que Borlaug vient de mourir (rubrique Disparitions du Monde du 18 septembre), on va consacrer mi-novembre un nouveau « Sommet mondial sur la sécurité alimentaire » dont l’objectif sera d’éradiquer la faim de la surface de la terre ! Notre mémoire collective est courte, un rapport de la FAO se terminait déjà par cette promesse en 1974 : « Dans dix ans, sur cette terre, aucun homme, aucune femme, aucun enfant n’ira au lit le ventre vide ». Nous avons aujourd’hui plus d’un milliard de personnes qui ne mangent pas à leur faim. Dans dix ans ce sera pire. Pourquoi ?

            Parce que la révolution verte nécessite beaucoup d’intrants artificiels (engrais, pesticides) dont l’approvisionnement deviendra aléatoire et coûteux avec le renchérissement du pétrole. Parce qu’elle repose sur la monoculture, méthode dangereuse de production, à la merci du développement d’un insecte résistant. Parce que, conséquence de ce qui vient d’être dit, les petits producteurs ont été écartés de cette « révolution » productiviste et capitalistique, ce qui entraîne exode rural et bidonvilles. Parce que tout accroissement de la production agricole alimente la pullulation humaine, exempte de tout prédateur.

            Soulignons que Borlaug était bien conscient de la relation perverse entre démographie et alimentation. Aux critiques, il répondait que le problème n’était pas le développement de nouvelles techniques agricoles, mais la non-maîtrise de la croissance démographique. Ce n’est pas d’un sommet alimentaire dont nous avons besoin, mais d’un sommet sur la population qui n’aurait pas peur d’affronter les tabous et de prôner méthodes contraceptives et éducation de la population aux risques de la surpopulation.

12 réflexions sur “bienfaiteur de l’humanité ?”

  1. Diantre, ils sont sévères, ces critiques ! Restons zen, amis du « Monde » 🙂
    Cela étant, Malthus est mort et enterré et ses projections ne se sont pas réalisées : la créativité humaine et la productivité ont fait mentir ses calculs apparemment…

    M. Borlaug a apporté sa contribution, d’autres sont maintenant nécessaires mais il ne faut pas renier ce qui à son époque a été facteur de progrès.
    Toutefois des modèles alternatifs existent aussi depuis des décennies (microfundia, permaculture, gestion de l’eau en Israël etc.) ; l’un des derniers avatars qui paraît intéressant vient de ProNatura Int’l, dont la dernière Lettre d’Information présente « une manière d’offrir dans les pays du Sud une parfaite nutrition sur seulement 6 mètres carrés de sol par personne tout en économisant 80% de l’eau ». Tout un programme…
    http://www.pronatura.org/index.php?lang=fr&page=index
    Un « milliard de personnes qui ne mangent pas à leur faim », c’est surtout un milliard de gens dans des zones de conflit ou de catastrophe que nous, humains, laissons perdurer. Peu de chose à voir avec une fatalité des courbes ou la capacité des ressources -disponibles ou mobilisables- à répondre à leurs besoins.

    Concernant la décroissance de population, elle est déjà en route en Allemagne, au Japon, va peut-être arriver en Chine etc. : quand niveau de vie, éducation, satisfaction des besoins de base (alimentation, logement, santé, etc.), et participation des femmes au marché du travail augmentent, la croissance démographique se tasse. Amener les filles au meilleur niveau d’éducation possible, c’est probablement plus efficace que prôner la contraception à des populations dont les schémas culturels n’y sont pas favorables.

  2. Diantre, ils sont sévères, ces critiques ! Restons zen, amis du « Monde » 🙂
    Cela étant, Malthus est mort et enterré et ses projections ne se sont pas réalisées : la créativité humaine et la productivité ont fait mentir ses calculs apparemment…

    M. Borlaug a apporté sa contribution, d’autres sont maintenant nécessaires mais il ne faut pas renier ce qui à son époque a été facteur de progrès.
    Toutefois des modèles alternatifs existent aussi depuis des décennies (microfundia, permaculture, gestion de l’eau en Israël etc.) ; l’un des derniers avatars qui paraît intéressant vient de ProNatura Int’l, dont la dernière Lettre d’Information présente « une manière d’offrir dans les pays du Sud une parfaite nutrition sur seulement 6 mètres carrés de sol par personne tout en économisant 80% de l’eau ». Tout un programme…
    http://www.pronatura.org/index.php?lang=fr&page=index
    Un « milliard de personnes qui ne mangent pas à leur faim », c’est surtout un milliard de gens dans des zones de conflit ou de catastrophe que nous, humains, laissons perdurer. Peu de chose à voir avec une fatalité des courbes ou la capacité des ressources -disponibles ou mobilisables- à répondre à leurs besoins.

    Concernant la décroissance de population, elle est déjà en route en Allemagne, au Japon, va peut-être arriver en Chine etc. : quand niveau de vie, éducation, satisfaction des besoins de base (alimentation, logement, santé, etc.), et participation des femmes au marché du travail augmentent, la croissance démographique se tasse. Amener les filles au meilleur niveau d’éducation possible, c’est probablement plus efficace que prôner la contraception à des populations dont les schémas culturels n’y sont pas favorables.

  3. En 1974 s’est tenu la première conférence mondiale sur la population (The World Population Conference) au niveau des gouvernements. On a mesuré l’impossible dialogue entre personnes concernées par les limites de l’œkoumène et personnes enrégimentées par leurs propres croyances. Dès le début de la conférence, de vives réactions se sont manifestées contre l’idée maîtresse de réduire le nombre de naissances pour réduire les difficultés économiques. Ce débat renouvelait, presque de façon identique, celui qui a opposé, un siècle et demi plus tôt, Malthus à des économistes chrétiens et à tous les socialistes, d’Owen à Marx.

    Il est vrai qu’en 1974 les pays les plus pauvres ont pris à partie les pays riches en invoquant le souci d’équité mondiale : les pays riches ainsi que les groupes sociaux favorisés devraient réduire leur consommation excessive pour un monde plus juste, plus égalitaire. On ne peut en effet séparer la question démographique des questions éthiques et des problèmes de « développement ».

  4. En 1974 s’est tenu la première conférence mondiale sur la population (The World Population Conference) au niveau des gouvernements. On a mesuré l’impossible dialogue entre personnes concernées par les limites de l’œkoumène et personnes enrégimentées par leurs propres croyances. Dès le début de la conférence, de vives réactions se sont manifestées contre l’idée maîtresse de réduire le nombre de naissances pour réduire les difficultés économiques. Ce débat renouvelait, presque de façon identique, celui qui a opposé, un siècle et demi plus tôt, Malthus à des économistes chrétiens et à tous les socialistes, d’Owen à Marx.

    Il est vrai qu’en 1974 les pays les plus pauvres ont pris à partie les pays riches en invoquant le souci d’équité mondiale : les pays riches ainsi que les groupes sociaux favorisés devraient réduire leur consommation excessive pour un monde plus juste, plus égalitaire. On ne peut en effet séparer la question démographique des questions éthiques et des problèmes de « développement ».

  5. Le vert sur les bord est un hommage à soleil vert, sans doute.
    Il ne faut pas de tabou, eliminons les personnes de plus de 50 ou 60 ans, les bouches inutiles, les incompétents, les fous, les malades etc, la liste n’est pas restrictive. Sauf les décroissants bien sur qui sont l’avant garde éclairée du nationalécologisme.
    Quand on commence à vouloir réglementer le comportement des gens pour leur bien: on arrive à ça: http://kystes.blog.lemonde.fr/2009/05/28/si-vous-passez-par-berlin-avant-le-19-juillet-2009/
    Parfois je me demande si ce blog n’est pas un outil anti écologisme tellement les prise de positions sont démagogiques.
    Un conseil: charité bien ordonnée commence par soi même.

  6. Le vert sur les bord est un hommage à soleil vert, sans doute.
    Il ne faut pas de tabou, eliminons les personnes de plus de 50 ou 60 ans, les bouches inutiles, les incompétents, les fous, les malades etc, la liste n’est pas restrictive. Sauf les décroissants bien sur qui sont l’avant garde éclairée du nationalécologisme.
    Quand on commence à vouloir réglementer le comportement des gens pour leur bien: on arrive à ça: http://kystes.blog.lemonde.fr/2009/05/28/si-vous-passez-par-berlin-avant-le-19-juillet-2009/
    Parfois je me demande si ce blog n’est pas un outil anti écologisme tellement les prise de positions sont démagogiques.
    Un conseil: charité bien ordonnée commence par soi même.

  7. Bravo Tot, vous avez presque tout dit.

    J’ajouterai simplement que Norman Borlaug a bien mérité de l’humanité, comme Louis Pasteur. En plus, il était modeste. Pas comme cette enflure d’Al Gore.

    Dans les moyens pour diminuer la population préconisés par nos « gentils écolos » vous avez oublié la sélection naturelle (la maladie, la faim, etc.), que beaucoup des pères fondateurs de cette idéologie mortifère ont appelée de leurs vœux.

    Biosphère, il aurait pas dû choisir ce pseudo, mais Todt.

    Les écologistes n’aiment pas l’humanité : http://laurent.berthod.over-blog.fr/article-33412122.html

    À la faute morale, les écologistes ajoutent la faute intellectuelle : http://laurent.berthod.over-blog.fr/article-33531217.html

    Bien à vous.

  8. Bravo Tot, vous avez presque tout dit.

    J’ajouterai simplement que Norman Borlaug a bien mérité de l’humanité, comme Louis Pasteur. En plus, il était modeste. Pas comme cette enflure d’Al Gore.

    Dans les moyens pour diminuer la population préconisés par nos « gentils écolos » vous avez oublié la sélection naturelle (la maladie, la faim, etc.), que beaucoup des pères fondateurs de cette idéologie mortifère ont appelée de leurs vœux.

    Biosphère, il aurait pas dû choisir ce pseudo, mais Todt.

    Les écologistes n’aiment pas l’humanité : http://laurent.berthod.over-blog.fr/article-33412122.html

    À la faute morale, les écologistes ajoutent la faute intellectuelle : http://laurent.berthod.over-blog.fr/article-33531217.html

    Bien à vous.

  9. Et vous proposez quoi? Un contrôle des naissances mondial peut-être?
    A vous lire de temps en temps, une de mes convictions se renforce : les futures infamies qui marqueront le XXIe siècle seront commises au nom de l’écologie ou de la terre.

    Après le nazisme et le communisme au XXe, le colonialisme et l’esclavagisme aux XVIII et XIXe siècles, notre XXIe siècle connaîtra le fascisme vert.

    Des hommes prétextant sauver la planète instaureront des règles liberticides (régulation des naissances, diminution du bien-être alimentaire, suppression des loisirs, des voyages) pour créer un nouvel âge sombre.

    Pour éviter ces drames, il convient de se mobiliser, de ne pas faire les munichois. Il faut le dire bien haut : ce blog, comme tous les blogs décroissants, présente des arguments souvent mensongers, inspirés d’un malthusianisme primaire, et pose les jalons d’une dictature, bien plus que le pourrait le sarkozisme.

  10. Et vous proposez quoi? Un contrôle des naissances mondial peut-être?
    A vous lire de temps en temps, une de mes convictions se renforce : les futures infamies qui marqueront le XXIe siècle seront commises au nom de l’écologie ou de la terre.

    Après le nazisme et le communisme au XXe, le colonialisme et l’esclavagisme aux XVIII et XIXe siècles, notre XXIe siècle connaîtra le fascisme vert.

    Des hommes prétextant sauver la planète instaureront des règles liberticides (régulation des naissances, diminution du bien-être alimentaire, suppression des loisirs, des voyages) pour créer un nouvel âge sombre.

    Pour éviter ces drames, il convient de se mobiliser, de ne pas faire les munichois. Il faut le dire bien haut : ce blog, comme tous les blogs décroissants, présente des arguments souvent mensongers, inspirés d’un malthusianisme primaire, et pose les jalons d’une dictature, bien plus que le pourrait le sarkozisme.

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