Biodiversité, un exemple de l’interdépendance des populations

La politique repose sur des « éléments de langage » que les membres de la classe dirigeante s’efforcent de propager dans la presse et d’inculquer à l’opinion publique. Michel Sourrouille propose aux électeurs dans son livre* un lexique pour pouvoir mieux se situer face aux jeux du pouvoir et mieux comprendre les enjeux de la démocratie. Exemple, l’Assemblée du futur :

« La population humaine doit être mise en comparaison avec la biodiversité, cette grande oubliée du principe de subsidiarité entre humains.

La superficie des terres habitables n’excède guère les 100 millions de km2, ce qui nous laisse une aumône de 1,5 hectare maximum par exemplaire d’homo sapiens. Un minuscule rectangle de 150 mètres sur 100 pour assurer votre subsistance et produire tout ce que vous consommerez durant votre existence.

1,5 hectare : voilà qui laisse songeur, d’autant que vous n’êtes pas seul sur ce timbre-poste. Vous êtes le seul primate homo sapiens, c’est entendu, mais… Mais ? À conditions que vous ne soyez ni spéciste ni raciste : l’homme n’est qu’un mammifère parmi d’autres et les autres mammifères ont eux aussi le droit d’occuper votre rectangle de 500 mètres de pourtour, non seulement vos animaux domestiques, non seulement vos têtes de bétail, mais aussi les loups, lions, taupes, tatous, gorilles et même éléphants. Vous vous sentez à l’étroit ? C’est normal, eux aussi. Encore n’avons-nous parlé que de mammifères, car votre rectangle de poche, il s’agit de le partager avec tous les autres animaux terrestres, reptiles, insectes, oiseaux et batraciens inclus. Diable et démiurge, j’oubliais les espèces végétales, dont ces précieuses forêts de moins en moins primaires que la poésie des technocrates chante sous le charmant nom de « puits de carbone »…

Vous voici à même de saisir physiquement, viscéralement, la cause de l’effondrement actuel de la biodiversité : cette cause n’est autre que le NOMBRE d’homo sapiens sur cette planète scandaleusement inextensible. »**

Que chacun imagine maintenant qu’il n’a à sa disposition qu’un minuscule rectangle de 150 mètres sur 100, et la perspective d’une action politique en sera complètement chamboulée. La gestion d’un territoire et de ses ressources devient en effet ardue.

L’écologie à l’épreuve du pouvoir » (Un avenir peint en vert pour la France ?)

(éditions Sang de la Terre, en librairie depuis juillet 2016, 370 pages pour 19 euros)

** Théophile de Giraud, « Save the Planet, make no baby ! »,

in Collectif, Moins nombreux, plus heureux – L’urgence écologique de repenser la démographie